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L’enfant trans, un nouveau produit marketing ?

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Du site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

« L'enfant trans est devenu le nouveau produit marketing »

Pauline Quillon, journaliste à Famille Chrétienne est l'auteur de Enquête sur la dysphorie de genre. Bien comprendre pour aider vraiment les enfants (Mame).

Comment l’idéologie transgenre peut-elle connaître aujourd'hui un tel succès, alors que le fait existait de façon très marginale dans le débat public ?

La marche progressiste de nos sociétés en faveur de la reconnaissance du droit qu’auraient les enfants à « autodéterminer » leur genre est un phénomène mondialisé. Non seulement elle se produit dans tout le monde occidental, mais elle répond de surcroît à une volonté explicite des organisations internationales. En 2006, un groupe d’experts des droits humains réunis en Indonésie a signé les vingt-neuf principes de Jogjakarta qui portent sur les normes juridiques internationales non contraignantes auxquelles tous les États devraient idéalement se conformer en ce qui concerne l’orientation sexuelle et l’« identité de genre » et dont s’inspirent les institutions internationales (l’ONU, le Conseil de l’Europe) qui, à leur tour, les recommandent aux pays du monde.

Sous quelle autorité ?

Ces experts n’ont aucun mandat, aucune autorité, mais leurs principes servent de référence juridique et de boussole morale. En 2017, ce groupe y a ajouté dix principes et obligations des États, qui portent sur « l’expression de genre ». On y trouve l’obligation d’accepter le changement de prénom et de sexe à l’état civil à tout âge (principe 31), l’obligation de protéger le droit de tout enfant à l’autodétermination (principe 32), ou de « veiller à ce que toutes les écoles et autres institutions offrent des installations sanitaires sûres » (principe 33). À savoir, les recommandations mêmes de la circulaire Blanquer.…

Sait-on tout de même qui, exactement, tire les ficelles de ce phénomène mondialisé ?

Un lobbying intense serait présent au sein des institutions européennes. En 2020, le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), ONG chrétienne conservatrice dirigée par Gregor Puppinck, a étudié la Cour européenne des droits de l’homme, et notamment le « pedigree » de ses quarante-sept juges. Cette étude, révélée par l’hebdomadaire Valeurs actuelles en février 2020, démontre que cette Cour est infiltrée par des juges qui sont liés à l’Open Society Foundations du milliardaire américano- hongrois George Soros. Sur les cent juges qui y ont siégé entre 2009 et 2019, l’ECLJ en a compté vingt-deux.

Qu’est-ce que cette Open Society ?

L’Open Society milite activement pour le droit des personnes trans à changer légalement de sexe. En 2014, elle a produit un rapport, « License To Be Yourself », qui se présente comme un texte ressource pour les activistes du monde entier œuvrant pour les droits des personnes trans et pour l’évolution des législations en faveur du changement de sexe à l’état civil, y compris pour les enfants.

Il est étonnant cependant que le mouvement trans ait obtenu en quelques années seulement une visibilité et des conquêtes législatives telles qu’il a fallu plusieurs décennies pour les mouvements de défense des femmes et des homosexuels pour en obtenir de comparables.…

Michael Biggs, professeur de sociologie à Oxford, a creusé la question. La raison, selon lui, tient au soutien financier massif d’une poignée de milliardaires. Parmi eux, George Soros, que je viens d’évoquer, dont l’OSF est le principal donateur des causes trans. L’OSF a ainsi accordé des subventions d’une valeur de 3,07 millions de dollars pour 2016-2017 ! ONG, partis politiques, institutions internationales sont nombreux à recevoir de l’argent de la part de milliardaires ou de compagnies pharmaceutiques.

Quelles sont leurs motivations à donner ces sommes faramineuses ?

Contrairement aux autres mouvements de défense des minorités, le lobby trans ne semble pas émaner d’une minorité opprimée, mais bien plutôt d’une petite minorité ultra-capitaliste qui pourrait trouver un intérêt financier à promouvoir l’idéologie transgenre et à banaliser la transformation des corps par la chirurgie et les produits chimiques. Se promeut une figure qu’elle présente sous le masque séduisant de la réalisation de soi et du courage.

L’enfant trans, un nouveau produit marketing?

