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  • Concert « Bach inspiration V » le dimanche 18 juin prochain à 17h00 à l’église du Saint-Sacrement (Bd d’Avroy, 132 à Liège).

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  • Pourquoi le pape François n'est jamais rentré chez lui

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    D'Edgar Beltran sur The Pillar :

    Pourquoi le pape François n'est jamais rentré chez lui

    16 mai 2023

    Avant que le cardinal Jorge Bergoglio n'embarque sur un vol de Buenos Aires à Rome en février 2013, il a dit au recteur de sa cathédrale : "Nos vemos a la vuelta" - "au plaisir de se revoir". "Nos vemos a la vuelta" est une façon particulièrement argentine de dire "à bientôt" - pas tout à fait "au revoir". Cela semblait être le bon adieu alors que Bergoglio se rendait à un conclave papal, avec l'espoir qu'il reviendrait quelques semaines plus tard à son travail d'archevêque de Buenos Aires.

    Le collège des cardinaux a eu d'autres projets et a élu Bergoglio évêque de Rome. Cela fait donc plus de dix ans que le pape François n'est pas retourné dans son pays natal, l'Argentine. Mais alors que le pape a, pendant des années, tergiversé à l'idée de retourner dans son pays d'origine, il a commencé à évoquer cette perspective. Lors d'entretiens accordés ce printemps aux médias argentins pour commémorer les dix ans de son pontificat, le pape François s'est montré intéressé par un retour dans son pays natal en 2024, soit 11 ans après avoir fait ses valises pour un rapide voyage à Rome.

    Mais ce n'est pas un hasard si François annonce une visite pour 2024. Depuis des décennies, le pontife entretient des relations compliquées avec la classe politique de son pays, et la perspective d'une visite papale a toujours été susceptible d'être politisée en Argentine, d'une manière que François préférerait probablement éviter. Mais 2024 pourrait bien ouvrir une fenêtre permettant au pape de revenir.

    Pourtant, la décision est loin d'être certaine. Même s'il a manifesté son intérêt pour un voyage en 2024, aucun plan concret n'a été mis en place. "Il n'y a eu aucun contact avec la conférence épiscopale au sujet de la visite", a déclaré un porte-parole de la conférence épiscopale argentine à The Pillar. "Il a seulement exprimé un profond désir de venir en Argentine en 2024, mais il n'y a rien de prévu à notre connaissance", a déclaré le porte-parole.

    Alors, qu'y a-t-il de si spécial à propos de 2024, et pourquoi le pape François n'est-il pas déjà revenu en Argentine ? Lorsque la réponse concerne la politique argentine, il y a toujours beaucoup de choses à déballer.

    Péronisme, kirchnerisme et dictatures

    Au cours des 80 dernières années, la politique argentine a été dominée par trois courants : Le péronisme, les différentes dictatures militaires et, plus récemment, le kirchnérisme, un mouvement populiste de gauche aux racines péronistes. 

    Le péronisme argentin est né avec la présidence de Juan Domingo Perón en 1946, un général argentin qui a tenté d'établir une troisième voie entre le marxisme et le capitalisme par le biais d'un mouvement nationaliste et populiste. "Le péronisme est un parti de masse. C'est un parti qui est né sous la protection du général Perón, avec une idéologie de droite au départ. Mais en bon parti de masse, ses idées ont pu s'adapter. C'est ainsi que le péronisme de gauche et le péronisme de droite ont fini par émerger", explique Emilio Pintos, professeur de doctrine sociale catholique à l'Université catholique argentine.

    "Les trois idées clés du péronisme sont la justice sociale, la souveraineté politique et l'indépendance économique. C'est un mouvement nationaliste qui a proposé, pendant la guerre froide, une troisième voie entre le marxisme soviétique et le capitalisme", ajoute Roberto Bosca, avocat et chroniqueur sur les questions religieuses dans plusieurs médias argentins. 

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  • Après la rencontre entre Zelensky et le pape : la diplomatie vaticane mise en pièces

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    Un article de Sandro Magister sur Settimo Cielo (traduction de Diakonos.be) :

    Diplomatie vaticane en miettes après la rencontre entre Zelensky et le Pape

    De tous les leaders rencontrés par Volodymir Zelensky à Washington et dans les capitales d’Europe, c’est certainement le Pape François qui a les positions les plus éloignées, voire divergentes par rapport aux siennes.

