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  • Querida Amazonia : vers une Eglise "laïcisée" ?

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    Du Père Pio Pace sur le blog Rorate Caeli en traduction française sur Res Novae (site de l'Homme Nouveau) :

    Querida Amazonia : pour une sorte d’« Église laïque »

    Querida Amazonia : <br>pour une sorte d’« Église laïque »

    Va-t-on ordonner des viri probati mariés ? Cette question, avant pendant et après l’assemblée du Synode sur l’Amazonie, a polarisé toute l’attention, les évêques du Synode allemand se tenant comme en embuscade, prêts à s’emparer du thème pour la transformation institutionnelle de l’Église. Pour toutes sortes de raisons politiques et tactiques, l’exhortation apostolique tant attendue n’en parle pas. Elle ne rejette pas la possibilité, comme on l’a dit trop hâtivement : elle n’en parle pas. En fait, elle va plus loin, vers une Église laïcisée, où le sacerdoce commun des baptisée absorbe largement le ministère sacerdotal en se confondant avec lui.

    Car le texte, sous des allures modestes, est très ambitieux. Il faut lire avec beaucoup d’attention le début de l’Exhortation : elle se présente comme « un cadre de réflexion », qui est une invitation à lire le document final du Synode (qui parle d’ordonner des diacres mariés), mais en s’élevant à des considérations plus fondamentales et assurément plus radicales. Le passage central concerne « l’inculturation de la ministérialité » (nn. 85-90), suivi de considérations sur les communautés (nn. 91-98), puis sur le rôle des femmes (nn. 99-103).

    Le rédacteur principal (parmi les hypothèses, ce pourrait être le subtil P. Spadaro, jésuite, directeur de La Civiltà Cattolica) propose au nom du Pape une vision laïcisée de l’Église, fondamentalement hostile au « cléricalisme », et qui, par le fait, dépasse, et éventuellement inclut, la problématique des prêtres mariés dans une perspective plus large.

    L’inculturation explique-t-il, doit aussi s’exprimer dans « l’organisation ecclésiale et la ministérialité ». Le ministère sacerdotal doit être repensé. Il ne se réduit pas au prêtre-clerc, dont le pouvoir spécifique est de consacrer et de pardonner les péchés, lequel est indispensable pour assurer « une plus grande fréquence de la célébration de l’Eucharistie, même dans les communautés les plus éloignées et cachées ». En revanche, le pouvoir hiérarchique dans l’Église, qui appartient au ministère sacerdotal, n’est pas propre au ministère ordonné : des laïcs, restant laïcs, pourront exercer cette autre face du ministère sacerdotal et « annoncer la Parole, enseigner, organiser leurs communautés, célébrer certains sacrements, chercher différentes voies pour la piété populaire et développer la multitude des dons que l’Esprit répand en eux ».

    Certes, les communautés auront besoin de la célébration de l’eucharistie et du pardon des péchés, car « il est urgent d’éviter que les peuples amazoniens soient privés de cet aliment de vie nouvelle et du sacrement du pardon ». C’est ici, au n. 90, qu’intervient ce qui a été ressenti – à tort – comme une douche froide par toutes les instances progressistes et comme un immense soulagement par les conservateurs : le Pape, au lieu de parler d’ordination de diacres mariés, invite seulement à prier pour les vocations sacerdotales, tout en précisant qu’il convient de « réviser complètement la structure et le contenu tant de la formation initiale que de la formation permanente des prêtres, afin qu’ils acquièrent les attitudes et les capacités que requiert le dialogue avec les cultures amazoniennes »

    Mais, continue-t-il, il faut des diacres permanents plus nombreux, des religieuses et des laïcs qui assument des responsabilités importantes pour la croissance des communautés. Il faut que ces laïcs « arrivent à maturité dans l’exercice de ces fonctions grâce à un accompagnement adéquat ». Au-delà donc de l’« objectif limité » d’une plus grande présence de ministres ordonnés pouvant célébrer l’eucharistie, il s’agit de promouvoir des laïcs « mûrs » qui, eux aussi ministres sacerdotaux mais comme laïcs, prendront en charge la communauté. Ceux qui font une fixation sur l’ordination d’hommes mariés sont en somme accusés de cléricalisme, alors qu’il est beaucoup plus important de promouvoir une sorte d’« Église laïque » : cela demande « une capacité d’ouvrir des chemins à l’audace de l’Esprit, pour faire confiance et pour permettre de façon concrète le développement d’une culture ecclésiale propre, nettement laïque [souligné dans le texte] ».

