Alors que le évêques des Etats-Unis mettent sur pied une commission pour lutter contre la christianophobie, que les évêques de France interviennent pour rappeler les vraies priorités aux candidats et aux électeurs français, que les évêques de Suisse rappellent le caractère immoral du diagnostic pré-implantatoire, etc, nos évêques sont étrangement muets.
Bien sûr, on sait que Mgr de Tournai est allé à Lille participer aux Etats-Généraux du Christianisme, que Mgr de Malines-Bruxelles était à Tirana avec les autres responsables épiscopaux des Eglises d'Europe, que Mgr de Liège a donné une interview rappelant ses priorités à l'occasion de ses dix ans d'épiscopat... mais tout cela ne fait guère le poids face à la situation dégradée de notre pays : songeons au laxisme des lois en matière de bioéthique, à la subversion de la famille (mariage homosexuel et adoption par des couples de même sexe), à la perte d'identité catholique dans les écoles "libres", au manque de rigueur des cours de religion, à la détérioration du climat économique, social et politique, aux errements de certains clercs ultra-médiatisés, aux menaces pesant sur le patrimoine religieux, ... Tout cela mériterait bien l'une ou l'autre intervention bien sentie de la part de nos évêques mais ceux-ci se taisent, tétanisés -semble-t-il - par les affaires de pédophilie. Alors, il nous faut aller glaner ailleurs les prises de position d'évêques plus "offensifs" et plus diserts.
Commentaires
Peut-être pensent-ils calquer leur attitude sur celle de Jésus face à Ponce Pilate ? Mais ce serait oublier que, si Jésus a été calomnié et traîné devant la Justice romaine, c'est pour avoir parlé haut et fort et publiquement et sans peur, et non pas pour s'être tu dans toutes les langues. Pour suivre le Christ, il faut sans doute savoir parler comme lui, avec amour mais sans peur, et oser parler de l'amour de Dieu et du prochain.
Pourquoi donc nos évêques n'osent-ils pas dire leur désapprobation face à ces lois belges qui tournent le dos à l'enseignement même du Christ ? Ont-ils peur de le dire, mais peur de quoi ? Ne savent-ils comment le dire ? Ne croient-ils pas que ces lois soient mauvaises ?
Je me demande parfois si les compromissions ou les silences d'évêques belges, face à la cathophobie et aux lois anti catholiques votées en Belgique, ne sont pas dus au statut d'inféodation de l'Église catholique belge aux autorités politiques, statut hérité de la période napoléonienne. Les évêques dépendent du bon vouloir d'un ministre des cultes qui est même parfois franc maçon. Ils n'ont donc peut-être pas envie de ruer dans les brancards, simplement pour sauver le financement des paroisses ou les rémunérations des prêtres.
Lorsque la légalisation de l'avortement a été votée, le roi Baudouin n'a-t-il pas fait preuve de plus de courage humain et de lucidité évangélique que tous nos évêques réunis ? Ce statut de tutelle de l'Église par l'État belge, qui dure depuis près de 200 ans, ne pourrait-il être revu et renégocié, pour redonner le goût de la parole d'Évangile à nos évêques ? En tout cas, ne pas réserver cette parole au petit troupeau, mais oser la dire à tous les Belges.