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Le Pape François a-t-il fait l’éloge du concubinage ?

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J'ai vu tellement de fidélité dans ces cohabitations, tant de fidélité. Je suis sûr que ce sont de vrais mariages..." (pape François , discours au congrès ecclésial du diocèse de Rome, Basilique Saint-Jean de Latran, jeudi 16 juin 2016). Sur le site « aleteia », le philosophe Thibaud Collin tente de clarifier la pensée du pape François :

"L’Église a toujours favorisé la preuve du mariage plus que sa nullité

Ainsi lorsque le pape François parle de certains concubinages comme étant de « vrais mariages », il désigne probablement par là des cas particuliers où un véritable consentement aurait eu lieu, un réel don de soi réciproque serait vécu dans la fidélité sans que les conjoints se fussent engagés publiquement de manière explicite. Il retrouverait ainsi le principe ancien de la « canonisation » par laquelle l’Église a toujours favorisé la preuve du mariage plus que sa nullité, « couvrant de son manteau les unions qui pouvaient sembler juridiquement boiteuses aux puissances publiques ». Cette vieille tradition du droit canonique a notamment engendré le concept de « mariage présumé », défini comme « un mariage contracté, non par échange explicite du consentement mutuel, mais par échange présumé de ce même consentement ; la présomption de droit est basée sur des probabilités qui excluent toute preuve du contraire ». Reste que le rattachement des propos du pape sur le concubinage à de tels présupposés canoniques semble entrer en tension avec sa propre réforme des procédures de reconnaissance de nullité. Cette réforme a été, en effet, gouvernée par le souhait qu’en raison du conditionnement social et mental actuel (hédonisme, relativisme) la présomption ne profite plus spontanément au mariage ; souhait en cohérence avec l’autre partie des propos de saint Jean de Latran, celle sur la nullité de la grande majorité des mariages.

La difficulté de traduire de tels propos dans une perspective éducative

On peut conclure que ces deux énoncés ne sont pas contradictoires à la condition de saisir leur enracinement dans des circonstances sociales et historiques singulières. Cependant leur juxtaposition dans un discours pontifical (de teneur potentiellement universelle) n’apparaît pas comme immédiatement cohérente. Le trouble qu’ils ont suscité chez certains tient à la difficulté de traduire de tels propos dans une perspective éducative. Qu’est-ce qu’un jeune chrétien peut-il penser lorsqu’il lit que le pape considère que le concubinage peut être « un vrai mariage » et que beaucoup de mariages n’en sont pas ? Quelles sont les médiations nécessaires pour qu’un parent restitue la subtilité des propos pontificaux de sorte que son enfant ne les perçoive pas comme un encouragement à cohabiter avant le mariage, en se disant en toute bonne conscience qu’ainsi son mariage sera plus solide ? Il serait dommage que par une mauvaise réception des propos du pape ceux-ci contribuassent à obscurcir la conscience des jeunes et renforçassent ainsi le conditionnement mental et social influençant une possible cause de nullité. Et comme il n’est pas en notre pouvoir de demander au pape d’être plus clair dans ses discours, travaillons avec ardeur, pasteurs, parents et éducateurs, pour que la lumière qui s’y trouve rayonne sur tous ceux qui nous sont confiés."

Ref. Le Pape a-t-il fait l’éloge du concubinage ?

JPSC

Commentaires

  • Il me semble que le désire peut parfois avoir valeur de Sacrement dans certains cas ? Par exemple le baptême de désir ou la communion de désir auraient valeur de Sacrement. Et a contrario des mariages peuvent être reconnus comme nuls dans certains cas, ou encore l'on peut être baptisé sans réellement vivre en cohérence avec ce baptême et de sorte ne produire aucun fruit dans les faits.

    Ce pourrait-il du coup que cela soit également applicable pour le mariage ? Le concubinage peut-il avoir valeur de sacrement de mariage s'il y a le désir de vivre fidèlement jusqu'à la mort, lorsqu'on n'est pas chrétien ni croyant ?

    Voila une question assez délicate mais dont la réponse pourrait permettre peut être de comprendre la pensée du Pape François ? Sachant qu'il ne s'adresse pas aux catholiques mais à tous les hommes et femmes de bonnes volonté qui ne sont pas forcément croyants ?

  • Je pense qu'il n'y a de "sacrement" que dans une optique chrétienne, croyante.
    L'incroyant - par définition - n'a que faire de la dimension sacramentelle. Il vivra son mariage "civil" dans la meilleure fidélité possible... mais sans sacrement puisqu'il n'a aucun sens à ses yeux!

  • J'encourage vivement chaque lecteur à mettre la main sur l'ensemble du discours, disponible en français sur le site du Vatican. L'article dont il est question ici ne renvoie qu'à un seul point abordé dans le discours.

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