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l’Islam radical embarrasse le pape François

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Du 28 au 30 novembre prochains, le pape François va effectuer un voyage apostolique en Turquie, à l’occasion de la fête de saint André (30 novembre), apôtre considéré fondateur de l’Église d’Orient. L’évêque de Rome, comme François aime s’appeler lui-même, a jusqu’ici montré beaucoup de réserve et de prudence dans ses commentaires sur le drame que vivent les chrétiens d’Orient en terre d’Islam. C’est ce que nous rappelle ici Sandro Magister sur le site « chiesa » :

«  « Dans quelques jours, le pape François va se rendre en Turquie, c'est-à-dire dans une région où a lieu cette nouvelle guerre mondiale "en morceaux" qu’il voit se répandre dans le monde.

Le califat islamique qui s’est installé tout près de la frontière turque, à cheval sur la Syrie et l'Irak, pulvérise les vieilles frontières géographiques. Il est mondial par nature. "La marche triomphale des moudjahidines arrivera jusqu’à Rome", a proclamé, à la mi-novembre, Abou Bakr al-Baghdadi, le calife.

En Égypte, en Arabie Saoudite, au Yémen, en Algérie et en Libye, pays qui est juste en face des côtes italiennes, des éléments islamiques lui ont fait allégeance. Par son activité dans deux pays voisins, le Nigeria et le Cameroun, Boko Haram a étendu le califat jusqu’à l'Afrique subsaharienne. Et le califat attire de nouveaux adeptes accourus d'Europe et d’Amérique du Nord.

Sur le drapeau noir de cet État islamique nouveau né, on peut lire, écrite en caractères coufiques, la profession de foi : "Il n’existe pas d’autre Dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète".

Les chrétiens figurent parmi les nombreuses victimes de cet  islam puritain, qui se définit comme le seul vrai et qui veut également faire disparaître ce qu’il considère comme les principales trahisons par rapport à l'islam des origines : l'hérésie chiite, dont l’épicentre est l’Iran, et le modernisme laïcisant de la Turquie de Kemal Atatürk, personnage dont le pape François visitera le mausolée au début de son voyage dans ce pays.

À Racca - la ville de Syrie qui est la capitale de fait du califat et d’où le jésuite Paolo Dall'Oglio a disparu - le nouvel État islamique a imposé au très petit nombre de familles chrétiennes qui ont survécu, 15 contre 1 500 précédemment, la jizya, l’impôt de protection, à hauteur de 535 dollars par an, un montant disproportionné, sous peine de confiscation de leurs maisons et de leurs biens.

A Mossoul il n’y a plus une seule église où la messe soit encore célébrée, ce qui n’était même pas arrivé après l'invasion des Mongols.

Il est impossible de ne pas discerner, dans ces faits, les caractéristiques d’une "guerre de religion" poussée à l’extrême, une guerre faite au nom d’Allah. Il est illusoire de nier l’origine islamique de cette violence théologique sans bornes. Même la "Civiltà Cattolica", revue qui fait l’objet d’un contrôle, l’a écrit, quitte à être ensuite contredite par son tremblant directeur Antonio Spadaro, un jésuite qui prétend être l’interprète de François.

À propos de l'islam, l’Église catholique balbutie et cela est d’autant plus vrai que l’on monte plus haut dans la hiérarchie.

Les évêques des diocèses du Moyen Orient demandent au monde une protection armée efficace, mais celle-ci n’arrive jamais. À Rome, le cardinal Jean-Louis Tauran publie une dénonciation tout à fait circonstanciée des atrocités commises par le califat et il déclare qu’il n’y a plus aucune possibilité de dialogue avec ceux des musulmans qui ne détruisent pas la violence à la racine.

Mais lorsque le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’état, prend la parole à la tribune de l'ONU, à New-York, comme il l’a fait le 29 septembre, il évite soigneusement d’employer les mots tabous "islam" et "musulmans" et il paie le tribut obligatoire au mantra qui nie l'existence de ce conflit de civilisations qui a lieu sous les yeux de tous.

Certes, Parolin élève une protestation contre l’"irresponsable apathie" dont le Palais de Verre a fait preuve. Mais c’est précisément à l'ONU que François demande la seule décision légitime concernant n’importe quelle intervention armée sur le théâtre moyen-oriental.

Le pape Jorge Mario Bergoglio a rendu aux diplomates de la curie ce rôle que les deux pontifes précédents avaient dissimulé. Mais, en définitive, c’est lui en personne qui dicte le rythme et les formes de la géopolitique du Vatican. Davantage par ses silences que par les propos qu’il tient.

