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Célibat, avortement, pédophilie, cléricalisme, Ukraine... une nouvelle interview du pape

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Du site "Silere non possum" :

PAPE FRANCOIS : LA PEDOPHILIE DANS L'EGLISE ? LE CÉLIBAT N'A RIEN À VOIR AVEC CELA

Le pape donne une interview à Telemundo et aborde un certain nombre de sujets : la guerre en Ukraine, le célibat, la pédophilie et le cléricalisme.

Quelqu'un a-t-il réussi à comptabiliser le nombre d'interviews que le pape a accordées à divers journaux, chaînes de télévision, etc. Aujourd'hui, la chaîne de télévision américaine de langue espagnole Telemundo a publié une interview que François a accordée au journaliste Julio Vaqueiro (le 25 mai). 

Le pape y aborde divers sujets (pédophilie, célibat, rencontre avec Zelens'kyj) et, à quelques détails près, il répète toujours et uniquement les mêmes choses. Désormais, ces interviews sont devenues des séances de photos, le reste n'est que du copier-coller. Les sujets tabous demeurent : Rupnik, Zanchetta et autres situations inconfortables pour ce pontificat.

Vaqueiro a interrogé le pape sur le célibat des prêtres, souvent considéré comme la nature même de la pédophilie cléricale, et François a sagement répondu : "Mon cher, 32%, dans certains pays 36%, des abus ont lieu dans les familles : un oncle, un grand-père, et tous mariés, ou des voisins. Plus tard dans la vie, dans les sports, puis dans les écoles... Ce sont les statistiques, voilà ce qu'elles sont. Donc ça n'a rien à voir avec le fait que les oncles sont mariés, les grands-parents sont mariés, et parfois ce sont eux les premiers violeurs. [...] Bien sûr, je ne dis pas que c'est le cas de tous les oncles ou grands-parents. Je parle des statistiques". 

Les remarques stériles sur le cléricalisme, devenu un mantra pour François, n'ont pas manqué, surtout depuis qu'il a vu les médias le relancer avec enthousiasme. Toujours au sujet des femmes au service de l'État de la Cité du Vatican, J. Bergoglio a déclaré : "Bien sûr, une partie de ce pastoralisme incluait des femmes qui ont beaucoup changé à l'intérieur. Elles sont très, très exécutives, très pratiques : le vice-gouverneur est une femme. Beaucoup de choses ont été changées, mais tout cela a été demandé par les cardinaux qui se réunissent lors des réunions clés qu'ils convoquent". (...)

Il est également intéressant de noter comment le pape répond aux questions. Vaqueiro demande : "Vous avez changé beaucoup de choses, qu'aimeriez-vous changer à nouveau ?". Bergoglio ne répond pas : "Bah vous savez, nous verrons, peut-être que mon successeur poursuivra alors mon travail". Non. Cette hypothèse n'existe pas dans son esprit. Le pape dit : "Tout". Selon lui, tout doit donc encore être changé.

L.M.

Silere non possum

Julio Vaqueiro : Votre Sainteté, merci beaucoup de nous avoir accordé votre temps et de vous être joint à nous. Comment vous sentez-vous ? Comment va votre santé ? (on sait que, depuis hier, le pape s'est senti fatigué et fiévreux et reste confiné à la maison Santa Martha. ndb)

Pape François : Beaucoup mieux. Je peux maintenant marcher. Ils ont réparé mon genou et avant je ne pouvais pas marcher. Maintenant, je marche à nouveau. Certains jours sont plus douloureux, comme aujourd'hui. D'autres ne le sont pas, mais cela fait partie du processus.

Julio Vaqueiro : Vous nous avez inquiétés avec votre bronchite.

Pape François : Oui, c'était vraiment inattendu. C'était une pneumonie aiguë [...] Mais nous l'avons prise à temps, m'ont-ils dit, et si nous avions attendu quelques heures de plus, cela aurait été plus grave. Mais je suis sorti en quatre jours, je suis sorti.

Julio Vaqueiro : Je vous vois en très bonne forme.

Pape François : Je suis déjà à l'âge où l'on vous dit : "Tu as bonne mine". C'est le compliment qu'on fait aux personnes âgées (rires).

Julio Vaqueiro : Vous dites toujours aux gens : "Priez pour moi". Ressentez-vous la force de tous ceux qui prient pour vous ?

Pape François : C'est clair, c'est évident. Il y a des choses que je ne comprends pas, mais ce sont les gens qui intercèdent pour le pasteur. Parfois, les gens ne se rendent pas compte du pouvoir qu'ils ont en priant pour leurs pasteurs. Et la prière des fidèles fait des miracles, vraiment, elle fait des miracles. Elle peut prendre soin de leur pasteur. Un pasteur, n'importe quel pasteur, qu'il soit curé, évêque ou n'importe quel pasteur : c'est comme s'il était protégé, blindé, avec une armure, faite de la prière des fidèles.

