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Débats - Page 406

  • Des scandales sexuels "utiles" et d'autres qui ne le sont pas...

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    De Laurent Dandrieu sur le site de "Valeurs actuelles" :

    Pour les médias hostiles à l’Église, il y a les scandales sexuels “utiles” et les autres 

    Analyse. Les accusations portées par Mgr Viganò contre le pape n’intéressent guère les grands médias. Qui révèlent que leur intérêt pour les abus sexuels dans l’Eglise est à géométrie variable. 

    « Le pape François est-il homophobe ? » À l’heure où le monde catholique ne bruisse que des accusations portées par un ancien nonce à Washington, Mgr Viganò, contre le pape François, qu’il accuse de complaisance vis-à-vis de certains prédateurs sexuels, mais aussi vis-à-vis des « réseaux homosexuels » qui ont selon lui infiltré l’Eglise, le titre de la page de tribunes publiée par le journal le Monde dans son édition du 11 septembre apparaît pour le moins surréaliste.

    À l’heure où ce qu’on n’appelle plus que l’affaire Viganò a déclenché ce que les observateurs n’hésitent pas à qualifier de « guerre civile dans l’Église »,notamment aux États-Unis, cœur de l’actuel cyclone, où les évêques se déchirent sur la crédibilité des accusations portées contre le pape, la discrétion de la plupart des grands médias sur l’affaire est plus que frappante. Alors que, en temps normal, toute accusation de complaisance de l’Église vis-à-vis des prédateurs sexuels qui défigurent son visage fait les gros titres des médias, ici ils ont préféré s’interroger à longueur de colonne sur la dimension « homophobe », donc, du recours à la psychiatrie suggéré par le pape, dans l’avion qui le ramenait de Dublin le 26 août, aux parents dont de jeunes enfants se découvriraient des tendances homosexuelles. Au point que certains observateurs se demandent si cette « gaffe » du pape François (qui a fait depuis retirer le terme de « psychiatrie » des versions de l’entretien publiées sur le site internet du Vatican) n’était pas en réalité intentionnelle, certain qu’il aurait été que cette sortie provocatrice aurait détourné les médias d’une affaire autrement importante : la réalité des accusations portées par Mgr Viganò.

    Dans un article publié sur le site de l’hebdomadaire Newsweek, le journaliste vedette américain Ben Shapiro s’étonne de ce manque de curiosité médiatique – à laquelle, en France, il n’y a guère que le Figaro pour faire exception, l'hebdomadaire La Vie y consacrant pour sa part son dernier dossier de couverture, mais sans enquêter sur la réalité des accusations, se contentant de déplorer la déstabilisation dont est victime François. L’explication de Ben Shapiro a le mérite de la simplicité, et donc de la clarté : « La honteuse tentative des médias de disculper François à cause de leur amour pour sa politique ne fait que souligner la malignité des motivations de bien des journalistes : ils étaient heureux de pouvoir révéler des comportements scandaleux dans l’Eglise catholique quand le pape était un conservateur ; et ils sont heureux de participer au camouflage de ces comportements quand le pape est un libéral » [« libéral » au sens américain, qui correspond à notre « progressiste », NDLR].

    « Les membres des médias croient que la doctrine traditionnelle de l'Eglise doit être éliminée à n’importe quel prix, même au prix de l’abus sexuel sur des mineurs »

    Et Ben Shapiro de poursuivre : « Si les membres des médias défendent avec constance un pontificat accusé de couvrir des abus sexuels, ce n’est pas par bienveillance à l’égard de l’Eglise, mais bien parce qu’ils croient que la doctrine traditionnelle doit être éliminée à n’importe quel prix, même au prix de l’abus sexuel sur des mineurs. »

    En d’autres termes, la lutte contre les abus sexuels dans l’Église n’intéresserait pas en soi les grands médias, qui n’y verraient éventuellement qu’une arme commode dans leur lutte contre une Eglise perçue comme le dernier verrou résistant encore un tant soit peu à toutes les « libérations » progressistes de la modernité. Dans cette optique, il y aurait des scandales sexuels « utiles », dignes d’une utilisation médiatique massive, car ils permettraient d’affaiblir les éléments conservateurs de l’Église, et de faire pression sur elle pour qu’elle change son regard sur le célibat des prêtres ou l’homosexualité, par exemple. Et puis il y aurait les scandales sexuels « inutiles » ou néfastes, ceux qui au contraire, s’ils étaient mis en avant, menaceraient de fragiliser un pontificat vu par la bien-pensance médiatique comme un pontificat “d’ouverture” : ne parlons donc pas des accusations de complaisance vis-à-vis des prédateurs sexuels portées contre le pape François, car ce serait mettre en danger sa politique d’ouverture de la doctrine catholique sur le mariage, son action en faveur des migrants, ou les efforts de son entourage pour imposer un regard plus bienveillant sur l’homosexualité…

    La vérité ne compte pas 

    Mais, me direz-vous, quid de l’acharnement médiatique contre le cardinal Barbarin, accusé de choses bien moins graves que celles qui visent le pape François ? Mgr Barbarin ne se réclame-t-il pas, pourtant, d’une grande proximité avec François ? Certes, mais c’est aussi, du point de vue des médias dominants, un « conservateur » qui s’est distingué par une opposition sans ménagement au « mariage pour tous » ; ce que certains, sans d’ailleurs trop s’en cacher, sont bien décidés à lui faire payer.

    Et les victimes, dans tout cela, souvent détruites à vie par les abus d’un prêtre en qui elles avaient placé leur confiance spirituelle ? Un coup les grands médias les prennent en pitié, un coup ils les oublient. Car, vous l’aurez compris, pour la bien-pensance dominante, l’important n’est pas là, et la vérité ne compte pas non plus : la seule chose importante est que l’Eglise se conforme au monde de telle sorte qu’elle ne puisse plus jouer son rôle de trouble-fête de la modernité festiviste. Cela vaut bien, sans doute, que quelques scandales sexuels soient gardés sous le boisseau…

  • Plutôt qu'un Synode des jeunes, un synode des évêques sur les abus du clergé

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    De Mario Tosatti sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana (notre traduction à l'aide de translate.google.be) : 

    "Un synode des évêques dédié aux abus est nécessaire"

    Après Mgr Chaput et d'autres prélats, le front des évêques demandant au pape de reporter le synode des jeunes et d'organiser des assises consacrées aux abus du clergé s'élargit. C’est ainsi que, selon Mgr Strickland : "Il faut s’attaquer à cette crise". La demande d’audience avec le pape du président des évêques américains est toujours sans réponse.

    Le silence du Pontife sur les questions dramatiques posées par le témoignage de Mgr Viganò n'est pas le seul élément extraordinaire et inquiétant de cette affaire. Ce que les sites web et la presse aux ordres du pape voudraient présenter comme un fait local ne concernant que l’Église américaine se révèle plutôt comme un cyclone qui ravage toute l'Église de l'Australie au Chili et au Honduras; sans parler de la Belgique ou de la Grande-Bretagne. En attendant que plus de bubons explosent et que d'autres preuves apparaissent au grand jour.

    La tentation des autorités du Vatican semble de faire comme si rien n'était arrivé, comme s'il y avait des choses plus importantes (le climat, les migrants, déclarait Mgr Cupich il y a quelques jours) que de déterminer si le chef de l'Eglise catholique a volontairement et sciemment réhabilité un cardinal homosexuel prédateur et a fait de lui la principale référence pour les nominations et les promotions dans l'Église américaine. C'est une question dramatique. et en tant que telle, elle se pose surtout aux États-Unis, mais pas seulement. C'est quelque chose qui concerne la crédibilité personnelle de Jorge Mario Bergoglio, meurtri par les déclarations malheureuses sur les abus au Chili (récupérées à la dernière minute) et par le soutien apporté au cardinal Maradiaga plongé dans des scandales financiers quant à la gestion de son diocèse et dont le bras droit a démissionné pour des questions d'homosexualité dans son séminaire. C'est quelque chose qui concerne la crédibilité de l'Église et de la figure du Vicaire du Christ.

