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Islam - Page 122

  • Ni progressiste ni fondamentaliste...

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    Suite à la publication sur notre blog de l'article de Guy Gilbert "L'Islam que j'aime", voici une typologie de l'Islam qui offrira d'utiles précisions.

    "La grande majorité des musulmans, cependant, n'est ni progressiste ni fondamentaliste. Elle se situe à mi-chemin entre les progressistes et les fondamentalistes et le mot qui les définit le mieux est: conservateurs; même si les «conservateurs» ne sont pas tous équivalents et qu'il conviendrait d'introduire des distinctions plus complexes. Les conservateurs ne sont pas progressistes: ils restent très perplexes quant aux déclarations occidentales des droits de l'homme parce qu'ils pensent que les droits de l'homme constituent une menace pour les droits souverains de Dieu; ils ne veulent pas non plus entendre parler d'approche moderne - c'est-à-dire historico-critique - du Coran, car ils craignent qu'il finisse comme la Bible entre les mains d'exégètes d'universités occidentales lors des deux derniers siècles; ils veulent qu'aux femmes, il soit permis - pas obligé mais au moins fortement recommandé - de porter le voile partout..."

    Extrait d'un article intitulé "Les cinq visages de l'Islam et la clé de l'avenir de l'Egypte" de Massimo Introvigne dans la Bussola Quotidiana traduit sur le site benoit-et-moi où l'on pourra lire l'intégralité de cet article.

  • Guy Gilbert : L'Islam que j'aime

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    guy_gilbert_01.jpgUn article à lire et qui donne certainement matière à discussion, sur le site officiel de Guy Gilbert:

    L'Islam que j'aime

    "En Egypte, après le terrible attentat à la sortie de la messe de minuit à Alexandrie, plusieurs associations musulmanes ont décidé de former des boucliers humains.
    « Munis de fleurs, nous irons garder les églises de nos frères chrétiens. Celui qui veut s’en prendre à eux devra d’abord nous tuer. Par ce geste nous montrerons ce qu’est vraiment l’Islam. »

    Jamais n’avait raisonné si fort le message de l’ange à l’annonce de la naissance du Christ: « Paix aux hommes de bonne volonté », message bouleversant, vécu par des musulmans, pourtant de plus en plus critiqués et craints, au point que l’Europe sombre dans une islamophobie qui avance à grands pas. Ce fait très récent et inédit de la défense d’une autre religion persécutée me fait dire : « Cet islam, je l’aime ».

    Et je l’aimerais infiniment plus, le jour où ce ne seront pas seulement quelques centaines de musulmans égyptiens qui oseront franchir le pas pour la défense de leur frères chrétiens, mais un milliard de musulmans qui dénonceront l’assassinat de l’évêque de Bagdad ou la tragédie d’une centaine de chrétiens assassinés ou blessés en Irak en pleine messe dans leur église éclaboussée de sang.

    Le pape, qui a osé affirmer son horreur devant ce drame inexpiable, a été accusé d’«ingérence » par un grand ayatollah pour avoir demandé aux états de « protéger les chrétiens ». Insoutenable parole qui révulse les chrétiens du monde entier.

    Oui j’aime l’Islam.

    Mais pas celui du repli conquérant sur lui-même. Pas celui qui s’enferme ou qui enferme ses femmes dans des étoffes où seuls les yeux ont droit à une minuscule lucarne. Pas celui qui prescrit de lapider la femme adultère, ou l’homme à qui on refuse de vivre parce qu’il est homosexuel. Pas celui qui refuse celui ou celle qui décide de vivre sa foi autrement, dans une autre religion, ce qui le ou la condamne à l’opprobre, à l’exclusion et parfois à la mort. Pas celui qui ne permet pas, lorsqu’il est majoritaire dans un pays, de refuser tout lieu de culte autre que le sien.

    Ce qui aux yeux du monde donne à croire aujourd’hui que les musulmans ont la possibilité de s’épanouir librement dans les nombreuses mosquées qui s’élèvent dans les pays majoritairement chrétiens. Alors que les petites communautés chrétiennes, noyées au coeur de nombreux pays musulmans, n’ont que le droit de raser les murs, d’être suspectées, de devenir des citoyens de seconde zone, et en finale, de quitter la terre où elles sont nées. Bien avant que les musulmans ne s’y établissent.

    Non, cela n’est pas l’Islam revendiquant le titre de religion de « la paix » au travers du mot magique, universel et prophétique « Salam ». Seule une religion qui d’abord respecte les droits de l’homme, qui en fait son étendard premier avec comme devise commune sur tous les frontons de ses temples les mots « unité », « solidarité », « accepter la différence de l’autre » et mieux « chercher chez l’autre une vérité qui lui manque », bâtira la paix sur la terre, et sera crédible.

    « Tolérer les chrétiens d’orient, c’est les insulter » écrivait ces jours-ci le politologue Hasni Abidi. Le même concluait son article par cette phrase prémonitoire et si juste : «Les chrétiens orientaux ont toujours appartenu à la terre qui les a vu naître et grandir. Ils doivent y rester. Leur départ serait la fin de notre histoire et le début de toutes les dérives. »

    A vous musulmans du monde entier de lutter pour que l’Islam soit une religion de « paix ».
    Alors ce ne sera plus la crainte, mais une joie en Europe et dans le monde, de voir fleurir à côtés de nos églises vos minarets. Ce jour viendra. Mais le temps presse."

    Vos réactions à cet article paru dans la Croix du 22 janvier sont les bienvenues pourvu qu'elles s'expriment dans le respect et la mesure.

  • L’Eglise catholique condamne la flagellation à mort au nom de la charia d’une adolescente victime de viol

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    r-clame-des-flagellations-publiques.jpgL’Eglise catholique a condamné fermement la mort par flagellation d’une adolescente musulmane suite à une fatwa (décret religieux) émise par les responsables religieux de son village, une pratique désormais interdite au Bangladesh mais qui sévit toujours en milieu rural. (Eglises d'Asie)

    « Bien que les fatwas aient été déclarées illégales dans ce pays, les populations des régions reculées souffrent toujours de ces pratiques qui constituent de graves violations des droits de l’homme », a déclaré le P. Albert Thomas Rozario, secrétaire de la Commission épiscopale catholique ‘Justice et Paix’ du Bangladesh. « Les gens doivent être avertis que les lois qui sont en vigueur dans le pays n’autorisent pas les punitions infligées selon les lois de la charia », a ajouté le prêtre catholique, qui est également avocat à la Cour suprême du Bangladesh.

