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  • Identité, complémentarité homme femme, homosexualité : qu'en dit le document final du Synode des jeunes ?

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    D'Anita Bourdin sur zenit.org :

    Synode : l’identité et la complémentarité homme/femme

    Et les parcours proposés aux personnes homosexuelles

    De tout le document final du synode des évêques sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations » (3-28 octobre), publié par le Saint-Siège en italien, ce samedi 27 octobre 2018, le paragraphe qui a eu le moins d’approbation (65 contre, 178 pour, majorité des deux tiers à 166) est le § 150 de la IIIe partie, sur la sexualité.

    Le document a été remis au pape François qui a décidé de le rendre public. Il l’utilisera pour l’élaboration de son exhortation apostolique post-synodale. Mais le pape a souligne que le document doit servir avant tout aux pères du synode.

    Une question sur ce §150 a été posée à Paolo Ruffini, préfet du secrétariat pour la communication, lors du point presse de la soirée. Il a invité à « le lire à la lumière des autres paragraphes qui évoquent ce thème ». De quoi s’agit-il ?

    Le §150 insiste sur l’identité et la complémentarité homme/femme et réfute ipso facto la théorie du genre.

    Et il encourage la mise en place de parcours spécifiques pour les personnes homosexuelles qui manifestent le désir de grandir dans la vie de leur baptême.

    Il est significatif que le paragraphe s’achève sur cette notion de « don de soi » clef de la réalisation de soi, comme le concile Vatican II l’a réaffirmé, et spécialement ensuite l’enseignement de saint Jean-Paul II.

    Une autre clef est l’expression « personnes homosexuelles » : comme le recommandait, en l’An 2000, le cardinal Georges-Marie Cottier OP, théologien de la maison pontificale, il convient de dire « personnes homosexuelles » – mieux que « les homosexuels » -, pour manifester que la personne ne se réduit pas à son comportement ni à son « orientation sexuelle », ni à tout autre particularité dont elle serait porteuse.

    Le même paragraphe condamne toute forme de violence ou de discrimination à l’égard de personnes homosexuelles.

    Il réaffirme l’enseignement de l’Eglise en matière de morale sexuelle: il cite le document publié en 1986 par la Doctrine de la foi, sous l’autorité du préfet l’époque, le cardinal Joseph Ratzinger.

    La nouveauté semble résider au niveau pastoral, dans l’incitation à proposer des parcours pour « accompagner » les personnes homosexuelles catholiques qui désirent répondre à l’appel de leur baptême.

    Le paragraphe doit aussi être situé dans son contexte (cf. Table des matières), de la troisième partie, missionnaire, et dans le chapitre sur le renouveau de l’élan missionnaire, et juste après le paragraphe sur la chasteté dans tous les états de vie.

    Voici notre traduction, rapide, de travail, de ces paragraphes 149 et 150.

    • 149 (244 placet, 26 non placet). Dans le contexte culturel actuel, l’Eglise a du mal à transmettre la beauté de la vision chrétienne de la corporéité et de la sexualité, telle qu’elle émerge de l’Ecriture Sainte, de la Tradition et du Magistère des derniers Papes. Il apparaît donc urgent de rechercher les modalités les plus adéquates, qui se traduisent concrètement dans l’élaboration de parcours formateurs renouvelés. Il convient de proposer aux jeunes une anthropologie de l’affectivité et de la sexualité capable aussi de donner sa juste valeur à la chasteté, en en montrant avec une sagesse pédagogique la signification la plus authentique pour la croissance de la personne, dans tous les états de vie. Il s’agit de miser sur l’écoute empathique, l’accompagnement et le discernement, sur la ligne indiquée par lé Magistère récent. Pour cela, il faut soigner la formation d’agents pastoraux qui se révèlent crédibles, à partir de la maturation des dimensions affectives et sexuelles.
    • 150 (178 placet, 65 non placet).  Il y a des questions relatives au corps, à l’affectivité et à la sexualité qui nécessitent une élaboration anthropologique, théologique et pastorale plus approfondie qu’il faudra réaliser selon les modalités et aux niveaux les plus appropriés, des niveaux locaux au niveau universel. Parmi ceux-ci émergent en particulier celles [les questions, ndlr] relatives à la différence et à l’harmonie entre l’identité masculine et féminine et aux inclinations sexuelles. À ce sujet, le Synode réaffirme que Dieu aime toute personne et l’Eglise fait ainsi en renouvelant son engagement contre toute discrimination et toute violence sur une base sexuelle. Il réaffirme également la pertinence anthropologique déterminante de la différence et de la réciprocité entre l’homme et la femme et considère qu’il est réducteur de définir l’identité des personnes uniquement à partir de leur « orientation sexuelle » (CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Lettre aux évêques de l’Église catholique sur la pastorale des personnes homosexuelles, 1er octobre 1986, n. 16). Dans de nombreuses communautés chrétiennes, il existe déjà des chemins d’accompagnement dans la foi de personnes homosexuelles: le Synode recommande d’encourager ces parcours. Dans ces parcours, les personnes sont aidées à lire leur propre histoire; à adhérer avec liberté et responsabilité à leur appel baptismal; à reconnaître le désir d’appartenir et de contribuer à la vie de la communauté; à discerner les meilleures formes pour y arriver. De cette façon, on aide tout jeune, sans exclusion, à intégrer toujours plus la dimension sexuelle dans sa personnalité, en grandissant dans la qualité des relations et marchant vers le don de soi.
  • La synthèse du Document final du Synode des Jeunes

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    De Vatican News :

    Synode des Jeunes: la synthèse du Document final

    Trois parties, 12 chapitres, 167 paragraphes, 60 pages : c’est ainsi que se présente le Document final de la XVe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, sur le thème “Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel”. Le texte a été voté dans l’après-midi du 27 octobre, en Salle du Synode, et le Document a été remis au Pape, qui en a aussitôt autorisé la publication.