    "Business as usual": le terme a été utilisé par l'évêque américain Joseph Strickland. « Je soutiens l'évêque Mgr Chaput, Edward Burns et d'autres évêques qui ont appelé à supprimer le Synode sur la jeunesse et à le remplacer par un Synode extraordinaire des évêques sur la crise des abus dans l'Eglise. Cette crise doit être traitée !!! Il faut dire non au traitement des affaires comme à l'habitude!".

    Le 28 juillet, le cardinal McCarrick n'était plus cardinal, suite à l'enquête de la justice américaine. Le 26 août, le témoignage de l'archevêque Viganò a explosé sur La Verità, Infovaticana, Lifesitenews, le National Catholic Register et Stilum Curiae. Pendant ce temps, le grand jury de Pennsylvanie avait rendu public un rapport dévastateur, qui appelait directement à la cause l’archevêque de Washington, le cardinal Wuerl, celui qui aurait dû surveiller McCarrick. Wuerl ment, a déclaré le procureur général Shapiro. Une pétition demandant à Wuerl de quitter la fonction qu'il occupe - et qu'il aurait déjà dû quitter depuis deux ans - a reçu des milliers de signatures. Ces jours-ci, huit autres États ont commencé ou ont annoncé que d'autres enquêtes sur les abus dans l'Église catholique commenceraient bientôt. Dans ce contexte, l’idée d’un synode sur la jeunesse comme si de rien n'était - alors que les jeunes ont été les principales victimes de pasteurs pervers - semble surréaliste.

    Face à cette situation dramatique, dont nous ne nous souvenons d'aucun précédent, nous nous trouvons face à un Pontife qui choisit le silence et déclare: «Je ne dirai pas un mot». Et pourtant, il n'y a pas que cela. En l'absence de toute mesure ou initiative de Rome, si ce n'est la campagne de dénigrement menée contre Viganò accréditée par des journalistes liés plus ou moins directement à la Maison Sainte-Marthe, la demande d'audience que le président de la Conférence des évêques américains, Mgr Daniel Di Nardo, a présentée à Rome pour une audience avec le pape reste sans réponse. Audience à laquelle le cardinal de Boston, Sean O'Malley, a proposé de participer. Pourtant, le Pontife a trouvé le temps de voir Wuerl et le cardinal de Chicago Cupich, tous deux liés à McCarrick. Pourquoi ne veut-il pas voir Di Nardo? Nous risquons une supposition : parce que Di Nardo lui demanderait que le Saint-Siège ouvre une enquête sur McCarrick et son réseau d’amitiés. Et peut-être demanderait-il aussi, comme le font déjà des évêques et des laïcs, de rendre public le dossier McCarrick. Et cela, peut-être, le pape n'en veut-il pas ...

  • De nombreux évêques des Etats-Unis demandent une enquête sur les révélations de Mgr Vigano

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    Du site "Riposte Catholique" :

    Les évêques étatsuniens qui demandent une enquête sur les révélations de Mgr Viganò

    La liste s’étend de jour en jour des évêques qui demandent qu’aux États-Unis comme au Vatican une enquête approfondie soit menée surs les révélations du témoignage du nonce émérite Carlo Maria Viganò du 25 août dernier (voir ici). Voici le dernier point établi par Life Site News le 4 septembre (il ne me semble pas complet, je pense notamment à l’archevêque Bernard Hebda de St Paul et Minneapolis, Minnesota : voir ici).

    Évêques auxiliaires : Robert Barron (archidiocèse de Los Angeles, Californie), Timothy Freyer (diocèse d’Orange, Californie), Thanh Thai Nguyen (diocèse d’Orange).

    Évêques : Joseph Strickland (diocèse de Tyler, Texas), David Konderla (diocèse de Tulsa, Oklahoma), Robert Morlino (diocèse de Madison, Wisconsin), Jaime Soto (diocèse de Sacramento, Californie), Larry Silva (diocèse de Honolulu, Hawaï), Thomas J. Olmsted (diocèse de Phoenix, Arizona), Thomas Paprocki (diocèse de Springfield, Illinois), Carl Kemme (diocèse de Wichita, Kansas), Kevin Vann (diocèse d’Orange), Michael Burbidge (diocèse d’Arlington, Virginie), Thomas Tobin (diocèse de providence, Rhode Island), Daniel Thomas (diocèse de Toledo, Ohio), Robert E. Guglielmone (diocèse de Charleston, Caroline du Sud), Robert Gruss (diocèse de Rapid City, Dakota du Sud), Joseph Hanefeldt (diocèse de Grand Island, Nebrwaska).

    Archevêques : Allen Vigneron (Détroit, Michigan), Leonard Blair (Hartford, Connecticut), Paul Coakley (Oklahoma City, Oklahoma), Salvatore Cordileone (San Francisco, Californie), Samuel Aquila (Denver, Colorado), Dennis Schnurr (Cincinnati, Ohio), Joseph Naumann, Kansas City, Kansas).

    Archevêque et cardinal : Daniel DiNardo (Galveston Houston, Texas).

  • Mgr Vigano sous le feu des attaques ad hominem

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    De la "Smart Reading Press" :

    MGR VIGANÒ, VICTIME D’ATTAQUES AD HOMINEM

    Suite à son témoignage dénonçant le cover up de certains membres de la Curie et du pape François concernant l’affaire McCarrick, Mgr Carlo Maria Viganò subit de nombreuses attaques ad hominem, qui ne répondent pourtant pas aux questions qu’il a soulevées.

    La revue américaine Commonweal du 5 septembre 2018 affirme dans cette perspective :

    «La lettre de Viganò est un récit subjectif de l’histoire récente de l’Église, remplie de revendications invérifiables. Son ton[…] autoritaire est celui de quelqu’un qui veut régler des comptes personnels. […] En partageant la lettre avec le donateur de droite Timothy R. Busch de l’Institut Napa avant sa publication et en rompant son silence pour accorder des interviews à des médias catholiques conservateurs, Viganò semble avoir orchestré une campagne vindicative contre François au lieu d’essayer honnêtement d’initier la réforme.»

    Le journal La Croix du 2 septembre 2018 décrit Mgr Viganò de belle manière :

    «Le nouveau pape [le pape François en 2013, NDLR] s’est aussi peut-être méfié de Mgr Viganò, homme à la réputation sulfureuse […] et [de] certains mensonges dans ses lettres à Benoît XVI.»

    Dans un article du 3 septembre 2018, Jean-Marie Guénois du Figaro analyse :

    «Les critiques fusent, mais personne n’a encore sérieusement remis en cause la substance de ses propos. […] Même si la prudence est plus que de mise en matière de dénonciation de mœurs, il apparaît, une semaine après, que personne n’a encore radicalement démenti Viganò sur le fond. […] L’affaire est donc plus épineuse qu’une simple cabale conservatrice contre François.»

    Une des attaques contre Mgr Viganò porte sur les propos rapportés par Edward Pentin dans le National Catholic Register, le 4 septembre 2018 :

    «Pentin a rapporté une source proche de Benoît XVI qui lui a dit, aussi loin que le pape émérite puisse se souvenir, que “les instructions étaient essentiellement que McCarrick devait faire ‘profil bas’. Il n’y avait pas ‘de décret formel, simplement une demande privée.’” […] Pour certains commentateurs, le rapport de Pentin semble discréditer l’intégralité du témoignage de Viganò. Les “demandes privées” ne sont pas des “sanctions canoniques”, soutiennent-ils, et l’archevêque Viganò n’a donc pas été sincère quant à l’argument central de sa note. […] Il est fort possible que l’archevêque Viganò n’ait pas compris certaines des distinctions implicites contenues dans la phrase qu’il a choisie et inclut dans sa définition du terme “sanctions” des instructions verbales moins formelles. […] Mais rien de cela ne change les grandes allégations du mémo de l’archevêque Viganò : après avoir reçu plusieurs rapports, le pape Benoît XVI a pris des mesures contre le cardinal McCarrick.»

    Pour résumer, Hubert Champrun dans InfoVaticana affirme :

    «Mais transformer le grand scandale dénoncé par Viganò – celui de la corruption (homo)sexuelle au sein de l’Église et de l’impunité dont elle semble jouir – en petit scandale Viganò, c’est filtrer le moucheron et laisser passer le chameau (cf. Mt 23, 13-24).»