    Hena Begum, 14 ans, a été violée dans le village de Chamta, district de Shariatpur, au centre du Bangladesh, dans la nuit du 30 janvier par son cousin Mahbub, âgé d’une quarantaine d’années. Alertés par les cris de la victime, la femme de Mahbub et son frère étaient accourus sur les lieux et s’en étaient pris à l’adolescente qu’ils avaient battue, avant que le père de Hena et d’autres membres de sa famille ne viennent à son secours.

    Dès le lendemain, la nouvelle s’étant ébruitée, une dizaine d’habitants du village, dont Idris Fakir, membre de l’union parishad (unité administrative locale), un enseignant de la madrasa de Chamta et l’imam de la mosquée, se réunirent en tribunal improvisé pour juger l’affaire selon la charia. Ils prononcèrent une fatwa, condamnant le violeur à verser une amende et à recevoir 200 coups de fouet en public, et ordonnant également la victime à subir 100 coups de fouet en public pour « participation au crime ».

    La sentence de Mahbub fut réduite à 100 coups de fouet, mais Hena ne put échapper à l’application du châtiment et perdit conscience au bout d’une soixantaine de coups. Ses proches la conduisirent à l’hôpital de Naria où elle décéda peu après, dans la nuit du lundi 1er février.

    Le 2 février, quatre hommes ont été arrêtés, en lien avec le décès de l’adolescente, suite à une plainte déposée par le père de Hena au poste de police de Naria. Sur les 18 personnes accusées de participation à l’exécution de la jeune fille, seuls l’imam de la mosquée de Chamta, Idris Fakir (qui avait tenté de dissuader le père de la victime de porter plainte en lui proposant une importante somme d’argent) et deux autres personnes ont été écroués. Mahbub et les autres suspects sont actuellement en fuite et recherchés par la police.

    Parallèlement, les autorités du district de Shariatpur ont été sommées de s’expliquer sur le fait qu’elles n’avaient pu empêcher l’exécution de la sentence. Les forces de l’ordre ont été également chargées de rendre d’ici trois semaines un rapport à la Haute Cour, afin de proposer des mesures pour prévenir d’autres drames de même nature.

    De nombreuses organisations des droits de l’homme ont manifesté dans le district de Shariatpur, demandant que tous les responsables de la mort de Hena, dont ceux qui avaient émis la fatwa, soient sanctionnés de manière exemplaire. Parmi ces ONG, l’Alliance pour la répression des crimes domestiques – qui lutte également contre toute forme de violence exercée contre les femmes – et la Commission des droits de l’homme ont organisé des chaînes humaines en signe de protestation devant la préfecture de police.

    Malgré une loi promulguée en 2010 par la Haute Cour du Bangladesh interdisant l’application de la charia dans le pays, les associations humanitaires locales affirment que des dizaines de fatwas sont émises chaque année par des conseils de village musulmans comme celui de Chamta.

    Peu de temps avant Hena, un autre cas de fatwa ayant conduit à la mort de la victime avait fait la Une des journaux du Bangladesh : en décembre dernier, une femme de 40 ans, du district de Rajshahi, était décédée des suites de la bastonnade publique ordonnée par une fatwa du conseil religieux de son village, sur accusation présumée d’adultère avec son gendre.

    Au Bangladesh, environ 90 % de la population est musulmane, 8 % est hindoue, les 2 % restants regroupant les autres religions. On estime que les chrétiens représentent, toutes confessions confondues, environ 1 % de la population, dont une moitié de catholiques.

    (1) Sur les violences faites aux femmes au Bangladesh, voir également EDA 539
    (2) The Daily Star, 4 février 2011 ; Ucanews, 31 août 2010, 3 février 2011 ; BBC, 2 février 2011.

  • Egypte, à propos des Frères Musulmans

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    Freres_musulmans.gifQui sont-ils? Que veulent-ils? Et l'optimisme prudent de l'Eglise qui en Egypte ne voit pas une révolte islamique. Un article intéressant de Paolo Rodari (6/2/2011)

    traduit et à découvrir ici

  • L'Egypte est-elle apte à la démocratie?

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    Aujourd'hui, l'incontournable Sandro Magister se fait l'écho d'une enquête menée par le Pew Forum on Religion & Public Life de Washington :

    L'Égypte "démocratique" veut que les apostats soient mis à mort

    Les Égyptiens révoltés demandent plus de liberté mais aussi la peine capitale pour les musulmans qui se convertissent à une autre religion. Une grande enquête sur le plus peuplé des pays musulmans d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient

    par Sandro Magister


    ROME, le 3 février 2011 – Une bonne partie de la population égyptienne qui s’est rebellée ces jours-ci contre le régime trentenaire de Hosni Moubarak affirme qu’elle préfère la démocratie à toute autre forme de gouvernement. Mais dans le même temps elle veut, à une majorité écrasante, que ceux qui commettent l’adultère soient lapidés, que l’on coupe les mains aux voleurs et que ceux qui abandonnent la religion musulmane soient mis à mort.

    C’est ce qui résulte d’une enquête menée en Égypte et dans six autres pays à majorité musulmane par le Pew Forum on Religion & Public Life de Washington, numéro un mondial des recherches en ce domaine : > Egypt, Democracy and Islam

    Les six autres pays qui font l’objet de l’enquête sont la Turquie, le Liban, la Jordanie, le Pakistan, l'Indonésie et le Nigéria.

    Ces jours-ci, l’Égypte attire particulièrement l’attention. Mais il est également très intéressant de la comparer avec les autres pays.

    La démocratie, par exemple, est considérée comme la meilleure forme de gouvernement par 59 % des Égyptiens, mais elle recueille des taux d’approbation encore plus élevés en Turquie et au Liban, 76 et 81 % respectivement.

    Toutefois 22 % des Égyptiens considèrent que, dans certaines circonstances, un gouvernement non démocratique est préférable.