    Paolo Ondarza et Isabella Piro – Cité du Vatican

    L’épisode des disciples d’Emmaus, raconté dans l’Évangile de Luc, est le fil conducteur du Document final du Synode des jeunes. Il a été lu devant les pères synodaux, par le rapporteur général, le cardinal Sergio Da Rocha, en alternance avec les secrétaires spéciaux, le père Giacomo Costa et don Rossano Sala, et Mgr Bruno Forte, membre de la Commission pour la Rédaction du texte. Ce Document est complémentaire de l’Instrumentum Laboris du Synode, dont il reprend la division en trois parties. Accueilli par un applaudissement, le texte, a expliqué le cardinal Da Rocha, «est le résultat d’un vrai travail d’équipe» des pères synodaux avec les autres participants au Synode et «d’une façon particulière avec les jeunes». Le Document rassemble les 364 amendements présentés. «La plupart ont été précis et constructifs», a salué le rapporteur général.

    «Il cheminait avec eux»

    En premier lieu, le Document final du Synode regarde le contexte dans lequel vivent les jeunes, en mettant en évidence les points de force et les défis. Tout part d’une écoute empathique qui, avec humilité, patience et disponibilité, doit permettre de vraiment dialoguer avec la jeunesse, en évitant des «réponses préconçues et des recettes toutes prêtes». Les jeunes, en effet, veulent être «écoutés, reconnus, accompagnés» et désirent que leur voix soit considérée comme «intéressante et utile dans le domaine social et ecclésial». L’Église n’a pas toujours eu cette attitude, reconnaît le Synode : souvent, les prêtres et les évêques, pris par de nombreux engagements, ont du mal à trouver du temps pour le service de l’écoute. Il faut donc former d’un façon adéquate aussi des laïcs, hommes et femmes, qui soient en mesure d’accompagner les jeunes générations. Face à des phénomènes comme la mondialisation et la sécularisation, en outre, les jeunes évoluent vers une redécouverte de Dieu et de la spiritualité, et ceci doit être une stimulation, pour l’Église, à investir le dynamisme de la foi.

    L’école et la paroisse

    Une autre réponse de l’Église aux questions des jeunes vient du secteur éducatif : les écoles, les universités, les collèges, les aumôneries permettent une formation intégrale des jeunes, en offrant en même temps un témoignage évangélique de promotion humaine. Dans un monde dans lequel tout est lié - famille, travail, défense de l’embryon et du migrant -, les évêques rappellent le rôle irremplaçable des écoles et des universités où les jeunes passent beaucoup de temps. Les institutions éducatives catholiques, en particulier, sont appelées à affronter le rapport entre la foi et les questions du monde contemporain, les différentes perspectives anthropologiques, les défis scientifiques et techniques, les changements des habitudes sociales et l’engagement pour la justice. La paroisse a aussi son rôle : «Église dans le territoire», elle doit repenser sa vocation missionnaire, qui souvent semble peu significative et peu dynamique, surtout dans le domaine de la catéchèse.

    Les migrants, paradigme de notre temps

    Le Document synodal s’arrête ensuite sur le thème des migrants, «paradigme de notre temps»en tant que phénomène structurel, et non pas comme une urgence transitoire. De nombreux migrants sont des jeunes ou des mineurs non accompagnés, qui fuient des guerres, des violences, des persécutions politiques ou religieuses, des catastrophes naturelles, ou la pauvreté, et finissent par devenir victimes de la traite, de la drogue, d’abus psychologiques et physiques. La préoccupation de l’Église se situe surtout pour eux dans l’optique d’une authentique promotion humaine qui passe à travers l’accueil de réfugiés, et soit un point de référence pour de nombreux jeunes séparés de leurs familles d’origine.

    Les migrants sont aussi une opportunité d’enrichissement pour les communautés et les sociétés dans lesquelles ils arrivent et qui peuvent être revitalisées par eux, est-il rappelé dans le Document, où résonnent les verbes synodaux «accueillir, protéger, promouvoir, intégrer», indiqués par le Pape François pour une culture qui puisse surmonter les défiances et les peurs. Les évêques demandent aussi plus d’engagement pour garantir à celui qui ne voudrait pas migrer le droit effectif à rester dans son propre pays. L’attention du Synode s’est aussi portée sur ces Églises qui sont menacées, dans leur existence, par l’émigration forcée et par les persécutions subies par les fidèles.

    Abus : faire la vérité et demander pardon

    Le Document développe une large réflexion sur les «différents types d’abus» (de pouvoir, économiques, de conscience, sexuels) commis par certains évêques, prêtres, religieux et laïcs. Pour les victimes, cela provoque des souffrances qui «peuvent durer toute la vie et pour lesquelles aucun repentir n’apporte de remède». Le Synode appelle dont à «un ferme engagement pour l’adoption de mesures rigoureuses de prévention qui puissent empêcher la répétition de ces actes, à partir de la sélection et de la formation de ceux à qui seront confiés des devoirs de responsabilité et d’éducation». Il faudra donc éradiquer ces formes comme la corruption ou le cléricalisme, sur lesquelles se greffent de tels types d’abus, et contrer le manque de responsabilité et de transparence avec lesquels de nombreux cas ont été gérés. Dans le même temps, le Synode remercie tous ceux qui «ont le courage de dénoncer le mal subi», parce qu’ils aident l’Église «à prendre conscience de ce qui est arrivé et de la nécessité de réagir avec décision»«La miséricorde, en effet, exige la justice». Toutefois, le Document n’oublie pas les si nombreux laïcs, prêtres, consacrés et évêques qui se dédient chaque jours avec honnêteté au service du prochain, et qui peuvent offrir «une aide précieuse» pour une «réforme d’une portée historique» dans ce domaine.

