Une adaptation de l'évangile de ce jour, la parabole du pharisien et du publicain, proposée par notre aml Pierre René Mélon :
La vraie prière
Deux hommes s’en furent à l’église pour prier ; l’un était fidèle à la tradition catholique, l’autre moderne.
Le fidèle traditionaliste, debout, priait ainsi en lui-même : « Mon Dieu, je vous rends grâce de n’être pas comme ces chrétiens post-conciliaires qui trahissent le dépôt sacré, détruisent la sainte liturgie, inventent de nouveaux rites, suivent l’esprit du monde et minent la sainte Eglise de l’intérieur, il vaudrait mieux qu’ils fondent leur propre secte au lieu de subsister comme des tumeurs malignes au sein de l’institution divine ! Je vous remercie, mon Dieu, de n’être pas comme ces malappris qui ne s’agenouillent même pas pendant la consécration, communient dans la main et organisent des cocktails au fond de l’église. Dans vos églises, les chants grégoriens m’émeuvent, le son des guitares m’irrite, le bruit des tamtams me rend fou. En cinquante ans, ces renégats ont vidé les églises, détruit le scoutisme de mon enfance, répandu le relativisme et entraîné des millions d’âmes en enfer ! Dieu tout puissant, comment pouvez-vous supporter tout ce mal ? Pourquoi tardez-vous à punir ceux qui vous trahissent ? Je sais que vous êtes un Dieu patient et miséricordieux, mais là je ne vous comprends plus… Regardez vos vrais fidèles, ayez pitié de ceux qui forment la maigre cohorte de vos élus, le petit troupeau rescapé des horreurs de la modernité ! Ainsi, moi, je jeûne deux fois par semaine, je récite mon chapelet tous les jours et je donne volontiers de l’argent aux fraternités sacerdotales fidèles à Rome. Je fais l’aumône à quelques pauvres sympathiques et je soutiens financièrement un séminariste sud-américain qui porte le col romain. Chaque année, pendant mes vacances, je vais en pèlerinage dans un site marial ou dans un lieu d’apparition reconnu par l’Eglise. Mes enfants ont été scolarisés dans le réseau de l’enseignement catholique, je suis affilié à une mutuelle chrétienne et je fais du bénévolat dans une maison de retraite gérée par des religieuses voilées. Toute ma vie, je suis resté fidèle à vos préceptes. Me voici au soir de ma vie. Le monde me dégoûte, la corruption est partout, la tiédeur universelle. Je suis las et découragé. Donnez-moi, Dieu très bon, la récompense que vous avez promise à vos élus. »