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Culture cathophobe : créer une "ligue anti-diffamation" ?

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Décidément, le culturellement correct est très envahissant. Jusqu'à s'emparer des hauts lieux de notre histoire chrétienne en Belgique tels que l'abbaye de Villers-la-Ville. Celle-ci est le théâtre d'un spectacle adapté du "Nom de la Rose" d'Umberto Eco.

Cette oeuvre est une caricature de la vie monastique médiévale véhiculant les habituels poncifs anticatholiques; le spectacle bénéficie déjà des encensements des journaleux de service dans les pages "culture" de différents quotidiens. Que le roman soit bien ficelé, qu'Eco soit un écrivain reconnu, que le spectacle soit bien enlevé, etc, n'empêche que cette entreprise associée à cette belle abbaye brabançonne participe aux fantasmes anti-catholiques du "culturellement correct". Et le quidam qui applaudira en poussant des "oh!" et des "ah!", ignorant l'histoire réelle, ne pourra que succomber sous le charme d'une oeuvre brillante et de son adaptation probablement talentueuse... Voilà comment le travail de sape va son chemin en empruntant les chemins de la culture et en n'hésitant pas à s'approprier les hauts-lieux du christianisme.

Mais c'est assez, et comme le disait Vittorio Messori, de trop nombreux mythes circulent. Un exemple: l'extermination des cathares à laquelle il est fait allusion dans "le Roman de la Rose". Et Messori de nous suggérer de suivre l'exemple des Juifs afin de protéger la vérité historique…

Voici notre traduction d'un article paru en juin 2009  sur "noxilandia" et intitulé "Una lega anticalunnia in  difesa dei cattolici" :
(http://noxilandia.wordpress.com/2009/06/02/vittorio-messori-una-%C2%ABlega-anticalunnia%C2%BB-in-difesa-dei-cattolici/) (lire la suite)

"Depuis longtemps, on préconise que les catholiques, désormais réduits à une minorité (au moins sur le plan culturel), devraient suivre l’exemple d'une autre minorité, celle des Juifs. Ce qu’ils devraient, c'est créer eux aussi une « Anti-Defamation League »,  une «Ligue anti-diffamation», qui interviendrait dans les médias pour rétablir les vérités historiques tronquées, sans prétendre à une forme de censure ou à aucun privilège, mais seulement à la possibilité de procéder à des ajustements fondés sur des données exactes et sur des documents authentiques.

Prenez, par exemple, le cas des cathares (connus comme « albigeois » en France), très à la mode aujourd’hui (on en parle beaucoup dans le Da Vinci Code) et que l’on voudrait réhabiliter, en oubliant qu'ils constituaient un groupe sinistre et féroce, une secte sanguinaire d'origine asiatique. Paul Sabatier - historien du Moyen Age qui est d’autant moins suspect puisqu’il est ministre calviniste - a écrit: "La papauté n'a pas toujours été du côté de la réaction obscurantiste: quand elle a vaincu les cathares, sa victoire était celle de la civilisation et de la raison." Et un autre protestant, érudit radicalement anti-catholique et spécialiste célèbre de l’Inquisition, l'Américain C. Henry Léa: "Une victoire des cathares aurait reconduit l'Europe à l'époque des sauvages primitifs."

D’une campagne catholique contre un groupe sectaire, soutenu par la noblesse du sud de la France, non pas pour des raisons religieuses, mais parce qu'ils voulaient mettre la main sur les terres de l'Église, on ne retient que le siège et la prise de Béziers, en juillet 1209. Je vois à présent dans le «Messagero», un vulgarisateur de l'histoire tel que Roberto Gervaso qui n'hésite pas à attribuer la réplique « Tuez les tous ! Dieu reconnaîtra les siens » à Dom Arnold Amalric, abbé de Cîteaux, et "conseiller spirituel" des croisés, en réponse aux barons qui lui demandaient ce qu'il fallait faire de la ville conquise. La réponse est restée célèbre relayée par d’innombrables auteurs qui l’ont recopiée, "Tuez-les tous! Dieu reconnaîtra les siens ». Ce qui suivit fut un massacre qui, selon Gervaso et la vulgate actuelle qui l’a suivi - aurait fait jusqu'à quarante morts.

