D'Éd. Condon sur The Pillar :
Le pape François a-t-il besoin d’une nouvelle cohorte de cardinaux ?
7 août 2024
Alors que le mois d'août, traditionnellement calme, se poursuit à Rome, le pape François se prépare à une série de voyages internationaux le mois prochain, partant le 2 septembre pour une tournée de 10 jours en Asie et en Océanie avant de revenir en Europe pour un passage par la Belgique et le Luxembourg.
Mais septembre est aussi un mois traditionnel pour les papes, dont François, de convoquer les consistoires du collège des cardinaux et de nommer de nouveaux membres.
L'an dernier, François a créé de nouveaux cardinaux lors d'une réunion consistoire prévue juste avant l'ouverture des sessions d'octobre du synode sur la synodalité, dont le dernier chapitre doit se terminer cet automne. Il y a un peu plus d'un an, le pape a annoncé la nomination de 18 nouveaux membres en âge de voter au sein de l'organisme qui élira finalement son successeur.
Mais le passage du temps signifie que depuis qu'il a annoncé pour la dernière fois une transfusion de nouveau sang cardinalice, 15 membres du collège ont eu 80 ans et sont sortis du conclave, et 12 autres devraient le faire d'ici l'année prochaine.
Le pape va-t-il donc augmenter les effectifs ? Et si oui, d'où viendront-ils ?
Il y a actuellement 124 cardinaux en âge de voter, un chiffre qui devrait tomber à 112 dans les 12 prochains mois.
L'Universi Dominici Gregis, la constitution apostolique régissant les élections papales, fixe le nombre maximum de cardinaux votants à 120. Cependant, comme ce document n'est qu'une loi ecclésiastique (par opposition à la loi divine), les papes sont libres de se dispenser de ses normes à volonté, ce qui signifie que le nombre total de cardinaux en âge de voter et le calendrier selon lequel ils sont créés sont pratiquement une question de discrétion papale personnelle.
Habituellement, les papes ont tendance à considérer la limite de 120 cardinaux votants comme un nombre minimum plutôt que maximum, en renonçant à la limite supérieure et en nommant des cardinaux par lots à l'avance pour remplacer une cohorte sur le point de vieillir.
Si François ne convoque pas un consistoire pour nommer une nouvelle liste d'ici la fin de l'année prochaine, l'Église commencerait 2026 avec seulement 106 cardinaux votants.
Le nouvel espace qui s'ouvre dans les rangs électoraux du collège offre également au pape François une fenêtre pour rétablir davantage l'équilibre géographique d'un futur conclave, avec plus d'un tiers des retraités venant d'Europe - qui compte toujours le plus grand bloc de cardinaux, malgré le déclin du nombre de catholiques.
Parmi les 32 cardinaux qui ont déjà eu 80 ans ou qui l'auront d'ici la fin de l'année prochaine, 12 seront européens, sept d'Afrique, six d'Amérique latine et d'Asie, et deux d'Amérique du Nord.
Au moment de l’élection du pape François, plus de la moitié du conclave était composée de cardinaux européens. Suite à sa liste de nominations pour 2023, ce pourcentage est tombé à 42 %. Les départs à la retraite depuis lors ont fait grimper ce pourcentage à 43 %, mais sans aucune nouvelle nomination papale, les Européens ne représenteraient que 41 % du conclave de 2026, soit le pourcentage le plus bas depuis que les conclaves ont été intégrés au processus d’élection papale.
Selon que le pape décide ou non d’augmenter le nombre de membres européens, le collège pourrait connaître une augmentation significative de la représentation relative de l’Amérique latine, de l’Afrique et de l’Asie.
Bien sûr, François est bien connu pour choisir ses cardinaux en fonction de ses préférences personnelles, et n’adhère pas nécessairement à la tradition de remettre des chapeaux rouges aux dirigeants des archidiocèses historiquement importants.