Belgicatho mobilise le plus possible pour "la Marche pour la Vie" du 25 mars prochain. Il nous semble grave, en effet, que des mesures contraires au respect de la vie humaine soient inscrites dans nos dispositifs légaux. Bien sûr, il ne s'agit pas de jeter la pierre à des malheureuses qui, dans des circonstances éprouvantes, ont cru voir, dans le recours à l'avortement, une issue à leur détresse; nous savons que la miséricorde l'emporte sur la justice.
Voici la réponse à notre invitation, formulée par un responsable politique (CPAS), réponse qui nous interpelle :
"...cette marche "offusque mes convictions".
La question de l'avortement - qui fait l'objet de cette marche -, mais aussi les questions de l'euthanasie, du divorce, de l'homosexualité, de la prostitution, ... sont des questions très graves, et très complexes !
Beaucoup trop complexes pour être véhiculées par une manifestation urbaine.
Beaucoup trop complexes pour être résolues par des phrases lapidaires, par des réponses simplistes dans le genre «yaka, yakapa», par des propos bien-pensants et condamnants venant de la bouche de nombreuses personnes qui ont la chance de ne pas être dans leur vie personnelle confrontées à des choix qui très souvent les dépassent.
Mon mandat au CPAS me met continuellement en contact avec des gens en perdition dans des situations désespérantes. Si les difficultés étaient si simples à résoudre, ces personnes n'en seraient pas là ! Non, les chances ne sont pas réparties avec justice ! Toutes ces situations me touchent en plein cœur, et, avec les collègues, nous mettons en route les solutions les plus appropriées. Dans certains cas - à notre grande douleur -, il n'y a même plus de solutions à trouver.
J'attendrais de l'Eglise qu'elle fasse preuve - en actes et en vérité, et pas seulement en paroles - de bien plus d'écoute, de compassion, de miséricorde - en a-t-elle seulement ? - vis-à-vis de toutes ces personnes qui vivent dans une grande souffrance et dans une grande solitude, au lieu de considérer que l'on "tue par facilité et avec désinvolture". Cette attitude de l'Eglise me cause une vive douleur, et une grande colère.
Oui, je suis offusqué par tous ces poncifs lénifiants et moralisateurs.
Je me permets de rappeler «L'amour.....» selon St Paul. A quoi j'ajoute volontiers : «L'amour ne compte pas les bons et les mauvais points; l'amour ne fait pas la morale.»
Oui, je suis aussi particulièrement offusqué par la présence - face caméra - d'André Léonard à la même marche de l'année dernière. Marche pour la vie !, alors que tant de prêtres - trop de prêtres - ont définitivement ruiné la vie de tant d'enfants - trop d'enfants - devenus adultes aujourd'hui, mais à travers combien de souffrances !
Humilité, nuances, tendresse, retenue,..... courage et transparence,..... : est-ce trop demander à "notre mère la sainte Eglise" ???
Jésus gribouillait dans le sable, et il leur dit : «Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre !» - Et tous s'en allèrent, en commençant par Benoît, André, Aloys, .........."
Nous sommes évidemment d'accord pour réprouver l'idéologisation de la lutte contre l'avortement etc. lorsqu'elle devient une doctrine de la bonne conscience pharisienne qui endurcit les coeurs.
C'est le danger qui guette toujours les petits idéologues sectaires, les pro et les contra.
Ce n'est pas une raison pour ne rien faire et laisser faire.
La vraie question est: les lois sur l'euthanasie, l'avortement, le mariage des personnes de même sexe etc. sont elles des lois de miséricorde ?
Nous n'en sommes pas sûrs du tout. La miséricorde ne consiste pas à appeler bien ce qui est mal en soi mais à faire miséricorde, ce qui est tout autre chose. La miséricorde n'est pas non plus un droit légaliste, mais un instrument de la grâce pour oeuvrer à la rédemption.
Dans l'exemple cité (l'épisode de la femme adultère), Jésus, qui seul en a le pouvoir, remet le péché et ajoute: va et désormais ne pèche plus. C'est tout autre chose. Le monde sécularisé rejette ce genre de perspective.
Commentaires
Ainsi, selon lui, les questions graves et complexes de société ne pourraient donc jamais justifier une marche de citoyens qui ne sont pas d'accord avec la façon dont les politiciens traitent ces questions ? Qu'est-ce donc que ce préambule qui nie ainsi la légitimité de manifestations citoyennes, fondement de la démocratie ? Si l'on doit suivre cette logique, quelle manifestation serait-elle encore autorisée en Belgique ?
Et puis, que sait cette personne du parcours des gens qui luttent contre l'avortement ? Les personnes les plus motivées par la dénonciation d'un fléau sont en général celles qui l'ont expérimenté dans leur vie, soit eux-mêmes, soit un proche. Accuser tous ceux qui marchent d'être des personnes non concernées est une pure accusation gratuite.
Et que devons-nous comprendre par la phrase « mise en œuvre des solutions les plus appropriées » par le CPAS ? Est-ce une façon de nous dire que le CPAS seul peut avoir les « solutions les plus appropriées à toute situation » et que toute solution proposée par d'autres serait « inappropriée » ? Tout cela relève de la pensée unique, imposée par l'État, à travers ses centaines de milliers de fonctionnaires, agents et auxiliaires.
Qu'il nous explique plutôt pourquoi, avec ses « solutions appropriées » imposées par l'État, le fléau de l'avortement est en croissance constante en Belgique. Et notamment dans la tranche d'âge des mineures. Que fait donc l'État, qu'il représente comme fonctionnaire, pour limiter les milliers d'abus sexuels sur mineures, dont certains ont de plus en plus comme résultat toutes ces demandes d'avortement ?
Qui se soucie du droit de l'enfant à naître ? Pour une fois, Ciné Télé Revue nous raconte l'histoire du sacrifice d'une jeune Maman de 16 ans qui a préféré garder son bébé, la forçant à devenir adulte et responsable sans doute bien plus tôt qu'elle ne l'aurait souhaité. Je prie de tout coeur pour qu'elle garde courage et qu'elle trouve du soutien au lieu de l'opprobe. Ce bébé, une fois grand, lui donnera l'amour que la vie lui a refusé jusqu'ici.
Aucune loi ne peut décider à la place de la personne qui se trouve dans une situation dont elle seule connait l'impact sur sa vie et peut-être celle de l'autre. Chacun de nous a sa conscience et est responsable des actes qu'il pose. Est-ce qu'une loi peut balayer le sentiment de culpabilité qui habite toute personne confrontée à tels choix?
Chère Bruna,
Je ne sais pas si je comprends bien votre commentaire. La loi n'est-elle pas là pour protéger les plus faibles? Peut-elle autoriser une personne à en supprimer une autre? Dès lors que l'enfant à naître est reconnu comme une personne humaine, la loi ne devrait pas autoriser sa destruction. Une société qui inscrit dans son droit des lois qui vont contre le respect de la vie se condamne elle-même et ne pourra empêcher des dérives qui iront de plus en plus loin (voir : http://www.belgicatho.be/archive/2012/02/26/apres-la-suppression-de-l-enfant-a-naitre-celle-de-l-enfant.html)
Bonsoir Alceste, c'est dans votre sens que je m'exprimait c'est à dire que la loi qui dépénalise l'avortement, l'euthanasie etc...loin de rendre la société plus juste ouvre la porte à toutes les dérives ne protège pas les plus faibles et n'aide certainement pas les jeunes à avoir une vie plus épanouissante.