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  • Ce que le cardinal de Lubac penserait du synode sur la synodalité

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    De Robert P. Imbelli sur First Things :

    CE QU'HENRI DE LUBAC PENSERAIT DU SYNODE SUR LA SYNODALITÉ

    28 juillet 2023

    Henri de Lubac, S.J., l'un des plus grands théologiens catholiques du vingtième siècle, a été l'une des figures de proue du mouvement de ressourcement qui a préparé le terrain pour Vatican II. En effet, nombre de ses écrits ont influencé les termes mêmes employés par le Concile, en particulier dans les constitutions sur l'Église (Lumen Gentium) et sur la révélation (Dei Verbum). Au cours de son long ministère théologique, qui s'étend du début des années 1930 au début des années 1980, il a non seulement insisté sur le lien intime entre théologie et spiritualité, mais il a également témoigné de l'inséparabilité de la dogmatique et de la pastorale en s'opposant courageusement au nazisme et à l'antisémitisme. Son dernier grand ouvrage théologique, achevé malgré des forces physiques déclinantes, fut le volume de près de mille pages intitulé 'La postérité spirituelle de Joachim de Flore'. Malheureusement, cet ouvrage n'est pas encore disponible en anglais. Mais ses réflexions sont très utiles aujourd'hui, alors que nous examinons le Synode sur la synodalité en cours dans l'Église et l'Instrumentum Laboris (document de travail) qui vient d'être publié. 

    De Lubac avait traité pour la première fois le mystique du douzième siècle dans le troisième volume de son Exégèse Médiévale. Il s'est concentré sur l'approche distinctive de Joachim à l'égard de l'Écriture, en particulier sur son point de vue selon lequel il y aurait un "troisième âge" de l'Esprit qui remplacerait les âges du Père et du Fils (représentés respectivement par l'Ancien et le Nouveau Testament). Selon la lecture de de Lubac, l'idée maîtresse de la vision prophétique de Joachim était de remettre en question la finalité salvatrice de Jésus-Christ. Dans le "troisième âge" de Joachim, l'"Esprit" se sépare en effet du Christ et alimente des mouvements pseudo-mystiques et utopiques. En effet, sans le référent et la mesure christologiques objectifs, l'appel à l'Esprit devient facilement la proie d'idéologies et de fantasmes subjectifs.

    Déjà ici, de Lubac entrevoyait la longue et troublante "vie après la mort" du Joachimisme, y compris ses propensions schismatiques. Il commença à explorer la variété des mouvements, à la fois séculiers et quasi-religieux, qui, tout comme Joachim, envisageaient l'arc du progrès se courbant vers un accomplissement du "troisième âge", que ce soit sous des formes hégéliennes, marxistes ou nietzschéennes. Dans tous ces mouvements, Jésus-Christ était considéré au mieux comme un avant-dernier mot, et l'Église comme la relique d'une époque non éclairée.

    Si le P. de Lubac s'est attelé à la tâche colossale de rédiger son livre sur la postérité de Joachim, c'est parce qu'il a perçu que la période qui a suivi le Concile a été marquée dans de nombreux milieux, en France et ailleurs, par une recrudescence des sensibilités et des projets joachimites. Ces tendances joachimites tracent un chemin au-delà de l'esprit de clocher de l'"Église institutionnelle", vers la célébration d'une humanité universelle, libérée des contraintes de la loi et de l'ordre hiérarchique.

    Dans ses émouvantes mémoires, Au service de l'Église, de Lubac commente les "circonstances qui ont motivé ses écrits". Il précise que son livre sur la postérité de Joachim n'était pas animé par des intérêts purement académiques, mais par son sens d'un danger présent : le danger de trahir l'Évangile en transformant la recherche du royaume de Dieu en une recherche d'utopies sociales séculières.

    Il écrivit un millier de pages avant que sa santé défaillante ne l'empêche d'apporter à son ouvrage la conclusion doctrinale qu'il avait prévue à l'origine. Mais il s'est rendu compte qu'il avait déjà proposé une conclusion dans son livre précédent, Méditation sur l'Église. Il renvoie le lecteur au chapitre 6 de cet ouvrage, intitulé "Le sacrement de Jésus-Christ".