    Rien n’exclut cependant que, parmi ces laïcs pleinement « mûrs », on puisse juger utile d’en ordonner certains pour les besoins de l’Eucharistie. Mais comme le faisait remarquer Élodie Blogie, dans le quotidien belge Le Soir, du 12 février, le Pape fait « une réponse très jésuite », et sur cette question, « très subtilement », ne dit ni oui, ni non : il ne dit rien, et en fait il dit plus.

    Et de manière un peu semblable, il remarque que les femmes baptisent, annoncent la Parole, sont missionnaires, et qu’elles doivent exercer des pouvoirs. D’abord comme femmes laïques, avec toute leur féminité. Mais, « penser qu’on n’accorderait aux femmes un statut et une plus grande participation dans l’Église seulement [c’est moi qui souligne] si on leur donnait accès à l’Ordre sacré » serait « réductionniste ». Cela « limiterait les perspectives, nous conduirait à cléricaliser les femmes »

    Sur ce point, tout de même, on touche peut-être à la part un peu « réactionnaire » de la pensée du Pape qui, en présentant le projet d’une recomposition (amazonienne, puis allemande, etc.) du visage de l’Église dont serait éradiqué le cléricalisme, fait la leçon aux féministes, qu’il supporte fort mal : il ne faut pas « nous enfermer dans des approches partielles sur le pouvoir dans l’Église » ; les femmes qui doivent prendre en charge l’Église, et sans laquelle l’Église s’effondrerait, doivent le faire de manière féminine. 

  • Inde: Aide à la formation pour 23 séminaristes à devenir prêtres de la Sainte-Croix

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    Du site de l'Aide à l'Eglise en Détresse (Belgique) :

    Inde: Aide à la formation pour 23 séminaristes à devenir prêtres de la Sainte-Croix

    10/02/2020 Leuven – La Congrégation de la Sainte-Croix a été fondée en France en 1820, alors que, à la suite de la Révolution française, toute une génération de jeunes avait grandi presque sans aucune instruction religieuse. Le père Jacques Dujarie, qui avait été consacré en secret pendant la Révolution, rassembla un groupe de jeunes hommes pour s’occuper de l’instruction de la jeunesse à la campagne. À peine 20 à 30 ans plus tard, la congrégation qui en été issue s’étendait à l’Algérie, aux États-Unis, au Canada, à l’Italie et au Bengale oriental (aujourd’hui l’Inde et le Bangladesh).

    De nos jours, les religieux de la congrégation sont présents dans 16 pays. Ils s’occupent de l’instruction religieuse des jeunes et dirigent des écoles, car ils estiment que l’éducation spirituelle est l’arrière-plan requis pour s’attaquer par la foi aux problèmes pressants de l’époque actuelle.

    En Inde, la congrégation est particulièrement active et bénéficie de nombreuses vocations. Les pères indiens de la Sainte-Croix ne travaillent donc pas qu’en Inde elle-même, mais se mettent aussi au service de l’Église universelle comme missionnaires dans d’autres pays. En Inde, la congrégation compte quatre provinces. De nos jours, il devient de plus en plus important d’aider les familles et les jeunes à s’enraciner profondément dans la foi chrétienne, face à la diffusion du consumérisme et à la mondialisation. Mais pour ce faire, les prêtres doivent eux-mêmes être bien formés. Dans la province d’Inde du Sud, 23 jeunes hommes se préparent actuellement au sacerdoce. L’AED souhaiterait contribuer à leurs frais de formation à hauteur de 6.900 euros. Les séminaristes prient pour tous ceux qui les aideront!

    Votre don bénéficiera à ce projet ou à un projet similaire, et permettra le travail pastoral de l’Aide à l’Église en Détresse.
    Communication sur votre virement: 317-02-79 Inde

    Don pour un projet pastoral au numéro de compte d’Aide à l’Église en Détresse a.s.b.l. Belgique IBAN : BE25 1960 0933 4182 et BIC : CREGBEBB ou Aide à l’Église en Détresse a.s.b.l. Luxembourg IBAN: LU66 1111 0261 9404 0000 et BIC: CCPLLULL. En vertu de la loi Belge, les projets pastoraux ne sont pas admissibles à l’octroi d’une attestation fiscale.

