Avant même sa sortie, le film fut décrié par une partie de l'élite culturelle française, suscitant moqueries et indignation face à un contenu jugé trop prosélyte. Même la SNCF refusa d'en faire la promotion. Comme en témoignent les résultats au box-office, ces efforts n'eurent que peu d'effet sur le public. Bien au contraire : Sacré-Cœur : son règne n'a pas de fin, réalisé et produit par Steven Gunnell et son épouse Sabrina Gunnell, est devenu la révélation cinématographique de l'année.

Depuis sa sortie le 1er octobre, le film a déjoué toutes les prédictions : près d’un demi-million de billets vendus, une fréquentation record par séance et une vague de conversions à la foi. 

Il est prévu d'étendre la diffusion du film à un public mondial, avec une sortie américaine actuellement programmée juste avant ou pendant les célébrations de la solennité du Sacré-Cœur de Jésus en 2026, selon SAJE Distribution. 

Dans la France anticléricale, où la simple exposition de crèches de Noël est souvent interdite dans les lieux publics, personne ne s'attendait à ce que l'histoire du Sacré-Cœur de Jésus attire des foules plus importantes que certaines productions hollywoodiennes. 

Ancien membre du célèbre boys band des années 1990, Alliage, Gunnell a reconstruit sa vie après des années de dépendance et de dépression suite à la dissolution du groupe et à la redécouverte de sa foi dans les années 2000 — un parcours qui l'a lentement conduit au cinéma.

Pour Gunnell, ce succès n'est pas une question de marketing ou de polémique, mais la révélation d'une vérité plus profonde : « Le monde se meurt de ne pas savoir à quel point il est aimé », a-t-il déclaré au Register. « Ce film est tout simplement une réponse. »

Une clé du mystère du Christ

Ce docu-fiction de 92 minutes relate les apparitions du Christ à sainte Marguerite-Marie Alacoque à Paray-le-Monial au XVIIe siècle, un des chapitres les plus marquants de l'histoire chrétienne. À travers des témoignages, des récits de miracles eucharistiques, des analyses historiques et des reconstitutions, le film explore le moment où le Christ a révélé son Cœur au monde, son amour ardent pour l'humanité et sa souffrance pour ses péchés. 

Ce projet est né de la convergence de plusieurs histoires personnelles. Le message de Paray-le-Monial a joué un rôle déterminant dans le cheminement spirituel de Sabrina Gunnell, éveillant dans le cœur de la jeune artiste qu'elle était, le désir de cheminer aux côtés d'un époux chrétien, afin qu'ensemble, ils puissent rayonner de la grandeur de Dieu à travers l'art. La mère de Steven, elle aussi, avait vécu une rencontre inattendue et profondément personnelle avec le Sacré-Cœur – bien avant sa propre conversion, des années plus tard.

« C’est à travers ces deux histoires, et plus tard à travers notre redécouverte du sanctuaire en couple, que Sabrina et moi avons commencé à comprendre la spiritualité du Sacré-Cœur », a-t-il expliqué.

Avec le temps, tous deux ont compris que le message confié à sainte Marguerite-Marie reste la réponse à un monde souffrant de désespoir, de division et d'une perte dévastatrice de transcendance.

Pour Gunnell, le message du Sacré-Cœur est essentiel à la compréhension de tout le mystère du Christ, et en particulier de l'Eucharistie. 

« Quand le prêtre dit “le Corps du Christ”, j’entends “le Cœur du Christ”, a-t-il déclaré, car les miracles eucharistiques ont même démontré scientifiquement que la chair qui se trouve sur l’hostie est du tissu myocardique. Nous recevons littéralement son Cœur. »

« Pour ceux qui reçoivent cette dévotion », a-t-il ajouté, « c’est une véritable révolution. C’est un renouveau des sacrements. Cela bouleverse tout. »

 L'immense soif du monde pour Dieu

D'après le réalisateur, l'impact du film tient en partie au contexte culturel plus large dans lequel il s'inscrit. Partout dans le monde occidental, les sociétés semblent de plus en plus vulnérables, face à la montée du désespoir chez les jeunes, à la solitude généralisée et à un sentiment d'absurdité de la vie. Il a cité l'assassinat récent du commentateur chrétien américain Charlie Kirk, révélateur de la profondeur de la polarisation mondiale. 

