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D'après Mgr Bonny, la décision de bénir les unions homosexuelles ne va pas à l'encontre du pape

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D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

L'évêque belge Bonny : Notre décision de bénir les unions homosexuelles ne va pas à l'encontre du pape

Malgré une déclaration du Dicastère pour la doctrine de la foi rejetant le soutien à la bénédiction d'unions homosexuelles, l'évêque a déduit de ses conversations personnelles avec le Saint-Père qu'il y était favorable.

19 mai 2023

L'évêque d'Anvers, en Belgique, a déclaré que parce que le pape François n'a pas exprimé son opposition spécifiquement à la décision des évêques flamands de bénir les unions de même sexe, il a pris cela comme une approbation tacite de leur action.

L'évêque Johan Bonny a déclaré dans une interview accordée le 17 mai à Katholisch.de qu'il avait eu "deux conversations" avec François et qu'il en avait déduit qu'il savait que lui et ses frères évêques "n'allaient pas à l'encontre du pape".

L'ordinaire flamand a déclaré qu'il n'était pas autorisé à partager le contenu précis de ces conversations, mais il a souligné que connaître la position du pape était "très important pour moi et pour les autres évêques de Flandre". 

Mgr Bonny et les autres évêques flamands de Belgique ont introduit une bénédiction pour les couples de même sexe en septembre 2022, en publiant un document contenant une suggestion de liturgie et de prières et en fondant leur argumentation sur l'exhortation apostolique de 2016 du pape François sur le synode de 2014-2015 sur la famille, Amoris Laetitia. 

À la question de savoir si le fait de bénir des unions homosexuelles lui posait un conflit de conscience puisqu'il allait à l'encontre d'une décision définitive du Vatican de 2021 selon laquelle l'Église n'a pas le pouvoir de bénir des unions homosexuelles, Mgr Bonny a répondu : "Non, parce qu'il s'agit du pape. Tous les hommes à Rome ne sont pas papes". 

"D'après mes conversations, je sais à quoi ressemble ma relation avec le pape François", a-t-il poursuivi, ajoutant : "Nous parlons 'cum Petro et sub Petro' - avec et sous Pierre - mais tout le Vatican n'est pas 'cum Petro et sub Petro'." 

Il a déclaré que le Vatican avait "des positions et des développements différents" et qu'il y avait "des facultés de théologie à Rome qui appartiennent également au Vatican et à l'Église catholique", mais il a ajouté : "Rome n'est pas seulement un document ou un cardinal. Non, Rome, c'est aussi l'unité dans la diversité".

Le Register a demandé au porte-parole du Vatican, Matteo Bruni, si le Vatican répondrait aux affirmations de l'évêque Bonny sur l'apparent soutien tacite du pape aux bénédictions homosexuelles, mais il n'avait pas répondu à l'heure où nous mettions sous presse. Le diocèse d'Anvers n'a pas non plus répondu aux demandes d'éclaircissements.

Bonny fait bouillir la marmite

En mars dernier, Mgr Bonny, qui milite depuis longtemps pour une plus grande acceptation des relations homosexuelles au sein de l'Église catholique, a déclaré à l'assemblée synodale de la Voie synodale de l'Église allemande que, lors de la visite ad limina des évêques flamands en novembre dernier, le pape n'avait ni approuvé ni refusé de telles bénédictions, mais qu'il avait déclaré qu'il s'agissait du domaine pastoral des évêques flamands tant qu'ils étaient tous unis.

Au cours de l'interview de cette semaine, Mgr Bonny a déclaré que lui et ses frères évêques "parlent d'une seule voix ; il n'y a pas de divisions ou de sous-groupes sur ce sujet". Il a également déclaré que les évêques flamands ne connaissaient pas les mêmes tensions avec Rome que l'Église allemande, ce qu'il a attribué à leur unité interne sur les "grandes questions" et au fait qu'il s'agit d'une petite conférence épiscopale composée de seulement huit évêques. "Nous ne représentons pas une grande menace pour Rome", a-t-il déclaré. 

Il a également déclaré que la tension entre l'Allemagne et Rome n'était "pas utile" et que Rome devrait "mieux écouter" et "ne pas être si critique, car cela n'aide personne". Il a également affirmé qu'il y avait "plus de préjugés que de jugements dans la discussion" et il a attribué une partie du différend aux différentes mentalités germaniques et italiennes. 

Certains pensent que l'évêque Bonny a influencé la réunion de la Voie synodale allemande en mars pour autoriser la bénédiction des personnes de même sexe. Il a minimisé cette suggestion mais a déclaré que "quelque chose devait être fait, et ils savent qu'à Rome aussi, les choses ne peuvent pas rester en l'état". Il estime qu'il faut trouver "une solution à la question de l'homosexualité" si l'on veut que l'Église soit missionnaire. 

"Ce n'est pas le cas en Afrique - pas encore - et ce n'est pas le cas non plus en Asie", a-t-il déclaré, mais il est convaincu que cela "arrivera certainement" et que la solution devrait être "basée sur la science humaine et la Bible, ainsi que sur la théologie morale et les considérations pastorales". 

"Le pape le sait aussi. "Il doit être le berger ou le père de tous. Il ne doit pas toujours dire oui ou non à chaque question. La papauté n'est pas là pour dire oui ou non à chaque question comme au Moyen-Âge, mais pour être un bon berger, un bon père pour toute la communauté, pour garder la communauté unie. 

"Il s'agit d'un ministère d'unité dans l'Église, d'unité dans la diversité", a-t-il déclaré, ajoutant qu'"un pape sans diversité dans l'Église n'a ni but ni mission". 

Les évêques, a-t-il ajouté, "sont chargés de créer la diversité. Non seulement nous devons créer l'unité, mais nous devons aussi créer la diversité et apporter cette diversité à Rome, dans la maison du Père, du Pape". 