    Le début du chapitre est célèbre : "L'Église est un mystère", mots qui, dix ans plus tard, formeront le titre du premier chapitre de la Constitution sur l'Église de Vatican II, Lumen Gentium. De Lubac précise immédiatement le contenu de ce mystère : "l'Église sur terre est le sacrement de Jésus-Christ". Là encore, Lumen Gentium suit l'exemple de De Lubac, en déclarant dans son tout premier paragraphe que "l'Église est dans le Christ comme un sacrement de Jésus-Christ" : "L'Église est dans le Christ comme un sacrement ou un signe et un instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unité de toute l'humanité." 

    Cette perspective christologique et sacramentelle oriente la vision et la proclamation ecclésiales de Vatican II. L'Instrumentum laboris récemment publié pour le Synode en cours sur la synodalité cite à deux reprises ces mots de Lumen Gentium. Il est toutefois révélateur qu'il omette à chaque fois les mots "dans le Christ", qui sont d'une importance capitale. Cette omission ne peut guère être attribuée à la précipitation ou à la négligence, et soulève des préoccupations légitimes quant à la déficience christologique du document.

    En insistant sur le fait que le mystère de l'Église est le sacrement de Jésus-Christ (une approche reprise et sanctionnée par le Concile), de Lubac tire des conséquences doctrinales et pastorales cruciales. Il écrit : "Le but de l'Église est de nous montrer le Christ, de nous conduire à lui, de nous communiquer sa grâce. En somme, elle n'existe que pour nous mettre en relation avec le Christ".

    Ainsi, tout stratagème visant à remplacer le règne actuel du Christ par un futur règne nébuleux de l'Esprit revient à introduire des "séparations mortelles" dans la vie de l'Église. "Ainsi, nous n'attendons nullement l'âge de l'Esprit, car il coïncide exactement avec l'âge du Christ". 

    En m'inspirant de ce chapitre de Méditation sur l'Église (un livre souvent vanté par le pape François), j'ai une modeste proposition inspirée de Lubac pour le Synode. Un exercice spirituel salutaire pour les groupes, réunis chaque jour pour partager leurs " conversations dans l'Esprit ", serait de méditer le dernier paragraphe décisif de la première partie de Gaudium et Spes. Cela fournirait aux participants une anamnèse vivante de l'Esprit qu'ils invoquent et qu'ils cherchent à servir fidèlement. 

    Voici la magnifique profession de foi dogmatique christologique de Gaudium et Spes :

    Le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, s'est lui-même fait chair pour que, en tant qu'homme parfait, il puisse sauver tous les hommes et toutes les femmes et récapituler toutes choses en lui-même. Le Seigneur est le but de l'histoire humaine, le point central des aspirations de l'histoire et de la civilisation, le centre de la race humaine, la joie de tous les cœurs et la réponse à toutes leurs aspirations. C'est lui que le Père a ressuscité d'entre les morts, qu'il a élevé dans les hauteurs et qu'il a placé à sa droite, le faisant juge des vivants et des morts. Animés et unis dans son Esprit, nous marchons vers la fin de l'histoire humaine, qui correspond pleinement au conseil de l'amour de Dieu : "rétablir toutes choses dans le Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre" (Eph. 11,10).

    Pas la moindre trace de la postérité de Joachim !

    Le père Robert P. Imbelli est l'auteur du recueil Christ Brings All Newness (Le Christ apporte toute nouveauté), à paraître prochainement.

  • Trois nouveautés au programme du voyage du pape à Marseille (22-23 septembre)

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro :

    Les trois nouveautés du programme du voyage du pape François, les 22 et 23 septembre à Marseille

    Le pape François sera à Marseille les 22 et 23 septembre prochains

    Le Vatican a confirmé une visite du pape dans la cité phocéenne plus longue que prévu avec une arrivée le vendredi 22 septembre et un départ en fin d'après-midi le samedi. Une rencontre officielle avec Emmanuel Macron a été ajoutée à l'agenda.