Il n’a rien dit à propos des centaines de lycéennes nigérianes qui ont été enlevées par Boko Haram. Il n’a pas parlé de la jeune mère soudanaise Meriam, condamnée à mort uniquement parce qu’elle est chrétienne et qui a fini par être libérée, grâce à l’intervention d'autres personnes. Il garde le silence à propos d’Asia Bibi, une mère pakistanaise enfermée depuis cinq ans dans le quartier des condamnés à mort, elle aussi parce qu’elle est "infidèle", et il ne donne même pas de réponse aux deux lettres pleines de tristesse qu’elle lui a écrites cette année, avant et après la confirmation de sa condamnation.

Le rabbin argentin Abraham Skorka, ami de longue date de Bergoglio, a raconté qu’il avait entendu celui-ci dire qu’il "faut caresser les conflits".

C’est ce que fait le pape avec l'islam, y compris celui dont la théologie est la plus sanguinaire. Il ne désigne jamais les responsables par leur nom. Il faut les "stopper", a-t-il dit, mais sans expliquer comment. Il prie et il fait prier, comme avec les deux présidents israélien et palestinien. Il demande sans arrêt le dialogue, mais sur ce qui unit et non pas sur ce qui divise.

En 2006 Benoît XVI, d’abord à Ratisbonne et ensuite à Istanbul, a dit ce qu’aucun pape n’avait jamais osé affirmer : que la violence associée à la foi est l'inévitable produit du lien fragile entre foi et raison dans la doctrine musulmane et dans sa compréhension même de Dieu.

Et il a clairement déclaré que le monde musulman était confronté à ce même défi historique que le christianisme avait déjà affronté et surmonté : celui d’"accueillir les véritables conquêtes des Lumières, les droits de l’homme, et en particulier la liberté de la foi et de son exercice".

C’est de là qu’est né ce germe de dialogue islamo-chrétien qui s’est concrétisé dans la "lettre des 138 sages" écrite au pape Joseph Ratzinger par des responsables musulmans de diverses tendances.

Ces jours derniers, le pape François a salué quelques uns de leurs représentants, arrivés à Rome pour une nouvelle session de ce dialogue. Mais ils n’ont pas parlé de ces questions capitales, le germe s’est desséché.

Cela fait désormais un millénaire que, dans l'islam, la “porte de l'interprétation” est fermée et qu’il n’est plus possible de discuter du Coran sans danger, et même danger de mort. »

Ref. C’est une guerre de religion, mais le pape se tait ou balbutie

JPSC

Commentaires

  • J'ai l'impression que ce journal La Repubblica, comme tout média anticlérical qui se respecte, adorerait pousser l'Église catholique à une sorte de guerre de religion contre l'Islam. Heureusement, notre Pape François ne tombe pas dans ce piège grossier et renvoie la balle à ceux qui ont tout le pouvoir économique et politique, et qui sont donc responsables des situations de conflits dans le monde et de leur solution, pacifique ou militaire.
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    Notons aussi que les anticléricaux adorent baptiser de "guerres de religion" des guerres qui sont motivées uniquement pat la politique et l'économie. Car cela les dédouane à peu de frais, et cela dédouane leur paganisme matérialiste, adorateur du dieu Argent.

  • Le Djihad de l’Etat islamiste est-il un simple épiphénomène suscité par les intérêts économiques de l’Occident perverti ? Il faudrait le démontrer. On ne peut pas exclure des paramètres Ies ressorts propres au revival de l’Islam, à la rivalité entre les sunnites et les chiites et à l’exécration des infidèles, dans un monde islamique encore loin de la mentalité relativiste de notre société post-moderne. Rappelons nous aussi que, dans la chrétienté, protestants et catholiques se sont entretués, jusqu’il y a peu, pour des motifs où la théologie, la sociologie et la politologie ont aussi produit des coktails meurtriers. L’homo oeconomicus n’explique pas tout dans la lecture de la politique ou de l’histoire. Ceci dit, je puis comprendre que François choisisse de se taire, un peu (mutatis mutandis) comme Pie XII face à la barbarie nazie. De peur de faire pire que bien.

  • @ jpsc … Il n'y a pas plus politique que le protestantisme. C'est vraiment César qui prend le contrôle sur Dieu, quand il ne se fait pas Dieu lui-même. Les guerres, provoquées par ces coups de force politiques des Princes protestants, ne sont pas des guerres de religion, ce sont des guerres pour se débarrasser de l'influence spirituelle de Rome sur leurs sujets et ce sont des guerres pour mettre la main sur tous les biens des catholiques fidèles à Rome.
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    Et ce fut fait de manière aussi radicale que l'État islamique. Des populations entières de catholiques durent abjurer leur foi et se convertir, de gré ou de force, à des croyances hérétiques dont leur Prince s'était fait le Pape. Les récalcitrants furent tués, emprisonnés ou exilés et tous leurs biens confisqués. Toutes les abbayes, tous les monastères, tous les couvents, furent notamment réattribués au Prince ou à ses Barons. Et les églises catholiques furent reconverties en lieu d'un nouveau culte païen, dont on avait chassé Dieu en bannissant tous les sacrements.
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    Le protestantisme, c'est le début de la déchristianisation et de la re-paganisation de l'Europe, prélude à toutes les idéologies totalitaires et toutes les guerres dont cette Europe paganisée a gratifié le pauvre monde.

