Du National Catholic Register :
"Fiducia Supplicans" : Un leadership sans équivoque est nécessaire pour gérer les retombées
EDITORIAL : La confusion persistante autour du document du Vatican du 18 décembre est une preuve récente de ce phénomène.
4 mars 2024
Le 7 mars, l'Église catholique célèbre le 750e anniversaire de la mort de l'un de ses plus grands penseurs et enseignants, saint Thomas d'Aquin.
L'un des titres de l'Aquinate est celui de "Docteur commun", ainsi choisi en raison de son don extraordinaire pour articuler et défendre les vérités communes de notre foi catholique. Cette unité de la foi est ce qui unit les catholiques du monde entier. En d'autres termes, la foi proclamée à Oulan-Bator, en Mongolie, est, ou devrait être, la même qu'aux États-Unis.
Mais cette unité cruciale est menacée par la confusion qui règne dans de nombreux milieux depuis la publication, le 18 décembre, de Fiducia Supplicans. Cette déclaration controversée, rédigée par le cardinal Víctor Manuel Fernández, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, et approuvée par le pape François, définit les paramètres des bénédictions "non liturgiques" des couples en situation "irrégulière". Il s'agit des couples de même sexe, des couples hétérosexuels divorcés civilement et remariés, et des couples non mariés qui cohabitent.
L'accueil réservé à Fiducia Supplicans a été loin d'être uniforme. Alors que certains cardinaux et évêques occidentaux l'ont accueillie favorablement, les responsables de l'Église dans une grande partie de l'Afrique et dans d'autres parties du monde l'ont catégoriquement rejetée. Cela signifie que ces bénédictions ont lieu dans certains endroits, mais pas dans d'autres.
Pourquoi est-ce un problème ? Parce que nous sommes une Église universelle, pour commencer. Nous vivons également à l'ère de l'internet, de sorte que si la bénédiction d'un couple homosexuel en Belgique peut ne pas troubler ou affliger de nombreux catholiques belges, elle peut scandaliser les fidèles du Ghana ou du Mexique une fois qu'ils en auront pris connaissance.
C'est déjà le cas. La semaine dernière, nous avons vu des scandales éclater en Espagne, où deux hommes catholiques ont organisé ce qui semblait être un mariage très fréquenté dans une chapelle catholique privée, et en Uruguay, où l'évêque local et même le nonce apostolique du pays ont approuvé la bénédiction d'un couple homosexuel très médiatisé, alors que le document du Vatican précise que ces bénédictions sont censées être simples et "spontanées".
Aujourd'hui, un éditorial du Vatican vient encore brouiller les pistes de la Fiducia.
Rédigé par Andrea Tornielli, directeur éditorial du dicastère pour la communication, l'éditorial tente de démontrer qu'un document sur les prières pour les malades, publié en 2000 par le cardinal Joseph Ratzinger sous le pontificat de Jean-Paul II, a établi un précédent pour la distinction entre les bénédictions liturgiques et les bénédictions non liturgiques. Cette distinction est au cœur de Fiducia Supplicans.
Cependant, il est difficile de voir comment les deux documents sont liés. L'"Instruction sur les prières de guérison" du cardinal Ratzinger fait effectivement référence à la prière "liturgique" et à la prière "non liturgique", mais elle se concentre sur la réglementation des réunions de prière destinées aux personnes en quête d'une guérison physique ou spirituelle. Elle a été élaborée en réponse à la fréquence croissante de ces réunions qui se tenaient en dehors des églises et échappaient à la surveillance des autorités ecclésiastiques. Et s'il est vrai qu'il apporte en quelque sorte un soutien à Fiducia, comme l'affirme Tornielli, pourquoi n'est-il cité nulle part dans ce document ?
Une lecture charitable de l'éditorial du Vatican y verrait une tentative sincère de trouver un moyen d'harmoniser l'initiative du pape François dans Fiducia Supplicans avec les travaux de ses prédécesseurs, et non une tentative à peine voilée de détourner les critiques de la Fiducia en jetant Benoît XVI et Jean-Paul II sous le bus.
Quoi qu'il en soit, l'archidiocèse de Madrid a montré une bien meilleure façon de répondre à la confusion entourant Fiducia.
Suite à des informations sur une cérémonie de mariage impliquant deux hommes (mais apparemment pas un prêtre) dans une chapelle privée de la ville d'El Escorial, près de Madrid, l'archevêché a publié une déclaration ferme, affirmant que la chapelle familiale serait soumise à des "effets canoniques" et à une déconsécration. L'archidiocèse est d'ailleurs dirigé par le cardinal José Cobo Cano, qui a reçu son chapeau rouge du pape François en septembre dernier et qui a soutenu ouvertement la Fiducia depuis sa publication.
Notre Église a besoin de ce type d'approche claire et sans équivoque face à la situation difficile à laquelle nous sommes confrontés. Rien de moins ne peut maintenir l'unité de la foi que saint Thomas d'Aquin a consacré sa vie et son immense intelligence à sauvegarder.