Celui qui nous le révèle se trouve tout de même en étonnante compagnie: même un véritable spécialiste du Moyen Age comme Umberto Eco, dans son roman « Le Nom de la Rose » accrédite  la terrible phrase de l'abbé et le nombre disproportionné de victimes. Eh bien, il se trouve que nous avons beaucoup de chroniques contemporaines de la chute de Béziers, mais aucune d'entre elle ne fait mention de « tous les tuer ». La réalité est que, plus de soixante ans plus tard, le moine Césaire de Heisterbach, qui vivait dans un monastère du nord de l'Allemagne qu’il n’a jamais quitté, a écrit une œuvre fantaisiste connue sous le nom de ‘Miracolorum Dialogus’. Parmi les «miracles», il a pensé à inventer celui-ci: alors que les Croisés procédaient au massacre de Béziers (dont Césaire ignorait la localisation), Dieu avait « reconnu les siens », permettant à ceux qui n’étaient pas des cathares d’échapper au massacre. Somme toute, les paroles attribuées à Dom Arnold ont la même fiabilité que la fameuse réplique "Et pourtant elle tourne!" qui aurait été fièrement prononcé par Galilée face à ses juges, alors qu’elle a été inventée à Londres, en 1757, près d'un siècle et demi plus tard, par l'un des pères du journalisme, Giuseppe Baretti.

En fait, à Béziers, en 1209, les catholiques voulaient si peu un massacre qu'ils envoyèrent des ambassadeurs aux assiégés, leur proposant, s’ils se rendaient, d’avoir la vie et les biens saufs. Par ailleurs, après une longue période de tolérance, le pape Innocent III ne s’était résolu à la guerre que lorsque les Cathares, l’année précédente, avaient assassiné son légat qui leur avait proposé un accord de paix. Des tentatives pacifiques dues à l’initiative de grands saints comme Bernard et Dominique ont échoué également. A Béziers également, les cathares firent la preuve de leur fanatisme quand on leur proposait de négocier: ils ont tenté, pour l’occasion, une sortie soudaine, mais, malheureusement pour eux, les premiers qu’ils rencontrèrent furent les ribauds, les Ribaldi, dont le nom a pris l’inquiétante signification que nous connaissons. C’était, en fait, des compagnies de mercenaires et d'aventuriers de mauvaise réputation. Cette bande d'irréguliers, non seulement rejetèrent les assaillants mais les poursuivirent jusque dans la ville. Lorsque les dirigeants catholiques accoururent avec les troupes régulières, le massacre avait déjà commencé et il n'y avait aucun moyen d'arrêter ces "ribauds" enragés.

Mais vingt, ou même quarante mille morts?! Il y eut un massacre, qu’il faut resituer dans la mentalité de cette époque et expliquer par l'exaspération causée par la cruauté des cathares, non seulement à l’égard des catholiques qu’ils persécutaient depuis des années et pas seulement à Béziers ans. Seul un conteur à la Dan Brown peut évoquer pour des gens peu méfiants « la douceur des albigeois ». Toutefois, l'évènement aurait eu lieu principalement dans l'église de la Madeleine, qui, bondée, ne pouvait accueillir plus d'un millier de personnes. Béziers dépeuplée et ruinée? Cela ne semble pas exact, puisque la ville s’est réorganisée peu après pour soutenir un nouveau siège. En bref: un cas de manipulation idéologique, entre mille autres. Un "Ligue anticalomnie" ne bénéficierait pas seulement aux catholiques, mais à un jugement équitable et fiable sur le passé d'une Europe forgé également par l'Eglise durant de nombreux siècles…"

Commentaires

  • Le phénomène cathare est littéralement exploité sans vergogne dans la région où il constitue un fonds de commerce touristique. Les guides locaux ne s'encombrent pas de nuances, ils savent ce qui va plaire à leurs visiteurs :attaquer l'Eglise évidemment seule coupable dans cette affreuse tragédie.

    Il faut bien savoir que si l'hérésie cathare s'était étendue dans toute l'Europe ils'en serait suivi une catastrophe démographique empêchant l'éclosion de notre civilisation, mais de cela les guides officiels ne soufflent mot. J'ai trouvé la visite de tous ces beaux sites assez pénible à cause de ce manque d'honnêteté intellectuelle.

  • Merce de ces précisions et, je le constate, nous sommes comme endoctrinés par une vulgate qui nous donne l'impression d'être éclairés alors qu'il ne s'agit là que d'une présomption...mais le tir sera bien difficile à changer. Il faut impérativement aborder l'Histoire, comme discipline académique, avec plus de nuance et reviser nos prétendus savoirs...

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