    L'information était connue mais elle est confirmée officiellement par le Vatican : le pape François, 86 ans, arrivera à Marseille le vendredi 22 septembre dans l'après-midi et non le samedi 23 matin comme initialement prévu. Il quittera la cité Phocéenne le samedi soir, comme programmé, à 19h15.

    Le niveau de protocole demeure inchangé : ce n'est pas une visite d'État du pape en France mais c'est toutefois le président de la République Emmanuel Macron qui l'accueillera à 16h15 à sa descente d'avion.

    L'objet principal de la visite de François à Marseille est un colloque international, dénommé «Rencontres Méditerranéennes» qui regroupe des évêques et des personnalités de tout le bassin méditerranéen visant à créer des liens entre les rives de cette mer pour résoudre une série de questions, dont celle de l'immigration que le pape encourage. Cette rencontre se déroulera le samedi à 10h00, dans le palais du Pharo de Marseille.

    Une rencontre formelle avec Emmanuel Macron

    Trois nouveautés en revanche apparaissent dans le programme officiel publié par le Vatican le 29 juillet qui ne figuraient dans les projets précédents et qui explique cette extension de l'emploi du temps du pape.

    La première nouveauté est que le Président qui devait simplement accueillir le pape à l'aéroport le samedi matin, non seulement le recevra le vendredi à son arrivée mais restera à Marseille pour une rencontre formelle, entre le pape et lui, avec photo officielle, échange de cadeaux et entretien.

    Ce n'était pas prévu dans la première version du programme puisque cette visite papale – selon la volonté de François plusieurs fois exprimée – ne se veut pas une visite en France mais l'Élysée a fait pression pour que ce rendez-vous avec Emmanuel Macron ait lieu ainsi que son accompagnement médiatique.

    La seconde nouveauté est une rencontre privée de François avec des personnes en situation de précarité économique, à l'archevêché, en début de journée, samedi.

    La troisième nouveauté est une prière mariale à Notre-Dame-de-la-Garde. Elle était prévue mais elle sera réservée au clergé diocésain, c'est-à-dire aux prêtres, religieux et religieuses, de Marseille. Elle interviendra samedi après-midi, à 17h15, après l'arrivée à l'aéroport. Le pape prononcera alors une courte allocution comme il aime le faire à chaque voyage lors de rencontres avec le clergé.

    Une messe finale au Stade Vélodrome

    Le moment de recueillement avec les chefs religieux des autres religions devant le mémorial dédié aux marins et aux migrants perdus en mer, est maintenu. Mais il se déroulera le vendredi à 18h00 et non plus le samedi matin. Tout comme la messe finale au Stade Vélodrome, le samedi 23 septembre à 16h15, présidée par François.

    C'est le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille qui a réussi à persuader François d'accepter de dire une messe. Ce qui n'était pas prévu dans la première version du programme : François ne voulait arriver que le samedi matin pour le seul colloque «Rencontres Méditerranéennes» un thème social et politique qui lui est cher, et entendait repartir à Rome en début d'après-midi samedi.

    Si tout se déroule comme prévu, ce sera la seconde fois que François foulera le sol de France depuis son élection il y a dix ans en 2013. Il avait visité les communautés européennes à Strasbourg, le 25 novembre 2014, en aller et retour de Rome sur la seule matinée. Comme à Marseille, il avait refusé l'invitation que la France lui avait adressée pour une visite officielle du pays.

    Avec l'Allemagne, l'Espagne, la France, trois pays européens pourtant de haute tradition catholique, ne méritent pas, selon le pape François, une visite d'État.

  • Le synode sera déterminant dans le choix du prochain pape

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    Du site "Riposte catholique" :

    Le prochain pape se positionnera en fonction du synode

    29 juillet 2023

    Professeur au département de théologie et sciences religieuses à l’université Villanova de Philadelphie, Massimo Faggioli a été interrogé dans Le Point suite à la nomination de vingt et un nouveaux cardinaux, dont dix-huit futurs électeurs. Extraits :

  • JMJ : "un germe du monde de demain"?

