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  • La conférence de presse du pape dans l'avion de retour du Canada (texte intégral)

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    De Catholic News Agency :

    Texte intégral : Conférence de presse du Pape François en vol depuis le Canada

    Le pape François s'adressant aux journalistes sur le vol entre le Canada et Rome, Italie, le 30 juillet 2022 | Vatican Media

    Salle de presse de Rome, 30 juillet 2022

    Le pape François est rentré à Rome samedi après un voyage d'une semaine au Canada. Du 24 au 30 juillet, le pape s'est rendu à Edmonton, au Québec et à Iqaluit dans le cadre de ce qu'il a appelé un "pèlerinage pénitentiel" pour présenter ses excuses aux communautés autochtones du pays.

    Vous trouverez ci-dessous la transcription complète de la conférence de presse du pape François sur le vol d'Iqaluit, au Canada, vers l'Italie.

    Pape François : Bonsoir et merci pour votre accompagnement, pour votre travail ici. Je sais que vous avez travaillé dur, et je vous remercie pour la compagnie. Merci.

    Matteo Bruni, directeur du bureau de presse du Saint-Siège : Bien, la première question ce soir est de Ka'nhehsíio Deer, un journaliste canadien d'origine inuit.

    Ka'nhehsíio Deer, CBC Radio [en anglais] : Mon nom est Ka'nhehsíio Deer. Je suis journaliste à CBC Indigenous. En tant que descendante d'un survivant des pensionnats, je sais que les survivants et les familles veulent voir des actions concrètes dans vos excuses, y compris l'annulation de la " doctrine de la découverte ". Étant donné que cette doctrine est toujours ancrée dans la Constitution et les systèmes juridiques du Canada et des États-Unis, où les peuples autochtones continuent d'être dépossédés et privés de leur pouvoir, n'avez-vous pas raté l'occasion de faire une déclaration lors de votre voyage au Canada ?

    Le pape François : Sur la dernière partie, je ne comprends pas le problème.

    Ka'nhehsíio Deer : C'est juste que les peuples autochtones sont encore aujourd'hui dépossédés et privés de leur pouvoir, vous savez, comme si leurs terres leur avaient été enlevées à cause de ces bulles papales et du concept de la doctrine de la découverte. 

    Quand je parle aux autochtones, ils racontent souvent que lorsque les gens sont venus coloniser les Amériques, il y avait cette - la doctrine de la découverte était quelque chose qui donnait le concept que les peuples autochtones de ces terres étaient inférieurs aux catholiques, et c'est ainsi que le Canada et les États-Unis sont devenus des pays. 

    Pape François : Merci pour cette question. Je pense que c'est un problème de chaque colonialisme, chaque - même les colonisations idéologiques d'aujourd'hui ont le même schéma. Ceux qui n'entrent pas dans leur voie ont des manières qui sont inférieures. Mais je veux développer ce point. Ils n'étaient pas seulement considérés comme inférieurs. Un théologien un peu fou se demandait s'ils avaient une âme. 

    Lorsque Jean-Paul II s'est rendu en Afrique, dans le port où les esclaves ont été embarqués, il a fait un signe pour que nous arrivions à comprendre le drame, le drame criminel. Ces personnes ont été jetées dans le navire dans des conditions terribles, puis elles ont été esclaves en Amérique. Il est vrai qu'il y avait des voix qui s'exprimaient, comme Bartolomé de las Casas par exemple ou Pierre Claver, mais elles étaient la minorité.

    La conscience de l'égalité humaine est venue lentement. Et je dis conscience parce que dans l'inconscient, il y a encore quelque chose. Nous avons toujours - permettez-moi de le dire - une attitude colonialiste consistant à réduire leur culture à la nôtre. C'est quelque chose qui nous arrive dans notre mode de vie développé ; parfois nous perdons les valeurs qu'ils ont.

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  • "Sachez que le dogme, la morale, est toujours sur un chemin de développement" (pape François)

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    Le pape, lors de la conférence de presse tenue dans l'avion qui le ramenait du Canada à Rome, s'en est pris une nouvelle fois aux traditionnalistes qualifiés "d'indiétristes" (partisans du retour en arrière) et a cautionné les avancées morales des théologiens qui, lors d'un récent congrès tenu à Rome, ont plaidé pour une remise en cause du rejet de la contraception par l'Eglise. Il est préoccupant de constater, dans le chef du pape, ce rejet systématique de ceux qui s'efforcent de rester fidèles à l'enseignement de l'Eglise et cette préférence manifestée à l'égard de ceux qui s'en éloignent. (YW)

    Lu sur Il Sismografo :

    30 juillet 2022

    Pape François : "Sachez que le dogme, la morale, est toujours sur un chemin de développement".