  • Vivre l'Evangile avec le roi Baudouin - L'humilité d'un roi

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    A paraître le 26 février prochain, ce livre de 96 pages publié chez Téqui (9 €) :

    Vivre l'Evangile avec le roi Baudouin - L'humilité d'un roi

    Alberic De Palmaert (Auteur principal)

  • "Ce texte est une exhortation apostolique au sens propre : un encouragement à être des apôtres"

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    Une interview du Père Thomas Michelet o.p. par Marie-Lucile Kubacki sur le site de La Vie :

    Thomas Michelet : “Pour le pape, l’Amazonie est un laboratoire pour l’évangélisation”

    12/02/2020

     
	Alessia GIULIANI/CPP/CIRIC

    Alessia GIULIANI/CPP/CIRIC

    Avec son exhortation apostolique Querida Amazonia, quel message François envoie-t-il à toute l’Église catholique ? Le dominicain Thomas Michelet, professeur d'ecclésiologie et de théologie sacramentaire à l’Angelicum, à Rome, et auteur de la somme Les Papes et l’écologie (Artège, 2016), en décrypte les enjeux.

    Le pape François a signé son exhortation apostolique post-synodale sur l’Amazonie à… Saint-Jean de Latran. Comment interprétez-vous cela ?

    Jusqu’à présent, les documents étaient effectivement signés « près de saint Pierre de Rome », donc cette signature est assez inhabituelle. Autrefois, beaucoup de documents étaient signés du Latran, car c’est là que le pape habitait, mais depuis plusieurs siècles tout ou presque était signé du Vatican. Cependant, l’exhortation apostolique qui avait suivi le synode sur les jeunes et les vocations, Christus Vivit, déjà, indiquait « à Lorette », insistant sur la dimension de sanctuaire et de religiosité populaire à laquelle il est attachée. Cette fois, en signant « près de Saint-Jean du Latran », peut-être le pape a-t-il voulu se présenter davantage comme évêque de Rome. On pourrait le voir comme un signe de synodalité. Cela ne signifie pas qu’il soit moins pape qu’il ne l’est, car il est successeur de Pierre comme évêque de Rome, et les deux sont toujours liés. Mais il se place comme évêque parmi les autres évêques, avec une place particulière : c’est ce que signifie l’expression « cum Petro et sub Petro » (« avec Pierre et sous l’autorité de Pierre », ndlr.) On pourrait dire que la signature à Saint-Jean du Latran met l’accent sur le « cum Petro », même si le « sub Petro » lui est corrélé.

    Ce qui peut être vu comme un geste œcuménique…

    Il est possible en effet d'y voir la mise en œuvre d'une nouvelle manière d’exercer le ministère du pape qui ne soit plus un obstacle pour les orientaux, ainsi que l’avait déjà formulé Jean Paul II. Plus on insistera sur la synodalité, plus les orientaux seront à l’aise, même si l’unité passera aussi par le fait de se sentir en communion avec le successeur de Pierre.

    Querida Amazonia est publiée le 12 février, anniversaire de la mort de Sœur Dorothy Stang, assassinée en Amazonie il y a 15 ans, en raison de son engagement auprès des opprimés, mais il est signé du 2 février : quel est le sens de cette autre date pour le texte ?

    Le 2 février, c’est la Présentation de Jésus au Temple, la Chandeleur, le Christ comme lumière des nations – d’où le titre au concile Vatican II de la constitution dogmatique Lumen Gentium, l’Église étant lumière de toutes les nations, et pas seulement des catholiques. C’est une manière de dire que l’Amazonie aussi est lumière des nations, car elle reçoit la lumière des nations qu’est le Christ. Ainsi, ce document sur l'Amazonie exprime non pas un mondialisme où tout le monde serait pareil, mais un respect des cultures. Au fond, le pape développe une conception écologique de la culture, il promeut une biodiversité culturelle : si l’on perd une culture, on perd quelque chose de la diversité humaine. Dans la foulée de Laudato si’, on voit se déployer une écologie intégrale qui n’oppose pas crise sociale, crise écologique et crise culturelle.

    Le pape développe une conception écologique de la culture, il promeut une biodiversité culturelle.

    Dans son texte, le pape dit vouloir « présenter » le document final du synode des évêques – où était proposé, notamment d’ordonner prêtres des diacres permanents mariés et de réfléchir au diaconat féminin –, il en recommande la lecture, mais… il ne lui donne pas valeur magistérielle. Qu’est-ce que cela signifie ?