    En ce qui concerne les relations entre la politique et la religion, près de la moitié des Égyptiens estiment que l'islam influe déjà fortement sur la politique. Et 95 % de ceux qui sont de cet avis jugent que c’est une bonne chose. D’une manière générale, 85 Égyptiens sur cent jugent positive l'influence de l'islam sur la politique, contre seulement 2 % de réponses négatives. Au Liban et en Turquie, au contraire, les opinions négatives dépassent les 30 %. Si l’on oppose les modernisateurs aux fondamentalistes, 59 % des Égyptiens se disent favorables aux fondamentalistes, contre 27 % de partisans des premiers. Au Liban et en Turquie les chiffres sont inversés : respectivement 84 et 74 % en faveur des modernisateurs, contre 15 et 11 % du côté des fondamentalistes.

    Plus de la moitié des Égyptiens, 54 % pour être précis, aussi bien les femmes que les hommes, sont favorables à la séparation des sexes sur les lieux de travail. Au Liban et en Turquie, ceux qui y sont opposés représentent de 80 à 90 % de la population.

    Quand on leur demande ce qu’ils pensent du Hamas, du Hezbollah et d’Al-Qaida, 49 % des Égyptiens se disent favorables au Hamas, 30 % au Hezbollah et 20 % à Al-Qaida.

    Ces jugements sont partiellement influencés par le fait que les personnes interrogées sont des musulmans sunnites ou chiites. Les Égyptiens sont sunnites, comme le Hamas, alors que le Hezbollah est chiite. En tout cas, le nombre d’Égyptiens favorables au Hezbollah baisse depuis plusieurs années. Ils étaient 56 % en 2007, 54 % en 2008, 43 % en 2009 et 30 % en 2010. Au contraire on voit augmenter le nombre d’opinions favorables aux terroristes auteurs d’attentats suicides, même si elles restent minoritaires. En Égypte, ceux qui approuvent ces terroristes sont aujourd’hui 20 %, contre 15 % en 2009.

    Pour en revenir à la peine de mort souhaitée par 84 % des Égyptiens contre ceux qui abandonnent l'islam, il faut préciser qu’elle est demandée aussi bien par les hommes que par les femmes, par les jeunes que par les vieux, par les gens instruits que par ceux qui ne le sont pas. En Jordanie le pourcentage d’opinions favorables à la peine de mort contre les apostats monte même jusqu’à 86 %. Il n’y a qu’au Liban et en Turquie que les opinions favorables sont peu nombreuses, respectivement 6 et 5 %.

  • Egypte : Le père Samir Khalil évoque le risque d’islamisation

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    ROME, Mercredi 2 février 2011 (ZENIT.org) - En Egypte, les mouvements islamistes dont font partie les Frères musulmans « veulent le pouvoir », a affirmé le jésuite égyptien Samir Khalil Samir, professeur d'islamologie et de culture arabe à Beyrouth (Liban).

    Alors que des centaines de milliers d'Egyptiens manifestent quotidiennement dans le centre du Caire contre le régime de Moubarak, le père jésuite est revenu pour Radio Vatican sur les raisons de ces protestations. Il évoque notamment le risque que les mouvements extrémistes islamistes profitent de cette instabilité pour prendre le pouvoir.

    Dans cette interview, le père Samir Khalil évoque les difficultés économiques vécues par une grande partie de la population : « environ 40% de la population égyptienne vit dans des conditions de pauvreté absolue : ils n'arrivent pas à deux dollars par personne et par jour. En un an, les prix ont augmenté de 5 à 30 fois. Les riches en profitent, mais les pauvres en paient les conséquences ». Face à cela, « le gouvernement fait peu de choses », explique-t-il. « Et de là naît le danger de l'islamisme, parce que les mouvements islamistes fondamentaux, dont les ‘Frères musulmans' et d'autres, ont compris que pour gagner des votes, il suffit de promouvoir des œuvres sociales ».

    Le père jésuite estime que les groupes islamistes veulent le pouvoir. « Les ‘Frères musulmans' sont nés en 1928 dans ce but : créer des pays vraiment islamiques, parce qu'ils pensent que l'Egypte est trop influencée par l'Occident, qu'elle n'est pas suffisamment musulmane ». « Ils veulent donc le pouvoir pour faire les réformes qu'ils considèrent comme les meilleures pour le peuple et que d'autres considèrent comme pires », affirme-t-il.

    « Pour le moment - ajoute le père Samir Khalil - il y a une répression et le régime de Moubarak, dès le début, a interdit ces groupes politiques mais cela ne limite pas leur rayon d'action. Ils entrent dans d'autres partis sous n'importe quel nom pour proposer une politique islamique ». « Mais l'Egypte est un pays modéré et par nature, l'Egyptien n'est pas rebelle. Il veut simplement vivre », ajoute le père jésuite.

    Interrogé sur la nécessité pour l'Egypte de vivre une « vraie démocratisation », le père Samir Khalil a souhaité préciser le sens d'une vraie démocratie : « cela signifie avant tout justice pour les plus pauvres ». « Et puis il y a la demande d'une plus grande liberté. Nous sommes sous un régime qui contrôle trop, parce qu'il a peur de ces mouvements extrémistes. C'est un cercle vicieux ». « Comment en sortir ? », se demande-t-il. « En faisant des réformes. Il y a des personnes très riches et le décalage est trop grand. Nous devons donc avoir des lois sociales, un système de taxes plus adapté à cette situation, des services sociaux plus généralisés ».

    « L'école se trouve dans une situation catastrophique, avec beaucoup d'analphabètes qui arrivent sur le marché du travail », déplore-t-il enfin. « La réalité, c'est que nous ne sommes pas loin de 40% d'analphabètes ».

    Marine Soreau

  • Le courage d'une journaliste égyptienne musulmane

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    Un brin d'imagination ne nous fera pas de mal !, par Fatma Naout

    Fatma2 Dans mon article précédent j'ai dit que je m'imaginais souvent à la place des chrétiens, je partage leur chagrin et je l'exprime dans mes écrits. Ceci a eu pour effet de mettre en colère quelques-uns de mes lecteurs, à tel point que l'un d'eux a cru bon de m'écrire: "Repens-toi à Allah!" Comme si la tâche de tout musulman consiste à tyranniser le chrétien !

    Mais malgré l'horreur que m'inspirent les qualificatifs discriminatoires tels que chrétien et musulman, je suis disposée à m'y conformer et à adresser cet article aux seuls musulmans ; chrétiens s'abstenir ! De toutes façons cet article fait appel à l'imaginaire, attendu que la loi ne punit pas l'imagination, pas encore en tout cas.