  • Vous connaissez vraiment mal la plupart des protestants !

    Que de médisances à leurs propos !

  • S’agissant des querelles religieuses, il serait intéressant de savoir ce que pense exactement aujourd’hui un sunnite d’un chiite et vice-versa…

    Pour ce qui est du temps de la Réforme protestante en Europe, nous savons tous que la religion, avec la naissance des Etats modernes, a été confisquée par les princes qui nous gouvernent . C’est vrai pour le protestantisme, mais les rois catholiques aussi ont dit « cuius Regio, eius Religio ». La papauté, garante de l'universalité de la vraie foi, en est sortie très affaiblie jusqu’à la fin de l’ « ancien régime ».
    Paradoxalement, c’est la chute des Etats pontificaux en 1870 qui a grandi le pouvoir spirituel des papes, quand bien même ils se considérèrent comme « prisonniers » des Piémontais jusqu’aux Accords du Latran en 1929…

  • @ jpsc … L'affrontement entre les chiites et les sunnites tient moins du différend religieux que d’un conflit politique entre deux modèles, deux ensembles géopolitiques, revendiquant chacun la légitimité de la succession politique de Mahomet.
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    Pour les Princes ou Rois catholiques, vous avez certainement raison pour la France, avec son Église gallicane où le haut clergé était désigné par le Roi, et était parfois aussi païen que lui. La différence avec l'Église anglicane, c'est que le Roi ne s'est pas déclaré Pape à la place du Pape, et n'a pas mis la main sur tous les biens de l'Église. Il s'est contenté d'en prendre le contrôle et donc d'en faire sa religion d'État. Une atteinte à la religion devenait une atteinte à l'autorité royale. Mais c'était quand même moins strict que chez les Princes protestants, où tout le peuple catholique fut converti de force au protestantisme.
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    Par ailleurs, les non catholiques ont toujours existé dans les États catholiques. Les juifs y existaient en grand nombre, et étaient souvent les gens les plus riches et puissants, seuls capables de financer les Princes et les Rois avec leurs fortunes. Des païens de toute nature existaient aussi en grand nombre. Il suffit de lire les chroniques de la vie de saint Antoine de Padoue pour voir qu'il était confronté régulièrement aux railleries publiques de païens sur sa foi, et il tentait de les convertir par la prédication.
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    Bref, l'Église catholique n'a jamais fait que dénoncer, et éventuellement excommunier, ceux qui se prétendaient catholiques mais qui démontraient par leurs idées ou actions qu'ils n'en étaient pas. Cette lutte contre les hérésies les plus diverses a existé de tout temps. Dénoncer les hérésies reste valable aujourd'hui.
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    Évidemment, si l'on se réfère à la propagande anticléricale, avec ses clichés et caricatures sur le Pape, sur les curés, sur les moines, sur les saints, etc..., on aura un tout autre discours. Et cette propagande est toujours bien à l’œuvre aujourd'hui, au point que des catholiques naïfs ou mal informés s'y laissent prendre.

  • J’avoue que je ne connais pas grand’chose à l’Islam. Je veux bien que cette religion soit « fondamentaliste » dans son exégèse de la Parole infusée par Dieu dans la plume de Mahomet. Est-ce à dire que, malgré l’absence de toute autorité centralisatrice, ses diverses branches et leurs diverticules ont maintenu intangible une pensée doctrinale unique ou qu’il n’y ait pas de corpus doctrinal dans cette religion ? J’ai peine à le croire.

    Pour ce qui est des querelles religieuses des temps modernes dans l’Europe chrétienne, il est sans doute juste d’admettre que le fameux adage « cuius regio, eius religio » soit d’origine protestante : c’était le meilleur moyen d’en sortir face à l’ anarchie engendré par la contestation de Luther et de ses épigones. De là à dire que le catholicisme n’ait jamais rien concédé au césaropapisme hormis l’exception gallicane…

  • @ jpsc … Pour ce que j'en sais, le chiisme a un clergé plus structuré (et même ordonné, je crois) et est donc plus proche du catholicisme. Y compris d'un point de vue clarté ou unicité de la doctrine.
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    Par contre, le sunnisme est une nébuleuse comparable au protestantisme, sans clergé structuré, avec une doctrine à géométrie très variable et avec des imams aussi relativistes que les pasteurs protestants. On le voit bien avec le conflit entre les imams de l'EI et les imams d'autres pays. Il n'y a pas d'autorité pour trancher, c'est parole contre parole.
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    Et le fondamentalisme ou littéralisme coranique sunnite ne le cède en rien au fondamentalisme ou littéralisme biblique protestant. Ils ont notamment la même lecture 'créationniste' du livre de la Genèse, comme si c'était Dieu Lui-même qui avait écrit celui-ci.

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