    François ne veut pas répéter ce qui a déjà été dit dans le document du synode, mais il y fait référence. Il « invite » à lire le document du synode. Il en « reprend » les conclusions, dans le double sens du mot : il assume certaines, mais il corrige d’autres, comme la piste de l’ordination d’hommes mariés et celle du diaconat féminin. Car il ne se contente pas de ne pas en parler. Il rentre dans le problème et il distingue ce qui est réservé au prêtre et ce qui peut être assumé par des laïcs, en invitant à une réflexion sur l’articulation des deux sacerdoces, baptismal et sacerdotal. Pas question, par exemple, de « cléricaliser » les femmes en ordonnant des diaconesses alors qu’il faut déjà « décléricaliser » les clercs en ne réduisant pas le ministère à une question de pouvoir. En partageant davantage la gouvernance, on évite l’un comme l’autre.

    Quel est pour vous le fil rouge de sa réflexion sur l’Église ?

    Ce qui préside à sa réflexion c’est avant tout l’évangélisation, la proclamation de l’Évangile à toute la Création, sans quoi, écrit-il, l’Église se transformera en ONG. Il est très intéressant qu’il cite l’évangile selon saint Marc, qui parle de l’annonce de l’Évangile à toute la Création, et non pas Matthieu, qui parle de l’annonce de l’Évangile à toutes les nations. D’une certaine manière, il s’agit d’annoncer aussi aux animaux et aux plantes ! Cela signifie que l’Évangile touche notre rapport à la Création. Il ne s’agit pas seulement du salut de l’homme, mais de l’homme comme grand frère des toutes les créatures. Et ce n’est pas seulement symbolique. Dans la foulée, le pape invite à éviter deux écueils, au fond : réduire l’Église à une œuvre sociale en renonçant à annoncer le Christ ou annoncer le Christ en renonçant à annoncer la justice et la paix. Il rappelle que l’Église se définit d’abord par l’annonce du Christ, mais cette annonce du Christ doit aller jusqu’à transformer la société.

    Ce texte est une exhortation apostolique au sens propre : un encouragement à être des apôtres.

    Cette exhortation apostolique sur l’Amazonie est adressée « au monde entier » : comment le monde entier doit-il se l’approprier ?

    Tout le monde doit se sentir concerné, pas seulement parce que l’Amazonie est un écosystème ou parce que c’est le poumon de la planète, ou encore parce que c’est une culture intéressante, mais parce que dans l’évangélisation de l’Amazonie se joue quelque chose d’universel. On a accès à l’universel par le particulier, explique le pape –voilà pourquoi, aussi, il aime à se présenter comme évêque de Rome, car cette Église locale est à la fois signe de l’universel et du particulier. L’Amazonie est, dans son approche, une sorte de laboratoire pour l’évangélisation, une évangélisation qui, parfois, ne s’est pas faite si bien que cela. Cette idée était déjà à l’origine de la nouvelle évangélisation en Amérique latine il y a quelques années : on considérait que la première évangélisation avait imposé une culture européenne à des peuples qui ne l’étaient pas. Là aussi, François rappelle qu’il s’agit d’éviter deux écueils : imposer aux amazoniens de devenir européens ou considérer que, l’Amazonie n’étant pas chrétienne, pour respecter les amazoniens il faudrait renoncer à annoncer le Christ. Le pape lance même un appel d’offre à des missionnaires ! Ce texte est une exhortation apostolique au sens propre : un encouragement à être des apôtres.

  • Querida Amazonia : une exhortation plus ambiguë qu'il n'y paraît ?

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    C'est ce qui ressort des commentaires de plusieurs commentateurs (dont les positions sont très éloignées des nôtres) :

    cfr "Le Soir" de ce 13 février, p. 5 : 