    Imagine que le maître d'école demande à ton fils musulman: où vas-tu? Et que ton fils réponde: "Au cours de religion Monsieur !" Et que le maître se mette à rire et qu'il lance à ton fils : "Parce que vous appelez ça une religion !"

    Imagine qu'un élève s'étouffe en mangeant et que ton fils plein de bonté se précipite pour lui porter secours en lui offrant de l'eau et que l'élève en question lui crie: " Non ma mère m'a dit de ne pas boire de la bouteille d'un musulman parce qu'ils sont tous impurs."

    Imagine que tu feuillettes le manuel scolaire de ton fils et que tu le trouves rempli de passages tirés des évangiles et pas un seul verset du coran.

    Imagine que tu t'es égaré, tu demandes ton chemin à un habitant du quartier et celui-ci te répond : "Tournez à gauche et continuez jusqu'à… excusez-moi, la mosquée, ensuite tourner à droite" (en Égypte la politesse exige de s'excuser quand on mentionne certains lieux comme latrines, égouts, lupanars…"

    Imagine que ta petite fille s'éveille en sursaut à l'aube, parce que le haut-parleur de l'église voisine (une des nombreuses églises du quartier) se met à hurler: " Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien et pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés etc."

    Imagine que ton ami chrétien t'invite à la messe et que tu entendes le curé exhorter ses paroissiens dans son prêche du dimanche : "Ne saluez pas les musulmans, ce sont des incroyants, ne prenez pas de repas avec eux et ne laissez pas vos enfants jouer avec leurs enfants !"

    Que ferais-tu si tu  étais obligé de vivre dans une telle société ? Je sais que tu te dis actuellement: Quelle plaisanterie? Question stupide qui ne mérite pas de réponse, et je serai tout à fait d'accord avec toi et j'admettrai la futilité de mon hypothèse, n'ai-je pas pris la précaution dès le départ de mentionner que tout ceci n'est que le fruit de mon imagination ?

    Bien évidemment les chrétiens n'agissent pas ainsi. Non c'est plutôt nous qui avons pris l'habitude de dire certaines choses comme : "C'est un chrétien mais c'est quand même un brave type" ou bien "ce sont des idolâtres" ou "des mécréants", sans y penser ou volontairement, bien appuyés sur notre majorité et conscients de leur minorité, rassurés par les principes de leur religion qui leur commande: "Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites le bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous veulent du mal et qui vous rejettent"

    J'ai voulu aujourd'hui mettre en évidence ces situations aberrantes pour que chacun de nous tente de ressentir leur impact s'il avait à les endurer. Nous qui hurlons dans les microphones "Allah Akbar" sans tenir compte qu'Allah aime que son nom soit prononcé avec douceur. Nous qui entendons nos imams dénigrer les non-musulmans alors qu'ils se font un devoir de prier pour leurs frères non-chrétiens. Me permettriez-vous de les envier du fait que plusieurs parmi nous n'ont pas retenu la leçon de charité alors que la plupart d'entre eux la mettent en pratique ?

    Soyons plus intelligents que notre gouvernement (nous le sommes en effet), bien que notre gouvernement nous tyrannise tous ensemble, il se plaît à séduire la majorité en l'incitant à tyranniser la minorité, sommes-nous tenus à agir de cette façon ? Mais n'allons pas trop vite, depuis combien de temps nous nous comportons de la sorte ? Depuis les années 70, quelques décennies seulement, un battement de paupière à l'échelle de l'histoire.

    Avant que les poisons du désert (le désert d'Arabie) ne s'abattent sur l'Égypte, les locataires d'un même bloc laissaient leurs portes ouvertes aux voisins, musulmans comme chrétiens, les enfants des uns se mêlaient allègrement aux enfants des autres, et l'amour irradiait dans tous les recoins du quartier. Et le ciel souriait en disant : "Voilà des gens qui ont appris comment aimer le Bon Dieu !"

    Cet article a été publié dans le périodique "el Masry el Yom" ce qui se traduit par "l'égyptien aujourd'hui", et repris sur un site copte en langue arabe.

  • Le Coran, une source de la Révélation ?

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    22baf0f9.jpgDans le numéro du bimensuel « L’Homme Nouveau » paru ce 29 janvier 2011, le P. Yannick Bonnet (prêtre diocésain français au parcours atypique : polytechnicien, veuf, père de famille, et ancien chef d'entreprise) écrit « Le succès mérité du film Des hommes et des dieux (1) ne doit pas gêner notre discernement en ce qui concerne la pensée théologique de Christian de Chergé (2) relative à la religion musulmane. Il est de même tout à fait légitime d’admirer des religieux qui, par amour des musulmans, auprès desquels ils vivaient, ont décidé, au péril de leur vie, de rester dans leur monastère malgré les menaces du terrorisme islamique. Leur sacrifice sanglant sera porteur de fruits spirituels, de conversions et de vocations, mais il n’est pas un gage de la solidité théologique de leur prieur (…) ».

    Nombre de personnes ont en effet été troublées à la lecture de la réédition des carnets du prieur de Thibirine, sous le titre « L’invincible Espérance » et du livre « Christian de Chergé : une théologie de l’Espérance » publié par Christian Salenson (l’un et l’autre chez Bayard).

    Sans même préjudicier du contenu de ces ouvrages ou d’autres (3), il n’était  pas inutile que le Père Bonnet nous rappelle ce qu’ enseigne l’Église au sujet de la Révélation : « L’abrégé du Catéchisme de l’Église catholique (question n’° 9) à l’interrogation-clé : Quel est l’état dernier et définitif de la révélation de Dieu ? répond : Cette étape s’est accomplie par le Verbe incarné, Jésus-Christ, médiateur et plénitude de la Révélation. Parce qu’il est le Fils unique de Dieu fait homme, Il est la Parole parfaite et définitive du Père. Avec l’envoi du Fils et le don de l’Esprit Saint, la Révélation est désormais pleinement accomplie, même si la foi de l’Église devra en saisir graduellement toute la portée au cours des siècles’. Quant au catéchisme de 1992, il s’appuie sur l’épître de saint Paul aux Hébreux (1, 1-2) et ajoute : Le Christ, Fils de Dieu fait homme, est la Parole unique, parfaite et indépassable du Père. En Lui, Il dit tout et il n’y aura pas d’autres paroles que celle-là (…). Le catéchisme conclut en exprimant que la foi catholique ne peut pas accepter des révélations qui prétendent dépasser ou corriger la Révélation dont le Christ est l’achèvement’ C’est le cas, ajoute-t-il, de certaines religions non-chrétiennes…