    La famille «Église domestique»

    Des thèmes ultérieurs présents dans le document concernent la famille, le principal point de référence pour les jeunes, la première communauté de foi, une «Église domestique». Le Synode rappelle en particulier le rôle des grands-parents dans l’éducation religieuse et dans la transmission de la foi, et met en garde contre l’affaiblissement de la figure paternelle et de ces adultes qui adopte un style de vie marqué par une forme de “jeunisme”. Outre la famille, l’amitié compte beaucoup pour les jeunes, parce qu’elle permet le partage de la foi, et l’aide réciproque dans le témoignage.

    Promotion de la justice contre «la culture du déchet»

    Le Synode s’est arrêté ensuite sur certaines formes de vulnérabilité vécues par les jeunes dans différents secteurs : dans le travail, où le chômage appauvrit les jeunes générations, en minant leur capacité de rêver ; les persécutions jusqu’à la mort ; l’exclusion sociale pour des raisons religieuses, ethniques ou économiques ; le handicap. Face à cette «culture du déchet», l’Église doit lancer un appel à la conversion et à la solidarité, en devenant une alternative concrète face aux situations de malaise. Mais les domaines dans lesquels l’engagement des jeunes réussit à s’exprimer avec originalité ne manquent pas : par exemple, le volontariat, l’attention aux thèmes écologiques, l’engagement en politique pour la construction du bien commun, la promotion de la justice, pour laquelle les jeunes demandent à l’Église «un engagement décidé et cohérent».

    La culture, la musique et le sport sont des «ressources pastorales»

    Le monde du sport et de la musique offre aussi aux jeunes la possibilité de s’exprimer le mieux possible. Dans le premier cas, l’Église invite à ne pas sous-évaluer les potentialités éducatives, de formation et d’inclusion, dans l’activité sportive. La musique peut être une «ressource pastorale» qui interpelle aussi en vue d’un renouvellement liturgique, parce que les jeunes ont le désir d’une «liturgie vivante», authentique et joyeuse, un moment de rencontre avec Dieu et avec la communauté.

    Les jeunes apprécient «les célébrations authentiques dans lesquelles la beauté des signes, le soin de la prédication et l’implication communautaire parlent réellement de Dieu». Ils doivent donc être aidés à découvrir la valeur de l’adoration eucharistique et à comprendre que «la liturgie n’est pas une expression de soi-même, mais une action du Christ et de l’Église». Les jeunes générations, en outre, veulent être protagonistes de la vie ecclésiale, en faisant fructifier leurs propres talents, et en assumant des responsabilités. En tant que sujets actifs de l’action pastorale, ils sont le présent de l’Église, et ils doivent être encouragés à participer à la vie ecclésiale, et non pas bloqués avec autoritarisme. Dans une Église capable de dialoguer d’une façon moins paternaliste et plus directe, en effet, les jeunes peuvent être très actifs dans l’évangélisation de leurs camarades, en exerçant un véritable apostolat qui doit être soutenu et intégré dans la vie des communautés.

    Dieu parle à l’Église et au monde à travers les jeunes, qui sont l’un des «lieux théologiques»dans lesquels le Seigneur se fait présent. Porteuse d’une saine inquiétude qui la rend dynamique, peut-on lire dans la 2e partie du Document, la jeunesse peut être «plus avancée que les pasteurs» et doit donc être écoutée, respectée, accompagnée. Grâce à elle, l’Église peut se renouveler, en abandonnant «pesanteurs et lenteurs». Le Synode rappelle donc le modèle de «Jésus jeune parmi les jeunes» et invite au témoignage des saints, parmi lesquels de nombreux jeunes, prophètes du changement.

    Mission et vocation

    Une autre «boussole sûre» pour la jeunesse est la mission, un don de soi qui mène à un bonheur authentique et durable : Jésus, en effet, ne retire pas la liberté, mais la libère, parce que la vraie liberté est possible seulement en relation à la vérité et à la charité. Le concept de vocation est aussi lié à celui de mission : chaque vie est vocation en rapport à Dieu, elle n’est pas le fruit du hasard ni une bien privé à gérer en propre, et chaque vocation baptismale est un appel à la sainteté. Chacun doit donc vivre sa propre vocation spécifique dans chaque domaine : la profession, la famille, la vie consacrée, le ministère ordonné et le diaconat permanent, qui représente une «ressource» à développer encore pleinement.

    L’accompagnement

    Accompagner est une mission pour l’Église à développer au niveau personnel et en groupe : dans un monde «caractérisé par un pluralisme toujours plus évident et par une disponibilité d’options toujours plus grande», rechercher avec les jeunes un parcours destiné à accomplir des choix définitifs est un service nécessaire. Les destinataires sont tous les jeunes : séminaristes, prêtres ou religieux en formation, fiancés et jeunes époux. La communauté ecclésiale est un lieu de relations, où dans la célébration eucharistique on est touché, instruit et guéri par Jésus lui-même. Le Document final met aussi en évidence l’importance du sacrement de la Réconciliation et d’une bonne connaissance de la Doctrine sociale de l’Église, afin d’avoir des repères dans la prise de responsabilité civile, économique, politique dans un contexte de plus en plus multiculturel.

