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Divorcés-remariés : les trucs et ficelles de l’évêque d’Oran

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Ancien prieur provincial des dominicains de France, évêque d’Oran, en Algérie, Jean-Paul Vesco est plutôt attendu sur sa connaissance de l’interreligieux. Mais il a aussi exercé le métier de juriste pendant plusieurs années. Alors il a aussi monté son petit scénario théologico-juridique dans le dossier qui fait la « une » de l’actualité catholique : Lu sur le site de « La Vie » (extraits) :

« (…) Tous les grands systèmes de droit opèrent une distinction fondamentale entre infraction instantanée et continue. L’infraction instantanée, tel le meurtre, résulte d’un acte unique de la volonté qui entraîne des conséquences définitives contre lesquelles la volonté du meurtrier elle-même ne peut rien. L’infraction continue, tel le vol avec recel, suppose que l’auteur de l’infraction prolonge l’infraction par un acte répété de la volonté. Il pourrait rendre à tout moment l’objet dérobé, alors que le meurtrier, lui, ne peut plus redonner la vie qu’il a prise. Dès lors que cette distinction n’est pas posée en droit canonique [sic] toute la question est de savoir si le fait de contracter une seconde union après l’échec d’un mariage sacramentel peut être assimilé analogiquement à une infraction instantanée ou à une infraction continue.

Et quelle est votre réponse ?

La position actuelle de l’Église revient implicitement à assimiler une seconde union à une infraction continue dans laquelle les personnes se maintiennent par une manifestation répétée de la volonté. À tout moment, elles seraient censées pouvoir interrompre leur union. C’est faire fi de la situation définitive que l’indissolubilité de leur amour a créée. Je crois que l’analogie avec l’infraction instantanée est plus juste. En effet, de même que le meurtre crée une situation définitive de mort, la seconde union crée une situation définitive de vie.

 Quel est l’intérêt de cette distinction ?

Si l’Église prenait acte de la situation définitive née de la volonté d’entrer dans une seconde relation d’alliance, elle pourrait s’autoriser une parole de vérité, et le cas échéant de pardon, sur le « oui » de la seconde union sans avoir à exiger le préalable d’une impossible séparation. Dès lors, elle permettrait aussi aux personnes de faire la vérité sur leur mariage et les raisons de son échec. Il est plus facile de poser un regard serein sur son passé, au lieu de l’occulter, dès lors qu’un avenir réconcilié est envisageable. Cette distinction, fondée sur la prise en compte des conséquences du caractère indissoluble de tout amour conjugal véritable, ouvre la voie à une nécessaire pastorale de la réconciliation, dont les modalités restent à inventer. Et cela sans que soient relativisées l’unicité et la valeur ineffable du mariage sacramentel catholique.

Réf. Une proposition pour sortir de l’impasse sur les divorcés remariés

JPSC

Commentaires

  • C'est vraiment de la théorie juridique, de la part quelqu'un qui ne connaît pas ou ne prend pas en compte, ni la réalité du divorce, ni la réalité d'un mariage catholique. Celui-ci est ordonné au bien des enfants, et non des époux, qui s'engagent eux pour le meilleur et pour le pire, en vue du bien supérieur des enfants. On ne se marie pas pour soi-même, on se marie pour fonder un foyer capable d'assurer le meilleur accueil possible pour les enfants et leur éducation. Or, dans toute cette argumentation, on ne lit pas un mot sur le mal fait aux enfants par le divorce de leurs parents. Cela ressemble trop aux argumentaires des partisans du divorce et du mariage pour tous, dans lesquels les enfants et leurs droits sont complètement absents.

  • Et vous pensez que les enfants du deuxième mariage ne vont pas souffrir de la séparation de leurs parents, séparation que vous semblez encourager de toutes vos forces!?

  • Le mariage n'a pas été institué uniquement en vue de la procréation et de l'éducation des enfants. Il est aussi ordonné à l'épanouissement des époux. Sinon, il faudrait conclure qu'un couple qui ne peut pas avoir d'enfants s'est uni en vain.

  • ... et si chacun essayait de mettre en pratique la consigne de "donner le bon exemple" !
    Pendant la dernière guerre, une maman de famille nombreuse, acculée par tant de choses à faire et avec si peu de rentrées d'argent et un déplacement en train pour évacuation obligatoire avec un bébé de 3 mois avait trouvé comme consigne pour les ainés : - "il faut donner le bon exemple"!