    « Or, justement l’Islam, qui récuse la divinité du Christ –ce qui lui permet de présenter Mahomet comme le prophète ultime et le plus grand, inspiré par Dieu- fait partie des religions non chrétiennes visées par le catéchisme. De ce fait, une pensée théologique fidèle au magistère ne peut considérer l’Islam comme une « autre voie » voulue par Dieu pour se révéler aux hommes. Les affirmations irréductiblement contradictoires qui opposent l’Islam et la foi catholique sur de nombreux points capitaux, mystère de la Trinité, incarnation du Christ, rédemption accomplie en une fois le Vendredi saint, pour ne prendre que ceux-là, le confirment. Dieu ne peut pas nous dire tout et son contraire. Christian de Chergé avait une vraie vocation religieuse, qui s’était traduite par cette volonté d’une présence pleine d’amour pour les musulmans algériens. Son histoire personnelle explique d’ailleurs cette prédilection et probablement sa tentative de concilier l’inconciliable.

    « Le catholique fidèle à son Église peut tout à la fois éprouver pour l’homme amour et admiration, et refuser catégoriquement d’imaginer comme lui, que Dieu a voulu se révéler à Mahomet plusieurs siècles après la venue du Christ pour attirer à Lui une nouvelle population, qui sera si souvent incitée à la violence envers les chrétiens au cours de l’histoire ».

    ____

    (1) Avec les acteurs Lambert Wilson et Michel Lonsdale, sorti dans les salles de spectacle l’automne dernier

    (2) Prieur de la trappe de Thibirine, dans l’Atlas algérien, assassiné avec tous ses moines le 26 mars 1996

    (3) L’imagination de certains « exégètes » contemporains n’a pas de bornes. Sans préjudicier du contenu exact des écrits du P. de Chergé, on peut citer à titre d’exemple, cette relecture de la Bible proposée, en Belgique, par un professeur agrégé en théologie catholique:

    Le Livre de la Genèse raconte que Dieu donna deux fils à Abraham : celui de l’alliance sainte, Isaac, né d’une épouse légitime et l’autre, Ismaël, né de sa servante Agar. Comme celle-ci se comportait mal, elle fut chassée au désert. Mais Dieu promit qu’il bénirait Ismaël, faisant de lui un guerrier du désert  et  le père d’une grande nation.

    Apprenons que le fils de la servante est un portrait de l’Islam, une sorte de fléau béni par Dieu qui empêche le monde de s'endormir sur son confort post-chrétien. Il en résulterait que tout dans l'Islam n'est pas d'initiative humaine. Certaines prophéties, qui firent pleurer Mahomet,  concernent une dernière grande guerre finale et  ne seraient pas de son style : l’annonce d’une grande guerre, perdue matériellement pour l'Islam, et aboutissant à la naissance d'un Islam humble, royal au sens spirituel du terme, béni de Dieu car modeste comme aux temps de Médine. (http://eschatologie.free.fr/islam/0isindex.htm).

  • Avons-nous tous le même Dieu ?

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    Nous nous permettons de reprendre ce texte "trouvé" sur "Le temps d'y penser" dans son intégralité, pour ne pas l'estropier, et parce que nous le trouvons très éclairant. Merci à son auteur pour son aimable autorisation.

    "Nous avons tous le même Dieu"

    Par Henry le Barde • 31 jan, 2011 • Catégorie: Réflexion faite

    Il y a quelques jours a ressurgi sur Twitter un de ces petits débats récurrents entre chrétiens1, petit débat opposant, dans la plupart des cas, traditionalistes et progressistes. On en revient malheureusement toujours là. Une fois l’étiquette collée, la discussion porte dès lors moins sur le fond que sur les arrière-pensées supposées de son contradicteur. Inutile de le nier, nous fonctionnons tous ainsi.

    « On a le même Dieu. » Après tout, certes, pourquoi pas ? Empreinte de charité christianoïde, cette affirmation, particulièrement entendue dans le cadre bien glissant du dialogue islamo-chrétien, fait passer celui qui n’y souscrirait pas pour le dernier des réactionnaires2. Alors quoi ? Émettre simplement l’hypothèse que non, nous n’avons pas le même dieu vous rendrait suspect de quel désir secret ? Relancer les Croisades ? Brûler les mosquées ?

    Que peut donc signifier : « Avoir le même dieu ? » A-t-on un dieu ? Le possède-t-on ? Fait-il partie de notre identité, et rien d’autre ? Est-il un attribut qui nous définit, comme une nation – qu’on peut choisir – ou une famille – qu’on peut quitter ? Notre Dieu est-il contenu tout entier dans la chrétienté ?

    Non, nous "n’avons pas" de Dieu. Car une telle appropriation, en l’intériorisant, rend d’emblée possible l’existence d’autres possessions. J’ai un Dieu chrétien. Tu as un Dieu musulman. Au fond, à chacun son dieu et le monde vivra en paix. Et, depuis l’avènement des monothéismes, cette assertion n’est bien entendu plus acceptable. Le dieu n’est pas le drapeau d’une nation, d’une cité, d’un peuple ou d’une civilisation. Et c’est là que les choses se corsent. Car le monothéisme implique qu’on ne possède plus un dieu, auquel on se soumet, on se consacre plus qu’au dieu de la cité ennemie, auquel on croit également mais qu’on rejette. Le monothéisme invalide de fait l’existence d’autres dieux. Si on croit en son dieu, on ne peut plus croire en l’existence d’un autre. Impossible de valider la vérité d’en face sans mettre en danger la sienne.

    Nouvelle pirouette, donc : nous croyons au même dieu, mais pas de la même façon. Dieu s’est révélé différemment à chacun. Mais au final, c’est le Même qui nous parle. Croire en Dieu suppose donc seulement de croire en son existence ? Toute foi en un principe créateur, surnaturel serait équivalente ? Nous aurions donc le même dieu que les Francs-Maçons ? Que Rousseau ? Dieu, le Grand architecte… même combat ? Au fond du fond, nous achèterions le même produit, malgré une offre commerciale différente, comme ces paquets de lessive fabriqués par la même holding ? Nous aurions tous accès au même réseau malgré des services un tantinet personnalisés – nous chrétiens bénéficiant d’une offre triple-play difficile à expliquer pour les non-initiés ? Autrement dit, le simple accord arithmétique sur le nombre de dieux existant suffit-il à définir la foi en Dieu ? Celle-ci est-elle du même ordre que, par exemple, l’existence du Père Noël ?