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via le blog Il Sismografo :

    Aux JMJ, le pape François attend «un germe du monde de demain» / JMJ de Lisbonne: au-devant de François, 41000 Français «fervents et à contre-courant»

    (Jean-Marie Guénois, Le Figaro) Un million de jeunes du monde entier sont déjà arrivés au Portugal pour la 37e édition de ce rassemblement hors norme. Le pape y est attendu mercredi. -- C’est l’événement catholique de l’été. Les 37es Journées mondiales de la jeunesse, à Lisbonne, au Portugal, sont lancées et se termineront le dimanche 6 août. Pas moins de 1 million de jeunes - dont 41.000 Français, troisième délégation représentée, après l’Italie et l’Espagne - sont déjà arrivés dans les différents diocèses du Portugal, où ils sont accueillis par des familles et des paroisses. À partir de mardi, ils convergeront vers Lisbonne pour une ouverture officielle mercredi, et un premier accueil du pape François jeudi.

    Le chef de l’Église catholique commencera son périple le 2 août par une visite officielle au Portugal. Il se rendra aussi au sanctuaire marial de Fatima dans la matinée du samedi 5 août. Dans la soirée, il présidera la grande veillée conclusive du rassemblement au Parque Tejo, un parc naturel de 90 hectares situé sur la côte est de Lisbonne, bordé par le fleuve Tage, où aura également lieu la grande messe de conclusion des JMJ dimanche matin.

    Pour François, 86 ans, qui avait donné rendez-vous à Lisbonne aux jeunes du monde entier, lors des précédentes JMJ, au Panama, en 2019, ce voyage est un nouveau test de santé. Il a été opéré en juin dernier d’une hernie abdominale dont il semble se remettre sans difficulté apparente. Dans le cortège papal, il sera accompagné d’un médecin et d’un infirmier ainsi que d’une ambulance, un dispositif ordinaire pour ses déplacements. «Aucune mesure sanitaire spéciale» ne serait prévue, a assuré, ce jeudi, Matteo Bruni, porte-parole du Saint-Siège.

    Le même jour, dans un message vidéo, le pape a donné le ton de ces JMJ: «L’Église n’est pas un club pour le troisième âge, pas plus qu’un club de jeunes. Si elle devient un club de personnes âgées, elle mourra, a-t-il insisté. Si l’on vit avec des jeunes, on devient jeune.»

    Dans l’esprit de ses prochaines rencontres à Lisbonne, François a exhorté les jeunes à «se mettre en chemin pour aider les autres», à l’image de la Vierge: «Marie, dès qu’elle sait qu’elle va être la mère de Dieu, ne reste pas là à se faire un selfie ou à se vanter! La première chose qu’elle fait, c’est de s’élancer, en toute hâte, pour servir et pour aider.»

    «Diapason de la joie»

    Dans son message, le pape a aussi confié que son rêve était de trouver à Lisbonne, capitale mondiale de la jeunesse, «un germe du monde de demain», où «l’amour est au centre». Car, a-t-il plaidé, «nous sommes en guerre, et nous avons tous besoin d’autre chose. D’un monde qui ne craint pas de témoigner de l’Évangile.» Le tout, «au diapason de la joie», s’est-il enthousiasmé avant d’ajouter: «si nous, chrétiens, n’avons pas de joie, nous ne sommes pas crédibles et personne ne nous croit».

    François visite le Portugal pour la deuxième fois, après un voyage consacré à Fatima, le 13 mai 2017, qui marquait le centenaire des apparitions mariales, reconnues par l’Église. Benoît XVI s’y était également rendu en 2010. Quant à Jean-Paul II, très attaché à la Vierge de Fatima, dont il estimait qu’elle l’avait sauvé lors de l’attentat du 13 mai 1981, il s’est rendu à trois reprises dans ce pays toujours très marqué par le catholicisme. (Le Figaro) 

    JMJ de Lisbonne: au-devant de François, 41000 Français «fervents et à contre-courant»
     
    (Jean-Marie Guénois, Le Figaro) RÉCIT - Loin d’un impératif catégorique d’obéissance à une règle, de nombreux jeunes, très conscients d’être une minorité, témoigne d’un besoin spirituel profond et d’une personnelle avec le Christ.