    La réponse de jésuite au célibat des prêtres

    Pour Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du quotidien catholique La Croix , il faut en effet lire le point 87 de cette exhortation, dans ce qu’il dit et ne dit pas. D’emblée, cette partie postule que « la manière de configurer la vie et l’exercice du ministère des prêtres n’est pas monolithique, et acquiert diverses nuances en différents lieux de la terre ». Le texte se poursuit en pointant ce qui est spécifique au prêtre et ne peut être délégué à autrui : en l’occurrence l’eucharistie. « Il n’ouvre pas la porte à l’ordination d’hommes mariés, c’est clair, mais il ne la ferme pas non plus », traduit la journaliste, également autrice de biographies sur Benoît XVI et François. « Selon lui, c’est localement qu’il faut s’organiser. Ce qui pourrait vouloir dire que les ministères locaux peuvent eux-mêmes prendre des initiatives en fonction de leurs besoins. Il ne dit jamais qu’un prêtre doit être célibataire. » Pour Christian Terras, rédacteur en chef de la revue catholique progressiste Golias , le texte « remarquable sur le plan politique, écologique », se révèle en effet très « ambivalent », et « habile » voire « alambiqué » et « décevant » en ce qui concerne la partie ecclésiale. « Il élude la question », tranche-t-il. « Mais c’est quand même une fin de non-recevoir à la motion que les évêques amazoniens ont voté à une très large majorité. »

    Pour Jeanne Smits, sur son blog, l'exhortation est "plus ambiguë qu'il n'y paraît" :

    Querida Amazonia, chère Amazonie, l'exhortation du Pape François plus ambiguë qu'il n'y paraît

    Poésie, envolées lyriques, rêves – ils sont au nombre de quatre –, l'exhortation apostolique post-synodale publiée ce mercredi sous la signature du pape François a pris une forme étonnante et remarquable. C'est une liste de souhaits, de recommandations entrecoupée de citations littéraires, sans visée révolutionnaire immédiatement visible. Les viri probati sont passés à la trappe (mais le texte ne parle en fait pas du tout du célibat sacerdotal ni du mariage des prêtres) ; les femmes n’auront pas de ministère ordonné et c'est à travers leur génie propre qu'elles serviront (comme elles l'ont d’ailleurs toujours fait) le Christ, son Eglise et son troupeau. Ouf. Ou plutôt : grâce à Dieu.
     
    En fait, Querida Amazonía prend tout le monde à contre-pied. Les évêques d’outre-Rhin, qui dans leur majorité, derrière le cardinal Marx, pensaient que le synode sur l'Amazonie allait ouvertement permettre l'introduction d'innovations impossibles au sein de l'Eglise, à telle enseigne que Mgr Overbeck put annoncer que “rien ne serait plus jamais comme avant”, ont pris une douche froide d'une rare violence. Totalement inespérée au cours de ce pontificat.

    Cela n'a pas empêché le cardinal Marx de dire que l'ordination des hommes mariés n'avait pas été écartée par le texte, et il me semble qu'il n'a pas tort.


    Le cardinal Hummes, rapporteur général du synode, a d'ailleurs boudé la présentation de l'Exhortation en restant au Brésil, à moins qu'il n’ait pas été invité. Quand on sait que c'est lui qui a fait circuler une première version de l'Exhortation avec une mention explicite du paragraphe 111 du Document final prévoyant  la possibilité de l'ordination sacerdotale des diacres permanents, on peut imaginer qu'il l’ait mauvaise.

    Toutes les expressions les plus contestables qui ont émaillé des divers documents officiels encadrant le synode, depuis le document préparatoire de 2018 jusqu'au document final en passant par l’Instrumentum laboris brillent plutôt par leur absence. Pensez : il n'est même pas question de la « Terre-Mère », sinon dans une citation et indirectement, par le biais d’une note de bas de page !

    Quant aux contestataires, tous ceux qui ont été consternés par la cérémonies païennes aux jardins du Vatican, la présence de statuettes de la Pachamama jusque dans la basilique Saint-Pierre et tant d'autres manifestations inacceptables, en sont-ils pour autant pour leurs frais ? Peut-on dire au contraire qu'ils ont « gagné » dans ce qui apparaît assez clairement comme le résultat d'une lutte d'influences sur un homme qui semble avoir renoncé à sa manière habituelle de s'exprimer ?

    Disons d'abord ceci. En n’allant pas explicitement dans la direction souhaitée par le riche et puissant épiscopat allemand dans sa quasi-totalité, pour ce qui est des deux éléments les plus spectaculaires mis en évidence autour de ce synode, à savoir l'ordination sacerdotale d’hommes mariés et la possibilité d'un ministère ordonné pour les femmes, et ce en termes francs, le pape a sauvé quelque chose d'important et de primordial. Il a choisi de ne pas installer une confusion encore plus grande que celle régnant aujourd’hui ; il n'a pas touché à ces fondamentaux. Cette confusion aurait pu mener à une fracture irréversible. Même si à certains égards le propos reste ambigu.

    Lire la suite sur le blog de Jeanne Smits

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