    Non au moralisme et à une fausse indulgence, oui à la correction fraternelle

    Le Synode promeut un accompagnement intégral centré sur la prière et le travail intérieur, en intégrant à la fois le recours à la transcendance et l’apport de la psychologie et de la psychothérapie. «Le célibat pour le Royaume» doit être compris comme «un don à reconnaître et à vérifier dans la liberté, la joie, la gratuité et l’humilité», avant de poser tout choix définitif.

    Les accompagnateurs doivent être conscients de leurs propres fragilité, et, «sans moralisme et sans fausses indulgences», savoir corriger fraternellement et s’abstenir de toute attitude de manipulation. «Ce profond respect sera la meilleure garantie contre le risque d’abus en tout genre», est-il écrit dans ce texte. Le discernement est un lieu de «lutte spirituelle» qui doit aussi prendre en compte la vie fraternelle et le service des pauvres comme des bancs d’épreuve.

    La synodalité, un style missionnaire

    Dans chaque Église particulière doit se poursuivre ce processus de discernement, cette assemblée synodale n’ayant été qu’une étape. Il faut valoriser les charismes que l’Esprit donne à tous, en évitant à la fois le cléricalisme qui exclut beaucoup de gens des processus décisionnels et la cléricalisation des laïcs qui freine l’élan missionnaire. L’autorité doit être vécue dans une logique de service, en ayant bien conscience du fait que l’expérience concrète de vie est le meilleur témoignage à donner aux jeunes. Sur un plan ecclésial, il faut repenser la pastorale des jeunes et mieux définir les structures de discernement vocationnel, au niveau des conférences épiscopales. Le Document mentionne aussi l’importance des JMJ.

    Le défi numérique

    Le Document rappelle l’importance du monde numérique dans la vie quotidienne des jeunes. Malgré tous les aspects négatifs et les vrais dangers d’internet (solitude, manipulation, exploitation, violence, chantage, pornographie…), ces outils sont appelés à être des outils d’évangélisation. Le Document mentionne aussi l’idée d’un système de certification des sites catholiques, afin de contrer la diffusion de «fake news» concernant l’Église. La protection des mineurs doit aussi être une priorité sur internet.

    Reconnaître et valoriser les femmes dans la société et dans l’Église

    Le Document met aussi en évidence le besoin d’une meilleure reconnaissance et d’une valorisation des femmes dans la société et dans l’Église, parce que leur absence appauvrit le débat et le chemin ecclésial : il faut d’urgence un changement d’attitude de la part de tout le monde, à partir d’une réflexion sur la réciprocité entre les sexes. «Une présence féminine dans les organes ecclésiaux à tous les niveaux, aussi dans des fonctions de responsabilité» et «une participation féminine aux processus décisionnels ecclésiaux, dans le respect du rôle du ministre ordonné» sont souhaités dans ce texte, qui rappelle qu’il s’agit ici d’un «devoir de justice qui trouve son inspiration en Jésus et dans la Bible».

    Corps, sexualité et affectivité

    Le Document s’arrête sur le thème de la sexualité, en évoquant les interrogations éthiques soulevées par certaines évolutions des techniques médicales et en évoquant les dangers de phénomènes comme le tourisme sexuel et la pornographie en ligne, mais surtout en rappelant que les familles et les communautés chrétiennes doivent faire découvrir aux jeunes que la sexualité est un don. L’Église est souvent perçue comme «un espace de jugement et de condamnation», alors que les jeunes recherchent «une parole claire, humaine et empathique», et «expriment un désir explicite de débat sur les questions relatives à la différence entre l’identité masculine et féminine, à la réciprocité entre les hommes et les femmes, ou à l’homosexualité».

    «Il faut proposer aux jeunes une anthropologie de l’affectivité et de la sexualité capable de donner la juste valeur de la chasteté» pour la croissance de la personne, «dans tous les états de vie»«Dieu aime chaque personne et l’Église fait de même en renouvelant son engagement contre toute discrimination et violence sur une base sexuelle». De même, le Synode «réaffirme la portée anthropologique déterminante de la différence et de la réciprocité homme-femme, et considère réducteur de définir les personnes uniquement à partir de leur orientation sexuelle».

    Dans le même temps, il est recommandé de «favoriser les parcours d’accompagnement dans la foi, déjà existant dans de nombreuses communautés chrétiennes» à l’égard des personnes homosexuelles, afin de discerner les formes les plus adaptées pour leur participation à la vie de la communauté. Chaque jeune, sans aucune exclusion, doit être aidé à intégrer toujours plus la dimension sexuelle dans sa propre personnalité, «en grandissant dans la qualité des relations et en cheminant vers le don de lui-même».

    L’accompagnement vocationnel

    Le Document évoque le besoin d’un accompagnement plus structuré avant et après le mariage, et encourage la constitution d’équipes éducatives, qui puissent inclure des figures féminines et des couples chrétiens, pour la formation de séminaristes et de consacrées aussi afin de surmonter les tendances au cléricalisme.

    Un attention spéciale est demandée dans l’accueil des candidats au sacerdoce, qui advient parfois «sans une connaissance adéquate et une relecture approfondie de leur histoire»«L’instabilité relationnelle et affective, et le manque d’enracinement ecclésial sont des signes dangereux. Négliger les normes ecclésiales dans ce domaine constitue un comportement irresponsable, qui peut avoir des conséquences très graves pour la communauté chrétienne.»