    Le samedi 13 mai après-midi, dans un communiqué inhabituel publié peu après la fin de l’entretien entre eux deux à Rome, le Pape François a tenu à souligner qu’il n’y avait qu’un seul point sur lequel ils étaient tombés d’accord : les « efforts humanitaires » pour les victimes de la guerre, en particulier – comme a ensuite précisé Zelensky dans son communiqué – pour la libération des prisonniers et le rapatriement des enfants ukrainiens déportés en Russie.

    En effet, le Pape avait déjà annoncé sa coopération pour la libération des prisonniers en septembre dernier, lors de la rencontre au Kazakhstan des jésuites de cette région. Il avait révélé qu’un « chef militaire qui s’occupe de l’échange des prisonniers » était venu le rencontrer au Vatican « en compagnie d’un conseiller pour les questions religieuses » de Zelensky, et que lui, François, avait immédiatement appelé « l’ambassadeur russe pour voir si on pouvait faire quelque chose ». Ce qui a été le cas avec l’échange le 22 septembre de plus de 200 combattants et de plusieurs autres par la suite. Et à présent avec l’engagement du Pape à faire ce qui était possible également pour les enfants.

    Mais c’est en revanche le Président ukrainien qui aura mis en évidence le principal point de divergence entre eux deux après leur entretien du 13 mai : « Avec tout le respect pour le Pape, nous n’avons pas besoin de médiateurs », a-t-il dit. « Étant donné que la guerre se déroule sur le territoire de l’Ukraine, le plan de paix ne peut qu’être ukrainien », en référence au plan en dix points diffusé par Zelensky en février dernier.

    La « médiation » vaticane entre Moscou et Kiev rejetée par Zelensky est celle qui a été à plusieurs reprises attribuée à la volonté du Pape, la dernière fois après les déclarations de François lui-même à bord du vol de retour de son voyage à Budapest le 30 avril, quand il avait annoncé qu’une « mission était en cours » pour la paix en Ukraine « mais qu’elle n’était pas encore publique » et que « quand elle sera publique, j’en parlerai ».

    Après cette annonce sibylline, le professeur Stefano Zamagni, qui était jusqu’au 31 mars le président de l’Académie pontificale pour les sciences sociales et promoteur en octobre dernier d’un plan de paix en sept points – immédiatement très critiqué pour son déséquilibre en faveur de la Russie – avait relancé son plan en insistant sur le fait qu’il était plus actuel que jamais et qu’il l’avait en son temps confié aux bons soins de la Secrétairerie d’État. Sans cependant aucune confirmation de la part de cette dernière.

    À Moscou comme à Kiev, personne ne semble être au courant de l’initiative annoncée par le Pape, alors que le Secrétaire d’État Pietro Parolin a en revanche confirmé que quelque chose était en train d’avancer. Mais il ne s’agirait pas de « médiation » mais de « mission », du mot latin « missio », qui signifie envoi. Le Pape François aurait en fait l’intention d’envoyer à Moscou et à Kiev deux cardinaux, chacun avec un appel écrit du Pape pour un cessez-le-feu, exactement comme Jean-Paul II avait envoyé les cardinaux Pio Laghi et Roger Etchegaray à Washington et à Bagdad en 2003, avec la demande écrite du Pape d’arrêter le conflit imminent en Irak.  Sans trouver d’oreille attentive, comme on s’en rappelle.

    Parmi les différents cadeaux échangés à l’occasion de la rencontre du 13 mai, le Pape François a offert à Zelensky un livre contenant un recueil de ses interventions sur la paix en Ukraine. Dans l’une d’entre elles, le Pape prononce des paroles claires en faveur de la lutte armée des Ukrainiens contre les Russes. Il s’agit de la « Lettre du Saint-Père aux peuple ukrainien » publiée le 24 novembre 2022, dans laquelle le Pape écrit à un certain moment : « Je pense à vous, jeunes, qui, pour défendre courageusement votre patrie, avez dû prendre les armes au lieu de réaliser des rêves que vous aviez cultivés pour l’avenir ».