    En un mot comme en cent : «Viganò a dit la vérité. C’est tout !» (Mgr Lantheaume, ancien premier conseiller de la nonciature à Washington)…

    UN SILENCE DE PLOMB AU SOMMET DU VATICAN

    Du côté du Vatican, le pape refuse de commenter les propos de Mgr Viganò, renvoyant les journalistes à leur professionnalisme pour vérifier la véracité des propos de Mgr Viganò et laissant sans réponse les catholiques en quête d’une compréhension de la situation. Dans le New York Times du 4 septembre 2018, nous apprenons que, si le pape ne parle pas lui-même, il a des défenseurs rangés en ordre de bataille qui le font pour lui :

    «S’exprimant lundi matin au Vatican, le pape François a déclaré : “Avec des gens qui n’ont pas de bonne volonté, qui ne cherchent que le scandale, qui ne veulent que la division, qui ne cherchent que la destruction – y compris la famille –, deux solutions : le silence et la prière.” Il a ajouté que « la vérité est humble, la vérité est silencieuse » et a conclu avec la prière : « Que le Seigneur nous donne la grâce de discerner quand nous devrions parler et quand nous devons rester silencieux. » […] Le pape François s’est appuyé sur quelques évêques américains et une armée de catholiques progressistes en ligne pour le défendre.»

    C’est le cas du cardinal Blase Cupich, archevêque de Chicago, comme le rapporte Commonweal le 21 août 2018, qui demeure sur la même ligne de défense que le pape critiquant le «cléricalisme» :

    «Le cardinal Cupich a récemment dit que toute l’Église était confrontée à des attitudes de pouvoir, des privilèges et des droits qui caractérisent de nombreux prélats et renforcent une structure qui les protège de toute responsabilité. Cela veut dire que les laïcs devraient être autorisés à participer plus à plusieurs aspects de la vie de l’Église.»

    Le journaliste de Crux John Allen, le 31 août 2018, pense que l’absence de réponse du pape vient du fait que l’affaire Viganò est centrée sur les États-Unis et ne s’étendra pas à l’Église universelle :

    «En résumé, il est clair que, jusqu’à présent, les commentaires épiscopaux favorables à Viganò, à l’exception de Schneider, proviennent entièrement des États-Unis, tandis que les évêques ou groupes d’évêques relativement peu nombreux qui ont parlé ont tous soutenu le pape. Nous devrons voir si ce schéma est valable […]. Voici comment “Il Sismografo”, un blog catholique largement lu basé en Italie, l’a écrit jeudi : “Au fil des jours, de dimanche matin à aujourd’hui, et après de nombreux examens journalistiques intelligents et honnêtes, il semble à présent établi que la dénonciation de Tossati [faisant référence à un journaliste italien connu qui a contribué à l’élaboration de la lettre] et de Mgr Viganò est en réalité quelque chose à contextualiser entièrement aux États-Unis.” Aussi compréhensible que cela puisse être, et que ce soit tout à fait exact ou non, cela va sans doute compliquer la capacité des évêques en dehors de l’espace américain à prendre au sérieux les affirmations factuelles de Viganò au sujet du pape.»

    En ciblant directement le pape et en appelant même à sa démission, Mgr Viganò a déplacé le centre de l’affaire de la nonciature de Washington aux couloirs du Vatican !

  • Les apparitions de Beauraing: des hallucinations ?

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    De Jean-Pierre Snyers, sur son blog :

    Apparitions de Beauraing: des hallucinations?

    Il y a 85 ans cette année que se terminaient les apparitions de la Vierge à Beauraing. Comme certains le savent, c'est le 3 janvier 1933 que celles-ci prirent fin. Seulement voilà, qu'en est-il de leur crédibilité? Comment les appréhender? Par la raison bien sûr, mais en réalisant toutefois que celle-ci a sans doute ses limites. Un exemple. Si quelqu'un veut savoir telle musique lui plaira, il peut bien sûr en lire la partition, mais un autre que lui préférera l'écouter. Si quelqu'un veut savoir si tel cidre de Normandie a bon goût, il peut bien sûr se pencher sur les éléments chimiques qui le compose, mais un autre préférera le goûter. En transposant ne pourrions-nous pas dire que la méthode de celui qui rationnellement examine une apparition mariale serait semblable à la première façon de procéder, tandis que celle d'un  voyant serait semblable à la seconde? Examiner une expérience qu'on a pas vécue soi-même, qu'on ne peut appréhender que du dehors, ne risque t-il pas de nous laisser sur notre faim? Petite annecdote: Alphonse Ratisbonne, intellectuel juif connu à son époque pour son opposition au catholicisme, ne se privait guère de se moquer ouvertement des apparitions de la Vierge. Cela dura jusqu'au jour où, en 1842 dans une église de Rome, celle-ci lui est apparue. Devinez la suite...

    Bon, "Revenons à la raison", si je puis dire. Les apparitions de Beauraing sont-elles dues à ce qui relève du psychisme ou à ce qui dépasse l'ordre naturel? Ont-elles un caractère objectif ou subjectif? Proviennent-elles de ce monde visible ou d'un monde invisible?     

    Une chose semble sûre. Qu'elles soient dues à une pathologie, à l'hypnose, à la prise d'une substance hallucinogène, ou à une auto-suggestion, le résultat est le même: l'hallucination. En utilisant ce terme, je me réfère à la définition commune qui lui est donnée: "Perception sans objet". Ce qui est vu n'existe que dans le psychisme de ceux qui voient.  N'ayant aucun caractère objectif, la vision qu'ils perçoivent est uniquement en eux-mêmes. Pas ailleurs. Qu'il s'agisse d'une hallucination ou d'une apparition, un point commun les réunis: dans les deux cas, les personnes voient ce que les autres ne voient pas. Seraient-elles donc une seule et même chose ou des éléments permettent-ils de les différencier? Sont-elles toutes les deux d'ordre naturel et correspondent-elles chacune aux critères nécessaires pour l'affirmer?Les 5 enfants de Beauraing auraient-ils vu une réalité qui pourrait s'apparenter à un rêve éveillé, à une vision qui n'existe que dans leur mental? Dans l'affirmative, une question survient.  Etant donné qu'il n'y a pas plus de distance entre un halluciné et son hallucination qu'entre une personne qui rêve et son rêve, comment un objet matériel disposé "entre" un point qui existe (le voyant) et un point qui n'existe pas (ce qu'il voit), pourrait-il obstruer (totalement ou partiellement) sa vision? S'il s'agit d'un phénomène uniquement intérieur, pourquoi et comment quelque chose d'extérieur serait-il un obstacle qui gênerait celui qui voit? Tel est pourtant le cas à Beauraing. Que ce soit par un arbre, une grille, une personne ou un chapeau placé devant leurs yeux (le test a été fait), leur vision est barrée en tout ou en partie par ce qui se trouve entre la Vierge et eux.Pareil au sujet de ce qu'ils entendent: Trop de bruit extérieur dérange l'audition de ce qui leur est dit par l'apparition. Certains spécialistes ont tiré argument du fait qu'à Medjugorje, les voyants n'étaient nullement gênés par cela. Voilà pour eux le signe que ce qu'ils entendent n'est qu'intérieur, généré par leur cerveau.  Mais alors à l'inverse, en fonction de cet argument, ne peut-on pas conclure qu'à Beauraing, on a le signe qui indique qu'il ne s'agit pas d'un phénomène auditif produit par le psychisme des voyants? Par ailleurs, le fait que durant les apparitions leur regard est convergent, dirigé vers un même point, n'est-il pas lui aussi contradictoire à ce qu'est une vision intérieure? Quand on sait de plus qu'une hallucination peut également être perçue par une personne qui a les yeux fermés (ce qui semble logique puisque la vision est interne), n'est-il pas hasardeux de continuer à considérer ce terme comme équivalent à ce qu'est une apparition?

