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Family Day à Rome : « Nous sommes le peuple de la famille, de Dieu. »

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Lu dans le journal « Le Monde» sous la signature de Philippe Ridet :

"A chaque samedi sa manif. Après celle des partisans du contrat d'union civile (baptisé "formation sociale spécifique") la semaine dernière dans 90 villes d'Italie, c'était au tour des "anti" de démontrer leur puissance, samedi 30 janvier, au cirque Maxime de Rome. Les "pro pacs" se disaient "un million" a travers toute la Péninsule, les "anti" ont donc doublé la mise en annonçant "deux millions de personnes présentes".

La presse a beau publier chaque année la jauge maximale des principaux lieux de manifestation dans la Ville Eternelle, rien n'y fait. Même L'Avvenire, le quotidien de la Conférence épiscopale italienne (CEI) rappelait dans son édition du 29 janvier que la capacité du cirque Maxime était de "450 000 personnes". Mais en l'absence de comptage de la part des forces de l'ordre, c'est celui des organisateurs qui prime.

Qu'importe ! Ils étaient des dizaines de milliers, 300 000, selon nous qui sommes d'une nature généreuse. Des gens de tous âges, de toutes conditions. Les autorités de l'Eglise catholique et les partis politiques qui soutiennent le mouvement ont fait ce qu'ils ont pu. 1500 autobus sont arrivés à Rome, ainsi que plusieurs trains spéciaux, remplis de familles effarouchées à l'idée de n'être plus un modèle unique dans la société italienne.

Pas encore de législation spécifique pour les unions libres

Si la loi, proposée par la sénatrice Monica Cirinnà (Parti démocrate, centre gauche) et qui devrait être discutée au Sénat à partir de mardi, était approuvée, elle ouvrirait de nouveaux droits au couples homosexuels - dont celui (très contesté) d'adopter l'enfant de son partenaire."C'est le cœur symbolique de ce projet", explique l'élue. L'Italie est avec la Roumanie, la Pologne, la Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie un des rares pays de l'Union européenne à n'avoir aucune législation spécifique pour les unions libres.

De cette exception culturelle, les intervenants de la manifestation de samedi ont voulu faire au contraire une " preuve de civilisation""Nous sommes le peuple de la famille, de Dieu. Nous sommes l'avant-garde", a tonné Massimo Gandolfini, un neuropsychiatre de Brescia (Lombardie), père de sept enfants adoptés qui soutient que "si l'homosexualité n'est pas une maladie, elle est une source de perturbation de la personnalité".

De nombreux manifestants brandissaient également des drapeaux de la "Manif pour tous" dont quelques chefs de file sont venus à Rome poursuivre le combat qu'ils ont perdu en France. Chaque orateur a pris soin au cours de son intervention de prononcer autant de fois qu'il était possible les mots de "mamma""papà" et"bambini" au point qu'il était difficile, de loin, de faire la différence entre eux. Egalement présents, quelques ministres centristes du gouvernement de Matteo Renzi et des parlementaires de gauche ouvertement catholiques.

C'est désormais au premier ministre, après que chaque camp a revendiqué sa victoire, de fixer un cap aux parlementaires. Dans son programme de candidat à la tête du Parti Démocrate, il s'est engagé, il y a deux ans, à faire voter cette loi. Depuis, il semble s'être éloigné de cette promesse plusieurs fois repoussée.

La nomination cette semaine de cinq nouveaux secrétaires d'Etat, tous issus du Nouveau cendre droit (NCD), un parti hostile à la "formation sociale spécifique", apparaît, aux yeux des partisans de l'union civile, comme un mauvais présage. A Rome, samedi, une grande banderole barrait le cirque Maxime sur laquelle on pouvait lire, à l'adresse du chef du gouvernement: 'Nous n'oublierons pas' ". 

Ref. A Rome, les manifestants anti pacs se voient en "phare de la civilisation"

Quoi qu’il en soit, ils étaient plusieurs centaines de milliers : succès d’autant plus méritoire que le Vatican et, dans son sillage, l’épiscopat italien sont demeurés sur une « prudente » réserve.

JPSC

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Commentaires

  • Le correspondant de « Libération » à Rome synthétise en ces termes l’enjeu et le contexte de la manifestation :

    " 'Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?': dans la communauté homosexuelle italienne, la prise de position publique du pape François en juillet 2013 avait été perçue comme un tournant. Elle semblait présager une attitude plus conciliante de la hiérarchie catholique locale alors que l’Italie reste le dernier grand pays d’Europe occidentale à ne reconnaître aucun statut légal aux couples du même sexe.

    Mais l’examen par le Parlement d’une proposition de loi créant finalement une union civile a remobilisé les bataillons des fidèles. Comme en 2007, lorsque le gouvernement de centre gauche de Romano Prodi avait présenté un texte baptisé Dico, ils ont appelé à un «Family Day» ce samedi matin au Cirque Maxime de Rome […]

    Concrètement, la proposition de loi en discussion au Sénat depuis jeudi prévoit d’instaurer une union enregistrée par un officier d’état-civil entre personnes du même sexe qui s’engagent à une vie commune et à une assistance morale et matérielle réciproque. Elle traite également des pensions de réversion et ouvre la possibilité d’adopter les enfants naturels des conjoints […]

    Pour Matteo Renzi, le sujet est périlleux. Son gouvernement est divisé. Même au sein de son parti, les débats sont vifs. Devant cette fracture, Matteo Renzi, catholique pratiquant marié à une institutrice issue d’une famille traditionaliste et rencontrée chez les scouts, joue la prudence. En 2007, il avait soutenu le premier Family Day en estimant que la question des couples homosexuels 'n’[était] pas prioritaire'. Aujourd’hui, il estime que l’Italie ne peut pas demeurer «le seul pays de l’UE sans norme sur les unions civiles». Politiquement, il espère aussi envoyer un signal à son aile gauche, qui lui reproche sur les thèmes économiques et sociaux de suivre un agenda libéral. Mais il a pris soin d’éviter d’imposer la discipline de parti sur la question des adoptions, préférant laisser à ses parlementaires la «liberté de conscience». Le texte pourrait être adopté avec le renfort des voix du Mouvement Cinq Etoiles (M5S) de Beppe Grillo et d’une partie des élus de Forza Italia de Berlusconi."

  • Il serait bon de dire que les catho italiens sont déçus de n avoir pas ete encourages par le pape http://benoit-et-moi.fr/2016/actualite/le-pape-ignore-le-family-day.html

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