    Et plus loin : « Je suis impressionné par votre bonne ardeur. Malgré l’immense tragédie qu’il subit, le peuple ukrainien ne s’est jamais découragé et n’a jamais cédé à l’apitoiement. Le monde a reconnu un peuple audacieux et fort, un peuple qui souffre et prie, pleure et lutte, résiste et espère : un peuple noble et martyr. Je continue à vous être proche”. »

    Cette lettre était le fruit, notamment par son style de rédaction, de la rencontre survenue à Rome le 7 novembre entre le Pape François et l’archevêque majeur de l’Église grecque catholique ukrainienne Sviatoslav Shevchuk, fortement solidaire avec la guerre patriotique combattue notamment par ses fidèles. Sa publication avait d’ailleurs marqué un tournant dans les prises de position du pape, qui n’avait jamais déclaré jusque-là approuver sans réserve la défense par les armes de l’Ukraine contre l’agression russe.

    Mais cette première intervention du Pape pour soutenir la guerre de résistance ukrainienne aura également été la dernière. Refroidissant encore un peu plus les relations entre Kiev et le Vatican sans obtenir pour autant la moindre amélioration des rapports avec Moscou.

    Depuis le début de la guerre, en effet, le Pape François n’a pas encore réussi à établir un contact direct avec Vladimir Poutine. Le 6 novembre dernier, pendant le vol de retour de son voyage au Bahreïn, le Pape a déclaré avoir demandé dès les premiers jours, via l’ambassadeur russe près le Saint-Siège, de pouvoir se rendre à Moscou pour rencontrer Poutine. Ce qui lui valut une fin de non-recevoir de la part du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui lui a répondu que « pour le moment, ce n’était pas nécessaire ». La demande et la réponse qui s’en suivit se firent par courrier et depuis lors Poutine a continué à demeurer inaccessible. Une dernière lettre de François à Poutine aurait été remise le 11 mai dernier encore une fois à l’ambassadeur russe Alexander Avdeev, reçu par le Pape en visite au terme de sa mission. On ignore avec quel résultat, pendant que l’on attend la nomination de son successeur.

    Et pourtant, les prises de position très compréhensives des « raisons » du Kremlin n’ont pas manqué dans le chef de François, en particulier ces « aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie » plusieurs fois pointés du doigt par le Pape comme étant la cause qui aurait déclenché l’agression contre l’Ukraine, « sans comprendre que les russes sont impériaux et craignent l’insécurité à leurs frontières ».

    Cette affirmation du Pape François, comme d’autres, ont contribué à faire émerger la thèse selon laquelle le Pape actuel marque un réalignement géopolitique de l’Église de Rome, non plus avec l’Occident solidaire avec Kiev, mais avec le reste du monde, avec l’Amérique latine, avec l’Afrique, avec l’Asie, avec des États tous très réticents à s’opposer à la Russie.

    C’est notamment la thèse du célèbre vaticaniste américain John L. Allen qui a fait remarquer dans la revue « The Atlantic » que, sur la guerre en Ukraine, le Pape se trouvait dans les faits plus proche des positions de l’Inde et de la Chine que des positions européennes et atlantistes.

    Avec pour conséquence de se retrouver très à la marge et désormais privé de toute capacité à influer sur les décisions de New Dehli et encore moins de Pékin, une superpuissance qui, de plus, ne craint pas d’opprimer les catholiques et d’humilier la papauté, encore dernièrement avec la nomination unilatérale à la tête du diocèse de Shanghai d’un évêque issu de l’appareil du régime de Xi Jinping.

    Mais certains tirent une autre thèse concernant l’Ukraine des libres faits et gestes du Pape François.

    Dans la revue « Il Regno », un autre vaticaniste renommé, Luigi Accattoli, après avoir énuméré quelques-unes des plus téméraires sorties de François, des « aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie » à « l’enfant de chœur de Poutine » en parlant de Cyrille, le patriarche de Moscou, loin de les critiquer, y voit le signal d’une bienfaisante « sortie de la tradition étatique et diplomatique » du Vatican, faisant partie intégrante du plus général « projet d’Église en sortie que François a érigé en devise de son pontificat ».

