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  • La mort de Mario Vargas Llosa, un Prix Nobel de Littérature à contre-courant

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    De Stefano Magni sur la NBQ :

    DÉCÈS DU LAURÉAT DU PRIX NOBEL

    Mario Vargas Llosa, l'écrivain que l'on n'attend pas

    Mario Vargas Llosa, écrivain et prix Nobel de littérature en 2010, est décédé. Né en 1936, il était « l’intellectuel qu’on n’attend pas », anticommuniste et liberticide dans un continent de révolutionnaires.

    15_04_2025
    Mario Vargas Llosa s'adresse à une foule au Pérou en 1987 (La Presse)

    Le dimanche 13 avril, Mario Vargas Llosa, écrivain lauréat du prix Nobel de littérature en 2010, est décédé à Lima, capitale du Pérou. Né en 1936, il était « l’intellectuel qu’on n’attend pas » dans un continent comme l’Amérique latine qui, au XXe siècle, n’a produit que des penseurs révolutionnaires, collectivistes et communistes. Pour Vargas Llosa, le paradis sur terre était la voie principale vers l'enfer et, après un engouement initial pour les idées marxistes, il les combattit constamment dans sa littérature et surtout dans son activité politique.

    Les critiques littéraires sont divisés sur quel est son chef-d'œuvre. Le roman le plus cité est La Guerre de la fin du monde , qui se déroule pendant le petit conflit interne peu connu au Brésil, qui s'est déroulé en 1896-97 contre une communauté religieuse qui rejetait l'autorité brésilienne. Dès son premier roman autobiographique, La Ville et les Chiens , il prend position contre les abus de pouvoir. En conflit avec son père, qui l'envoya étudier dans un collège militaire, il développa ses idées de rébellion, embrassant d'abord la cause révolutionnaire. Comme le montre son livre de jeunesse le plus politique, Conversations dans la Cathédrale (la Cathédrale est le nom du bar où se réunissent les personnages du roman), une réflexion sur le Pérou sous la dictature. Et toujours sur la dictature, la révolution et ses conséquences est le plus récent La festa del caprone , sur la fin de la dictature du général Trujillo en République dominicaine.

    Il changea rapidement d'avis sur la révolution , surtout après la répression de Fidel Castro. En 1966, il rencontre le dictateur et après une très longue conversation en tête-à-tête, il admet ses abus de pouvoir et sa violence contre ses opposants. Vargas Llosa a également personnellement rompu son amitié avec Gabriel Garcia Marquez, un intellectuel resté fidèle à la cause castriste. Les deux hommes se sont battus physiquement, ils n'ont jamais expliqué les raisons de la bagarre, mais la politique les a certainement divisés pendant des décennies. Intellectuellement parlant, il abandonne le philosophe existentialiste français Jean Paul Sartre : « J'ai changé d'avis sur Sartre qui était l'un des penseurs que j'admirais le plus quand j'étais jeune. Il était en quelque sorte mon mentor. Cependant, il y a quelque chose chez Sartre, dans son idée de l'engagement, avec lequel je ne suis pas d'accord.

    En mars 2007, avant de remporter le prix Nobel de littérature , invité à Milan par l’Institut Bruno Leoni, il explique sa désillusion face au « paradis sur terre » promis par les révolutionnaires : « Le problème, c’est quand on veut créer des utopies collectives, quand on entend construire une société parfaite pour tous. C’est impossible, car chaque être humain est différent des autres. Ce qui peut faire rêver une personne peut dégoûter une autre. Tout au long de l’histoire, de nombreux partis ont tenté de créer des utopies collectivistes. Pour tous, le résultat a toujours été la violence la plus atroce, l'extermination, la discrimination. » Ce n'était pas seulement de la désillusion, Vargas Llosa n'a jamais cessé d'espérer. Mais l'espoir réside dans une vie personnelle épanouie, et non dans la création de modèles collectifs auxquels chacun doit nécessairement s'adapter.

    Mario Vargas Llosa a toujours nagé à contre-courant , même dans les moments les plus difficiles. En 1988, il entre en politique et deux ans plus tard, avec sa propre liste libérale, il défie le populiste Alberto Fujimori. Après avoir perdu les élections, le Pérou perdit aussi rapidement sa démocratie : en 1992, par un coup d'État, Fujimori devint dictateur et Vargas Llosa s'exila en Espagne, prenant la nationalité espagnole l'année suivante.