    Une des dernières réponses du Pape lors de la conférence de presse de retour d'Iqaluit, au Canada, aujourd'hui, pendant la nuit en Europe, adressée à Claire Giangrave (RELIGION NEWS SERVICE) a abordé la question des contraceptifs dans la doctrine de l'Église sur la moralité sexuelle. La question était posée comme suit : "De nombreux catholiques, mais aussi de nombreux théologiens, estiment qu'une évolution de la doctrine de l'Église concernant les contraceptifs est nécessaire. Il semblerait que même votre prédécesseur, Jean-Paul Ier, ait pensé qu'une interdiction totale devait peut-être être reconsidérée. Que pensez-vous à cet égard, en d'autres termes : êtes-vous ouvert à une réévaluation dans ce sens ? Ou y a-t-il une possibilité pour un couple d'envisager des moyens de contraception ?"

    La réponse du Saint-Père :

    "C'est très opportun. Mais sachez que le dogme, la morale, est toujours sur un chemin de développement, mais dans un développement dans le même sens. Pour utiliser quelque chose de clair, je crois l'avoir déjà dit ici : pour le développement théologique d'une question morale ou dogmatique, il y a une règle très claire et éclairante. C'est ce qu'a fait plus ou moins Vincent de Lérins au Xe siècle. Il dit que la vraie doctrine pour avancer, pour se développer, ne doit pas être tranquille, elle se développe ut annis consolidetur, dilatetur tempore, sublimetur aetate. C'est-à-dire qu'il se consolide avec le temps, il se dilate et se consolide et devient immobile mais toujours en progression. C'est pourquoi le devoir des théologiens est la recherche, la réflexion théologique, on ne peut pas faire de la théologie avec un " non " devant soi. Ensuite ce sera au Magistère de dire non, vous êtes allés plus loin, revenez, mais le développement théologique doit être ouvert, les théologiens (là) sont pour cela. Et le Magistère doit aider à en comprendre les limites. En ce qui concerne la question de la contraception, je sais qu'une publication est parue sur ce sujet et d'autres questions matrimoniales. Ce sont les actes d'un congrès et dans un congrès il y a des ponences, puis ils discutent entre eux et font des propositions. Il faut être clair : ceux qui ont fait ce congrès ont fait leur devoir, parce qu'ils ont essayé d'avancer dans la doctrine, mais dans un sens ecclésial, pas en dehors, comme je l'ai dit avec cette règle de saint Vincent de Lérins. Alors le Magistère dira, oui c'est bon ou ce n'est pas bon. Mais beaucoup de choses sont appelées. Pensez par exemple aux armes atomiques : aujourd'hui, j'ai officiellement déclaré que l'utilisation et la possession d'armes atomiques sont immorales. Pensez à la peine de mort : aujourd'hui, je peux dire que nous sommes proches de l'immoralité là-bas, parce que la conscience morale s'est bien développée. Pour être clair : quand le dogme ou la morale se développe, c'est bien, mais dans ce sens, avec Vincent des trois règles de Lerins. Je pense que c'est très clair : une Église qui ne développe pas sa pensée dans un sens ecclésial est une Église qui recule, et c'est le problème aujourd'hui, de tant de personnes qui se disent traditionnelles. Non, non, ils ne sont pas traditionnels, ce sont des "marche en arrière", ils vont à l'envers, sans racines : on a toujours fait comme ça, au siècle dernier on faisait comme ça. Et la '"marche en arrière" est un péché parce qu'il ne va pas de l'avant avec l'Église. Au lieu de cela, quelqu'un a dit que la tradition - je pense l'avoir dit dans l'un des discours - la tradition est la foi vivante des morts, alors que ces "indiétristes" qui se disent traditionalistes, c'est la foi morte des vivants. La tradition est précisément la racine, l'inspiration pour aller de l'avant dans l'Église, et elle est toujours verticale. Et l'"indietrisme" est un retour en arrière, il est toujours fermé. 

    Il est important de bien comprendre le rôle de la tradition, qui est toujours ouverte, comme les racines de l'arbre, et l'arbre pousse... Un musicien a eu une très belle phrase : Gustav Mahler, il a dit que la tradition dans ce sens est la garantie de l'avenir, ce n'est pas une pièce de musée. Si vous concevez la tradition comme fermée, ce n'est pas la tradition chrétienne... c'est toujours le jus des racines qui vous fait avancer, avancer, avancer. C'est pourquoi, pour ce que vous dites, penser et porter la foi et la morale en avant, mais tant que cela va dans le sens des racines, du jus, c'est bien. Avec ces trois règles de Vincent de Lérins que j'ai mentionnées."

    Lire : Pope Francis on birth control: Can the teaching of the Church on contraception change?