    Non, la foi en Dieu implique aussi sa définition : Dieu ne se définit-il pas d’abord par ce qu’Il nous dit ? Par la relation qu’il instaure avec nous ? Dès lors que ces définitions divergent, alors on ne parle plus de la même chose. Entre un Dieu qui noue une alliance avec l’homme, un Dieu qui exige sa soumission et un Dieu qui meurt pour lui et lui demande de l’appeler Père, n’y a-t-il qu’une différence de façade3 ? Comme le dit Jacques Ellul, cité par François Jourdan dans Dieu des chrétiens, Dieu des Musulmans :

    « Croire que Dieu est un seul Dieu (et non plusieurs) cela n’est pas faux, mais reste extérieur, étranger à sa personne. »

    Croire… Tenez, le credo des chrétiens s’arrête-t-il à la définition de Dieu le Père ? Un Dieu qui soufflerait à son prophète que Jésus n’est pas son Fils peut-il être, selon notre regard de chrétien professant ce Credo, le vrai Dieu ? Un prophète postérieur au Christ – et qui nie sa divinité – peut-il être considéré comme envoyé de Dieu ? Ces paroles, nombre de chrétiens de ma connaissance ont du mal à les entendre. Les Musulmans que j’ai pu rencontrer n’ont pas cette fausse pudeur. Parce qu’ils sont logiques. On ne peut croire en même temps en Mahomet et au Christ Fils de Dieu. Que le Coran mentionne des personnages bibliques ne change rien à l’affaire.

    Le Père Jourdan recommande d’ailleurs de bannir le mot « même » dans le dialogue interreligieux en raison de sa polysémie : si l’acception « unique » peut convenir, on ne peut l’étendre à « identique ». Nous croyons tous en un dieu unique. Mais nous ne croyons pas au même dieu. De ces deux phrases ne peut découler qu’une conclusion : l’un des deux n’existe pas, au sens « d’existence qualifiée » et non de simple essence. Et pourtant, les catholiques ne condamnent pas les autres religions, en ce qu’elles sont, par de nombreux aspects, bénéfiques pour les hommes.

    « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses. » (Encyclique Nostrae Aetate, 1965).

    Affirmer que nous n’avons pas le même Dieu mais qu’il n’en existe qu’Un n’implique pas un manque de respect pour nos frères qui ne partagent pas notre Foi, suggérant une attitude condescendante du style « Nous n’avons pas les mêmes valeurs. » C’est, seulement et avant tout, respecter le Dieu auquel nous croyons.

    Pour provoquer un peu, oui, tous les hommes ont le même Dieu. Le Dieu trinitaire des chrétiens. Mais tous n’en ont pas encore conscience4.

    Il serait intéressant de savoir si ce même débat existe entre musulmans… Pour eux, la question n’est-elle pas sans fondement ? []

    1. Il y aurait tant de choses à écrire sur les raisons de cette capitulation intellectuelle, sur ce sentiment de culpabilité qui ronge tout l’Occident pour ses crimes – et qui ne ronge d’ailleurs que lui –  au point que, tels les accusés des procès de Moscou, il l’amplifie en souscrivant parfois aveuglément à toutes les accusations tierces. Tant de choses à écrire sur ces motivations conscientes ou inconscientes, mais qui nous écartent du débat non sans l’avilir.[]
    2. On comprend bien, ici, que Juifs et Chrétiens peuvent revendiquer un même Dieu.[]
    3. Logiquement et symétriquement, les Musulmans pensent la même chose…[]
  • Le Caire : Un document pour le renouvellement du discours religieux

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    Sandro Magister 

    "Le 24 janvier, la version en ligne de la revue égyptienne "Yawm al-Sâbi" (Le Septième Jour) a publié un texte intitulé "Document pour le renouvellement du discours religieux". Avant la fin de ce jour-là, le texte en question était déjà présent sur plus de 12 000 autres sites arabes.

    C’est un jésuite islamologue, Samir Khalil Samir, Égyptien de naissance, très apprécié par Benoît XVI, qui l’a signalé en dehors du monde arabe et en a souligné l'importance. Il a traduit et commenté les passages essentiels du document dans deux articles qui ont été publiés sur le site de l'agence de presse en ligne "Asia News" de l’Institut Pontifical des Missions Étrangères.

    Le texte original du document, en arabe, se trouve sur cette page web de "Yawm al-Sâbi" :

    > "Document pour le renouvellement du discours religieux"

    Il est expliqué sur cette page que ce document a été écrit en suivant les indications fournies par 23 penseurs musulmans égyptiens, dont les noms sont indiqués un par un.

    D’après le père Samir, ce sont tous des intellectuels et des croyants renommés. On trouve parmi eux Nasr Farid Wasel, ancien grand mufti d’Égypte ; Gamal al-Banna, frère du fondateur des Frères Musulmans ; l’imam Safwat Hegazi ; les professeurs Malakah Zirâr et Âminah Noseir ; le célèbre écrivain islamiste Fahmi Huweidi ; les prédicateurs de la mission musulmane Khalid al-Gindi, Muhammad Hedâyah, Mustafa Husni. Trois d’entre eux figurent, au début du document, sur la photo qui est reproduite sur cette page.

    Le document est composé de 22 points rédigés en style télégraphique, qui dessinent un programme de réforme de l'islam : passer d’une pratique superficielle et extérieure de cette religion à une pratique qui soit plus authentique et plus essentielle.