Julio Vaqueiro : Au cours de ces dix années, Votre Sainteté, de toutes les choses que vous avez voulu changer dans l'Église, quelle est peut-être celle qui vous a le plus pesé, que vous n'avez pas encore réussi à changer ?

Pape François : Moi-même, très cher, j'ai du mal à changer [...] Mais, de ce que j'ai voulu changer, rien ne m'appartenait en propre. J'ai mis en pratique ce que les cardinaux, lors des réunions pré-conclaves, avaient dit qu'il fallait faire. Et quand j'ai été élu, j'ai dit : nous mettrons ces choses en pratique, n'est-ce pas ? Le système économique, les nouvelles lois de l'État du Vatican, la pastorale du service du Vatican, qui est très importante. Bien sûr, une partie de ce travail pastoral incluait les femmes, qui ont beaucoup changé en interne. Elles sont très, très efficaces, très pratiques : le vice-gouverneur est une femme. Beaucoup de choses ont changé, mais tout cela a été demandé par les cardinaux lors des réunions clés qu'ils ont convoquées.

Julio Vaqueiro : Et que pensez-vous devoir encore faire ?

Pape François : Tout. C'est drôle, plus on en fait, plus on se rend compte qu'il y a encore beaucoup à faire. C'est une chose insatiable. Par exemple, ce matin, j'ai rencontré le groupe synodal italien et, bien, il y a une augmentation des laïcs dans les positions qui sont prises, une décléricalisation. Il y a des pays qui sont trop cléricalisés et où le cléricalisme est une perversion : soit vous êtes pasteur, soit vous n'entrez même pas [dans le service]. Mais si vous êtes cléricalisé, vous n'êtes pas pasteur. Ce que je dis toujours aux évêques, aux prêtres et à moi-même : soyez des pasteurs, soyez des pasteurs.

Julio Vaqueiro : Je voudrais vous montrer quelques photos de ce que nous avons vu à la frontière entre les États-Unis et le Mexique il y a quelques jours. Il s'agit d'une petite fille, enveloppée dans une couverture à l'intérieur d'une valise, qui traverse la rivière. Ses parents la portent dans cette valise. Quel message adressez-vous au père ou à la mère de cette petite fille ? Quel est son message pour les migrants ?

Pape François : C'est un problème grave [...] le problème des migrants est grave là-bas, il est grave ici, sur les rives de la Libye. Il y a un livre en espagnol qui parle d'un garçon qui vient de Guinée. Il lui faut trois ans pour arriver en Espagne. Ils le font prisonnier, l'asservissent, le torturent et il raconte l'histoire de sa vie. Je recommande ce livre, il se lit rapidement, il est court. C'est Fratellino [le livre que François a remis aux évêques italiens lors de la session plénière]. Lisez-le et vous verrez le drame, le drame d'un migrant sur la côte libyenne. Mais ce n'est pas très différent (de ce qui arrive aux autres migrants). Pourquoi les gens émigrent-ils ? Par nécessité.

Une femme, un grand homme d'État, a dit que le problème de la migration africaine devait être résolu en Afrique, en aidant l'Afrique. Mais malheureusement, l'Afrique est esclave d'un inconscient collectif, de l'idée que l'Afrique est là pour être exploitée. Et nous sommes toujours en train de réfléchir à la manière d'exploiter l'Afrique. Nous devrions plutôt contribuer à l'élever et à l'aider à devenir vraiment indépendante, pour qu'elle ne soit pas si dépendante [...] J'ai été au Soudan, une région merveilleuse qui se reconstruit. Pourtant, des puissances étrangères y installent rapidement leurs industries, non pas pour faire grandir le pays, mais pour le faire disparaître. Je ne dirai pas tout, je ne veux pas nommer de pays, mais le problème de l'Afrique, c'est que cet inconscient politique malhonnête croit toujours que l'Afrique doit être exploitée et cela n'a pas changé. D'où toutes les migrations.

Julio Vaqueiro : Il y a quelques mois, nous avons interviewé le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu, qui a dit que "migrer, c'est mourir un peu", êtes-vous d'accord ?

Pape François : Toujours, parce qu'on laisse sa patrie derrière soi. Je suis fils d'immigrés et j'en ai fait l'expérience chez moi.

Julio Vaqueiro : Vous êtes vous-même un migrant, mais vous êtes aussi un pape.