    Autre élément. D'après l'interrogatoire du 28 décembre (qui, comme chaque soir d'apparition était effectué par de multiples enquêteurs), la Vierge a dit à cette date: "Ce sera bientôt ma dernière apparition". Restait à savoir si cette prédiction se réaliserait dans les faits.Quelques jours suffiront pour avoir la réponse. Le 3 janvier suivant, en effet, l'apparition se montrera à eux pour la toute dernière fois. Celui qui connaît un peu Beauraing sait qu'entre le 29 novembre et le 28 décembre 1932, il y a eu beaucoup plus d'apparitions qu'entre le 28 décembre et le 3 janvier 1933. Donc, le mot "bientôt" se justifie. Prophétie annoncée, prophétie réalisée.  "Adieu" (ou "à Dieu?") sera le mot par lequel elle prendrait définitivement congé d'eux sur cette terre. Malgré leur désir intense de la revoir qu'ils conserveront toute leur vie, jamais plus elle ne se montrera. Si, comme le disent certains détracteurs, tout n'est qu'une hallucination (qui aurait prédit qu'elle prendra bientôt fin!) causée par une auto-suggestion, une pathologie ou une hypnose, pourquoi le phénomène ne fonctionne t-il plus? Ils auront beau revenir tous les soirs sur les lieux, ils auront beau désirer de tout leur être que ça continue, fini! En négatif, tout ce qu'ils leur restera ne sera jamais rien d'autre qu'un manque. "Elle me manque! Je n'attends qu'une seule chose: la revoir!" a souvent dit Gilberte Degeimbre (l'une des voyantes décédée en 2015). Avouons que nous sommes bien pauvres. Avouons que nous ne pourrons jamais nous mettre à leur place et comprendre, comme eux l'ont compris, la réalité profonde de ce qu'ils ont vécu; une réalité dont, contrairement à eux, nous n'avons pas l'expérience et qui, quelque part, les a toujours rendu seuls, semblables à quelqu'un qui, pourvu de ce sens qu'est la vue, est face à des aveugles de naissance.

  • Le temps de la Rome éternelle

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    Philippe Maxence publie ce bel éditorial sur le site de l'Homme Nouveau :

    Tempo di Roma en temps de crise

    Sans le recours à la doctrine catholique, aux sacrements catholiques, au sacerdoce catholique, à la prière catholique, surtout des vierges et des moines, il n’y aura pas de vraie sortie de ce temps de crise.

    C’est l’une des caractéristiques de L’Homme Nouveau de prendre son temps, de se donner la possibilité du recul et de la réflexion. Un réflexe professionnel, mais aussi une manière assumée, revendiquée même, de ne pas se laisser submerger par les conséquences de la modernité et de faire à cette dernière un joyeux pied de nez. Pourquoi courir quand tout le monde court, et que le monde, à l’évidence ne s’en porte pas mieux ? Notre temps est celui de Rome. Tempo di Roma, selon le beau titre du roman d’Alexis Curvers. Le temps de la Rome éternelle, celle qui a reçu en dépôt le trésor de la foi et qui, malgré les vicissitudes des temps, hier comme aujourd’hui, n’a cessé de le porter, de le défendre et de le transmettre. Tempo di Roma ! Le temps de Rome, celle de saint Pierre, de saint Grégoire le Grand, de saint Pie X, de tous les grands papes et de leurs serviteurs qui jusqu’à aujourd’hui nous ont permis de vivre au rythme de l’Église, au rythme du cœur de l’Église. 

    Cette Église, dira-t-on, elle est bien mal en point. Nous assistons, en effet, depuis la parution du témoignage public de Mgr Carlo Maria Viganò a une scène étrange, remplie de bruits, de rumeurs et de jugements à l’emporte pièce. Alors que le Saint-Père a choisi la voie du silence, on nous somme ici ou là de parler. De prendre parti pour ou contre Mgr Viganò comme si celui-ci formait le cœur du problème et l’épicentre du scandale. C’est bien sûr une ligne d’attaque, et donc de défense – mais alors, elle est très révélatrice des faiblesses de ceux qui la soutiennent – que de mettre en cause le messager plutôt que de s’attarder au message lui-même. Dans le quotidien La Croix, par exemple, on peut lire ce titre à la fois banal et ahurissant : « Qui est Mgr Viganò, l’ex-nonce par qui le scandale est arrivé ? » (04/09/2018).

    Il est normal pour un journal de donner à ses lecteurs à connaître qui est Mgr Viganò dont les fonctions anciennes n’ont pas été mises sur le devant de la scène, au moins de la scène française. Mais ne rajoute-t-on pas un scandale au scandale, en l’accusant d’être à l’origine de celui-ci ? Mais de quel scandale parle-t-on ? Quel est ce scandale qui devrait soulever les cœurs catholiques : celui de la pédophilie et des réseaux homosexuels au sein de l’Église ou celui d’un homme qui a décidé de parler ? En voulant nous remettre de force devant les yeux le panneau « un train peut en cacher un autre », il semblerait que certains ne mesurent pas combien ils se font complices de ce qui relève de l’horreur absolue pour un cœur et une âme catholiques. 

    S’il y a un scandale, il s’agit des faits révélés par Mgr Viganò et non d’abord parce que pour être en paix avec sa conscience, celui-ci a décidé de les divulguer au grand public. Il est quand même étrange, et donc suspicieux, de constater que les habituels défenseurs auto-proclamés des droits de la conscience, invoqués à tout bout de champ au nom du respect des droits de l’homme, de la liberté religieuse, de la véritable application de Vatican II ou du droit à la miséricorde, s’offusquent aujourd’hui de voir Mgr Viganò réclamé de vivre en paix avec lui-même. Ne nous y trompons pas ! Il ne s’agit pas ici d’une erreur ou d’un jugement hâtif mais de l’habituel procédé qui refuse la liberté aux ennemis (déclarés tels) de la liberté.

    Ce faisant, sommes-nous, nous aussi, complices ? Complices, par exemple de Mgr Viganò ? On nous presse, en effet, de prendre partie. Avec cette idée en arrière-fond et son enchaînement pervers : si vous êtes pour Mgr Viganò, vous êtes contre le pape François, donc vous êtes de mauvais catholiques ou, pire, vous n’êtes même plus catholiques.

    La preuve se trouverait dans le fait que Mgr Viganò a demandé au terme de son témoignage la démission du pape François. 

    Et alors ? Mgr Viganò a pris sa responsabilité, au regard d’une situation qu’il connaît et des affirmations qu’il a voulu faire connaître pour le bien de l’Église. 

    Par la grâce de Dieu et par état de vie, nous sommes des laïcs, par notre baptême, enfants de Dieu et rachetés par le sang du Christ, au service de l’Église et de la cité, dans la perspective du bien commun. Mais, contrairement à la confusion qui s’est établie dans une partie de l’Église, nous ne confondons pas notre rôle avec celui des clercs et nous ne réclamons pas une partie (ni le tout, d’ailleurs) de ce qui leur revient. Nous croyons à la nécessité des distinctions et nous croyons même au bienfait des hiérarchies dès lors qu’elles s’exercent en vue du bien commun. Nous ne croyons pas non plus aux bienfaits supposés de la démocratie dans l’Église et à cette pureté qui s’imposerait comme par magie du fait qu’elle viendrait du bas. Plus encore, nous croyons que le Christ a fondé l’Église et qu’il l’a établie sur Pierre et les Apôtres et leurs légitimes successeurs. 

    Il ne nous appartient donc pas de demander la démission du Saint-Père, ni même d’œuvrer pour que d’autres la demandent. Ce n’est pas notre vocation. 

    Encore une fois, Mgr Viganò a pris ses responsabilités, nous prenons les nôtres, là où nous sommes, en priant pour ne pas trop nous tromper et en espérant être assez éclairés pour bien servir le Christ et son Église. 

    Celle-ci dans son enseignement, s’est toujours appuyée sur ce que le pape Jean-Paul II appelait les « deux ailes » pour parvenir à la contemplation de la vérité : la foi et la raison. Non pas la foi isolée, seule, ni  non plus, la raison, également solitaire. Mais l’union féconde de l’une et de l’autre. On ne sépare pas ce que Dieu a uni.

    Notre rappel des limites de notre vocation de laïcs, et notre maintien dans ces limites, nous enjoint de croire en la divinité de l’Église, mais ne nous interdit nullement de vouloir comprendre, au mieux, ce qui se passe actuellement au sein de celle-ci. 

