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Euthanasie en Belgique : tout est à revoir !

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La Libre.be publie cette opinion :

Euthanasie : il faut tout revoir !

Une opinion d'Etienne Dujardin et Drieu Godefridi, juristes.

Lorsqu’en 2014 débuta le débat parlementaire sur l’extension de l’euthanasie aux mineurs, nous avions émis des réserves sur le mécanisme de contrôle en place, pour les majeurs, depuis 2002.

Rappelons que le contrôle du respect des conditions légales de l’euthanasie relève, en Belgique, d’une commission administrative, la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie. Durant les douze premières années de son existence, cette commission jugea que pas un seul cas d’euthanasie n’avait enfreint les conditions de la loi.

Ce qui est tout à fait possible, à condition de supposer que les médecins belges sont tous des anges. Mais ce cas, on peut se poser la question de la nécessité d’un contrôle, voire même d’une loi : autant s’en référer au jugement divinement inspiré de chaque médecin.

Plus sérieusement, cette commission compte en son sein une majorité d’activistes pro-euthanasie, à commencer par sa co-présidente Jacqueline Herremans, laquelle se déroba à nos propositions de débat public. Depuis 2006, l’ancien sénateur libéral Philippe Monfils, auteur de la loi sur l’euthanasie, demande la démission de l’autre co-président de la commission, Wim Distelmans, en raison de la caution donnée par celui-ci à des violations de la loi. N’est-il pas révélateur que la commission soit aujourd’hui en affaires courantes, ayant de plus en plus de difficulté à trouver des candidats disposés à en cautionner les procédures défaillantes ?

Scoop ! Lalibre.be révélait hier qu’un premier dossier d’euthanasie venait d’être transmis par la commission aux autorités judiciaires. En effet, la télévision australienne a réalisé un reportage sur « Simone », une patiente qui a choisi de mourir parce qu’elle en avait « marre de vivre ». Cela, alors qu’elle ne souffrait d’aucune affection physique ou psychique particulière. Les conditions légales de l’euthanasie n’étaient absolument pas réunies.

Qu’à cela ne tienne ! Simone a trouvé un médecin qui se vante, face à la caméra australienne, de se préoccuper des conditions légales de l’euthanasie comme de sa première seringue, et qui s’est effectivement occupé d’euthanasier Simone. Simone est morte.

Le cas « Simone » n’est que la pointe du sommet de la partie visible de l’iceberg. On estime que 50% des cas d’euthanasie, en Belgique, ne sont pas déclarés du tout. L’autre moitié faisant l’objet, on le constate, d’un « contrôle » qui a tout d’une amusante mascarade.

Le débat sur l’euthanasie est parasité par une confusion : beaucoup de gens pensent qu’une personne qui veut mourir doit pouvoir le faire dans la dignité. Soulignons avec force que ce n’est pas du tout notre sujet.

Le point que nous soulevons est le suivant : est-il acceptable que les médecins se voyent offrir de facto le droit de vie et de mort sur leurs patients, en dehors de tout contrôle effectif ? Ne voit-on pas les dérives vertigineuses dont ce système est gros ?

Il nous semble impératif et urgent d’ouvrir un débat serein sur l’euthanasie telle qu’on la pratique en Belgique. D’autant qu’un arrêt de la Cour constitutionnelle vient de confirmer le travers que nous dénoncions en 2014, soit le fait de s’en remettre de plus en plus à la décision arbitraire du médecin. Le monde entier a le regard rivé sur l’étrange expérience en cours dans notre petit pays, et ses yeux sont éberlués.

Commentaires

  • Ces « dérives » sont connues depuis longtemps, mais ne sont-elles pas constitutives du système ? Quel sens a un « contrôle a posteriori » ?
    Etant donner que les méthodes pour tuer sont souvent les même que celles pour soulager, bien malin est celui qui pourrait « a posteriori » faire un distingo.
    Le médecin seul sait quand il fait quelque chose pour tuer et quelque chose pour soulager. Il n'y a jamais de confusion dans sa tête : il tue ou il soulage.

  • « « Est-il acceptable que les médecins se voyent offrir de facto le droit de vie et de mort sur leurs patients, en dehors de tout contrôle effectif » »
    Demander à un tiers de tuer son semblable est abominable. Un droit au suicide ASSISTÉ c'est imposer à un autre de tuer. Le "droit" à l'euthanasie aussi. Un droit « opposable » de mourir correspond à un devoir de tuer. Il y a, qui ne le voit, une différence fondamentale entre laisser mourir et faire mourir.
    Tuer n'est pas très compliqué. Tout citoyen avec un entraînement minime est capable de le faire. Est-ce vraiment le rôle des médecins de se transformer en exécuteurs ?
    Médecin, je refuse ce rôle d'exécuteur. En Suisse ce sont des non médecins qui se chargent de l'exécution des contrats.

  • Avec l'« eu-thanasie » on est en plein déni de la réalité, réalité que l'on manipule avec des contresens sémantiques délibérés, des « anti-verbes » comme disait quelqu'un.
    C'est une illusion trompeuse que de dire que l'on possède un corps. Je ne « possède » pas un corps, je « suis » un corps « animé ». Toute atteinte à mon corps est une atteinte à ma personne entière. C'est révoltant de dire que l'« on possède son corps ».

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