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  • Ainsi en sera-t-il à la fin du monde...

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    Dix-septième dimanche du temps ordinaire

    Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 13,44-52.

    En ce temps-là, Jésus disait aux foules : 
    « Le royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ. 
    Ou encore : Le royaume des Cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. 
    Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète la perle. » 
    Le royaume des Cieux est encore comparable à un filet que l’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons. 
    Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. 
    Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes 
    et les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. » 
    « Avez-vous compris tout cela ? » Ils lui répondent : « Oui ». 
    Jésus ajouta : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. » 

    Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris 

     

    Du Père Simon Noël osb (sur son blog) :

    La parabole du filet jeté à la mer, homélie

    La parabole du filet jeté à la mer rappelle celle de l'ivraie et du bon grain, que nous avons entendue dimanche dernier, puisqu'elle nous parle du jugement dernier qui aura lieu à la fin des temps : Ainsi en sera -t-il à la fin du monde : les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise. On parle de fin du monde ou de fin des temps. Cette seconde expression est plus heureuse, car lorsqu'il reviendra dans sa gloire, Jésus ne détruira pas le monde mais le transformera, le transfigurera. Nous le disons dans le credo : il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Beaucoup de mystiques contemporains ont parlé de l'imminence du retour du Christ et du jugement. Pour les gens qui sont installés dans ce monde et qui ne vivent pas pour Dieu, c'est une nouvelle effrayante, catastrophique. Mais pour ceux qui vivent dans l'attente ardente du retour du Christ, c'est au contraire une très bonne nouvelle, qui les remplit de confiance et d'espérance. Décrivant ce jour du jugement, le prophète Habacuc disait déjà : Tu es sorti pour sauver ton peuple... Je frémis d'être là, d'attendre en silence le jour d'angoisse, qui se lèvera sur le peuple dressé contre nous... Je bondis de joie dans le Seigneur, j'exulte en Dieu, mon Sauveur.

    Sainte Faustine, la grande mystique polonaise de la Divine Miséricorde, nous dit que nous sommes maintenant dans le temps de la miséricorde, mais qu'ensuite viendra celui du jugement et de la justice. Voici ce que Jésus lui disait et qui est consigné dans son petit journal : Avant de venir comme juge équitable, je viens d'abord comme Roi de miséricorde. Avant qu'advienne le jour de justice, il sera donné aux hommes un signe dans le ciel. Toute lumière dans le ciel s'éteindra et il y aura de grandes ténèbres sur toute la terre. Alors le signe de la Croix se montrera dans le ciel, et des plaies des mains et des pieds du Sauveur, sortiront de grandes lumières, qui pendant quelque temps illumineront la terre.

    Tout cela est mystérieux mais la signification en est claire. Jésus en ce temps de miséricorde veut faire tout ce qui est possible pour nous sauver et pour que les pécheurs se convertissent. A la mystique capucine italienne, sœur Consolata, Jésus a rappelé ceci : L’impénitence finale ne se rencontre que chez les personnes qui veulent aller en enfer, de propos délibéré, et par conséquent refusent ma miséricorde ; car, pour ce qui est de moi, jamais je ne refuse mon pardon : ma miséricorde illimitée embrasse l’univers entier, car pour tous, j’ai versé mon sang.

