Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

JMJ : "un germe du monde de demain"?

IMPRIMER

De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via le blog Il Sismografo :

Aux JMJ, le pape François attend «un germe du monde de demain» / JMJ de Lisbonne: au-devant de François, 41000 Français «fervents et à contre-courant»

(Jean-Marie Guénois, Le Figaro) Un million de jeunes du monde entier sont déjà arrivés au Portugal pour la 37e édition de ce rassemblement hors norme. Le pape y est attendu mercredi. -- C’est l’événement catholique de l’été. Les 37es Journées mondiales de la jeunesse, à Lisbonne, au Portugal, sont lancées et se termineront le dimanche 6 août. Pas moins de 1 million de jeunes - dont 41.000 Français, troisième délégation représentée, après l’Italie et l’Espagne - sont déjà arrivés dans les différents diocèses du Portugal, où ils sont accueillis par des familles et des paroisses. À partir de mardi, ils convergeront vers Lisbonne pour une ouverture officielle mercredi, et un premier accueil du pape François jeudi.

Le chef de l’Église catholique commencera son périple le 2 août par une visite officielle au Portugal. Il se rendra aussi au sanctuaire marial de Fatima dans la matinée du samedi 5 août. Dans la soirée, il présidera la grande veillée conclusive du rassemblement au Parque Tejo, un parc naturel de 90 hectares situé sur la côte est de Lisbonne, bordé par le fleuve Tage, où aura également lieu la grande messe de conclusion des JMJ dimanche matin.

Pour François, 86 ans, qui avait donné rendez-vous à Lisbonne aux jeunes du monde entier, lors des précédentes JMJ, au Panama, en 2019, ce voyage est un nouveau test de santé. Il a été opéré en juin dernier d’une hernie abdominale dont il semble se remettre sans difficulté apparente. Dans le cortège papal, il sera accompagné d’un médecin et d’un infirmier ainsi que d’une ambulance, un dispositif ordinaire pour ses déplacements. «Aucune mesure sanitaire spéciale» ne serait prévue, a assuré, ce jeudi, Matteo Bruni, porte-parole du Saint-Siège.

Le même jour, dans un message vidéo, le pape a donné le ton de ces JMJ: «L’Église n’est pas un club pour le troisième âge, pas plus qu’un club de jeunes. Si elle devient un club de personnes âgées, elle mourra, a-t-il insisté. Si l’on vit avec des jeunes, on devient jeune.»

Dans l’esprit de ses prochaines rencontres à Lisbonne, François a exhorté les jeunes à «se mettre en chemin pour aider les autres», à l’image de la Vierge: «Marie, dès qu’elle sait qu’elle va être la mère de Dieu, ne reste pas là à se faire un selfie ou à se vanter! La première chose qu’elle fait, c’est de s’élancer, en toute hâte, pour servir et pour aider.»

«Diapason de la joie»

Dans son message, le pape a aussi confié que son rêve était de trouver à Lisbonne, capitale mondiale de la jeunesse, «un germe du monde de demain», où «l’amour est au centre». Car, a-t-il plaidé, «nous sommes en guerre, et nous avons tous besoin d’autre chose. D’un monde qui ne craint pas de témoigner de l’Évangile.» Le tout, «au diapason de la joie», s’est-il enthousiasmé avant d’ajouter: «si nous, chrétiens, n’avons pas de joie, nous ne sommes pas crédibles et personne ne nous croit».

François visite le Portugal pour la deuxième fois, après un voyage consacré à Fatima, le 13 mai 2017, qui marquait le centenaire des apparitions mariales, reconnues par l’Église. Benoît XVI s’y était également rendu en 2010. Quant à Jean-Paul II, très attaché à la Vierge de Fatima, dont il estimait qu’elle l’avait sauvé lors de l’attentat du 13 mai 1981, il s’est rendu à trois reprises dans ce pays toujours très marqué par le catholicisme. (Le Figaro) 

JMJ de Lisbonne: au-devant de François, 41000 Français «fervents et à contre-courant»
 
(Jean-Marie Guénois, Le Figaro) RÉCIT - Loin d’un impératif catégorique d’obéissance à une règle, de nombreux jeunes, très conscients d’être une minorité, témoigne d’un besoin spirituel profond et d’une personnelle avec le Christ.

Ils vont à la messe tous les dimanches, parfois même en semaine, et certains apprécient l’ancienne liturgie en latin. Une minorité d’entre eux se sent vraiment en affinité avec le pape François, et ils sont politiquement majoritairement à droite. Ce sont à gros traits les caractéristiques des 41.000 jeunes catholiques français qui partent aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Lisbonne, au Portugal, jusqu’au 6 août.

Ce portrait type a été tiré par La Croix, le 26 mai dernier. Intitulé «une génération en quête de sacré», il décrit des catholiques «fervents et à contre-courant», sur la base d’un sondage exclusif réalisé par Bayard Études. L’enquête s’est faite en lien avec la Conférence des évêques de France, les communautés de l’Emmanuel, du Chemin neuf et Saint-Martin. Point le plus intéressant: la mise en perspective des données avec celles d’un sondage similaire, réalisé par La Vie pour les JMJ de Madrid en 2011. Premier constat, avec les précautions liées à la méthode de comparaison, si 6 % déclaraient se rendre à la messe «tous les jours ou presque» en 2011, ils seraient 24 % en 2023, soit une multiplication par quatre. 

Beaucoup de prêtres et d’évêques confirment effectivement la montée d’une nouvelle génération de catholiques, très conscients d’être une minorité et très engagés dans leur foi catholique, où le sacrement de la communion eucharistique tient une place prépondérante. Ce qui n’a rien à voir avec un souci rigoriste d’«observance» ritualiste, théorisé par certains sociologues. Loin d’un impératif catégorique d’obéissance à une règle, il s’agit plutôt d’un besoin spirituel profond, en relation personnelle avec le Christ.