    Concernant plus précisément les faits révélés par Mgr Viganò dans son texte de témoignage, nous souhaitons, au fond, deux choses : 

    1°) Que chaque affirmation de Mgr Viganò soit étudiée et jugée selon le droit de l’Église. Ses affirmations sont suffisamment graves et précises pour que l’Église ne puisse se contenter de les balayer comme s’il s’agissait d’un simple mouvement d’humeur. Il y va au fond du salut des âmes. 

    2°) Que l’Eglise profite de cet événement pour se purifier et retrouver toute la fidélité à son fondateur et à sa mission, étant bien entendu que nous parlons ici des hommes d’Église et non de l’Église en tant qu’elle est le Corps mystique du Christ, sainte et immaculée.

    Ici ou là, nous constatons que l’on accuse Mgr Viganò de telle ou telle pensée, de tel calcul, de tel désir plus ou moins caché, plus moins secret. Mais depuis quand dans l’Eglise juge-t-on les intentions et sonde-t-on les reins et les cœurs ? Depuis quand la calomnie est-elle devenue une vertu ? Même au confessionnal, si le confesseur peut prendre en compte les intentions qui lui sont révélées, c’est essentiellement les actes qu’il juge et pour lesquels il demande une réparation proportionnée.

    Nous ne sommes ni les juges, ni les défenseurs de Mgr Viganò. Nous essayons, à notre mesure et selon nos capacités, d’être les serviteurs de l’Église. Avec saint Ambroise, nous nous souvenons que l'Église est “ immaculata ex maculatis ", immaculée mais constituée d'hommes tachés par le péché. 

    Pour que les hommes entachés par le péché se rapprochent de plus en plus de la blancheur immaculée de l’Église, il faut d’abord reconnaître son péché, en avoir contrition, demander pardon et réparer dans la mesure du possible. C’est la condition essentielle pour commencer à retrouver le chemin de la purification. 

    Il faut ensuite comme nous y invite le Prince des Apôtres, être sobre et vigilant, car, explique saint Pierre en sa première Épitre « votre adversaire le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer ; résistez lui fort de votre foi. »

    Cependant, il est évident que même lorsque chaque point du document de Mgr Viganò aura fait l’objet d’une enquête, d’une réponse appropriée et de décisions à la hauteur de l’enjeu de la part de l’autorité légitime, il faudra maintenir le cap, non seulement pour cette purification nécessaire, car la vérité rend libre, mais aussi pour restaurer l’Église dans toute sa splendeur. 

    Nous voyons bien qu’ici ou là, on profite de la situation dramatique actuelle pour faire monter des idées et des « solutions » d’un naturalisme aussi inappropriée qu’inadéquat. Comment peut-on croire que la solution pour l’Église se trouverait dans une plus grande responsabilité donnée aux laïcs, dans une synodalité plus importante, dans des rapports plus démocratiques, dans une place accrue données aux femmes, dans une collégialité étendue à toute l’Église, dans la chasse ouverte au cléricalisme, etc. ?

    S’il y a les fautes personnelles de ceux qui ont failli ; s’il y a la responsabilité de ceux qui se sont organisés en réseaux, il convient de ne pas oublier aussi que l’un des aspects essentiels de la situation de l’Église aujourd’hui se trouve dans cet horizontalisme qui a réduit la foi catholique à un vague sentimentalisme, sans exigences doctrinales et morales, avec l’oubli gravissime de ce qu’est le Salut et le besoin des âmes. Le péché a toujours existé ; des clercs comme des laïcs ont toujours trahi, parfois gravement, aux exigences de leur baptême et du nom de chrétien. Mais toujours ces trahisons personnelles ont été amplifiées aux époques où la foi, le souci du Salut, du bien des âmes, des fins dernières s’étaient trouvés comme voilés aux yeux du plus grand nombre. 

    La crise que nous traversons aujourd’hui prend son appui sur un scandale absolu, mais elle ne se limite pas à ce scandale. Ses racines sont plus profondes, son influence beaucoup plus étendue. Il y a certes le feu et il faut l’éteindre, c’est-à-dire purifier l’Église pour le rendre à elle-même, c’est-à-dire à son Divin Époux. Mais il y a aussi la nécessité de sortir de la crise de la foi, de cet horizontalité, de ce naturalisme, de cette mondanité qui réduit la foi à un vague humanitarisme teintée de spiritualité et l’Église à une institution d’animation spirituelle mondiale. 

    Seul le Pape, les cardinaux et les évêques peuvent prendre les décisions nécessaires. Nous laïcs, nous pouvons prier à cette intention et grandir dans la foi et la sainteté, Dieu aidant. C’est pourquoi, notre demande est simple :

    Très Saint-Père, rendez-nous l’intégrité de la foi catholique pour que nous puissions vivre intégralement en chrétien. 

    Pour notre part, en ces temps de désolation, nous renforçons notre vie de prière, en recourant à l’oraison et au bréviaire, en augmentant notre recours aux sacrements, en nous abreuvant à la source de la doctrine la plus certaine et de la spiritualité la plus sûre, faisant fi des modes, même spirituelles, faisant fi des théologiens de circonstance ou auto-proclamés, mais leur préférant sans hésitation la voix des saints papes et des conciles, des Pères et des Docteurs de l’Église, des grands saints et des martyres. 

    Sans le recours à la doctrine catholique, aux sacrements catholiques, au sacerdoce catholique, à la prière catholique, surtout des vierges et des moines, il n’y aura pas de vraie sortie de ce temps de crise.

    Mais même dans la boue, nous croyons en la sainte Église, catholique et apostolique. Nous croyons en sa blancheur. Et, nous l’aimons ! Notre temps est décidément celui de la Rome éternelle.

  • Les médecins allemands refusent de plus en plus d'effectuer des avortements

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    Lu ICI :

    Allemagne : les médecins refusent de plus en plus d'effectuer des avortements

    Allemagne : les médecins refusent de plus en plus d'effectuer des avortements

    D'Olivier Bault dans Présent :

    Selon un reportage de la télévision publique allemande ARD diffusé le 23 août et cité par le site catholique katholisch.de, en Allemagne, le nombre de médecins qui acceptent de commettre des avortements va décroissant. D’après les statistiques officielles, cette baisse a été de 40 % depuis 2003, le nombre total des médecins avorteurs outre-Rhin passant d’environ 2 000 à environ 1 200. Le résultat, c’est que l’avortement n’est pas disponible partout puisque certaines villes n’ont plus aucun médecin acceptant de commettre ces infanticides en phase prénatale. C’est le cas par exemple à Trèves (115 000 habitants) et Hamm (près de 180 000 habitants). Dans le reportage d’ARD, un gynécologue se plaint que des femmes doivent faire 200 km pour se faire avorter. Le président de l’Association médicale allemande (BÄK) Frank Ulrich Montgomery estime que cette situation est due à la pression des militants anti-avortement. [...]"

  • 12 considérations sur le document Vigano

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    De Hubert Champrun sur le site infovaticana :

    Douze considérations sur le document de Mgr Viganò

    Huit jours après, voici quelques remarques inspirées à la fois par la lettre de Mgr Viganò et par les réactions à ce rarissime acte d’accusation formulé publiquement par un diplomate du Saint-Siège. Elles sont bien incomplètes. Mais transformer le grand scandale dénoncé par Viganò – celui de la corruption (homo)sexuelle au sein de l’Église et de l’impunité dont elle semble jouir – en petit scandale Viganò, c’est filtrer le moucheron et laisser passer le chameau (Mt 23, 13-24).

    Sur l’objet des accusations de Mgr Viganò : les crimes sexuels du cardinal McCarrick

    1. L’immense majorité des agressions pédophiles sont commises au sein des familles : donc, ce n’est pas en mettant fin au célibat des prêtres qu’on diminuera le nombre des agressions qu’ils commettent. Et considérer le mariage comme une sorte de thérapie sexuelle préventive pour déviants est une curieuse conception de la chose.