    Le voici, sur la base d’une traduction "à chaud" du texte en arabe effectuée par le père Samir :

    * DOCUMENT POUR LE RENOUVELLEMENT DU DISCOURS RELIGIEUX
    Le Caire, le 24 janvier 2011


    1. Réexaminer les recueils de Hadiths [phrases attribuées à Mahomet par la tradition] et les commentaires du Coran, pour les purifier.
    2. Soumettre à une vérification le vocabulaire politico-religieux musulman, comme par exemple la jizya [impôt spécial demandé aux dhimmis, les minorités non musulmanes soumises à des restrictions].
    3. Trouver une nouvelle formulation du concept de fraternisation entre les sexes.
    4. Mettre au point la vision musulmane de la femme et trouver des formes convenables pour le droit du mariage.
    5. L’islam est une religion de la créativité.
    6. Expliquer le concept musulman de djihâd [la guerre sainte intérieure et extérieure] et clarifier les normes et obligations qui la régissent.
    7. Bloquer les attaques contre les manifestations extérieures de piété et les pratiques étrangères provenant d’états voisins.
    8. Séparer la religion et l’état.
    9. Purifier le patrimoine des premiers siècles de l’islam (salafisme), en écartant les mythes et les attaques contre la religion.
    10. Donner une formation adéquate aux prédicateurs missionnaires et, dans ce domaine, ouvrir les portes à ceux qui n’ont pas étudié à l’université Al-Azhar, selon des critères bien clairs.
    11. Formuler les vertus communes aux trois religions révélées.
    12. Donner des orientations en ce qui concerne les us et coutumes occidentaux et éliminer les comportements erronés.
    13. Préciser la relation qui doit exister entre les membres des religions à travers l’école, la mosquée et l’église.
    14. Rédiger de manière adaptée à l’Occident la présentation de la biographie du Prophète.
    15. Ne pas éloigner les gens des systèmes économiques par l’interdiction de traiter avec les banques.
    16. Reconnaître le droit des femmes à accéder à la présidence de la république.
    17. Combattre les prétentions sectaires, [en soulignant] que la bannière de l’islam [doit être] unique.
    18. Inviter les gens à aller vers Dieu par la gratitude et la sagesse, et pas par les menaces.
    19. Faire évoluer l’enseignement d’Al-Azhar.
    20. Reconnaître le droit des chrétiens à accéder à des fonctions importantes et [même] à la présidence de la république.
    21. Séparer le discours religieux et le pouvoir et rétablir son lien avec les besoins de la société.
    22. Améliorer le lien entre la dawah [l’appel à se convertir à l’islam] et la technologie moderne, les chaînes satellitaires et le marché des cassettes musulmanes.

    Ces 22 points sont suivis d’autant de paragraphes de commentaires. Qui, d’après le père Samir, laissent entrevoir une véritable révolution par rapport aux manières traditionalistes et puritaines de vivre l'islam qui ont été introduites dernièrement en Égypte et qui proviennent surtout d'Arabie Saoudite.

    Dans son analyse publiée par "Asia News", le père Samir considère comme important le point 8, qui propose de séparer la religion et la politique. Dans le commentaire joint – souligne-t-il – figure le mot "almaniyyah", laïcité. Un mot qui, dans les pays arabes, est généralement compris comme signifiant athéisme et qui est donc condamné par principe. C’est tellement vrai que, pendant le synode consacré au Moyen-Orient qui a eu lieu à Rome en octobre dernier, les évêques ont évité de l’utiliser.

    Dans le cas présent, au contraire, les auteurs du document écrivent dans leur commentaire que la laïcité ne doit pas être considérée comme une ennemie de la religion, mais plutôt comme une protection contre l'utilisation politique ou commerciale de la religion. "Dans ce contexte – écrivent-ils – la laïcité se trouve en harmonie avec l'islam et par conséquent elle est juridiquement acceptable". Mais elle ne l’est pas si elle se transforme en un contrôle exercé par l’État sur les activités musulmanes.

    Commentaire du père Samir :

    "Ce point, même s’il a fait l’objet de beaucoup de débats, est la preuve du fait qu’est en train de naître en Égypte le concept de société civile, qui ne coïncide pas immédiatement avec la communauté musulmane".

    Le point 6 concernant la guerre sainte est également remarquable. Les auteurs du document n’admettent celle-ci que si elle est défensive et uniquement en terre musulmane. Il n’est jamais permis de tuer des gens désarmés, des femmes, des personnes âgées, des enfants, des prêtres, des moines. Il n’est jamais permis d’attaquer des lieux de prière. Les auteurs soulignent que cette doctrine est celle de l'islam depuis 1 400 ans et que ceux qui la violent la trahissent gravement.

    Le signal qui est émis par ce document est faible. Cependant il ne faut pas le négliger. Lorsque ces sujets ont été traités – c’est arrivé plusieurs fois jusqu’à maintenant – lors de discussions entre personnalités de l’Église catholique et de l'islam, il n’est jamais arrivé qu’ils soient repris et diffusés dans l'opinion publique musulmane.

    Ce document du Caire, au contraire, est né chez les musulmans et il a immédiatement été diffusé dans un cercle d’opinion plus vaste. Il provoque de très nombreux commentaires sur différents sites internet, opposés et hostiles pour la plupart, mais qui constituent néanmoins, en tout cas, la preuve d’une volonté d’en discuter.

  • "Le fanatisme ne bénéficie à personne"

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    Chrétiens et musulmans ensemble contre le fanatisme

    Cathobel : "Chrétiens et musulmans ont été invités par la Ligue arabe à participer à une rencontre interreligieuse sur Jérusalem et sur le fanatisme religieux, les 2 et 3 février, à Doha, capitale du Qatar.

    L'idée de cette rencontre, explique le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, est due à la vague de terreur et de condamnation qui a suivi les massacres de Bagdad, en Irak, et d'Alexandrie en Egypte ». Selon le patriarche, qui participera aux discussions, ces massacres « ont réveillé » la conscience des chefs religieux musulmans sur « les dangers » que représente le radicalisme. Depuis l'attentat d'Alexandrie, relève Mgr Twal, « hommes politiques, chefs arabes, musulmans et chrétiens ont une conscience accrue que le fanatisme aveugle ne bénéfice à personne ». « C'est la raison pour laquelle ils ont organisé une rencontre de deux jours au Qatar », souligne-t-il.

    Parmi les gestes positifs apparus dans le monde musulman après les attentats, Mgr Twal signale celui de divers intellectuels écrivant dans les journaux pour mettre en garde contre les risques du fanatisme religieux, et celui de nombreux musulmans venus donner leur sang aux chrétiens hospitalisés après l'attentat d'Alexandrie. « Dans ces événements dramatiques, conclut-il, jaillit tout le sens d'humanité des croyants, sur lequel nous sommes appelés à bâtir ensemble un monde convivial et tolérant ».