Exactement ! L’enfant trans est présenté comme le nouveau héros, le nouveau conquérant de l’identité. Celui qui bouge, change, s’invente, par opposition avec celui qui demeure, le demeuré qui coïncide banalement avec lui-même. Pixar a ainsi annoncé en mai 2021 que son prochain film d’animation aurait pour héroïne « Jess, une fille transgenre de 14 ans. Elle est compatissante, drôle, et vous soutient toujours ». L’industrie de la mode et des cosmétiques a naturellement emboîté le pas aux industries culturelles.

Aux États-Unis, la marque de produits capillaires Pantene a ainsi publié en 2021 un spot publicitaire pour un shampoing qui présentait une petite fille transgenre, Sawyer, et ses deux mères, Ashley et Ellie, expliquant très sérieusement que ses cheveux avaient joué un rôle important dans sa transition et sa créativité de genre.

Devenir soi-même, n’est-ce pas une injonction que l’on retrouve dans le développement personnel ?

Nous sommes devenus nous-mêmes le produit que nous devons conquérir. De nombreuses marques, et bien sûr l’industrie de la mode, mettent ainsi en avant cette épopée de la conquête de soi en en célébrant le courage, par exemple Nike et sa campagne « Courage illimité » qui célèbre l’athlète de triathlon Chris Mosier. Mais ces contes de fées ne font pas mention des difficultés, des souffrances et des imperfections de la transformation physique de ces sportifs et mannequins.

Comment expliquer une telle présence de la figure trans dans la publicité et sa soudaine exposition?

On peut y voir une façon, pour les entreprises, d’allier la recherche du profit à la défense des droits des minorités. Associer l’utile à l’agréable, défendre le bien tout en faisant fructifier les affaires. La personne trans, et singulièrement l’enfant trans, est dans le vent : elle fait vendre parce qu’elle fascine. Autre bénéfice, elle permet aux marques de valoriser leur image en se donnant une caution de progressisme. Mais ces cultures d’entreprise s’inscrivent dans un cadre plus vaste et orchestré de la promotion de l’« identité de genre».

N’est-ce pas réducteur de ne voir, dans la promotion de l’enfant trans, qu’un simple investissement qui doit rapporter gros ?

Le « transgenrisme » n’est effectivement pas qu’un instrument au service de l’économie libérale. Il porte avec lui une force imaginaire et pulsionnelle qui vient servir puissamment un nouveau cadre culturel et intellectuel, accompagner l’émergence d’une civilisation fondée sur un rapport totalement renouvelé au corps.

Et favoriser in fine le projet transhumaniste ?

Tout à fait : la révolution du genre à laquelle nous assistons, et dans laquelle les enfants sont embarqués, est en réalité l’expression ultime de la revendication de la liberté absolue, celle de l’autodétermination. Dans le transgenrisme pensé à son terme comme dans le transhumanisme, le corps est une matière modelable à l’envi. L'esprit impose sa loi au corps, par le biais de la technique qui lui promet de lui donner le corps qu'il désire. Devenu une matière modelable, libéré de sa condition sexuée, il n’est plus le lieu d’aucune limite, d’aucune frustration.

C’est une autre forme de puritanisme, de mépris du corps ?

Le transgenrisme fait miroiter l’illusion de se guérir de l’humiliation première et fondamentale, de la blessure narcissique originaire: je ne me suis pas donné à moi-même, je peux tout choisir, mais je ne peux pas me choisir. Dans cette mesure, le corps est à la fois méprisé en tant qu’il est donné – dette, pure pesanteur et limite– et exalté en tant qu’il est créé, devenu projection, image et fantasme. C’est ce corps rêvé des anges qui fascine tant adolescents et adultes : il est promesse d’harmonie, de bonheur, de coïncidence avec soi-même, de complétude. Au risque, tel Narcisse, de nous y perdre.

Quel est le danger ultime ?

Loin de gagner en valeur, ce corps sans limite est encore plus dépendant, cette fois-ci des machines et des industries qui lui vendent les hormones nécessaires au maintien de son apparence. Il a troqué sa limite contre son autonomie. Il n’est plus sacré, c’est-à-dire inviolable, mais potentiellement livré au marché. Si chacun de nous peut choisir son sexe, modeler son corps pour le faire « à son image », comme Dieu créa l’homme « à son image », alors rien ne s’opposera non plus à ce que nous en usions à notr eidée, pour en jouir comme pour le commercialiser.

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