Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Jean-Paul II et l'Islam

IMPRIMER

Jean-Paul II .jpgBelgicatho a relayé ici Quand Jean-Paul II prophétisait l'invasion de l'Europe par l'Islam une surprenante « prophétie » attribuée à saint Jean-Paul II. Quoi qu’il en soit de la véracité de cette confidence de style apocalyptique, elle ne peut contredire la parole publique que ce grand Pape a exprimée à maintes reprises sur l’attitude que nous devons avoir vis-à-vis de l’Islam. Le site « Benoît et moi » propose à ce sujet la traduction d' un commentaire bien venu d’Aldo Maria Valli, un journaliste italien, licencié en sciences politiques de l’université du Sacré-Cœur à Milan. 

 «Je vois l'Église affligée d'une plaie mortelle. Plus profonde, plus douloureuse que celles de ce millénaire, celles du communisme et du totalitarisme nazi. Elle se nomme l'islamisme. Ils envahiront l'Europe. J'ai vu les hordes venir de l'Occident vers l'Orient».

Ces paroles de Jean-Paul II, citées par Monseigneur Mauro Longhi, ont fait grand bruit. Monseigneur Longhi, prêtre de l'Opus Dei, a dit (durant une rencontre publique à Bienno) que la vision lui fut décrite directement par Jean-Paul II en 1992.

Longhi, qui a pu fréquenter le Pape Wojtyla pendant des années, a confirmé dans son récit que Jean-Paul II avait une vie mystique intense, incluant même des visions. L'une d'entre elles concernait l'islam: «l'Europe sera une cave, vieilles reliques, pénombre, toiles d'araignée. Souvenirs familiaux. Vous, Eglise du troisième millénaire, vous devrez contenir l'invasion. Mais pas avec des armes, les armes ne suffiront pas, avec votre foi vécue intégralement»

On m'a demandé: mais selon toi, il est possible que Wojtyla ait parlé ainsi? Je n'ai pas de réponse. D'autre part, je n'ai aucune raison de douter de la correction de Monseigneur Longhi et de la véracité de l'histoire.

Je crois que l'épisode narré est de toute façon utile pour une réflexion, aussi brève soit-elle, sur la manière dont Jean-Paul II s'est mis en relation avec le monde islamique.

Comme nous le savons, au cours de son long pontificat, le pape Wojtyla a accordé une grande importance au dialogue avec l'islam, à tel point qu'il s'est rendu plusieurs fois dans des pays musulmans et est entré, premier pape de l'histoire, dans une mosquée de Damas en 2001.

Il existe de nombreux textes dans lesquels Jean-Paul II réfléchit sur le rapport avec l'Islam.

La base de toutes les interventions se trouve dans "Nostra aetate", le document du Concile Vatican II (28 octobre 1965) consacré au dialogue avec les religions non chrétiennes, dans lequel il est dit que «l'Église regarde avec estime les musulmans qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes».

Jean-Paul II a vraiment toujours fait preuve d'estime et de respect, mais nous ne pouvons pas ignorer les réflexions ultérieures qu'il a proposées. Des réflexions caractérisées par trois aspects: la loyauté dans la reconnaissance des différences, la nécessité de procéder toujours à la lumière de la vérité et la demande de garantir la réciprocité en matière de liberté religieuse

 

Jean-Paul II a explicitement évoqué la question de la loyauté dans le discours célèbre, historique qu'il a prononcé le 19 août 1985 à Casablanca devant de jeunes musulmans marocains. Voici le passage-clé:

«La loyauté exige aussi que nous reconnaissions et respections nos différences. Évidemment, la plus fondamentale est le regard que nous portons sur la personne et l'œuvre de Jésus de Nazareth. Vous savez que, pour les chrétiens, ce Jésus les t entrer dans une connaissance intime du mystère de Dieu et dans une communion filiale avec ses dons, bien qu'ils le reconnaissent et le proclament Seigneur et Sauveur. Ce sont des différences importantes, que nous pouvons accepter avec humilité et respect, dans la tolérance mutuelle; en cela il y a un mystère sur lequel Dieu nous illuminera un jour, j'en suis sûr».

Les différences ne doivent donc pas être effacées ou minimisées. Il n'y a pas de dialogue sincère sans une reconnaissance claire de ce qui différencie, à commencer par la figure de Jésus.