    Elle avait perdu son père à la guerre 14-18 et était la 2ème d'une famille de 5. Sa Maman lui avait répété sans cesse : "il faut donner le bon exemple".
    J'ai eu le bonheur de connaître les enfants de ces personnes, et je ne peux que faire l'éloge de leur personnalité équilibrée, avenante, aimante et généreuse.
    Plutôt que de dire, comme le Dr Spock aux jeunes parents : "Il est interdit d'interdire", il serait peut-être plus utile d'éduquer à la pratique du : "il faut donner le bon exemple", comme Marie conseilla à Cana, quand il n'y avait plus de vin pour les convives (que faire en cas de problèmes en famille et dans d'autres circonstances difficiles ?)
    - "Faites tout ce qu'Il vous dira". Ecoutez le Christ Jésus Trinité Sainte et donnez le bon exemple à sa suite.
    Obéir et donner l'exemple en famille et ailleurs ...

    Au boulot, c'est pareil. Patrons, employés, ouvriers, chacun, donnons le bon exemple, respectons-nous et comprenons-nous !

  • @ candide ... Si l'institution du mariage n'a pas été créée pour fonder un foyer dans lequel accueillir, élever et éduquer ses enfants, pourquoi aurait-elle été créée selon vous ?
    .
    Des gens qui veulent simplement vivre ensemble peuvent très bien le faire, sous n'importe quelle forme de communauté ou association, adaptée à leurs objectifs et leurs souhaits. Ils ne doivent pas « se marier » pour cela.
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    Par contre, les enfants étant mineurs par définition et ce durant de longues années, il a bien fallu trouver une institution basée sur la famille naturelle, qui protège leurs droits contre l'arbitraire du monde des adultes. Dans le mariage, on pourrait dire que les parents eux sont surtout soumis à des devoirs et des responsabilités.
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    J'ajouterais que le mot même de « mariage » vient de « matrimonium » qui évoque la mère, la maternité. L'étymologie rappelle donc aussi pourquoi fut créée cette institution, dont certains veulent faire n'importe quoi aujourd'hui, par pure idéologie.
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    Par ailleurs, dans votre question, vous semblez confondre « qui ne peuvent pas » et « qui ne veulent pas ». Ce n'est pas du tout la même chose ni le même raisonnement.

  • @ Pauvre Job : vous êtes excessif et vous ne paraissez pas savoir bien lire ce que les autres écrivent. Dans l'Ecriture, il est dit qu'il n'était pas bon que l'homme soit seul et c'est ainsi que le Créateur fit la femme pour que l'homme et la femme s'unissent et ne soient plus qu'un. Le mariage est l'institution par laquelle un homme et une femme s'unissent en vue de leur propre épanouissement ET en vue d'accueillir de nouvelles vies. C'est l'enseignement de l'Eglise qui ne réduit pas la fin du mariage à la procréation. Ce qui fait que des couples mariés qui ne peuvent (je ne confonds pas avec "veulent"!)pas avoir d'enfants peuvent très bien "réussir" leur union dans l'amour mutuel et la fidélité à leur engagement.

  • @ candide ... En mettant « l'épanouissement » des époux, sur le même plan que la procréation et que les droits des enfants à leur propre épanouissement, il me semble que vous justifiez en quelque sorte la répudiation d'un conjoint par l'autre, pour la simple raison qu'il ne se sentirait pas ou plus assez « épanoui » dans son couple. Or, si l'Église a précisé « pour le meilleur et pour le pire » dans cet engagement, c'est qu'elle n'est pas naïve. Elle sait la difficulté de cet engagement et elle sait la faiblesse humaine. Je pense donc que c'est l'épanouissement des enfants et que ce sont les droits des enfants qui priment sur ceux des conjoints dans l'institution du mariage catholique.

  • Encore une affirmation publique scandaleuse de la part d'un évêque, qui fait fi d'un des aspects les plus élémentaires de la foi catholique. Alors que le seul et unique motif pour lequel l’Église a toujours refusé de donner la communion aux divorcés-remariés est justement qu'elle enseigne à la suite du Christ que toute seconde union après un mariage valide est un adultère, cet évêque ose appeler "indissoluble" un adultère. Pour lui donc, c'est le sentiment amoureux, et non le sacrement, qui donne à l'union son caractère indissoluble. C'est tout-à-fait contraire à l'enseignement de l’Église.
    N'a-t-il jamais lu l'incise dans l'évangile selon Saint Matthieu? SAUF UNION ILLEGITIME (porneia). Inceste, prostitution, adultère, homosexualité: ces unions-là ne sont jamais indissolubles, parce qu'elles sont illégitimes ! Une union illégitime ne peut jamais être considérée comme indissoluble. C'est ce que l’Église enseigne et a toujours enseigné.

  • Bref, selon cet évêque d’Oran, « le sentiment est tout » : c’est ce que le jeune Goethe fera répondre par Faust à la question de Marguerite sur la religion. Alors, le mariage n’est pas indissoluble, il est soluble dans la stabilité éprouvée d’un nouvel amour.

    Et si ce dernier s’avérait, par malheur, à son tour soluble (tout arrive) que fait-on ? On demande conseil à l’Eglise d’Angleterre ?

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