    Appelés à la sainteté

    «Les diversités vocationnelles se rassemblent dans l’appel unique et universel à la sainteté. Malheureusement le monde est indigné par les abus de certaines personnes de l’Église plutôt que ravivé par la sainteté de ses membres», est-il écrit dans la conclusion du Document final. L’Église est donc appelée à «un changement de perspective». À travers la sainteté de nombreux jeunes disposés à renoncer à la vie au milieu des persécutions en se maintenant fidèles à l’Évangile, elle peut renouveler son ardeur spirituelle et sa vigueur apostolique.

    La table des matières du document final

  • Y a-t-il encore une place pour la parole de l'Eglise dans le monde ?

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    De l'abbé Christian Venard sur le blog du Padre :

    L’Église a-t-elle encore le droit à la parole ?

    En plein Synode sur les jeunes, au moment où le suicide de deux jeunes prêtres alimente la confusion, dans la tourmente suscité par les affaires de mœurs qui la touchent, l’Église peut-elle oser encore une parole et, tout particulièrement ceux qui en sont les responsables, les évêques ? 

    Le constat semble navrant. Le synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, réuni à Rome à la demande du Pape François ne tiendra sans doute pas ses promesses. Mais quelles étaient-elles d’ailleurs ? Le correspondant de La Croix à Rome va même jusqu’à intituler un article : « le synode en manque d’idée ». C’est, en attendant le document final, l’impression qui en ressort, jour après jour, malgré, par exemple, les efforts louables de Mgr Emmanuel Gobilliard qui se prête au jeu de « tintin reporter » ; malgré quelques fortes paroles de Mgr David Macaire ; malgré le peu subtil habillage de « com » de Vatican News, avec les coulisses du Synode, formule éculée d’un journalisme sans ambition. Un de mes correspondants à Rome m’écrit : « Cette assemblée ronronne et est refermée sur elle-même! C’est incroyable de le vivre « de l’intérieur » et de voir les difficultés d’en parler « à l’extérieur ».  Nous somme pris dans une logique de « fuite en avant  » dans la communication. Tout est devenu « com », c’est effrayant. On nous bombardent de vidéos sur les « coulisses » du synode… c’est pathétique, il n’y a aucune réflexion sur le fond… »

    D’aucun l’avait pourtant prédit avant même son ouverture. Était-il raisonnable en pleine crise pédophile de maintenir ce synode et de reporter à février une décisive réunion sur la question ? Les modes mêmes de désignation des participants (pères synodaux, jeunes, experts) ne sont-ils pas obsolètes et presque aussi opaques que les nominations épiscopales ? Certains critiquent : le choix des thèmes à aborder ne marquait-il pas, par avance, les conclusions auxquelles le Vatican voulait voir parvenir le synode ? Bref, il semble bien que d’aucuns ont conseillé de maintenir ce synode, comme une vaste opération de communication, pour tenter de faire oublier les très graves dysfonctionnements d’organisation dans de multiples domaines, ou d’estomper – au moins en interne – les effets dévastateurs de la crise. Tous les experts de communications de crise sont pourtant du même avis : dans la crise on parle de la crise ; les efforts pour détourner l’attention sur d’autres sujets seront toujours vains. Sauf dans les régimes dictatoriaux qui maîtrisent l’ensemble des médias ! Ce n’est pas le cas de l’Église. Heureusement. Dans le fond, cet échec annoncé révèle une crise encore plus profonde sans doute : celle de la parole de l’Église dans un monde moderne où l’argument d’autorité est devenu le plus faible, voire inaudible.

    Cette parole en interne, ad intra, continue à être portée essentiellement par le collège apostolique (les évêques, successeurs des apôtres et à leur tête le pape, successeur de saint Pierre). Même si, ici ou là, certains catholiques aimeraient en diminuer la portée, une saine ecclésiologie reconnaît la place importante et spécifique de cette parole. Encore faut-il, là aussi, savoir raison garder. Quand l’évêque Cauchon condamnait Jeanne d’Arc au bûcher, on n’imagine guère que ce puisse être en engageant le collège apostolique ! Bien des textes, des décisions de nos évêques relèvent du « politique », de ce qui peut apparaître comme la nécessité pastorale du moment, et n’ont pas plus, ni moins, de poids en ce domaine que la décision d’un chef d’entreprise ou d’un chef militaire. Il semblerait opportun que les évêques eux-mêmes éclairent d’une réflexion à frais nouveau le statut de leur parole (individuelle ou collégiale), sur la place faite en interne à la  disputatio avec les prêtres et les fidèles qui ne partagent pas toujours leurs avis, dans les domaines qui ne relèvent pas directement du dépôt de la foi ou des définitions magistérielles solennelles. Ad intra, nul ne saurait contester la nécessité, la spécificité et la légitimité de la parole épiscopale, en tant que celle-ci s’exprime prioritairement sur les questions de foi, de mœurs, pour conforter le troupeau, laissant de côté les discours sociologiques ennuyeux, politiques consensuels, ou pire encore moraux culpabilisants. Laissant surtout une place pour tout ce qui ressort du « discutable », en évitant qu’eux-mêmes ou des courtisans (parfois membres éminents des curies épiscopales, laïcs ou clercs), ne prennent pour attaques personnelles, déviance théologique, manquement à la communion ecclésiale, toute opinion contraire ou juste différente.