    Nous pouvons donc retenir ceci, qui est le plus important. Il y aura un jugement, mais pour nous y préparer, Jésus ne cesse de nous offrir sa miséricorde. Nous ne risquons rien, sinon le bonheur et la paix éternels, si nous sommes enveloppés de la miséricorde divine, et nous le serons si nous nous réfugions en elle, si nous sommes couverts du Précieux sang de Jésus, ce sang qui nous protégera de la mort éternelle, comme le sang de l'agneau pascal avait préservé les Hébreux, lors de la sortie d’Égypte, si nous sommes marqués au front du signe de la Croix, comme le prophète Ézéchiel l'avait déjà annoncé, lorsque le Seigneur s'adressait à ceux qu'il avait chargé de punir la ville, corrompue par ses péchés : Vous ne toucherez pas à ceux qui ont sur eux la croix.

    Plus que jamais, c'est le temps de la prière, pour nous préparer à la venue du Seigneur. Le chapelet de la miséricorde, enseigné par Jésus à Sainte Faustine, nous fait répéter inlassablement à Dieu le Père, en offrant la passion du Christ : Par sa douloureuse passion, sois miséricordieux pour nous et pour le monde entier. Quant au chapelet de la Vierge, tant de saints nous ont dit la puissance très grande de cette prière toute simple et son efficacité absolue pour le salut de nos âmes. Oui, plus que jamais, prions, prions, prions.

  • Le vrai trésor (17e dimanche du temps ordinaire)

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    Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (Famille Saint-Joseph - Archive 2008) (homelies.fr)

    « Un trésor » : voilà bien une parole magique qui retient spontanément notre attention ! Les interlocuteurs de Jésus ne faisaient pas exception : bon nombre de contes orientaux sont structurés autour de la recherche d’un trésor fabuleux. Souvenons-nous de la caverne d’Ali Baba qui nous a tous fait rêver !

    Pas besoin de longs discours : quelques paroles suffisent pour solliciter notre imaginaire. Aussi Jésus se contente-t-il de nous donner la trame du scénario : au cours de son travail, un ouvrier agricole découvre un « trésor caché ». On imagine sans peine sa joie et son excitation ; mais notre homme n’en perd pas pour autant le nord. Légalement il a droit à la moitié du butin, l’autre moitié revenant au propriétaire du champ. Pour éviter de devoir partager sa découverte, notre héros préfère vendre tous ses biens et acquérir le champ, afin de faire main basse sur la totalité du magot.

    Spontanément nous nous imaginons un coffre rempli de pierres précieuses, dont la vente nous permettrait de couler des jours heureux, libres de tous soucis matériels. Mais le récit garde-t-il vraiment pour nous cette même saveur lorsque nous identifions ce fameux trésor avec le « Royaume des cieux » ? Jésus ne nous demande-t-il pas dans un autre passage, de choisir entre Dieu et l’argent ? La caverne d’Ali Baba n’est-elle pas dénoncée dans l’Evangile comme l’antre du diable ? Du coup, ce Dieu qui ne veut pas que nous nous enrichissions, n’a-t-il pas pris dans notre imaginaire l’apparence d’un épouvantail nous interdisant l’accès au bonheur ?

    Peut-être découvrons-nous, en écoutant nos réactions intérieures face à cette parabole, que nous portons en nous l’image d’un Dieu jaloux de notre bien-être. Certes nous lui obéissons parce qu’il est plus puissant qu’Ali Baba, mais le cœur n’y est pas, et nous « louchons » vers la caverne au trésor…

    Il est bon de prendre conscience de ces ambiguïtés, afin de laisser l’Esprit nous purifier de nos conceptions idolâtriques et nous relancer dans notre quête du vrai Dieu. Le « Royaume des cieux » est bel et bien un « trésor », et même un trésor infiniment plus précieux que toutes « les perles de grande valeur » du monde, puisqu’il nous donne accès au mystère de Dieu lui-même, la source de tout bien. Mais pour acquérir ce trésor ineffable, nous devons consentir à renoncer à ce que nous croyons savoir sur le mystère divin. Seul celui qui « vend tout ce qu’il a », c'est-à-dire qui se débarrasse de toutes ses précompréhensions sur Dieu, peut se disposer à accueillir l’héritage promis à ceux qui, par la foi en la Parole du Fils, s’ouvrent à la Révélation du Père.

