De Christophe Geffroy sur le site de la revue La Nef :
De l’attitude envers le Magistère
Si le pape François conserve une forte popularité dans les médias et l’opinion publique, il faut reconnaître qu’il fait moins l’unanimité au sein même de l’Église. Au point que Mgr Fisichella, président du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, est intervenu cet été pour reprocher à ceux qui critiquent le pape, notamment en ce qu’il s’éloignerait de la doctrine de Veritatis splendor, de n’avoir pas « le désir d’une découverte de la vérité » ni d’être fidèles « à la tradition de l’Église » (1).
Pourquoi le nier ? François, qui a ses traits de lumière (comme sa magnifique Lettre au peuple de Dieu), met aussi parfois mal à l’aise. Avec Jean-Paul II et Benoît XVI, nous avions une telle proximité doctrinale, spirituelle et humaine, qu’aucune question majeure ne s’était jamais posée à leur égard. Il y a certainement eu des divergences ici ou là, mais cantonnées à des aspects contingents de leur ministère, si bien que l’on pouvait recevoir leur enseignement en toute confiance, l’esprit critique n’ayant aucune prise pour se manifester. J’admets que l’on puisse taxer cette attitude d’une certaine « papolâtrie », mais en fait elle ne l’était pas : elle ne faisait qu’exprimer la réalité d’une rare connivence. Avec François, de notre point de vue, nous revenons à une situation plus « ordinaire » où la réalité nous rappelle que toute parole du pape n’est pas en soi l’émanation de l’Esprit Saint, et qu’elle n’est donc pas incritiquable.
L’obéissance dans l’Église
En effet, l’Église n’est pas une caserne et l’obéissance n’y est pas celle, inconditionnelle, qui prévaut dans une armée. L’Évangile forme des personnes libres qui, si elles ont le devoir de former leur intelligence et leur conscience, n’ont pas à être enrégimentées ni à se tenir au garde à vous. Si un problème sérieux se pose en conscience à l’égard d’un supérieur ou d’un enseignement, il est légitime de le faire connaître (cf. Can. 212 § 3). Mais pas n’importe comment ni à n’importe qui, la principale condition étant de ne jamais remettre en cause l’unité de l’Église ni le principe de l’autorité et le respect qui lui est dû.