    Le patriarche catholique copte d'Alexandrie, le cardinal Antonios Naguib, espère "revenir à un dialogue plus profond et fructueux" entre chrétiens et musulmans. C'est ce qu'il a confié le 27 janvier 2011, quelques jours après que l'université musulmane égyptienne Al-Azhar eut décidé de suspendre ses relations avec le Vatican suite aux appels lancés par le pape aux gouvernants du Moyen-Orient à défendre les minorités chrétiennes, cibles de récents attentats en Egypte et en Irak. Ce cardinal égyptien, qui a assuré croire "fermement au dialogue, non seulement au dialogue officiel, mais surtout au dialogue de vie, de tous les jours", a également espéré que l'université Al-Azhar participe à la rencontre d' Assise en octobre 2011.
    Quant au cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, il a assuré que le Vatican restait ouvert au dialogue et était toujours disponible pour participer à la réunion programmée avec l'université Al-Azhar les 23 et 24 février prochains."

    Ctb/zenit/apic-imedia/bl

  • L'ébullition du monde arabe : recherche de discernement

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    Riccardo Cascioli, dans Bussola Quotidiana, du 28 janvier, invite ses lecteurs à entendre le besoin de réforme de l'Islam qui s'exprime au grand jour.

    (Traduction par nos soins en espérant que cela fera mentir l'adage "traduttore, traditore"!)

    "Un appel pour la démocratisation du  monde arabe et un programme de réforme du mode de penser islamique : deux faits importants qui nous parviennent de l’intérieur du monde arabe et islamique ; derrière la révolte qui se produit ces derniers jours sur la place publique émerge aussi, avec beaucoup de poids, une inquiétude religieuse qui parcourt toute la région.

    Mais procédons dans l’ordre: dans le sillage des révoltes qui ont éclaté en Tunisie et en Egypte, plus de 2200 étudiants/professeurs, politiciens et protagonistes, provenant de 20 pays arabes, ont publié un appel urgent pour la défense et le renforcement des droits de l’homme et de la démocratie dans le monde arabe. On l’a appelé «Appel de Casablanca», du nom de cette ville du Maroc où, en octobre dernier, fut organisée une conférence précisément pour discuter de l’avenir des pays arabes. «L’Appel de Casablanca – a déclaré Radwan Masmoudi, président du « Centre d’Etude Islam et Démocratie » (Csid) et organisateur de la Conférence d’octobre dernier – bénéficie du soutien d’intellectuels et de politiciens arabes de premier plan, de toutes convictions politiques, de la gauche et des laïques aux musulmans modérés et aussi aux Frères Musulmans, tous étant d’accord que « la démocratie et les droits de l’homme sont aujourd’hui une ‘nécessité absolue’ pour le monde arabe». «La révolution tunisienne – à laquelle fait écho Emad El-Din Shahin, professeur de « Religions, Conflits et Efforts de paix » à l’Université de Notre-Dame, développant le document, a balayé divers mythes: le mythe de l’exception moyen-orientale à la démocratie, le mythe selon lequel on pourrait obtenir des réformes économiques sans une libéralisation politique, et le mythe selon selon lequel le soutien occidental aux régimes autoritaires de la région maintiendrait la stabilité et protègerait les intérêts de la stratégie occidentale. »

    Le document désigne quelques points critiques pour l’évolution de la justice politique et sociale: tout d’abord le droit d’organiser des syndicats libres, vu que selon les rapports internationaux la région du Moyen Orient est celle qui est pointée comme étant la pire en ce qui concerne les libertés syndicales. En outre, il demande des droits égaux pour les femmes et pour les jeunes dans la participation au développement des pays concernés, ainsi que la liberté d’expression pour tous. Intéressante, à ce propos, cette réflexion sur l’éducation qui  – selon Masmoudi – est «au cœur de toute question concernant le développement, et selon laquelle la liberté d’expression doit inclure la liberté d’enseignement dans les écoles et les universités».

    La seconde initiative, partie de l’Egypte le 24 janvier, est plus explosive, c’est-à-dire la publication d’un «Document pour la rénovation du discours religieux», postée sur le site de l’hebdomadaire Yawm al-Sâbi’. Dix pages, vingt-deux points: un programme de réforme de l’islam qui va de la révision du concept de jihad (guerre sainte) au rôle de la femme, de la révision des textes religieux (les paroles attribuées à Mahomet et les commentaires coraniques) à la séparation entre le religieux et le politique. L’initiative est partie d’un groupe de personnes liées à l’hebdomadaire qui ont aussi repris et systématisé les discours et les écrits de 23 savants musulmans qui ont des liens avec la fameuse Université Al Azhar du Caire, le centre le plus important pour la formation et la théologie islamique.

    Les photos des 23 savants ont été publiées à côté du document: constutuant une claire invitation à sortir à découvert et qui, si elle était entendue, deviendrait à proprement parler une bombe pour le monde religieux islamique. Parmi les noms de ces savants, il y a en effet des personnalités religieuses importantes comme Nasr Farid Wasel, ex grand Mufti d’Egypte; l’imam Safwat Hegazi; le Docteur Gamal al-Banna, frère du fondateur des Frères Musulmans, les professeurs Malakah Zirâr et Âminah Noseir; le célèbre écrivain musulman Fahmi Huweidi; le Docteur Mabruk Atiyyah ;  un grand nombre de prédicateurs en charge de la Propagande islamique comme Khalid al-Gindi, Muhammad Hedâyah, Mustafa Husni.

    En trois jours seulement, le document a été relayé sur 12000 sites, ce qui démontre l’ampleur du tollé qu’il a suscité. Il y a déjà des centaines de commentaires, desquels émerge le scandale que de telles prises de positions suscitent, alors qu’une minorité seulement marque son accord. Cela veut dire que n’importe quelle forme de renouveau culturel sera de toute façon longue et rencontrera de très nombreuses résistances, mais cela signifie aussi que quelque chose s’est mis en branle ; que sous l’apparent monolithisme du monde islamique bout le désir de faire les comptes avec la modernité et que l’on cherche aussi des appuis en-dehors du monde arabe pour encourager cette orientation.

    Pour aller plus loin : voir sur "Benoit-et-moi" : Embrasement du M-O: la composante religieuse : Renouveler l'islam vers la modernité. Alors que l'Egypte s'embrase à son tour, c'est le message - passé sous silence - d'imams et d'intellectuels égyptiens, (qui ont peut-être accepté la main tendue par Benoît XVI). Un article de l'islamologue égyptien, le Père Samir Khalil Samir, pour Asia News (30/1/2011)