Et nous en arrivons ici à la grande question de la vérité, que Jean-Paul II ne se lassa jamais de mettre au premier plan. Comme il l'a dit dans le palais présidentiel de Carthage, le 14 juin 1996, lors du voyage en Tunisie, «se confronter dans la vérité les uns aux autres est une exigence fondamentale». Seuls ceux qui sont interprètes conscients et sincères de la foi peuvent dialoguer fructueusement: «Les protagonistes du dialogue seront en sécurité et sereins dans la mesure où ils seront vraiment enracinés dans leurs religions respectives. Cet enracinement permettra d'accepter les différences et d'éviter deux obstacles opposés: le syncrétisme et l'indifférenciation. Il permettra aussi de tirer profit du regard critique des autres sur la manière de formuler et de vivre leur foi».

Il n' y a pas de dialogue sans vérité. Si la vérité est exclue, on tombe facilement dans le mélange arbitraire des différents messages, dans la prétention de réconcilier ce qui n'est pas réconciliable et dans l'idée que chaque religion est égale à l'autre. «La grande tâche de la vie est de rechercher la vérité de Dieu et sa justice» (Discours dans la mosquée Omayyade, Damas, 6 mai 2001).

De ce point de vue, Jean Paul II n'a jamais caché le point crucial de la vérité du Christ, comme on le lit clairement l'exhortation apostolique "Une espérance nouvelle pour le Liban" (10 mai 1997):

«L'Église catholique considère avec attention la recherche spirituelle des hommes et des femmes et reconnaît volontiers la part de vérité qui entre dans le cheminement religieux des personnes et des peuples, affirmant cependant que la vérité parfaite se trouve dans le Christ, qui est le commencement et la fin de l'histoire qui, grâce à lui, arrive à sa plénitude».

Enfin, la question de la réciprocité en matière de liberté religieuse, que le Pape Wojtyla ne manqua jamais de souligner, comme dans le message à l'occasion de l'ouverture de la mosquée de Rome (21 juin 1995):

«Dans une circonstance significative comme celle-ci, il faut malheureusement souligner que dans certains pays islamiques, il n'y a pas autant de signes de reconnaissance de la liberté religieuse. Pourtant, le monde, au seuil du troisième millénaire, attend ces signes».

Et comme dans l'exhortation apostolique "Ecclesia in Europa" (28 juin 2003), quand il écrivit:

«On comprend par ailleurs que l'Église, alors qu'elle demande aux Institutions européennes d'avoir à promouvoir la liberté religieuse en Europe, se fasse également un devoir de rappeler que la réciprocité dans la garantie de la liberté religieuse doit être observée aussi dans les pays de tradition religieuse différente, où les chrétiens sont en minorité».

A la fin de cet excursus rapide, il vaut la peine de mentionner ce que Jean-Paul II écrit dans "Franchir le seuil de l'espérance", publié en 1994, peut-être le texte dans lequel le pape exprime de la manière la plus claire son évaluation des différences radicales entre le christianisme et l'islam:

«Quiconque, connaissant l'Ancien et le Nouveau Testament, lit le Coran, voit clairement le processus de réduction de la Révélation Divine qui s'est accompli dans le Coran. Il est impossible de ne pas remarquer l'éloignement de ce que Dieu a dit de Lui-même, d'abord dans l'Ancien Testament par les prophètes, puis définitivement dans le Nouveau par son Fils. Toute cette richesse de l'autorévélation de Dieu, qui constitue le patrimoine de l'Ancien et du Nouveau Testament, a en fait été mise de côté dans l'islam. Au Dieu du Coran sont donnés des noms parmi les plus beaux connus par la langue humaine, mais finalement il est un Dieu extérieur au monde, un Dieu qui n'est que Majesté, jamais Emmanuel, Dieu-avec-nous. L'islamisme n'est pas une religion de rédemption. Il n'y a pas de place en lui pour la Croix et la Résurrection. Le drame de la rédemption est complètement absent. Non seulement la théologie mais aussi l'anthropologie de l'Islam est très éloignée de la théologie chrétienne [...]. Le Concile a appelé l'Église à dialoguer aussi avec les disciples du "Prophète" et l'Église continue sur cette voie [...]. Il y a cependant des difficultés bien réelles. Dans les pays où les mouvements fondamentalistes arrivent au pouvoir, les droits de l'homme et la liberté religieuse sont malheureusement interprétés de façon très unilatérale: la liberté religieuse est comprise comme la liberté d'imposer la "vraie religion" à tous les citoyens. La situation des chrétiens dans ces pays est parfois même dramatique».

Ces évaluations furent-elles aussi le résultat de visions de caractère mystique? Mgr Longhi dit que oui. En tout cas, quelle qu'en soit l'origine, ces analyses ne doivent pas être oubliées, surtout dans une saison comme celle que nous traversons.

Jean-Paul II et l'Islam

JPSC

Les commentaires sont fermés.