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Abbé Pierre-Hervé Grosjean (34 ans) : le style nouvelle évangélisation ?

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Extraits de l’article publié sur le site de « Valeurs actuelles » :

imagesCA2NFL1T.jpg(…) « J’ai toujours eu l’intuition qu’il me fallait servir une grande cause. » Laquelle ? La France, répond-il d’abord, après son baccalauréat. Comment ? Il songe à la politique, préfère l’armée.

Admis en classe préparatoire au Prytanée de La Flèche, il décidera pourtant au bout d’un an d’« aller un peu plus loin dans le don », en choisissant la plus grande des causes. « C’est au sein du scoutisme que j’ai trouvé ma vocation, au contact d’un aumônier dont la joie de servir m’a profondément marqué. » Entré au séminaire à 19 ans, il en sort sept ans plus tard pour son ordination à Versailles, en 2004. Aujourd’hui vicaire de la paroisse d’Houilles-Carrière, il vient d’être nommé curé de Saint-Cyr-l’École, qu’il rejoindra à la rentrée.

Les jeunes qui le côtoient – ils sont nombreux – le disent très accessible : « Il rappelle tous ceux qui lui laissent un message sur son portable, dont il donne facilement le numéro. » Et les invite souvent à partager une bière. Beaucoup se transmettent le texte d’une conférence qu’il a faite à l’invitation des Associations familiales catholiques : “Aimer en Vérité”. Il y rappelle, avec humour et sans détour, l’enseignement de l’Église sur l’amour, à l’âge où garçons et filles découvrent les jeux de la séduction : « Ni trop tôt, ni trop près, ni trop vite, leur dit-il, pour éviter d’arriver à 25ans avec le coeur usé. » Ce style direct lui vaut une réelle audience parmi les jeunes, mais c’est surtout son exigence qu’ils apprécient. « L’Église vous montre le sommet », leur dit-il dans sa conférence. « Il est carré », résume l’une de ses lectrices.

Hyperactif dans la “cathosphère” (il compte plus de 4000 “amis” sur Facebook et presque 5 000 abonnés sur Twitter), il anime aussi le Padreblog, avec deux autres prêtres engagés dans la pastorale des jeunes, l’abbé Seguin, aumônier de Saint-Jean-de-Passy, à Paris, et l’abbé Amar, vicaire au Chesnay.(…)

Les nouveaux médias sont une terre de mission qu’il défriche avec allégresse : « L’époque est stimulante. Ces nouveaux médias sont des moyens que la Providence nous offre pour partager le message du Christ, au-delà des limites de nos paroisses et de nos fidèles. Les catholiques attendent de l’Église une parole réactive sur les sujets d’actualité. Ils nous le disent : “Aidez-nous à réfléchir, aidez-nous à discerner.” Padreblog n’est pas un blog d’humeur ni d’opinions mais un outil d’apostolat. » Le moyen de diffuser une parole d’Église… sans langue de buis !

Pour l’abbé Grosjean, cet engagement dans la vie de la cité n’est pas circonstanciel : il ne suffit pas de répondre aux attentes de jeunes en quête de repères, voire de chrétiens désorientés par la marche du siècle, il s’agit surtout de suivre l’exhortation du pape incitant les catholiques à « animer chrétiennement l’ordre temporel, tout en en respectant […]la légitime autonomie ». C’est ce qu’a écrit le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, dans sa Note doctrinale sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique, publiée en 2002 – un document d’une importance capitale, auquel l’abbé Grosjean a consacré son mémoire de maîtrise de théologie morale.