Ce que dit le Vatican

Dans sa réponse du 15 mars 2021 à la question de savoir si l'Église avait le pouvoir de bénir les unions homosexuelles, la Congrégation pour la doctrine de la foi a souligné que les bénédictions sont des sacramentaux et qu'elles ont une "importance singulière" dans la liturgie de l'Église. En tant que telles, elles ne peuvent être données que sur ce qui est conforme à la nature des sacrements. Dieu, dit la CDF, "ne bénit pas et ne peut pas bénir le péché". 

Mgr Bonny a vivement critiqué la décision de la CDF, affirmant à l'époque qu'elle était contraire à la "dynamique" du Synode sur la famille de 2015 et qu'elle portait atteinte à la "crédibilité de la 'voie synodale' prônée par le pape François".

Edward Pentin a commencé à faire des reportages sur le Pape et le Vatican à Radio Vatican avant de devenir le correspondant à Rome du National Catholic Register d'EWTN. Il a également fait des reportages sur le Saint-Siège et l'Église catholique pour un certain nombre d'autres publications, dont Newsweek, Newsmax, Zenit, The Catholic Herald et The Holy Land Review, une publication franciscaine spécialisée dans l'Église et le Moyen-Orient. Edward est l'auteur de The Next Pope : The Leading Cardinal Candidates (Sophia Institute Press, 2020) et de The Rigging of a Vatican Synod ? An Investigation into Alleged Manipulation at the Extraordinary Synod on the Family (Ignatius Press, 2015). Suivez-le sur Twitter à @edwardpentin.

Commentaires

  • Il serait intéressant de savoir ce que répond Mgr Bonny à ces deux questions :

    1° Dans les deux rapports statistiques officiels sortis de l'Eglise suite à la crise des abus sexuels (John Jay Report (2004) https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Jay_report et rapport de la CIASE en France (2031), comment explique-t-il que, respectivement 83% et 80% des cas d'abus et de pédophilie viennent de prêtres homosexuels sur des garçons adolescents ?


    2° Comment explique-t-il la décision du pape Benoît XVI d'interdire en 2007 l'accès au sacerdoce aux personnes à forte dépendance homosexuelle ainsi qu'aux militants LGBT ?

  • Même Orwell n'aurait pas imaginé une pareille redéfinition de la synodalité. L'instance de l'Eglise habilitée à se prononcer sur une question le fait sans ambiguïté. Et un subalterne prétend avoir le droit de s'y opposer parce qu'il a été reçu par le pape et est le seul interprète authentique de sa volonté !
    Ne craignant aucune contradiction avec ce qui précède, le dignitaire anversois affirme également que les évêques "sont chargés de créer la diversité". Confond-il sa charge avec celle d'animateur de débats ?
    La relation d'un hiérarque avec l'autre n'a par ailleurs, dans ce cas-ci, qu'une importance secondaire. Le fait essentiel est que des évêques bénissent des actes qui suscitent la colère de Dieu. Quelle que soit leur proximité avec l'actuelle autorité romaine, ils s'opposent frontalement au projet du Créateur. C'est ce que les simples fidèles ne doivent pas oublier.

  • Pertinentes questions de la part d'Arnaud Dumouch. Mais si comme le dit l'article, bénir dans nos églises l'union les homosexuels ne va pas à l'encontre de ce pape (qui préfère s'attaquer avec hargne contre Mgr Rey plutôt qu'aux hérésies des évêques allemands) comment reconnaître en notre pontife actuel quelqu'un qui devrait être garant de la foi bi-millénaire de l'Eglise? Les fruits amers qui sont le résultat de sa politique qui fait la part belle à toutes les déviations doctrinales et liturgiques m'amènent à ,me demander s'il n'est pas davantage au service de l'esprit du monde plutôt qu'à celui de l'Esprit Saint s'il n'est pas le grand prêtre d'une religion aussi confuse et syncrétiste que mondiale qui n'a plus rien à voir avec celle des apôtres.

  • Qu'est-ce qu'un magistère qui s'exprime au travers de conversations privées dont on exprime plus ou moins le contenu mais sans être autorisé, dit-on, à en révéler la teneur exacte ? Ces conversations personnelles ont-elles une quelconque autorité ?

    En faisant des demi-révélations sur ses conversations avec le Pape, l'évêque obéit-il à la volonté du Pape ou la viole-t-il ?

    Quelle est cette distinction nouvelle et catastrophique pour l'autorité du Vatican entre Rome d'une part, c'est-à-dire apparemment la Curie romaine, et le Pape d'autre part ? L'évêque d'Anvers nous dit qu'il y aurait là deux volontés, deux doctrines différentes qui s'affronteraient. Et bien sûr, nous devons croire cette affirmation gravissime sur parole, sans l'ombre d'une preuve.

    L'évêque devra-t-il s'étonner que les fidèles de son diocèse prennent leurs distances par rapport à ses enseignements quand lui-même jette brutalement le discrédit sur l'autorité des prélats de la Curie?

    Le Pape a-t-il affirmé que ..., a-t-il laissé entendre que ..., a-t-il sous-entendu que ... ?

    Voilà autant de questions qui, apparemment, resteront sans réponse.

    On atteint des sommets d'ambiguïté. La barque tangue plus que jamais.

    Jacques F

  • Pauvre père Bonny (j'hésite à lui donner du "monseigneur") qui ne se rend pas encore compte qu'il est le prototype des évêques qui, demain, auront des diocèses sans fidèles et sans prêtres. Sans prêtres ? Ça semble être le cadet de ses soucis tout comme sa préoccupation première est de faire passer ses opinions personnelles avant les enseignements de l'Eglise catholique. Je dis bien : "catholique".

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