    Selon Accattoli, « les premiers pas ne peuvent se faire qu’à tâtons », mais « c’est quand même un bien que l’entreprise soit tentée. Ce sera l’œuvre de plusieurs pontificats ».

    Une thèse hardie s’il en est. Quoi qu’il en soit, pendant ce temps, cette diplomatie vaticane tant vantée vole en éclats notamment à cause de François et ce ne sera certainement pas la Chine, qui est ces derniers jours très active sur le front russe et européen avec son envoyé spécial Li Hui, qui pourra lui servir de nouveau modèle à suivre.

    Lire également : le Pape médiateur, une opération ratée et mal gérée

  • L'Europe, terre d'élection des Frères musulmans

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    Du site de la Nef :

    Entrisme de l’islam en Europe : entretien avec Florence Bergeaud-Blackler

    Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue, chargée de recherche CNRS (HDR) au groupe Sociétés, Religions, Laïcités à l’École pratique des hautes études (EPHE) vient de publier un livre passionnant appelé à devenir une référence, Le frérisme et ses réseaux, L’enquête (1).

    La Nef – Pourriez-vous nous définir le « frérisme » et nous expliquer son rapport avec l’islamisme ?

    Florence Bergeaud-Blackler – J’appelle frérisme une forme d’islam politico-religieux qui s’est développée dans les sociétés démocratiques sécularisées à partir des années 1960. Je le distingue de l’« islamisme » par ses moyens et son objectif. En résumé, le frérisme veut instaurer la société islamique mondiale et mondialisée en contournant le politique et en utilisant l’économie mondialisée, la culture, la soft law et le soft power, alors que les partis islamistes des pays musulmans veulent conquérir le pouvoir politique des États par les urnes ou la révolution.

    Pourquoi les Frères musulmans ont-ils choisi l’Europe comme terre d’élection ? Comment la considèrent-ils ?

    L’Union européenne est forte économiquement et culturellement, elle est faible politiquement, le frérisme est donc adapté à son milieu. Remontons un peu le temps.

    Les Frères sont des théocrates plus que des théologiens, ils sont pragmatiques et opportunistes. Quand ils se sont implantés en Europe – mais également aux États-Unis ou en Australie et Nouvelle-Zélande –, à partir des années 1960, ils possédaient le statut provisoire d’« étudiant » ou de « réfugié », et n’étaient pas destinés à vivre sur les terres de mécréance (dar el kufr), considérées comme territoires de guerre (dar el harb). Ils préparaient leur retour dans les pays d’origine du Moyen-Orient, du Maghreb ou du continent indien. Le temps passant, nombre d’entre eux ont réalisé qu’ils jouissaient d’une grande liberté d’expression et de croyance alors qu’ils risquaient la prison ou la mort là d’où ils venaient. Plutôt que de faire la hijra comme l’islam le recommande et revenir vivre en pays musulmans, ils se sont trouvé une nouvelle mission qui les mettait en conformité avec les textes : faire de leur lieu de vie une terre d’islam.
    On a là tout l’esprit du frérisme : adapter l’environnement à l’islam plutôt qu’adapter l’islam à l’environnement. Ils ont déclaré l’Europe terre de contrat (dar el ahd) et ont déployé leurs activités à partir de plusieurs centres islamiques notamment en Suisse, Allemagne, France et au Royaume-Uni. Ils ont ouvert des associations « culturelles islamiques » plutôt que « cultuelles » et se sont ainsi fondus dans le paysage associatif. Il suffisait de faire passer une pratique rituelle comme culturelle pour que peu à peu se déploie une norme islamique intégraliste. C’est par cette culture islamique mondialisée qui aujourd’hui se déploie sous le nom d’économie halal qu’ils ont progressivement conquis les sociétés consuméristes européennes. Se pensant comme les nouveaux ambassadeurs de l’islam en Europe, ils ont peu à peu pénétré les universités, les entreprises, les administrations et les institutions européennes.

    (1) Florence Bergeaud-Blackler, Le frérisme et ses réseaux, l’enquête, préface de Gilles Kepel, Odile Jacob, 2023, 400 pages, 24,90 €.

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