    Luttant toujours pour la liberté contre toutes les formes de tyrannie , il a défié l'opinion publique intellectuelle avec des batailles à contre-courant. Il s’est par exemple opposé aux restrictions sévères imposées par les gouvernements européens et sud-américains pendant la pandémie de Covid. Dans son manifeste Comment éviter que la pandémie ne devienne un prétexte à l’autoritarisme , il a déclaré, entre autres : « Certains gouvernements ont identifié une opportunité de s’arroger un pouvoir disproportionné. Ils ont suspendu l’État de droit et même la démocratie représentative et le pouvoir judiciaire. Dans les dictatures du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua, la pandémie sert de prétexte pour accroître la persécution et l’oppression politiques. En Espagne et en Argentine, des dirigeants aux préjugés idéologiques marqués tentent d'exploiter la situation difficile pour s'emparer de prérogatives politiques et économiques que, dans un autre contexte, les citoyens leur refuseraient catégoriquement. De manière générale, « nous tenons à affirmer avec force que cette crise ne doit pas être résolue au détriment des droits et des libertés si coûteux à obtenir. Nous rejetons le faux dilemme selon lequel ces circonstances nous obligent à choisir entre l'autoritarisme et l'insécurité, entre l'ogre philanthropique et la mort. »

    Ces dernières années, il avait également lutté contre la vague d'hystérie moraliste woke, contre la réécriture de l'histoire et de la littérature (« Si nous commencions à juger la littérature en termes de morale et d'éthique, elle serait non seulement décimée, mais disparaîtrait ») contre ce politiquement correct qu'il définissait comme « l'ennemi de la liberté que nous devons combattre car c'est une déformation de la vérité ».

  • Comment le Carême cartonne sur les réseaux sociaux

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    De Tom Lefevre sur le site de RTL.fr :

    TikTok : foi, jeûne et prières... Comment le Carême cartonne sur le réseau social

    Le Carême devient viral sur les réseaux sociaux, porté par une génération de jeunes catholiques qui réinventent leur foi en ligne.

    14/04/2025

    À l’approche de Pâques, l’Église catholique observe un phénomène inattendu : un nombre record de jeunes se tournent vers la religion. Baptêmes, Carême, messes… la foi catholique séduit une nouvelle génération. C’est un chiffre qui étonne : plus de 18.000 baptêmes sont prévus en France pour Pâques 2025, selon un rapport de la Conférence des évêques de France. Une hausse de 45% chez les adultes, et +33% chez les adolescents par rapport à l’an dernier. Un phénomène qui s’inscrit dans un regain d’intérêt pour la religion catholique chez les jeunes, notamment les 15-25 ans.

    Cette année, la période du Carême, souvent perçue comme désuète, fait son retour… sur TikTok et Instagram. De nombreux jeunes catholiques partagent leur quotidien spirituel en ligne : jeûneprièreaumône… Leur routine s’affiche sous le hashtag #CaremeRoutine. Des vidéos virales proposent des conseils pour vivre cette période comme un vrai cheminement spirituel.

    Les prêtres deviennent influenceurs

    Cette montée en popularité est aussi portée par des figures religieuses très actives sur les réseaux. Frère Paul-Adrien, Sœur Albertine ou Père Gaspard Crapelet cumulent des centaines de milliers d’abonnés sur YouTube, Instagram ou TikTok. Leur ton moderne, leurs messages positifs et leurs explications accessibles séduisent une nouvelle génération 

    Selon Yann Raison du Cleuziou, historien spécialiste des religions interrogé par Le Parisien, ce retour vers le catholicisme pourrait aussi s’expliquer par un effet de mimétisme avec le ramadan. Très visible sur les réseaux depuis des années, le mois sacré des musulmans inspire certains jeunes catholiques à s’impliquer dans leur propre tradition. 

    Si certains y voient une mode religieuse passagère, d’autres espèrent un véritable renouveau pour l’Église catholique en France. Reste à savoir si cet élan spirituel s’inscrira dans la durée ou s’éteindra avec la prochaine tendance virale.

  • Vivre la Semaine Sainte sur KTO

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    Vivez la Semaine sainte sur KTO !

    Vivez la Semaine sainte avec KTO ! Cette grande semaine nous conduit au cœur de l’année liturgique et du mystère pascal, depuis l’entrée du Seigneur à Jérusalem avec les Rameaux, jusqu’à sa résurrection au matin de Pâques.