« Ce qui m’a passionné dans cette note, explique-t-il, c’est que l’Église souligne à la fois la complexité de cet engagement et son exigence. C’est un guide précieux pour les chrétiens, qui doivent se garder, dans la société actuelle, de deux tentations : la dilution et le repli sur soi, qui sont des renoncements. Benoît XVI les enjoint à participer à la vie publique sans dissoudre le message évangélique, en restant fidèles aux “principes non négociables” : la dignité de la personne humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, la famille fondée sur l’union stable d’un homme et d’une femme, le droit pour les parents de choisir l’école de leurs enfants. Ces principes ne sont pas destinés à marginaliser les chrétiens, ils sont au contraire à porter au coeur de ce monde. » Nommé par Mgr Aumonier secrétaire général de la commission “éthique et politique” du diocèse de Versailles, le père Grosjean s’emploie activement à les porter auprès des élus et des décideurs économiques. Il le fait en animant différents cercles, destinés à des publics divers. Par exemple Aletheia (“vérité”, en grec), un réseau de150 jeunes professionnels et dirigeants qui se réunissent quatre fois par an autour d’une personnalité.(…)

« Le but est de rassembler et d’accompagner des chrétiens exerçant des responsabilités dans la vie du pays et de leur donner l’occasion de réfléchir, d’exercer leur jugement et d’éclairer leur conscience en souhaitant qu’ils puissent, là où ils sont, mettre en oeuvre les valeurs de l’Évangile », souligne l’abbé Grosjean. Parmi les personnalités invitées depuis juin 2008 : Laurent Wauquiez, Christine Lagarde, alors ministre des Finances, Nathalie Kosciusko-Morizet et Claude Bébéar.

Une autre association, Acteurs d’avenir, est en quelque sorte l’antichambre d’Aletheia. Oeuvre de formation, elle propose à des étudiants, rassemblés en université d’été ou en session d’hiver, de réfléchir aux enjeux éthiques qui les attendent au cours de leur vie professionnelle et « d’en tirer la saine ambition nécessaire à leurs engagements futurs : la foi chrétienne, loin de les brider, vient donner un sens à leur désir d’entreprendre et de réussir ». La prochaine édition de ces rencontres se déroulera du 26 au 30 août, à Fontainebleau. Jean-Pierre Raffarin, Anne Lauvergeon, Geoffroy Roux de Bézieux, entre autres, interviendront devant 200 étudiants issus de l’université et de prestigieuses écoles : Normale Sup, Saint-Cyr, Sciences Po, HEC… De futurs décideurs « à valeur éthique ajoutée », résume l’abbé Grosjean.

Le Cercle Léon-XIII procède d’une autre logique. Il réunit des prêtres des Yvelines qui rencontrent de manière informelle, avec l’accord de Mgr Aumonier, un responsable politique ou économique, « pour un échange franc et libre ». Souvent à Versailles, mais pas toujours : l’an dernier, juste avant Noël, Nicolas Sarkozy les avait invités à dîner à l’Élysée, sur le conseil de Camille Pascal, la “plume” de l’ex-président. Discret, le père Grosjean ne dit rien de cet entretien, mais on sait que la conversation avait roulé sur la jeunesse, l’éducation, le calvaire des chrétiens d’Orient. Et que le chef de l’État avait incité les prêtres à « sortir des catacombes », en regrettant la disparition des grandes voix catholiques.

« L’Église ne défend pas ses intérêts : comme elle est au-delà des partis, elle a le devoir et la liberté absolue d’alerter les consciences sur les dérives et les transgressions qui mettent en danger l’homme et, au contraire, d’encourager tout ce qui concourt à promouvoir la dignité humaine. L’Église est un signe de contradiction pour notre temps », rappelle l’abbé Grosjean.

« Nous espérons et nous souhaitons que, devenu président des Français, François Hollande prenne du recul, de la hauteur et fasse en sorte que ces promesses électorales en restent au stade de promesses de campagne », a-t-il prévenu dans le Monde, le 13 mai, en évoquant le mariage homosexuel et l’euthanasie. Sinon ? « Nous serons au rendez-vous. » Fabrice Madouas

www.padreblog.fr

Tout l‘article ici :   L’abbé Grosjean, un “padre” en terres de mission

 

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