Contrairement à ce que le pape actuel semble en penser, on ne peut comparer l'avortement et la peine de mort :
Du site "Benoît et moi" :
Cardinal Ratzinger (déjà en 1993) : on ne peut pas comparer l’avortement et la peine de mort
Le 9 juillet 1993, le cardinal avait donné une interview dans le cadre d’une conférence internationale sur le Catéchisme de l’Église catholique (publié en 1992, sous sa responsabilité en tant que préfet de la CDF) à l’Escorial, en Espagne. Il y avait répondu avec sa clarté et sa profondeur habituelles à des questions morales d’actualité, notamment sur l’avortement et la peine de mort.
Extrait:
Question : Quelle est votre opinion personnelle sur la peine de mort ? Pourquoi l’Église est-elle si stricte sur la question de l’avortement et si « généreuse » sur la peine de mort ? L’Église n’est-elle pas incohérente dans ce cas ?
Cardinal Ratzinger : Je voudrais commencer par la dernière question.
On ne peut pas comparer l’avortement à la peine de mort, comme s’il s’agissait de la même chose.
Dans l’avortement, vous tuez manifestement une personne totalement innocente, en faisant passer vos propres objectifs limités, avant le droit à la vie d’un autre être humain.
La peine de mort est une chose tout à fait différente. Elle présuppose un crime grave puni par la société.
En ce qui concerne la première partie de votre question, je voudrais dire que je soutiens personnellement l’abolition de la peine de mort et l’objectif sociopolitique correspondant.
Mais je n’irai pas jusqu’à dire qu’il faut l’exclure absolument, pour toujours et en toutes circonstances. Je pense à un exemple terrible comme celui d’Eichmann et des autres criminels endurcis du camp de la mort d’Auschwitz. Peut-on dire qu’un État de droit est dans l’erreur lorsqu’il s’agit de savoir si de tels criminels méritent la peine de mort ?
Dans la politique concrète d’aujourd’hui, je souhaite l’abolition de la peine de mort. Mais ce souhait personnel et cet objectif social ne peuvent se fonder sur une doctrine de la foi au sens où l’Église devrait déclarer la peine de mort incompatible avec la foi et donc l’interdire en tout temps et en toutes circonstances.
La question de la peine de mort n’est pas directement le sujet ou le contenu de la profession de foi chrétienne. Il s’agit d’un instrument de l’administration de la justice dans l’État, sur lequel on peut exprimer une opinion du point de vue de la foi et de la morale en tant que chrétiens et en tant qu’Église. L’appel à une interdiction inconditionnelle et absolue de la peine de mort ne découle pas nécessairement de la foi chrétienne.
Commentaires
L'avortement est l'assassinat d'une victime innocente !
La peine de mort est la condamnation judiciaire ensuite d'un procès (en principe équitable) d' une personne reconnue coupable (qui n'est donc pas une victime innocente) de faits gravissimes répréhensibles !
« …. mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » ….. l’Église n’est pas chargée de la justice ici bas mais elle est le Corps du Christ, donc elle est sensée transmettre et mettre en pratique la pensée de Dieu !
Merci pape Léon !
Il n'a pas dit pas que c'était la même chose, mais qu'il se demande si on peut qualifier de "pro vie" quelqu'un qui est pour la peine de mort .
Avortement et peine de mort sont en effet deux choses différentes. Mais la pénitence et conversion, même tardive, d'un criminel condamné n'est jamais exclue. L'interdiction absolue de la peine de mort me semble donc la position la plus cohérente d'un point de vue chrétien. Accessoirement, il y a toujours le risque d'une erreur judiciaire, qui ne peut être réparée si le condamné a été mis à mort.
Il ne me semble pas que le critère de l'erreur judiciaire soit fort pertinent. Que peut-on "réparer" pour une personne qui aurait fait 30 ou 40 années de prison par "erreur judiciaire" ? Je ne crois pas qu'une somme d'argent puisse être une réparation.
Pour la conversion tardive, il y a des condamnés à morts qui ce sont convertis avant leur exécution (Henri Pranzini par exemple).
N'oublions pas non plus que les Etats Pontificaux (dont le pape est le souverain absolu) ont appliqué la peine de mort pendant longtemps, exécutant plus de 500 condamnés entre 1796 et 1864 (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Giovanni_Battista_Bugatti).
Plus d'un théologien et des papes ont justifié la peine de mort (Saint Thomas d'Aquin par exemple)
Il me semble que trop souvent on raisonne uniquement sur notre cas précis d'une europe riche, moderne, en paix, avec peu de violence... Il y a et il y a eu dans l'histoire bien d'autres situations.
L'interdiction "absolue" me semble donc exagérée.
L'Eglise n'est pas en charge de la cité.
La possibilité de la peine capitale pose un caractère dissuasif important.
Au moment où on prétend nous faire importer des quantités de gens venant de pays où cette peine de mort existe, c'est une ânerie de l'interdire chez nous