    En communion avec les chrétiens des différents continents, KTO retransmet les célébrations et les offices de prière en direct de Terre Sainte, de Rome, ainsi que de Notre-Dame de Paris, Montmartre, la grotte de Lourdes et Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille.

    Retrouvez toute la programmation spéciale et les horaires des offices ci-dessous.

    Mercredi saint - 16 avril

    Jeudi saint - 17 avril

    Vendredi saint - 18 avril

    Samedi saint - 19 avril

    Dimanche de Pâques - 20 avril

    Chaque jour du Triduum Pascal, retrouvez également les laudes à 7h25 à Notre-Dame-de-la-Garde et l'Office du jour au Sacré-Cœur de Montmartre à 9h30. Ainsi que la Prière du Milieu du Jour à 12h, et le Chapelet à 15h30.

  • Pierre-Joseph Triest : un prêtre belge en voie vers la béatification ?

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    De Vincent Delcorps sur Cathobel :

    Le prêtre belge Pierre-Joseph Triest reconnu vénérable par l’Eglise!

    Le prêtre belge Pierre-Joseph Triest reconnu vénérable par l’Eglise!
    Le père Triest est parfois considéré comme le "saint Vincent de Paul" belge ©Postulatio P.J. Triest
     

    La nouvelle était attendue de longue date: ce lundi, le Vatican annonce la promulgation d'un décret reconnaissant les vertus héroïques de Pierre-Joseph Triest. Une étape-clé sur le chemin d'une possible canonisation.

    Pierre-Joseph Triest est né en 1760 à Bruxelles et mort en 1836 à Gand. Ordonné prêtre en 1786, il est nommé curé à Renaix en 1796. Les suites de la Révolution française et de l'annexion des territoires "belges" à la France le contraignent ensuite à vivre son ministère dans la clandestinité durant quelques années.

    Un grand fondateur

    Sa vie est marquée par une profonde attention aux plus précaires, et notamment aux personnes malades. C'est cette attention qui l'amènera à devenir un grand fondateur. En 1803, rassemblant autour de lui des femmes désireuses de se mettre au service des malades et des pauvres, Pierre-Joseph Triest fonde les Soeurs de la charité de Jésus et de Marie. Quatre ans plus tard, il fonde la congrégation des frères de la charité, qui se distinguera par son travail au service des personnes souffrant de maladie mentale. Par la suite, il fondera encore la congrégation des frères de saint Jean de Dieu (1823) et la congrégation des soeurs de l'enfance de Jésus (1835).

    "Nous continuons à prier"

    C'est le frère René Stockman, Belge et supérieur général de la Congrégation des Frères de la Charité, qui est promoteur de la cause en béatification de l'abbé Triest. En 2020, il expliquait à Belgicatho que la "positio" (travail de synthèse, fruit d'une importante recherche consacrée à la vie de la personne) avait été remise au Vatican. "C’était difficile, avec tout le matériel qui avait été collecté (...) de respecter les 500 pages imposées pour la positio. Mais ça a marché." Le frère Stockman se positionnait aussi sur la suite: "Nous sommes confiants. Mais surtout, nous continuons à prier quotidiennement pour la béatification de notre bien-aimé Fondateur. Et quand il y a des exaucements à rapporter, n’oubliez pas de les transmettre avec une courte description. Toujours dans l’espoir qu’un vrai miracle puisse se produire."

    En attendant un miracle...

    Ce 14 avril, le Vatican annonce donc qu'"au cours de l’Audience accordée à Son Éminence Révérendissime le Cardinal Marcello Semeraro, Préfet du Dicastère pour les Causes des Saints, le Souverain Pontife a autorisé ledit Dicastère à promulguer" différents décrets, et notamment celui concernant les vertus héroïques de l'abbé Triest. Il s'agit là d'une reconnaissance officielle du fait que celui-ci possédait les vertus chrétiennes à un degré exceptionnel.

    Le frère René Stockman n'a pas manqué de réagir, ce jour, à cette grande nouvelle, remerciant le premier postulateur, Frère Eugeen Geysen, aujourd'hui décédé, ainsi que le postulateur actuel, le Dr Waldery Hilgeman. "Nos remerciements vont également à tous ceux qui ont participé à la transcription des nombreux documents, aux témoignages, aux membres de la commission historique, et aux archivistes des congrégations." Et l'homme de rappeler que "le titre de 'Vénérable' est un titre permanent par lequel Pierre Joseph Triest est désormais officiellement reconnu par le Saint-Siège."

