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Inscrire la laïcité dans la constitution belge : pour quoi faire ?

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Lu dans « La Libre » de ce jour :

blog -laicite-deesse.jpg« Ce jeudi, au micro de Bel RTL, Elio Di Rupo est enfin sorti du silence qu’il s’était imposé depuis trois mois au sujet de la laïcité - un débat qui divise fortement les rangs du Parti socialiste. En cinquante secondes chrono, le Montois a dessiné une position de synthèse. Il a suggéré d’inscrire la neutralité de l’Etat dans la Constitution. Il a proposé d’interdire le port de signes religieux pour les fonctionnaires en contact avec le public. Enfin, il a appelé à renforcer la lutte contre "les discriminations terribles que subissent des personnes parce qu’elles ont la peau noire ou parce qu’elles viennent du Maghreb".

Les propos d’Elio Di Rupo laissent des zones d’ombre, des points à clarifier. Jamais, toutefois, le leader des socialistes francophones ne s’était exprimé de façon aussi explicite. Jamais, non plus, il n’avait jusqu’ici porté le débat sur le terrain constitutionnel. Là réside sans doute la principale innovation du compromis interne qui s’est dégagé au PS.

Joint par "La Libre", Elio Di Rupo précise que son parti entend, dès cette législature, porter le débat à la Chambre, avec l’espoir de rassembler une majorité alternative pour modifier la Constitution. "On a des contacts avec les uns et les autres pour voir si une majorité laïque peut se dégager", assure le président du PS. La tâche ne sera pas aisée : une réforme constitutionnelle impose un vote aux deux tiers. "La N-VA n’en veut pas, le CD&V non plus, et la probabilité que le CDH soit pour le reste assez faible" , anticipe Elio Di Rupo. Lequel entend néanmoins tenter sa chance. "Nous, au PS, on est prêts à avancer."

Neutralité ou laïcité : pas d’exclusive

En radio, Di Rupo a parlé de neutralité, et non de laïcité. Mais rien n’est encore figé, explique-t-il. "Pour l’instant, le mot laïcité se trouve dans nos textes de travail. On n’exclut pas du tout d’inscrire ce mot-là dans la Constitution ou son préambule."

S’agissant des signes religieux dans la fonction publique, la position du PS reste à peaufiner. "Ce que j’ai expliqué à la radio, c’est un minimum, indique Elio Di Rupo. Il n’est pas impossible que la position finale soit un peu plus restrictive." L’accord en passe d’aboutir au sein du PS s’articulerait autour de deux notions : "imperium" et "front office". En français, les signes convictionnels seraient prohibés pour deux catégories d’agents : ceux exerçant une fonction d’autorité (policiers, magistrats…) et ceux en contact direct avec la population (au guichet, notamment).

Laurette Onkelinx désavouée ?

Le PS serait par ailleurs sur le point de se prononcer en faveur de l’interdiction, dans les écoles, du port du voile pour les filles de moins de 16 ans. Mais la clarification soulèverait aussitôt une question : cela implique-t-il d’autoriser, partout, le voile pour les écolières de plus de 16 ans ? Certains socialistes l’affirment. Ils y voient l’un des points d’équilibre du compromis. Ce serait une fameuse évolution : dans plus de 90 % des écoles, le voile est actuellement interdit par des règlements d’ordre intérieur. Une situation qu’Elio Di Rupo n’entend pas bouleverser. "Notre intention est de laisser l’autonomie à chacun des établissements scolaires", précise-t-il à "La Libre".

Laurette Onkelinx, cheffe du groupe PS à la Chambre, sort-elle affaiblie ou renforcée de cette nouvelle donne ? Les avis divergent. Ces dernières semaines, lors des tractations entre dirigeants du parti, la Bruxelloise militait pour une position nettement plus dure - l’interdiction totale des signes religieux dans la fonction publique. Elle n’a pas obtenu gain de cause. En revanche, c’est elle qui a plaidé, la première, en décembre 2015, pour inscrire la notion de laïcité dans la Constitution. Sur cet aspect, le PS l’a suivie.

Ref. Le PS veut une majorité alternative pour inscrire la laïcité dans la constitution

La notion même de laïcité (le mot dérive de laïc, non clerc, qui est d’origine ecclésiale) n’est pas univoque, ni en termes de sociologie, ni en termes de droit positif. La question se pose alors de savoir si une notion aussi imprécise, voire confuse, présente une vraie utilité opérationnelle pour les sciences humaines.

JPSC

Commentaires

  • Quelle que soit la voie choisie, la laïcité ne peut pas se définir comme un dogme laïcisite et se résumer à un "catalogue d'interdits"; elle doit, au contraire, élargir encore plus le champ des droits et des libertés. La notion de "laïcité" ne peut pas se concevoir contre les religions, mais avec elles; dans un esprit d'inclusion, de tolérance, de respect et d'ouverture.

  • Vous essayez d'e^tre persuasif, di Sandro , malheureusement pour vous nous savons de plus en plus ce qui se passe dans les Loges

  • C'est bien sûr un laïcité de combat... qui pourrait croire le contraire ?
    Après cela on passera à l'étape suivante soit la laïcité,-seule - "religion"- reconnue - et - acceptable, donc subsidiée avec les intérêts des biens confisqués par l’État aux catholiques et redistribués en intérêts par le ministère de la justice... "Écrasons l'infâme !" il n'y a que 250 ans qu'ils ont commencé... ...

  • Il n'y a pas que le PS qui soit divisé à cet égard.

    Lu sur le site de l’Echo (extrait) cette question au ministre libéral Didier Reynders: "Un débat (...) est celui de la laïcité de l’Etat: faut-il entrer là-dedans et inscrire ce principe dans la Constitution belge?"

    Réponse du ministre: "Je parle de neutralité. Le mot laïcité n’a pas le même sens chez nous qu’en France. La laïcité est inscrite dans la constitution à côté des autres cultes. C’est mon cas: ce n’est pas parce qu’on n’a pas une conviction religieuse qu’on doit nécessairement participer à une quelconque association s’occupant de la laïcité. On peut aussi ne pas avoir envie de faire partie du centre d’action laïque si on n’est pas juif, catholique, musulman. La neutralité donne une meilleure définition: on est à équidistance de tous les courants et l’Etat n’essaye pas d’en promouvoir l’un plutôt qu’un autre..."

    L' Eglise et les autres communautés religieuses doivent pouvoir contribuer, comme telles, à la vie sociale dans l'espace public. Le constitutionnaliste Francis Delpérée parle de "neutralité et pluralisme" de l'Etat.

    Et un catholique oeuvre à ce que le règne de Dieu advienne aussi dans la cité des hommes.

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