    Plus problématique encore est la parole de l’Église ad extra. Dirigée vers l’extérieur de l’Église (ces fameuses « périphéries », chères au pape François), cette parole est tributaire en grande part des médias de toute sorte. Rares sont ceux, en effets, qui ont le courage, ou la vertu, d’aller lire directement les « documents épiscopaux » ou l’Osservatore romano, ou les encycliques pontificales. Même chez les catholiques, nombreux sont ceux qui se contentent d’en lire quelques extraits, ou des relations, souvent orientées sur les réseaux sociaux, ou le peu qu’évoquent les grands médias. Or, en ce domaine, force est de constater qu’hélas la parole épiscopale est désormais inaudible et décrédibilisée. C’est ce que révèle tout particulièrement la crise pédophile. Comment les « chefs » d’une organisation qui auraient couvert de tels faits, qui ont mis tant de temps à se préoccuper des victimes, pourraient-ils conserver un droit légitime à la parole… et plus encore s’ils viennent parler de « morale » ! Voilà la réaction de la société civile. Aussitôt leur sont renvoyés en miroir l’incurie des décisions prises, les retards, la mauvaise volonté (réelle ou supposée) et, avouons-le, bien souvent une communication catastrophique. Le simple fait d’être évêque, ne fait pas d’un homme de Dieu un bon communicant, faut-il seulement le rappeler ? Beaucoup de fidèles et de prêtres souhaiteraient aujourd’hui, qu’après tant et tant d’années de discours perçus comme inodores et sans saveurs, au creux de la crise pédophile (qui n’est qu’un des aspect de la crise des mœurs relâchées d’une partie du clergé et souvent du laxisme des autorités religieuses en ce domaine), les évêques sachent ne pas intervenir systématiquement dans les médias, qu’ils parlent moins et agissent plus.

    Mais alors qui, pour porter ad extra la parole de l’Église ? Peut-être reste-t-il quelques prêtres ou religieux, dont les parcours de vie apportent une crédibilité à leur parole. On peut penser ici aux exemples passés, donnés par  un abbé Pierre, une sœur Emmanuelle, une mère Térésa. Selon l’adage : « dis-moi d’où tu parles », notre société n’est prête, bien souvent, à accepter le discours ecclésial que s’il vient d’un homme ou d’une femme ayant donné des preuves, reconnues ailleurs, de leur engagement. Mais il est temps aussi de mettre davantage en œuvre une des intuitions fondamentales du Concile Vatican II, sur la place des laïcs dans l’Église pour l’évangélisation d’un monde sécularisé (Gaudium et spes n°43). La place des laïcs pour porter la parole de l’Église dans le monde devrait sans doute devenir première, comme formulation aussi de leur participation active, pleine et entière à l’évangélisation. D’une manière toute spéciale, il revient en premier lieu aux journalistes catholiques, qu’ils travaillent ou non dans des médias chrétiens, de porter médiatiquement cette parole. Ils seront, et pour cause, plus professionnels, et bien souvent, sur des sujets aussi délicats que la pédophilie, plus crédibles pour un large public. Tout catholique devrait aussi, s’éloignant du respect humain, devenir un porte-parole de son Église, pas seulement dans un confortable entre-soi bourgeois, mais sur les lieux de travail et de sociabilité.

    Bien entendu, il ne s’agit pas d’interdire de parole la hiérarchie ecclésiastique au profit seulement des laïcs. L’une et l’autre de ces paroles doivent se conforter. Il s’agit donc plutôt d’un changement de perspective, où les laïcs seraient en première ligne, dotés d’une vraie liberté de parole. A eux aussi de se former, de s’informer, de travailler tous ces sujets. Il paraît évident que la parole d’une femme catholique pour parler de l’avortement a plus de poids et de crédibilité que celle d’un clerc. Il semble tout aussi clair que, sans l’aide intellectuelle et spirituelle des clercs, cette parole aura du mal à surgir. Il s’agirait là d’une profonde et radicale réforme des structures institutionnelles ecclésiales. Un antidote au centralisme romain et épiscopal. Aurons-nous le courage de cette réflexion et de sa mise en œuvre ? C’est un des enjeux qui aurait pu être porté par ce synode.

  • La Cour Européenne des Droits de l'Homme défend ceux qui blasphèment contre le christianisme, mais condamne ceux qui blasphèment contre l'islam...

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    De Paul Sugy sur le site du Figaro Vox :

    Délit de blasphème : «La CEDH n'est pas Charlie !»

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - Selon le docteur en droit Grégor Puppinck, en confirmant jeudi la condamnation d'une Autrichienne qui avait évoqué en public la «pédophilie» de Mahomet, la CEDH reconnaît l'existence d'un délit de blasphème.

     

    Grégor Puppinck est docteur en droit et directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ). Il est membre du panel d'experts de l'OSCE sur la liberté de conscience et de religion. Il est l'auteur d'une étude sur l'objection de conscience et les droits de l'homme, publiée aux éditions du CNRS en 2016. Prochain livre à paraître: Les droits de l'homme dénaturé (Le Cerf, novembre 2018).


    Les faits. En Autriche, lors d'une conférence organisée au sein du FPÖ et intitulée «connaissance élémentaire de l'islam», la conférencière et responsable du FPÖ a été condamnée pour avoir dit, à propos du mariage de Mahomet avec une fillette de 6 ans et de sa consommation sexuelle à l'âge de 9 ans: «Comment appelons-nous cela, si ce n'est de la pédophilie?». Elle voulait notamment alerter sur la pratique du mariage des mineurs dans l'islam, suivant l'exemple de Mahomet. Alors qu'elle a contesté en 2012 cette condamnation devant la Cour européenne des droits de l'homme, cette dernière a confirmé la décision des juges autrichiens dans un arrêt rendu public jeudi 25 octobre. L'ECLJ est intervenu dans cette affaire pour défendre la plaignante.

    FIGAROVOX.- La Cour européenne des droits de l'homme vient de confirmer la condamnation d'une Autrichienne qui avait évoqué lors d'un meeting la «pédophilie» de Mahomet. Sur quel motif s'appuie cette condamnation?