    2. Rapportées au nombre d’agressions sexuelles, homosexuelles ou non, pédophiles ou non, les agressions commises par les prêtres catholiques sont en petit nombre – ce qui ne diminue en rien leur caractère scandaleux. On peut toujours regretter qu’elles fassent plus les gros titres que celles perpétrées par des religieux d’autres confessions, ou par des représentants d’autres professions (éducateurs, enseignants, magistrats…), ou par d’autres humains, mais ces humains, ces autres professions et ces autres religions n’ont pas la même prétention à la charité universelle. Les prêtres sont justement jugés à hauteur de leurs prétentions et du message chrétien. Le chrétien ne doit pas s’irriter d’une inégalité démocratique dans le traitement de l’information, ni d’un deux poids-deux mesures judiciaires : il n’appartient ni à un parti ni à une fédération professionnelle.

    3. Il est évident que l’Église devrait se doter d’outils de discernement psychologiques pour évaluer les vocations et que toutes les tendances qui incitent à enfreindre le célibat et la chasteté doivent être considérées comme des obstacles au sacerdoce. Il est non moins évident que le cléricalisme, cette tendance qu’ont les clercs à se confondre avec l’Église en profitant souvent de la naturelle confiance des fidèles en l’autorité, a fait des ravages, et que de nombreux pasteurs ont développé une culture de l’excuse et de l’immunité, prétendument pour préserver l’Église, ce qui est une abomination. L’Église devrait aussi se doter d’outils de discernement adaptés pour la promotion des clercs à des positions d’autorité. Elle répondra qu’elle en a, et depuis plusieurs siècles. Force est de constater qu’ils sont inadaptés aux circonstances – surtout si ces circonstances démontrent que ceux qui les manient sont précisément ceux qu’on aurait dû écarter…

    4. Certes, il ne faut pas confondre pédophilie et homosexualité. Dans le cas du cardinal McCarrick, concerné par les accusations de Mgr Viganò, il apparaît toutefois que les harcèlements, les abus d’autorité, les relations homosexuelles sous contrainte aient été souvent à tendance éphébophile et, au moins dans un cas, celui dont la dénonciation a fini par provoquer la démission du cardinal, pédophile. Pourtant, beaucoup des contre-feux allumés contre Viganò (voir cet article d’Andrea Tornielli par exemple) tendent à gommer cette dimension et insistent sur le fait que les prêtres et séminaristes concernés par les déviances de McCarrick étaient majeurs : comme si cela était moins répréhensible… Or, pour un prêtre en position d’autorité, le harcèlement sexuel d’une personne subordonnée constitue dans tous les cas à la fois une violence sexuelle et un manquement au vœu de chasteté. Organiser ce manquement à grande échelle est évidemment encore plus ignoble, surtout quand cette autorité est crossée, mitrée et même cardinalicement pourprée.

    Voilà ce qui fonde l’inquiétude, l’indignation et l’interpellation de Mgr Viganò.

    Sur la réception faite au témoignage de Mgr Viganò

    5. Viganò ne rapporterait que des faits invérifiables, des on-dit, des conversations privées… alors qu’il fait mention de rapports remis et archivés. Dire cela, c’est volontairement oublier ce qui est objectif. Les documents évoqués par Viganò existent – ou pas. Donc, si l’Église veut, elle peut les rendre public. Elle s’y est toujours refusé jusqu’à maintenant, se mettant ainsi, et de plus en plus lourdement à chaque fois, en défaut vis-à-vis des autorités civiles quand il était avéré que les reproches étaient fondés.

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  • Garder la foi malgré tout quand de graves scandales discréditent l'Eglise

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    De Miguel Pastorino sur le site aleteia.org :

    Comment garder la foi quand l’Église est frappée par de graves scandales ?

    Ou plutôt : en quelle Église croyons-nous ? Une Église parfaite ou pécheresse ?

    En 1969, Joseph Ratzinger, à l’époque théologien, écrivait dans son œuvre « Introduction au christianisme » un bref chapitre sur l’Église qui commençait d’une manière qui peut nous paraître quelque peu familière actuellement :

    « Parlons également de ce qui nous accable de nos jours. N’essayons pas de le cacher ; aujourd’hui nous sommes tentés de dire que l’Église n’est ni sainte, ni catholique… L’histoire de l’Église est remplie d’humains corrompus. Nous pouvons comprendre l’horrible vision de Dante qui voyait monter dans la voiture de l’Église les prostituées de Babylone, et nous comprenons les terribles mots de Guillaume d’Auvergne (XIIIe siècle), qui affirmait que nous devrions trembler face à la perversion de l’Église : « L’Église n’est plus une épouse, mais un monstre effrayant, difforme et sauvage… »

    La catholicité de l’Église nous semble tout aussi problématique que la sainteté. Les partis et les batailles ont divisé la tunique du Seigneur, ont divisé l’Église en de nombreuses Églises qui prétendent être, de manière plus ou moins vive, la seule vraie et unique Église. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui l’Église est devenue pour de nombreuses personnes l’obstacle principal à la foi. On ne peut voir en elle que la lutte pour le pouvoir humain, le misérable théâtre de ceux qui, avec leurs affirmations, veulent absolutiser le christianisme officiel et paralyser le réel esprit du christianisme ».

    Il l’affirme de la manière la plus claire et dure qu’il soit, convaincu qu’on ne peut réfuter ces arguments et que cette perception se base non seulement sur des raisons fondées, mais aussi sur des cœurs déçus et blessés qui ont vu leurs attentes s’effondrer. Et c’est à partir de là, de ce contraste entre l’opinion que l’on a de la foi et ce que l’on perçoit dans la réalité, qu’on se demande : « Pourquoi, en dépit de tout, aimons-nous l’Église ? »

    Église sainte ?

    « Église sainte » ne sous-entend pas que chacun de ses membres est saint, immaculé. Joseph Ratzinger soutient que le rêve d’une église immaculée renaît à toutes les époques mais n’a pas sa place dans le Credo, et qu’en réalité les critiques les plus vives envers l’Église viennent de ce rêve irréaliste d’une église immaculée.

    « La sainteté de l’Église réside dans ce pouvoir de sanctification que Dieu exerce malgré le caractère pécheur de l’homme. Elle est donnée par Dieu comme une grâce, qui subsiste en dépit de l’infidélité de l’homme. C’est l’expression de l’amour de Dieu qui ne se laisse pas vaincre par l’incapacité de l’homme, mais qui continue, malgré tout, à être bon avec celui-ci, il ne cesse de l’accueillir justement en tant que pécheur, il se tourne vers lui, il le sanctifie et l’aime. »

    Tout comme ce qui est gratuit ne dépend pas du mérite des croyants, la sainteté de l’Église est celle du Christ, pas la nôtre. « Mais c’est toujours vraiment la sainteté du Seigneur qui se fait présente ici, et il choisit aussi et justement les mains sales des hommes comme réceptacle de sa présence. »

    Pour Joseph Ratzinger, la déconcertante association de la sainteté de Dieu et de l’infidélité de l’homme est l’aspect dramatique de la grâce de ce monde, car elle rend visible l’amour gratuit et inconditionnel de Dieu, qui hier comme aujourd’hui s’assied à la table des pécheurs.

    Le rêve d’un monde pur

    L’idée selon laquelle l’Église ne se mêle pas au péché est une pensée simpliste et dualiste, qui présente une image idéale et noble, mais pas réelle. Joseph Ratzinger rappelle ce qui était déjà perçu comme scandaleux dans la sainteté du Christ, aux yeux de ses contemporains, était qu’il ne faisait pas descendre le feu sur ceux qui étaient indignes et ne cherchait pas la pureté en séparant le blé de l’ivraie.

