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A propos de la nouvelle interview du pape François dans la presse : une pensée qui se précise ?

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Lu sur le site « Chiesa », cette réflexion de Sandro Magister  (extraits)

« ROME, le 18 décembre 2013 – Dans l'interview qu’il a accordée à son ami vaticaniste Andrea Tornielli et qui a été publiée dans "La Stampa" il y a trois jours, le pape François est revenu sur deux points d’"Evangelii gaudium" qui avaient provoqué de vifs commentaires pour ou contre.

Le premier point est la distribution de la communion aux divorcés remariés. Le pape a voulu préciser que ce n’était pas à cette question qu’il avait pensé lorsque, dans son exhortation apostolique, il avait parlé de la communion "en tant qu’aliment spirituel, qui doit être considéré comme un remède et non pas comme une récompense".

En apportant cette précision, François a voulu se distinguer de ceux qui avaient interprété ces propos comme une énième "ouverture" et qui s’étaient exprimés publiquement en faveur de la distribution de la communion. Parmi lesquels, en dernier lieu, le nouveau secrétaire général du synode des évêques, Lorenzo Baldisseri, et le cardinal Walter Kasper.

La seconde mise au point a concerné son refus de la théorie économique du "derrame" – expression traduite en italien par "ricaduta favorevole" et en anglais par "trickle down" – selon laquelle "toute croissance économique, favorisée par l’économie de marché, parvient à produire par elle-même davantage d’équité et d’intégration sociale".

Le pape Jorge Mario Bergoglio a réaffirmé – "pas en tant que technicien" – qu’il ne croyait pas au bien-fondé de cette théorie.(…)

La première de ces deux précisions concerne l’un des points cruciaux d’"Evangelii gaudium", celui où François promet davantage de collégialité dans le gouvernement de l’Église, par l’attribution de pouvoirs plus importants aux conférences des évêques.

Dans un précédent article, www.chiesa a mis en évidence la nouveauté de cette orientation formulée par le pape Bergoglio par rapport à la ligne qu’avaient adoptée ses prédécesseurs Karol Wojtyla et Joseph Ratzinger, fermement résolus l’un comme l’autre à lutter contre le risque que l‘Église ne devienne "une sorte de fédération d’Églises nationales" (…)

"L'Église universelle ne peut être conçue ni comme la somme des Églises particulières, ni comme une fédération d'Églises particulières. Elle n'est pas le résultat de leur communion, mais elle est, dans son mystère essentiel, une réalité ontologiquement et chronologiquement préalable à chacune des Églises particulières".

C’est ainsi que s’exprimaient Jean-Paul II et celui qui était alors le cardinal Ratzinger dans une lettre de la congrégation pour la doctrine de la foi datant de 1992 et intitulée "Communionis notio".

La lettre donnait un caractère officiel à la thèse que défendait Ratzinger dans le débat qui l’opposait à son collègue allemand, le théologien puis cardinal Walter Kasper (…)

Une fois devenu pape, Ratzinger a réaffirmé, une nouvelle fois, son point de vue dans l'exhortation apostolique post-synodale "Ecclesia in Medio Oriente" de 2012 : "L’Église universelle est une réalité préalable aux Églises particulières, qui naissent dans et par l’Église universelle. Cette vérité reflète fidèlement la doctrine catholique et particulièrement celle du concile Vatican II. Elle introduit à la compréhension de la dimension ‘hiérarchique’ de la communion ecclésiale et permet à la diversité riche et légitime des Églises particulières de s’articuler toujours dans l’unité, lieu dans lequel les dons particuliers deviennent une authentique richesse pour l’universalité de l’Église".

Et Bergoglio ? Lorsqu’il a été élu à la chaire de saint Pierre, il a immédiatement donné l'impression qu’il souhaitait un gouvernement de l’Église qui soit plus collégial. Et lors de son premier Angélus sur la place Saint-Pierre, le 17 mars, il a raconté à la foule qu’il avait lu avec profit un livre du cardinal Kasper, "un théologien compétent, un bon théologien".

Certains observateurs ont associé les deux faits et en ont conclu que le pape François adoptait les prises de position de Kasper en ce qui concerne le rapport entre l’Église universelle et les Églises locales. Mais ce n’était pas vrai. Le livre de Kasper qu’avait lu le pape n’était pas consacré à l'ecclésiologie, mais à la miséricorde de Dieu.

Et en ce qui concerne l'ecclésiologie, le théologien que, depuis toujours, Bergoglio admire et cite le plus est Henri de Lubac (1896-1991), jésuite et enfin cardinal, auteur en 1971 d’un essai intitulé "Les Églises particulières dans l'Église universelle" qui défendait avec vingt ans d’avance et presque dans les mêmes termes les thèses de Ratzinger et de "Communionis notio".

L’opinion de Lubac est que "l’Église universelle n’est pas le résultat, dans un second temps, d’une addition d’Églises particulières ou de leur fédération". Pas plus que la collégialité épiscopale ne doit se traduire par des "nationalismes ecclésiaux qui sont habituellement accompagnés d’un pluralisme doctrinal tout aussi néfaste" et d’une diminution de l’autorité du pape."

 Lire tout le commentaire ici : Très centralisateur et peu collégial. Voilà comment les évêques le voient

Alors quoi ? Le pape actuel n’a pas la réputation d’être un passionné de  théologie mais, en homme de gouvernement, il connaît sans doute bien la différence cruciale qui sépare la décentralisation du fédéralisme. Et il a évidemment lu attentivement aussi la constitution conciliaire « Lumen Gentium » qui dénie tout fondement doctrinal ou de droit divin aux conférences épiscopales…

JPSC

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