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Après 1500 kilomètres à pied, des mères de prêtres demandent au pape d'assouplir les restrictions sur la messe en latin

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De Jean-Marie Guénois,  rédacteur en chef du quotidien « Le Figaro » (4 mai 2022) :

voie_romaine.jpg« La trentaine de mères de prêtres français, parties le 6 mars de Paris pour joindre Rome à pied, est arrivée à bon port. Elles s'étaient mises en route pour demander au pape un assouplissement pour que les prêtres qui le désirent puissent célébrer la messe selon le rite tridentin, en usage jusqu'au Concile Vatican II (1962- 1965). Elles ont pu participer, mercredi 4 mai, à l'audience générale hebdomadaire papale, place Saint-Pierre. Une seule a toutefois pu saluer François à l'issue de l'audience.

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Le temps d'une minute, cette femme a pu lui parler et lui remettre deux mille lettres apportées depuis Paris, rédigées par des prêtres et des fidèles, implorant le pape d'adoucir la règle très restrictive qu'il a instituée le 16 juillet 2021 par le motu proprio Traditionis Custodes, un décret juridique qui limite l'usage de la liturgie traditionnelle dans l'Église.

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Souffrance de catholiques

Cette femme s'appelle Diane Sévillia, elle est la mère d'un prêtre célébrant la messe en rite tridentin appartenant à la Fraternité Sacerdotale St Pierre. Elle raconte ce qu'elle a dit au pape : « Nous sommes des mères de prêtres, nous avons marché jusqu'à vous de Paris à Rome pendant huit semaines. Nous vous apportons des milliers de lettres, expression de la souffrance de catholiques après la publication du motu proprio Traditionis Custodes. Nous vous supplions pour que nos fils prêtres, qui sont aussi vos fils, puissent célébrer la messe tridendine pour l'unité et pour l'amour de l'Église. Nous vous remercions de nous accueillir comme vous auriez accueilli votre mère. » Le pape François lui a répondu : « je connais, je connais. Merci ».

Les 30 femmes ont remis à François un sac à dos contenant deux mille lettres.

« On sent sa bienveillance », témoigne cette mère courage qui espère que cette initiative touchera le cœur de François et portera des fruits. Après cet échange, elle lui a alors remis la lettre désespérée d'un prêtre d'un diocèse où s'applique radicalement ce motu proprio et qui va donc se voir retirer le droit de célébrer cette messe, ainsi qu'une sélection de sept lettres très significatives de fidèles demandant la possibilité de suivre leurs messes selon l'ancien rite. Enfin, Diane Sévillia a également remis à François un sac à dos contenant deux mille lettres, transportées pas à pas depuis Paris, porteuse du même message.

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Après un tel effort et périple - huit semaines de marche, 1500 kilomètres, pour des femmes âgées entre 60 et 70 ans –, ces mères sont évidemment « un peu déçues » de ne pas avoir pu s'entretenir plus longuement avec le pape, ne serait-ce que pour une courte audience privée qu'elles avaient pourtant sollicitée en tant que mères de prêtres. Ces femmes ont été malgré tout consolées de voir la papamobile s'arrêter devant le carré où elles se trouvaient avec leur famille, venue les retrouver à Rome, et prendre dans ses bras deux des petits enfants, dont la petite fille de Stéphanie du Bouetiez, mère d'un prêtre du diocèse de Versailles célébrant en rite ordinaire et qui a aussi dirigé cette longue marche.

Notre pèlerinage est un succès

Lors des remerciements en différentes langues, le pape a tout de même cité publiquement la présence de l'association « la voie romaine », support de cette aventure inédite.

Malgré cette seule minute d'échanges, Diane Sévillia, - épouse de Jean Sévillia, écrivain et collaborateur du Figaro – estime : « notre pèlerinage est un succès. Tout s'est bien passé sur la route où nous avons toujours été bien accueillies. Et nous avons pu remettre, ces lettres au pape, même brièvement et lui redire notre demande, mission accomplie ! Nous allons continuer à prier et à travailler pour cela, en espérant que le pape nous entende et que quelque chose puisse se passer pour tous ces prêtres et ces milliers de fidèles attachés au rite tridentin. »

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Ref. Après 1500 kilomètres à pied, des mères de prêtres demandent au pape d'assouplir les restrictions sur la messe en latin

Qu’en est-il aujoud’hui de l’usage liturgique du latin dans l’Eglise… « latine » ?

Le missel de Paul VI (1970) peut (devrait?) être utilisé en latin mais, en Belgique en tout cas, ce rite réformé est rarement célébré de la sorte.  Par contre, le missel ante-conciliaire de saint Jean XXIII (1962) est resté ou a été remis en usage ici et là dans plusieurs diocèses, sinon tous, pour les communautés de fidèles qui en ont fait la demande à l’ordinaire du lieu de leur résidence.

A cet égard, le porte-parole des évêques de Belgique a précisé publiquement (cfr « La Libre Belgique » du 19.07.2021) qu’aucun de ces lieux de culte traditionnels ne posait de problèmes méritant les sanctions ou les contraintes prescrites par le pape François dans son motu proprio «Traditionis custodes ».

Bref, c'est une querelle sans fin ressuscitée par un pape excessif et brouillon: triste bilan, liturgique et autre, pour le règne finissant du Padre Jorge Mario Bergoglio…

Commentaires

  • Face à cette initiative si courageuse et touchante, François a fait le service minimum. Il aurait dû les recevoir à part et longuement . Il reçoit des gens douteux avec beaucoup plus de bienveillance.

  • Le titre de l'article est trompeur : ce que veulent ces personnes qui sont allées au Vatican, ce n'est pas la "messe en latin" mais la possibilité de faire comme si la restauration (et non la réforme) de la liturgie voulue par Vatican II était optionnelle. Rappelons que le problème actuel qui touche à la liturgie "conciliaire" est double : d'une part, peu de prêtre - évêques y compris - la connaissent vraiment et savent la célébrer et d'autre part, en France tout au moins, les messes célébrées en latin/grégorien n'existent que dans quelques monastères et dans quelques rarissimes paroisses.

  • Entièrement d'accord avec votre commentaire, M. Crouan.
    J'ajouterai seulement que souvent l'arbre cache la forêt. Derrière la revendication obsessionnelle de la "messe en latin", se cache un refus du Concile bien plus large que la seule question liturgique : la liberté religieuse, l'œcuménisme, la collégialité épiscopale...

  • Le temps d’une minute …

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