D’ailleurs, 47 % disent trouver pendant la messe, selon La Croix, «un moment de rencontre intime avec Jésus et de ressourcement spirituel», quand 24 % vivent «la célébration d’un mystère sacré». Plus de la moitié d’entre eux (51 %) disent aussi avoir eu l’idée de devenir prêtres ou religieux. Un quart des jeunes hommes affirment même avoir pensé «très sérieusement» à devenir prêtre.

Forte attente spirituelle

Cette étude confirmerait ainsi l’échec d’une pastorale sociale de l’Église catholique, fortement nourrie par son aile progressiste minoritaire, soutenue par le pape François et portée à bout de bras par une partie de l’Église de France depuis les années 1970. La preuve: 7 % seulement des jeunes interrogés dans le sondage de La Croix se reconnaissent dans la définition d’une Église qui serait un «hôpital de campagne» accueillant «tous les blessés de la vie». Et 12 % voient dans l’Église catholique un «mouvement d’émancipation» pour la «lutte contre les injustices». En revanche, 59 % des jeunes catholiques considèrent l’Église comme «un phare qui montre le chemin dans les ténèbres». 

Des études de 2011 et 2023 ressort une constante: la forte attente spirituelle des jeunes. À la question: «Vous vous définiriez plutôt comme catholiques, chrétiens, en recherche spirituelle?», leur réponse en 2011 était éloquente: ils se disaient «catholiques» à 72 %, «chrétiens» à 21 % et «en recherche» à 5 %. En 2023, 56 % des JMJistes de Lisbonne considèrent comme «valorisant» le fait d’«être identifiés comme catholiques auprès des jeunes de leur génération».

Relation mystique avec le Christ  

Autre facteur clé de cette identité, selon l’étude de La Croix, ces jeunes des JMJ sont essentiellement issus de familles catholiques et pratiquantes, de milieux sociaux plutôt aisés, où la transmission de la foi n’a pas été une option comme une autre, mais une finalité éducative. Ce qui ne signifie pas pour autant un mépris pour l’action sociale, au contraire, même. Le sondage de 2011 démontrait que la préoccupation pour la justice est une constante de l’Église catholique, qu’elle n’a donc pas été inventée ou réactivée sous ce pontificat, comme si elle avait été oubliée sous celui de Benoît XVI.

En effet, les trois quarts des jeunes interrogés en 2011 (74 %) se reconnaissaient proches des «positions de l’Église en matière sociale, pauvreté, immigration, développement, mondialisation» et 71 % partageaient le combat de l’Église en matière de bioéthique et de défense de la vie. En fait, pour les jeunes catholiques, l’action dans la cité - sociale et politique - ne remplace pas la vie spirituelle, elle est profondément ancrée dans une relation mystique avec le Christ.

Dans le même registre, La Croix reconnaît d’ailleurs que la «génération “Laudato si’” se cherche encore». Laudato si’ est le nom de l’encyclique sur l’écologie intégrale du pape François, publiée en 2015. Une enquête récente auprès du lectorat de la revue Limite, fondée en France dans la mouvance de cette encyclique verte, n’aurait collecté que 750 réponses avec, qui plus est, un «noyau majoritaire de droite, catholique pratiquant».

Messe en latin  

Enfin, sur le plan strictement politique, la comparaison des deux sondages indique une évolution notable des jeunes catholiques français vers l’«extrême droite». La prudence s’impose, mais les évolutions d’écarts de résultats sont significatives, même en admettant une marge d’erreur.

Si les jeunes se disaient de sensibilité politique d’«extrême droite» à 6 % en 2011, selon La Vie, les jeunes catholiques le seraient à 14 % en 2023, selon La Croix. Soit une évolution de plus du double. Une situation paradoxale pour le pontificat de François, qui lutte de toutes ses forces contre les thèmes de droite et d’extrême droite. Les autres sensibilités politiques des jeunes, elles, demeurent stables entre 2011 et 2023: l’extrême gauche reste à 1 %, la gauche passe de 7 % à 6 % , l’écologie de 6 à 5 %, le centre de 10 à 8 %, la droite de 41 à 38 %.

Enfin, c’est peut-être la grande surprise du sondage de La Croix 2023, il y a un attrait de cette nouvelle génération pour la messe selon l’ancien rituel, en latin. Ce marqueur n’apparaissait pas dans le sondage réalisé par La Vie en 2011 avant les JMJ de Madrid. Et pour cause, le problème ne se posait pas puisque Benoît XVI avait alors libéralisé l’usage liturgique d’antan au titre d’un rite «extraordinaire», à côté du rite «ordinaire» de la messe. Ce dernier est connu de tous: le prêtre célèbre face à l’assistance et dans la langue du pays. Si 12 % voient dans l’ancien rite un «retour en arrière inutile», 8 % disent que c’est «la messe qu’ils préfèrent» et 11 % apprécient autant la messe en latin que la messe en français. 40 % «n’ont rien contre» et ils sont 19 % à penser que la messe selon l’ancien rite est «ressourçant de temps en temps», mais «ils ne souhaiteraient pas y assister chaque dimanche».

Pour la France, en tout cas, ce n’est pas tant la «génération François» que le pape va rencontrer à Lisbonne, mais des jeunes nés vers les années 2000, dans des familles profondément marquées par le pape Jean-Paul II et par Benoît XVI, qui arrivent aujourd’hui à l’âge adulte. (le Figaro)

Les commentaires sont fermés.