En Indonésie, la bonne nouvelle serait que les chrétiens de Bogor (West Java), contraints à Noël de renoncer aux célébrations religieuses faute d’un local pour les organiser, ont enfin obtenu l’autorisation de la Cour Suprême d’utiliser l’édifice dont la construction avait été suspendue en 2008 sous la pression de la « Bogor Islamic Community Association ». Mais les extrémistes musulmans, qui les accusent de pratiquer des conversions forcées, se sont opposés à la sentence et, à la faveur d’une administration locale peu portée à poursuivre les cas d’intolérance religieuse, font circuler un appel à tous les musulmans pour qu’ils se rassemblent autour de l’église, le dimanche, et fassent obstacle à la célébration de la messe.
En Chine, des dizaines de millions de chrétiens pratiquent leur foi dans la clandestinité, en petits groupes constituant des « églises domestiques », pour éviter les persécutions. Le 18 janvier, Wang Yi, le leader de l’une de ces églises, a été arrêté en même temps que trois autres fidèles alors qu’à l’aéroport de Chedgu (Etat du Sichuan), ils attendaient leur départ pour Hong Kong où ils devaient participer à une assemblée de chrétiens évangéliques. Relâchés quelques heures plus tard, ils ont tenté de regagner l’aéroport, mais ils ont encore été arrêtés par la police et ramenés dans la caserne où ils avaient déjà été détenus.
Mauvaises nouvelles encore en provenance de l’Iran où, depuis Noël, 70 fidèles ont été arrêtés, eux aussi membres de communautés domestiques, et ont été soumis à des interrogatoires violents et à des intimidations. L’agence de presse AsiaNews rapporte les déclarations du gouverneur de Téhéran, Morteza Tamadon, qui, le 14 janvier, annonçait de nouvelles arrestations imminentes de ‘missionnaires’ – c’est ainsi que Tamadon désigne les chrétiens – ; à ses eux, ce sont « des parasites coupables d’avoir créé un mouvement dissident et corrompu avec l’appui de la Grande- Bretagne sous couvert de christianisme, mais leur complot a échoué ».
En Inde, les violences des extrémistes hindous contre les chrétiens n’arrêtent pas. Les autorités des états dans lesquelles se concentrent les agressions sont à vrai dire peu disposés à poursuivre les responsables. C’est le cas de l’Etat de l’Orissa duquel, durant ces dernières années, plus de 50.000 chrétiens ont dû s’enfuir, apeurés par le développement d’un climat antichrétien et par l’impunité dont jouissent habituellement les agresseurs. Un exemple de ce climat d’insécurité dans lequel les fidèles sont contraints de vivre est l’arrestation de deux jeunes chrétiens, victimes d’un brigand hindou, arrivé dans le village de Bodimunda, le 10 janvier dernier. Ce brigand, après avoir arraché à l’un de ces deux jeunes hommes une médaille d’or représentant la Croce, a commencé à crier en accusant ces jeunes d’avoir tenté de le convertir. La police a procédé à l’arrestation de ces deux chrétiens en se fondant sur la version des faits donnée par le provcateur.
Au Pakistan, ce sont deux chrétiennes de Lahore qui ont été les dernières victimes de l’intolérance religieuse. Suite à de fausses accusations de blasphème lancées à leur encontre par des proches, elles ont été agressées le 16 janvier, battues et humiliées par une foule d’extrémistes musulmans qui les ont souillées, chargées sur des ânes et tournées en dérision à travers les rues de leur quartier. Depuis lors, elles vivent cachées dans un lieu secret. Ce qui a déclenché cette violence, c’est un débat familial à propos de l’éducation religieuse de la fille du frère chrétien d’une de ces deux femmes qui a épousé une musulmane.
Au Pakistan encore, à Karachi, les femmes du mouvement Jamat-e-Islami ont organisé le 29 janvier une marche de soutien à la loi sur le blasphème et, le jour suivant, les fondamentalistes musulmans se sont mobilisés en grand nombre pour défendre cette loi inique, menaçant de prendre d’autres initiatives au cas où Asia Bibi, condamnée à la peine capitale bénéficierait d’une remise de peine. Cette femme est en prison depuis des semaines, condamnée à mort pour blasphème, et a suscité un mouvement de mobilisation dans le monde occidental pour demander l’abolition de cette loi sur le blasphème.
Le 24 janvier, aux Philippines s’est produit un épisode de violence antichrétienne encore plus grave. Le journaliste catholique Gerry Ortega, connu par ses campagnes pour la défense des droits de l’homme, a été assassiné à Puerto Princesa, sur l’île de Parawan. Les derniers temps, il s’était voué à la cause des tribus indigènes de l’île dont la survie est menacée par des projets inconsidérés d’exploitation minière.
Anna Bono, Bussola Quotidiana, 31 janvier (traduction par nos soins)