    « La sainteté de Jésus se manifestait précisément dans ses rencontres avec les pécheurs, qu’il attirait à lui, en complète communauté de destin avec les égarés, révélant ainsi ce qu’est la véritable sainteté : non pas une séparation mais une unification ; non pas un jugement mais un amour rédempteur. »

    Les questions qui surviennent de cette manière de voir les choses sont effroyables, mais pleines d’espoir : « L’Église n’est-elle pas simplement la poursuite de cet abandon de Dieu à la misère humaine ? N’est-elle pas la continuation des repas pris par Jésus avec les pécheurs ? N’est-elle pas la continuation de ses contacts avec la pauvreté du péché, au point d’avoir l’air d’y sombrer ? Dans la sainteté de l’Église, bien peu sainte par rapport à l’attente humaine d’une pureté absolue, n’y a-t-il pas la révélation de la véritable sainteté de Dieu qui est amour, un amour qui toutefois ne se réfugie pas dans le noble détachement de l’intangible pureté, mais qui se mêle à la saleté du monde de façon à la nettoyer ? La sainteté de l’Église peut-elle être autre chose que le fait que les uns portent les charges des autres, ce qui vient évidemment, pour tous, du fait que tous sont soutenus par le Christ ? »

    S’aider les uns les autres, car Il a porté le fardeau avec nous

    Il confesse, de sa plume toujours lucide et transparente, que la sainteté presque imperceptible de l’Église a quelque chose de consolateur. Parce que nous serions découragés face à une sainteté immaculée, dévastatrice et qui nous juge ; une sainteté qui ne comprendrait pas la fragilité humaine et qui n’offrirait pas toujours le pardon à celui qui se repent de tout son cœur. En réalité, nous devrions tous être radiés de l’Église si elle était une communauté de personnes qui méritent un prix pour leur perfection.

    Ceux qui vivent en étant conscients d’avoir besoin du soutien des autres ne pourront pas refuser de porter le poids de leurs frères. La seule consolation que la communauté chrétienne peut offrir est de porter les autres comme on est nous-mêmes portés.

    Ce qui importe réellement aux croyants

    L’idée réductrice que l’on se fait de l’Église ne tient pas compte de l’opinion qu’a l’Église d’elle-même, ni de son centre, Jésus-Christ. La particularité de l’Église se situe au-delà de son organisation, « dans la consolation de la Parole de Dieu et des sacrements qu’elle apporte dans les jours de joie ou de tristesse. »

    « Les vrais croyants ne donnent jamais une importance excessive à la lutte pour la réorganisation des formes ecclésiales. Ils vivent de ce que l’Église est toujours. Si l’on veut savoir ce qu’est vraiment l’Église, c’est eux qu’il faut aller voir. L’Église n’est pas là où l’on organise, où l’on réforme, où l’on dirige ; elle est présente en ceux qui croient avec simplicité et qui reçoivent en elle le don de la foi, qui devient pour eux source de vie. »

    Pour Joseph Ratzinger, l’Église vit de la lutte de ceux qui ne sont pas saints pour parvenir à la sainteté, mais c’est une lutte qui n’est constructive que si elle est portée par un authentique et véritable amour. Une Église aux portes fermées détruit ceux qui sont à l’intérieur, et Joseph Ratzinger considère qu’il est une illusion de croire qu’en nous isolant du monde, on peut le rendre meilleur, car c’est aussi une illusion de croire en une « Église des Saints », car ce qui existe réellement est une « Église sainte », car « le Seigneur lui prodigue le don de la sainteté, sans aucun mérite de notre part. »

  • La Curie dans la tourmente

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    D'Adélaïde Pouchol sur le site de l'Homme Nouveau :

    La Curie dans la tempête

    L’été aura été terrible pour l’Église, non que les vicissitudes qu’on lui connaît soient nouvelles, mais parce qu’en l’espace de trois mois, c’est une tempête d’une violence sans précédent qui a éclaté. Une tempête causée par plusieurs affaires de mœurs, toutes reliées de près ou de loin à la Curie romaine et à ce qui apparaît désormais au mieux comme une incapacité, au pire comme le refus de s’attaquer réellement aux crimes dont sont coupables ou complices par leur silence de nombreux prélats. L’homme de foi sait que la barque de Pierre ne coulera pas, mais les intempéries sont si fortes que même les plus fervents ont la nausée. 

    Que s’est-il passé ? Le 20 juin dernier, le prélat américain Mgr Theodore McCarrick, prêtre ordonné pour l’archidiocèse de New York, évêque de Metuchen, archevêque de Newark puis de Washington D.C. et créé cardinal, a été suspendu de l’exercice public de son ministère par le secrétaire d’État du Vatican, Pietro Paolin, sur instruction du pape. Un mois plus tard, McCarrick démissionnait du collège cardinalice, avec l’approbation du Saint-Siège et l’ordre de mener une vie de prière et de repentance « jusqu’à ce que les accusations portées contre lui soient examinées dans le cadre d’un procès canonique normal. » Et pour cause, le prélat est accusé non seulement d’un crime de pédophilie remontant à une cinquantaine d’années, mais également d’abus sur des séminaristes et des jeunes prêtres, à l’époque où il était évêque. Nouveau séisme pour les États-Unis, déjà très abîmés au début des années 2000 après une série de scandales du même genre. 

    Le coup de grâce est porté le 14 août lorsque le Grand Jury de l’État de Pennsylvanie remet les résultats de son enquête et met en cause quelque 300 prêtres responsables de crimes sexuels sur plus de 1 000 victimes au cours des soixante-dix dernières années. Cela dit, les accusations concernent des prêtres dont un grand nombre sont décédés aujourd’hui. Les mesures annoncées par la Conférence des évêques américains en 2002 n’étaient pas restées lettre morte puisque les abus sexuels commis par des prêtres ont considérablement chuté : en 2016 et 2017 les cas allégués n’ont touché qu’une vingtaine de prêtres sur les 414 000 en ministère ou à la retraite. Reste que les noms de prélats pleuvent, des quatre coins du pays, soupçonnés d’avoir commis eux-mêmes des abus sexuels ou de les avoir couverts. Sauf qu’un élément nouveau est mis sur la place publique, lorsque plusieurs évêques et cardinaux dénoncent la « sous-culture » homosexuelle qui sévit dans le clergé catholique. Les langues se délient : celle du cardinal Raymond Burke dans un entretien donné le 16 août, celle de Mgr Robert Morlino, évêque de Madison (Wisconsin) dans une lettre pastorale adressée à ses fidèles le 18 août, celle aussi du cardinal sud-africain Wilfrid Napier le 21 août. Comme si le drame de la pédophilie avait permis, pendant de trop nombreuses années, de masquer celui de l’homosexualité au sein de l’Église. Pourtant, deux enquêtes datées de 2004 et 2011 et menées par la faculté John Jay concluaient que 81 % des victimes d’abus sur mineurs par des membres du clergé étaient des garçons et 78 % des garçons post-pubères. 

    Le 17 août, 140 théologiens, éducateurs et dirigeants laïcs américains signent une lettre publique demandant la démission des évêques américains. Une démission collective serait-elle envisageable ? En mai 2018, après la tempête traversée par l’Église au Chili pour le même type de crimes sexuels, les 34 évêques du pays avaient tous présenté, lors d’une rencontre à Rome, leur démission au Pape. Mais ce dernier n’avait accepté que cinq d’entre elles, jugeant certainement que changer de pasteur ne suffirait pas à préserver le troupeau et qu’il fallait plutôt s’attaquer aux causes profondes du mal. 

    Trois jours plus tard, le 20 août, le Pape adressait une « Lettre au peuple de Dieu », affirmant une fois de plus la nécessité d’une « tolérance zéro ». Mais des déclarations de ce genre, le peuple de Dieu en a déjà entendu beaucoup sans que rien ne change. Les propos du Pape sont quand même salués par certains fidèles, relayés par la presse, mais le désespoir est bien là, un sentiment d’impuissance face à l’ignominie. Et l’été n’est pas fini... Le 21 août s’ouvrait à Dublin, en Irlande, la IXe Rencontre Mondiale des Familles. L’Irlande, un pays gravement blessé lui aussi avec, depuis 2002, pas moins de 14 500 personnes qui ont déclaré avoir été victimes d’abus par des prêtres. Ces accusations sont-elles toutes vraies ? Peut-être pas, mais même si seulement la moitié d’entre elles l’étaient, l’horreur n’en serait pas moins grande. Alors, forcément, quand le Pape s’est rendu à Dublin pour rencontrer les familles, il était attendu sur la question de la pédophilie. Le terrain était déjà glissant, mais l’organisation de la Rencontre des Familles avait ajouté au malaise avec la présence largement controversée, parmi les intervenants, du Père jésuite James Martin, nommé par le Pape consultant auprès du secrétariat pour la Communication et promoteur affirmé de l’homosexualité, qui s’est piqué d’une intervention de défense de la cause non pas seulement homosexuelle, mais LGBT lors de son passage à Dublin. Comment le Saint-Siège avait-il pu laisser cet homme tenir un tel discours devant plusieurs milliers de familles catholiques ? 