« Regardez cette violence… » dit-il. « Regardez ces jeunes qui tuent sans raison, qui s’effondrent sous le poids du désespoir. Quand j’étais jeune, les bagarres se terminaient par un coup de poing. Aujourd’hui, elles se terminent par un coup de couteau. »

Ce climat d’inquiétude contribue également à expliquer la recherche renouvelée de Dieu – y compris en France, où la hausse extraordinaire des baptêmes d’adultes a incité les évêques à convoquer un concile national en 2026. 

« Il s’agit d’étancher une soif », a insisté Gunnell, « une immense soif de Dieu. »

« Jésus aime la France »… même quand la France ne l’aime pas.

L'opposition rencontrée par le film semble avoir amplifié son succès. Après que les réseaux publicitaires ont refusé d'afficher les affiches du film au nom de la « neutralité », le maire de Marseille est allé plus loin en interdisant une projection prévue une heure avant le début, alors que la salle était déjà pleine et que le public attendait dehors.

Gunnell a déclaré que cette réaction trouve son origine dans la crise identitaire que traverse la France depuis la Révolution : « Certaines élites ne supportent pas que ce film touche au cœur de la France », a-t-il expliqué. « Pour elles, l’histoire a commencé en 1789, et elles ont été choquées qu’on leur rappelle un héritage qui a débuté un siècle avant la Révolution – car, bien sûr, le Christ l’avait prédit. »

Pour Gunnell, les apparitions de Paray-le-Monial s'inscrivent dans un dessein divin. « Jésus est venu au monde par le biais du peuple élu », a-t-il déclaré. « Mais ce n'est pas à Jérusalem qu'il a révélé son Cœur par la suite, c'était en France. Pourquoi ? Je pense qu'il aime la France ! »

Cette affirmation n'est pas un patriotisme vain, mais une conviction théologique, a insisté Gunnell. La liste des saints qu'il a citée lors de son entretien avec le Register est, en effet, indubitablement française : sainte Marguerite-Marie, saint François de Sales, saint Vincent de Paul, saint Louis-Marie Grignion de Montfort, sainte Thérèse de Lisieux et saint Jean-Marie Vianney.

Se souvenant que l'Écriture qualifie Israël de « peuple à la nuque raide », il ajouta avec un sourire : « La France pourrait bien être le deuxième peuple à avoir la tête dure et la nuque raide. C'est peut-être pourquoi Jésus a tant insisté et est apparu pendant 18 mois [à sainte Marguerite-Marie] ! »

 « Le timing parfait de Dieu »

Depuis la sortie du film, Paray-le-Monial est submergé de visiteurs. Le sanctuaire reçoit un flot constant de courriels et d'appels de personnes – souvent très éloignées de la foi – qui souhaitent se consacrer au Sacré-Cœur, se confesser ou s'entretenir avec un prêtre. Le personnel a même été formé pour faire face à cet afflux inattendu.

Au milieu de cette fécondité spirituelle, la tragédie et la grâce se sont croisées dans la vie de Gunnell. Son père, dont il était séparé depuis des décennies et qui était loin de l'Église, a reçu l'Eucharistie le 15 août 2023, en plein tournage du film. Ce fut leur dernière rencontre. Un an plus tard, après la mort de son père, la mère de Gunnell a trouvé parmi ses affaires une petite image pieuse en anglais dédiée au Sacré-Cœur. Gunnell y a vu un signe délicat de la fidélité de Dieu.

Une autre convergence inattendue a renforcé sa conviction que le timing de Dieu était parfait. De l'autre côté de l'Atlantique, les évêques américains ont décidé à l'unanimité de consacrer leur pays au Sacré-Cœur de Jésus en juin 2026, avant le 250e anniversaire de l'indépendance des États-Unis. Pour lui, cela confirme que le message du Sacré-Cœur refait surface partout où les sociétés sont en proie à l'anxiété et aux divisions.

Alors que ce chapitre se poursuit avec le tournage d'une version anglaise du film, un autre est sur le point de commencer. Les Gunnell préparent actuellement leur prochain film, La Lumière du Monde , qui explorera les Mystères Lumineux du Christ. Une nouvelle campagne de financement participatif a récemment été lancée pour concrétiser ce projet.

Sacré-Cœur, source de gêne pour les élites culturelles et d'espoir pour le peuple, se dresse comme un signe des temps. Dans un monde qualifié de post-chrétien, il représente un éveil spirituel discret mais profond à l'amour du Christ. 

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