    Grégor PUPPINCK.- Le seul véritable motif de cette décision est la peur des musulmans. La Cour le dit expressément: les autorités autrichiennes ont eu raison de condamner ces propos pour préserver la «paix religieuse» et la «tolérance mutuelle» dans la société autrichienne. Selon la Cour, les États auraient à présent, et c'est nouveau, «l'obligation d'assurer la coexistence pacifique de toutes les religions et de ceux n'appartenant à aucune religion, en garantissant la tolérance mutuelle».

    La Cour développe plusieurs arguments à l'appui de sa conclusion.

    D'abord, elle juge l'intention même de la conférencière, et la condamne en estimant qu'elle n'a pas tant cherché à informer le public qu'à «dénigrer» Mahomet et à démontrer «qu'il n'est pas digne d'être vénéré», et par suite à inciter à la violence. Ainsi, dénigrer Mahomet n'est pas protégé par la liberté d'expression: il ne faudrait en parler qu'avec respect et des bonnes intentions!

    La Cour a jugé ensuite - de façon incroyable - que ces propos n'étaient pas l'expression d'un fait mais d'un jugement de valeur personnel et hostile, car la conférencière n'aurait pas resitué les faits dans leur contexte historique, ni précisé que la première épouse de Mahomet était bien plus âgée que lui. Dès lors, elle aurait «généralisé» la pédophilie de Mahomet de façon malveillante. Pour la Cour, alors, la conférencière était de mauvaise foi, et c'est «légitimement» que les musulmans auraient pu se sentir «offensés» par ces propos et que les juridictions autrichiennes les ont condamnés.

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    Cette décision est grave à mes yeux. D'abord parce qu'elle se résigne à l'intolérance et même à la violence des musulmans face à la critique, et qu'elle renonce à défendre fermement la liberté d'expression sur l'islam. En fait, c'est la violence même des musulmans qui justifierait et exigerait que leurs croyances soient davantage protégées contre les critiques.

    Plus profondément, cette décision est aussi très grave car elle fait primer les objectifs de «tolérance mutuelle» et de «coexistence pacifique» sur la liberté de pensée et d'expression en matière religieuse. Elle permet de museler la critique de l'islam au nom du vivre-ensemble. Cela va à rebours de la modernité occidentale qui exige au contraire de soumettre l'islam à la critique historique, sans peur de bousculer les croyances de ses adeptes et même de provoquer des tensions.

    Mais pour estimer et protéger le débat critique et la controverse, il faut encore croire en la vérité et en la vertu. Ce n'est malheureusement pas le cas de cette décision qui est purement relativiste. Faire de la tolérance et de la coexistence des valeurs et des objectifs en soi est une abdication de l'esprit. La société européenne ne doit pas renoncer à être fondée sur la justice et la vertu qui sont, par définition, intransigeantes.

    Ultimement, la logique de la coexistence et du vivre-ensemble repose sur le dogme absurde de l'égalité des religions. Pour ma part, je suis convaincu qu'il est urgent de détruire ce dogme, de critiquer et de comparer les religions par rapport à leur contribution au bien de l'humanité. Quant à la liberté d'expression, je pense que seule la diffusion d'obscénités gratuitement offensantes et inutiles au débat ainsi que les propos incitant à la violence immédiate peuvent être restreints. Tout autre propos - surtout lorsqu'il s'appuie sur des faits réels - devrait être protégé au titre de la liberté d'expression.

    La décision rendue par la CEDH aurait justifié la condamnation des caricatures de Charlie Hebdo, mais aussi de Voltaire, Ernest Renan ou encore Auguste Comte. La Cour européenne des droits de l'homme n'est pas vraiment Charlie...

    N'est-il pas étonnant de voir la CEDH maintenir un «délit de blasphème» alors même que, partout en Europe, il tend à disparaître? Les Irlandais s'apprêtent par exemple à le retirer de leur Constitution.

    Oui, il est vrai que depuis 2009, les instances internationales et européennes se sont toutes déclarées en faveur de l'abolition du délit de blasphème. C'est pourquoi il a été retiré du droit local alsacien en 2016, et que les Irlandais s'apprêtent à faire de même prochainement. Cette décision de Strasbourg va donc à contre-courant.

    En fait, cette tendance est une réaction de défense face à l'offensive menée à l'ONU par l'Organisation de la Conférence Islamique pour créer en droit international un délit de blasphème sous l'appellation de «diffamation de l'islam». Il y a donc eu un conflit en droit international entre les conceptions musulmane et occidentale de la liberté d'expression en matière religieuse. La Cour, dans cette affaire, a opté pour la conception musulmane… conforme à la charia.

    En somme, la CEDH défend ceux qui blasphèment contre le christianisme, mais condamne ceux qui blasphèment contre l'islam...

    Force est de constater que dans deux jugements récents, la Cour a adopté une position inverse en accordant sa protection à des blasphèmes contre la religion chrétienne. Il ne s'agissait pas, dans ces affaires, de débat historique, mais de simples publicités commerciales et d'activisme politique.

    Il y a d'abord eu l'affaire des publicités représentant le Christ et la Vierge Marie comme des junkys tatoués et lascifs. La Cour de Strasbourg n'a pas admis la condamnation de ces publicités, alors même qu'elles choquaient gratuitement, dans un seul objectif commercial. Elle a condamné la Lituanie.

    Il y a ensuite eu l'affaire des «Pussy Riot», ce fameux groupe d'agitatrices punk qui avait été lourdement condamné en Russie pour avoir organisé un concert sauvage dans le chœur de la Cathédrale orthodoxe de Moscou. Ici encore, la CEDH a protégé leur liberté d'expression, reconnaissant tout au plus qu'une réaction au manquement à des règles ordinaires de conduite dans un lieu de culte aurait pu être justifiée.