    Remarquons bien que notre héros n’achète pas le trésor, et pour cause : il est par définition hors de prix. Mais il acquiert le champ dans lequel il est enfoui. Ne serions-nous pas cet agriculteur qui travaille la glaise de sa vie comme un ouvrier, tant qu’il n’a pas découvert qu’il ne tient qu’à lui de devenir fils et donc propriétaire ? Pour opérer cette prise de conscience, il suffit que nous renoncions à vouloir obtenir le salut par nos propres efforts, pour nous mettre à l’écoute de la Parole que le Père nous adresse en son Fils unique Jésus-Christ. Nous découvrirons alors que le don de Dieu nous précède, car « il nous a choisis dans le Christ dès avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard » (Ep 1, 4). Et « ceux qu’il connaissait par avance, il les a aussi destinés à être l’image de son Fils, pour faire de ce Fils l’aîné d’une multitude de frères » (2nd lect.), afin de leur donner part à sa gloire (Ibid.).

    Le choix n’est pas entre les richesses de la caverne d’Ali Baba et la misère d’une religiosité sans âme ; mais entre les biens éphémères de ce monde qui passe, et la participation à la gloire de Dieu, dans le Royaume qui ne passera pas. Celui qui a découvert le véritable enjeu de cette vie, s’en va tout joyeux vendre tout ce qu’il possède pour acquérir ce champ précieux et en extraire son trésor spirituel. Se joignant au Psalmiste il peut alors chanter : « Mon partage, Seigneur, c’est d’observer tes paroles. Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche, plus qu’un monceau d’or ou d’argent ! » (Ps 118).

    Telle est la véritable sagesse, celle qui ne s’arrête pas aux choses qui nous entourent, mais discerne la présence cachée de celui qui nous fait signe à travers elles. Nous découvrons ainsi que la liberté ne consiste pas à user - voire abuser - de ce monde selon notre bon plaisir, mais à pouvoir nous servir des dons de Dieu pour devenir ses collaborateurs, et gouverner avec lui la création qu’il nous a confiée. C’est ce que l’Esprit avait fait comprendre au jeune Salomon, lui inspirant de demander « non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de ses ennemis, mais le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner » (1ère lect.) sa vie selon le dessein de Dieu.

    « Avez-vous compris tout cela ? » demande Jésus tout en jetant un regard circulaire insistant sur ceux qui l’entourent. Devant leur réponse affirmative le Seigneur conclut par une parole quelque peu énigmatique. Quel est donc ce scribe devenu disciple du Royaume, sinon celui qui a « compris » l’enseignement des paraboles et a tout vendu pour suivre Jésus, afin d’entrer avec lui dans le Royaume ? De serviteur d’un patrimoine terrestre qui ne lui appartenait pas, il est devenu comme « un maître de maison » qui dispose du trésor qu’elle contient. Car les quelques biens de ce monde que nous avons mis tant de mal à rassembler, nous serons en tout cas retirés au moment du grand passage, qui mettra en lumière la vanité de notre soif de posséder ; alors que dès à présent nous est offert l’accès à un Royaume si vaste, que nous n’aurons pas assez de l’éternité pour en faire le tour ! Vraiment : que pourrions-nous imaginer de plus précieux que la foi qui fait de nous les héritiers du Dieu vivant ?

    « Loué sois-tu Père, toi qui nous appelles jour après jour à nous laisser réconcilier avec toi par ton Fils en qui nous sommes justifiés, afin de pouvoir nous donner part à ta gloire. Mais ce mystère de grâce n’est accessible que dans la foi, c'est-à-dire dans l’accueil inconditionnel de la Révélation de ton dessein d’amour. Donne-nous de nous tenir devant ta Parole comme une page blanche sur laquelle l’Esprit écrit en lettres de feu le mystère de notre filiation divine. Qu’à travers ombres et lumières nous puissions grandir vers la vraie connaissance, celle qui nous identifie à Jésus-Christ Notre-Seigneur, en qui nous sommes tes enfants. »

    Père Joseph-Marie