Pape François : Je suis né à Baires [Buenos Aires] mais mon père était un migrant, mon père était déjà comptable à la Banque d'Italie quand il s'est installé là-bas.

Julio Vaqueiro : Et vous, qui vivez à Rome, vous finissez par être un migrant ici aussi. Vous sentez-vous aussi un peu mort en tant que pape migrant ?

Pape François : On laisse toujours quelque chose derrière soi. Le mate [boisson traditionnelle argentine] que vous préparez avec un thermos n'est pas le même [il fait un geste avec ses mains] que le mate que votre mère vous donne, ou votre tante ou votre grand-mère, chaud et frais. Ce n'est pas la même chose. L'air avec lequel vous avez grandi vous manque.

Il existe un très beau poème de Nino Costa, en piémontais, qui raconte l'histoire des migrants. Il s'intitule Rassa nostrana, notre race. Il raconte le destin d'un migrant qui part et revient plein d'argent, qui arrive en Amérique. Puis il meurt dans un endroit inconnu et sa vie se termine dans un cimetière. Un migrant peut devenir riche et tout va bien, ou bien il finit par souffrir énormément s'il n'est pas bien accueilli. L'Argentine, en ce sens (et tout ce que je dis, je le dis par amour pour mon pays, par amour pour la vérité), est une terre de migrants. Et nous, si je ne me trompe pas, sur nos 46 millions d'habitants, seuls 600 000 sont des aborigènes, les autres sont des migrants de la guerre : Espagnols, Italiens, Libanais et Polonais, tous, Français, Allemands. C'est un pays d'immigrants. C'est un cocktail.

Julio Vaqueiro : Je voudrais vous interroger sur la guerre en Ukraine. Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy dit qu'il n'a pas besoin d'intermédiaires, mais en fait il vous a demandé d'adhérer à sa formule de paix, qui exige que la Russie rende les territoires qu'elle a pris. Pense-t-il que la Russie doive le faire pour parvenir à la paix ?

Pape François : Ce n'était pas le ton de la conversation. Ce que j'ai dit, n'est-ce pas ? ... Il m'a demandé une très grande faveur : essayer de prendre soin des enfants [ukrainiens] qui avaient été emmenés en Russie. Il m'a demandé une très grande faveur : essayer de s'occuper des enfants [ukrainiens] qui avaient été emmenés en Russie. Ils ne rêvent pas tellement de négociations de paix, parce que le bloc ukrainien est en fait très fort : toute l'Europe, les États-Unis. En d'autres termes, ils disposent d'une force très importante. C'est vrai ? Ce qui lui fait très mal, et pour lequel il demande une collaboration, c'est la tentative de ramener ces enfants en Ukraine.

Julio Vaqueiro : Pour parvenir à la paix, pensez-vous que la Russie devrait restituer ces territoires ?

Pape François : C'est un problème politique. La paix sera atteinte le jour où ils pourront se parler, seuls ou par l'intermédiaire d'autres personnes.

Julio Vaqueiro : Aux États-Unis, il y a un grand débat, Votre Sainteté, sur l'avortement. Nous connaissons la position de l'Église, mais pensez-vous qu'une femme qui a été violée a le droit de ne pas avoir son bébé, qui est le produit de ce viol ?

Pape François : Je dis ceci à propos de l'avortement : dans n'importe quel livre d'embryologie de deuxième année d'université, il est dit qu'un mois après la conception, avant même que la mère ne soit consciente [qu'elle est enceinte], tout le système organique est déjà conçu à l'intérieur et l'ADN est clair. En d'autres termes, il s'agit d'un être vivant. Je ne dis pas une personne, mais un être vivant. Je me pose donc une question : est-il permis d'éliminer un être vivant pour résoudre un problème ? Deuxième question : est-il licite d'engager un tueur à gages pour résoudre un problème ? Et voilà. Vous ne me ferez pas sortir de là. Parce que c'est la vérité.

Julio Vaqueiro : Vous avez parlé de la possibilité de revoir le mandat du célibat dans l'Église. Pensez-vous que le célibat est lié, a quelque chose à voir avec l'abus d'enfants dans l'Eglise ?

Pape François : Mon cher, 32 %, voire 36 % dans certains pays, des abus sont commis au sein de la famille : un oncle, un grand-père, tous mariés, ou des voisins. Plus tard dans la vie, dans les sports, puis dans les écoles... Ce sont les statistiques, voilà ce qu'elles sont. Donc ça n'a rien à voir avec le fait que les oncles sont mariés, les grands-parents sont mariés, et parfois ce sont eux les premiers violeurs. [...] Bien sûr, je ne dis pas que c'est le cas de tous les oncles ou de tous les grands-parents. Je parle des statistiques.

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