    On peine à s'expliquer la divergence d'approches de la Cour entre ces différentes affaires.

    Ailleurs dans le monde, une jeune femme, Asia Bibi, a été condamnée à mort pour blasphème. Que font les défenseurs des droits de l'homme?

    L'ECLJ dispose d'un bureau au Pakistan qui y défend courageusement les nombreux chrétiens persécutés, tels qu'Asia Bibi. Face à l'islam, nous avons aussi besoin en Europe de défenseurs courageux des droits de l'homme. Ce n'est pas le signal que donne la Cour européenne avec cette décision... J'espère que cette affaire sera rejugée, en appel, devant la Grande Chambre de la Cour européenne, et que celle-ci saura alors faire preuve du courage qu'exigent les circonstances actuelles.

  • Défendre l'Eglise

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    De Vatican News :

    Fin du Synode: le Pape invite à défendre l’Église

    Dans une intervention empreinte de gravité, en conclusion de l’Assemblée synodale, le Pape a évoqué la crise qui secoue l’Église catholique en invitant à la pénitence pour que l’Église ne soit pas salie.

    «C’est le moment de défendre l’Église contre le Grand Accusateur, avec la prière et la pénitence : nous ses enfants, nous sommes tous sales, nous sommes tous pécheurs, mais l’Église ne doit pas être salie.» Dans sa prise de parole en conclusion du Synode, le Pape a fait une allusion explicite à la crise qui secoue l’Église catholique, en invitant à la pénitence. Il est aussi revenu sur le processus synodal en invitant à laisser le Document final «travailler dans nos cœurs», à prier, à l’étudier, car les participants au Synode en sont les premiers destinataires mais il n’est qu’un outil pour avancer dans la réflexion, et non pas une fin en soi.

    François a également rappelé que le Synode n’est pas un Parlement, mais qu’il «est un espace protégé pour que l’Esprit Saint puisse agir», et c’est pour cela que les informations transmises à l’extérieur ne peuvent être que générales, sans exposer des situations particulières.

    Ne pas laisser l’Église être salie

    Le Pape a ensuite mis l’accent sur la sainteté de l’Église, qui doit être défendue. «Notre Mère est sainte» mais nous, ses enfants, «nous sommes tous pécheurs», a-t-il souligné, et justement «à cause de nos péchés, le Grand Accusateur» en profite et tourne autour de la terre en cherchant qui accuser. «En ce moment il est en train de nous accuser fortement», a remarqué le Pape, «et cette accusation devient une persécution», a-t-il déclaré en faisant allusion aux persécutions physiques concrètes, vécues par exemple par les chrétiens d’Irak dont venait de parler le cardinal Sako à la tribune de Synode, mais aussi à d’autres formes de persécution plus insidieuses qui se font jour dans d’autres environnements, avec «des accusations continues pour salir l’Église». L’Église, notre mère, ne doit pas être salie, même si nous, «nous sommes tous sales», a lancé François.

    «Et c’est donc le moment de défendre la Mère. Et la Mère, on la défend du Grand Accusateur avec la prière et la pénitence. C’est pour cela que j’ai demandé, dans ce mois qui finit dans peu de jours, de prier le Rosaire, de prier saint Michel archange, de prier la Vierge pour qu’elle recouvre toujours la Mère Église. Continuons à le faire. C’est un moment difficile, parce qu’à travers nous l’Accusateur attaque la Mère, et on ne touche pas à la Mère. Ceci, je voulais le dire avec mon cœur à la fin du Synode», a précisé François avec fermeté.

    Au début de son discours, le Pape a remercié chaleureusement tous ceux qui ont travaillé à ce Synode qui se conclut dimanche. Il a remercié particulièrement les jeunes qui «nous ont apporté leur musique ici dans la Salle», tout en précisant avec humour que «“musique” est la parole diplomatique pour dire… “vacarme” !». En conclusion, le Pape a rappelé que l’Esprit Saint «offre ce document pour nous tous, aussi pour moi, pour réfléchir ce qu’il veut nous dire à nous».

    Cardinal Sako : ne pas oublier les chrétiens d’Orient

    S’exprimant au nom des quatre présidents délégués du Synode, le cardinal Sako a exprimé sa gratitude pour cette Assemblée synodale, et il a rappelé que des millions de fidèles prient chaque jour pour le Pape. Il a évoqué un proverbe en arabe qui dit : «L’arbre fructueux est frappé avec des pierres», en encourageant le Pape à avancer «avec courage et confiance». La barque de Pierre, malgré les vagues, reste solide parce que Jésus «ne l’abandonnera jamais». Il appelle donc à construire une société plus fraternelle et «à ne pas oublier les chrétiens d’Oirent», parce que «si l’Orient est vide de chrétiens, a-t-il averti, le christianisme restera sans racine». Ils ont donc besoin de soutien et de proximité «jusqu’à ce que la tempête passe».

    Cardinal Baldisseri : les jeunes ont montré un visage lumineux de l’Église

    Dans son salut conclusif, le cardinal Baldisseri, secrétaire général du Synode des évêques, a remercié le Pape pour sa proximité tout au long de cette assemblée, ainsi que les que les jeunes qui avec leur présence et leur enthousiasme ont permis de «manifester le visage beau, lumineux et pluriel de l’Église présente sur tous les continents». Il a enfin remercié tous ceux qui ont permis le bon déroulement de cette assemblée, des pères synodaux jusqu’au personnel technique.