    Le 25 août, tandis que s’achevait la Rencontre à Dublin, l’ancien nonce apostolique aux États-Unis, Mgr Carlo Maria Viganò publiait un document de 11 pages portant de lourdes accusations contre le Pape François et nombre de hauts dignitaires de l’Église. La lettre, relayée par quelques médias aux aurores le lendemain dans ses versions française et italienne, s’achève sur un appel à démissionner adressé au Pape lui-même.

    Le document détaille la gestion troublante du dossier McCarrick, connu aux États-Unis depuis l’année 2000 et depuis 2006 par Mgr Viganò lui-même. Et l’ancien nonce d’énumérer les noms de membres de la Curie ou évêques et cardinaux américains qui savaient, mais n’ont rien dit ou, pire, ont laissé McCarrick prendre des responsabilités au sein de l’Église jusqu’à devenir cardinal et, selon Mgr Viganò, un proche conseiller du Pape lui-même.

    Dans l’avion de retour de Dublin, le Pape s’est livré à l’exercice habituel de la conférence de presse et, inévitablement, la question de la charge de Mgr Viganò a été posée. Et le Pape a répondu ou, plutôt, il a répondu qu’il ne répondrait pas : « J’ai lu ce matin ce communiqué, je l’ai lu et je dirai sincèrement que je dois vous dire ceci, à vous et à tous ceux d’entre vous qui sont intéressés : lisez attentivement le communiqué et faites-vous votre propre jugement. Je ne dirai pas un mot là-dessus. Je pense que le communiqué parle de lui-même. Et vous avez la capacité journalistique suffisante pour tirer des conclusions. »

    Alors les journalistes, de métier ou improvisés pour les besoins de la cause, les vaticanistes, des clercs, tous ont obéi au pape pour se faire une idée par eux-mêmes. Depuis le 26 août, les informations pleuvent, multiples, souvent contradictoires, souvent difficiles à vérifier pour qui n’est pas familier des couloirs du Vatican. Mgr Viganò dit-il la vérité ? Ou plutôt, puisque c’est la question qui anime, au fond, tous ceux qui se préoccupent de l’affaire : le Pape François est-il coupable ?

    Il n’a pas fallu cinq minutes après que Mgr Viganò a lancé sa bombe pour que l’affaire soit ainsi analysée : ce serait l’une des batailles de la guerre des conservateurs antipapes contre les progressistes favorables au Pape François. Et cela, c’est vrai, y ressemble parfois un peu, entre ceux qui brandissent les témoignages de proches de Mgr Viganò le décrivant comme un homme de foi et intègre et ceux qui, au contraire, affirment que l’ancien nonce est carriériste, rancunier et conservateur. Sauf que la véracité des faits énoncés dans la lettre ne dépend pas du degré de sainteté de Mgr Viganò car on peut tout à fait être un sale type et dire parfois des choses vraies ou bien aimer beaucoup le Pape et dire parfois des âneries. Si bien qu’il serait bon qu’une enquête soit menée en haut lieu, qui ne se résume pas à se demander s’il faut être « pour » ou « contre » le Pape. 

    L’Église, ses fidèles et le monde dans son ensemble ont besoin que la lumière soit faite sur le bourbier qu’est la Curie pour incriminer les responsables, mais aussi et surtout pour que les horreurs cessent. 

    La vraie question, donc, est de savoir comment l’affaire McCarrick a été rendue possible sachant que cela ne concerne pas uniquement le règne du Pape actuel puisque le cardinal déchu sévissait déjà au temps de Benoît XVI. 

    Pourquoi la Curie romaine est-elle à ce point impossible à réformer ? 

    Enfin, comme si l’Église n’avait pas eu assez de ces deux mois terribles, le Pape a eu le malheur, dans le même avion de retour de Dublin, de dire un mot sur l’homosexualité qui n’a pas plu du tout, surtout pas à la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Elle trouve les propos du Pape « injustifiables » et « incompréhensibles ». C’est dire ! Incompréhensible ? Il faut dire que les médias n’ont retenu qu’une seule phrase — ce qui n’aide pas à comprendre — sur les deux minutes et quelques de temps de parole que le Pape a pris pour répondre à la question posée par l’un des journalistes, de savoir ce qu’il conseillerait à des parents catholiques dont l’un des enfants serait homosexuel. Et le Pape, entre autres recommandations de dialogue, d’accueil, d’accompagnement et d’écoute, a dit que pour ces enfants, « il y avait peut-être quelque chose à faire avec la psychiatrie ». Un tollé, évidemment, à tel point que la communication du Saint-Siège a jugé nécessaire de supprimer ce mot du verbatim de la conférence de presse donnée dans l’avion. Le Pape, dans la tourmente, avait-il oublié qu’il est des propos absolument interdits en Occident ?

    N’empêche qu’au fond, parmi les fidèles catholiques qui ont répondu aux accusations virulentes de la presse que non, en fait le Pape ne voulait pas dire ça, il en est certainement qui au fond, aimerait bien que les cardinaux, évêques et prêtres aux pratiques homosexuelles aient, eux, « quelque chose à voir avec la psychiatrie »... et le confessionnal.

  • Pour résoudre la crise de l'Eglise : un synode extraordinaire ou un concile ?

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    A lire ICI, sur le site du portail catholique suisse.

    De son côté, Mgr Chaput, archevêque de Philadelphie, suggère d'annuler le prochain synode sur la jeunesse (source):

    Dans le contexte de la gravissime crise des prédateurs sexuels cléricaux, Mgr Chaput, archevêque de Philadelphie, a demandé publiquement au Pape un report du synode sur la jeunesse, au motif que, dans le contexte de la crise actuelle, les évêques ne seraient absolument pas crédibles pour s’adresser à la jeunesse. A la place, il demande un synode sur l’épiscopat – ce qui ne pourrait certes pas nuire à la qualité du gouvernement de l’Eglise!

  • Un dossier pour comprendre l'affaire McCarrick

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    De François Dupas sur le site infocatho.fr :

    Edito #91 – “Affaire McCarrick” : le dossier pour tout comprendre

    L’affaire McCarrick a commencé par les accusations portées à l’encontre de Mgr McCarrick, cardinal et archevêque émérite de Washington, selon lesquelles il aurait commis des abus sexuels sur un adolescent dans les années 1970. Le Pape François l’a suspendu en conséquence, le mercredi 20 juin 2018, de tout ministère public.

    Cette sanction a été prise dans le contexte des abus sexuels qui ont été commis partout dans le monde – aux USA, au Chili, en Honduras, en Australie…

    Le 25 août 2018, Mgr Viganò, ancien nonce apostolique aux USA a fait parvenir à LifeSiteNews une lettre témoignage dans laquelle il met en cause le pape François dans la gestion du cas McCarrick. – LIRE LA LETTRE

    Jean-Marie Guénois dans le Figaro identifie quatre thèses développées par Mgr Vigano dans cette lettre :

    • le pape François a choisi, dès son élection en 2013, comme son conseiller personnel pour les USA, le cardinal McCarrick – qui avait joué un rôle décisif dans son élection – alors qu’il savait la pratique homosexuelle de ce prélat ;
    • Benoît XVI, en 2009, informé des moeurs du cardinal McCarrick l’avait sanctionné ; le cardinal ayant refusé d’obtempérer et d’exécuter la sanction ; le pape François, le scandale arrivant, a décidé de faire appliquer la sanction le 28 juillet 2018 en retirant le titre de cardinal et lui imposant une vie de pénitence ;
    • un réseau homosexuel existe dans le clergé catholique ;
    • la politique de nomination des évêques aux USA est dictée par Mgr McCarrick selon un critère simple ; pas de gens de droit.

    Certains commentateurs soutiennent alors que cette accusation est mensongère et qu’elle est ourdie par un “complot de l’ultradroite conservatrice américaine”.

    Lire la suite