    Prochaine étape: la béatification? Avant la canonisation? Possible... Mais pour ouvrir ces perspectives nouvelles, encore faudra-t-il obtenir la reconnaissance d'un miracle dû à l'intercession de l'abbé Triest.

  • Les grandeurs du Christ dans sa mort (saint Augustin)

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    Sermon XLIV de Saint Augustin
    sur les grandeurs du Christ dans Sa mort

    source

    § 1. Les Saintes Ecritures donnent au Christ le nom prophétique de « racine ».

       Depuis des siècles nombreux, frères bien-aimés, il a été prédit de notre Seigneur et Sauveur qu’« Il S’élèvera comme un arbrisseau et comme une racine d’une terre aride ». Pourquoi comme une racine ? Parce qu’« Il n’a ni éclat ni beauté ». Il a souffert, Il a été humilié, conspué : Il était alors sans beauté ; Il était Dieu et on ne voyait en Lui que l’homme. Mais si la racine n’est pas belle en elle-même, elle a une vigueur intérieure qui fait son mérite. Écoutez, mes frères, et considérez la miséricorde de Dieu.
    Voici un arbre magnifique, délicieux, son feuillage est vert, il est chargé de fruits. On admire cet arbre, on se plaît à en cueillir quelques fruits, à s’asseoir sous son ombre, à s’y abriter contre la chaleur. Tout cela est beau. Qu’on t’en montre la racine, tu n’y vois rien à admirer. Ne la méprise pas néanmoins ; cette partie abjecte est le principe de ce qui te ravit. C’est pourquoi le Christ est comparé à la racine qui sort d’une terre aride. Contemplez maintenant cet arbre dans sa gloire.

    § 2. De la racine méprisée du Christ s’est élevée l’Eglise qui est glorieuse.

       L’Église a grandi, les gentils ont reçu la foi, les princes de la terre ont été vaincus au nom du Christ afin d’être vainqueurs dans l’univers. Ils ont courbé la tête sous le joug du Sauveur. Autrefois ils persécutaient les Chrétiens à cause de leurs idoles, ils renversent maintenant les idoles à cause du Christ. Dans toutes les calamités et toutes les angoisses tous ont recours à l’Eglise. C’est le grain de sénevé qui a grandi et qui s’est élevé au dessus de toutes les plantes ; les oiseaux du ciel, c’est-à-dire les orgueilleux du siècle accourent et reposent sous ses rameaux (Matth. XIII, 31-32).
    D’où lui vient tant de beauté ? Cette beauté si honorée vient de je ne sais quelle racine. Cherchons Celui qui est cette racine. Il a été conspué, humilié, flagellé, crucifié, blessé, méprisé. Ici donc, Il est sans beauté : mais quelle gloire Il a dans l’Eglise !
    C’est ici la description de l’Epoux, de l’Epoux dédaigné, déshonoré, rejeté. Mais vous pouvez voir à l’instant même l’arbre sorti de cette racine : il couvre l’univers.
    « Racine d’une terre aride » !

    § 3. La beauté du Christ n’est pas révélée à tous ; les superficiels et les incrédules ne la peuvent percevoir. Les rachetés au cœur plein d’amour la perçoivent derrière le voile de Ses souffrances. 

    « Il est sans éclat et sans gloire ; et nous L’avons vu : Il n’avait ni éclat ni beauté » : « N’est-ce pas le fils du charpentier ? » (Marc VI, 3). Ne fallait-il pas qu’Il fut étrangement privé de cette beauté mystérieuse quand on disait : « N’avons-nous pas droit de soutenir que tu es livré au démon ? » (Jean VIII, 48). A Son nom seulement les démons prenaient la fuite, et on Lui reproche d’être livré au démon ! Pourquoi ? « Nous L’avons vu, et Il n’avait ni éclat ni beauté ».
    De quel éclat ne brille-t-Il pas dans ce sanctuaire intérieur où ne pénètre point l’œil ! « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jean I, 1).
    Quelle est encore Sa beauté ?
    Il avait la nature de Dieu, et Il n’a point regardé « comme une usurpation de S’égaler à Dieu » (Philip. II, 6).
    Mais où a-t-Il paru sans éclat et sans beauté ? « Et Il était sans éclat, Il avait la face abjecte et l’attitude difforme aux yeux de tous les hommes. Homme de plaies ». Couvert de plaies, Il est homme, auparavant Il est Dieu, après Il est homme-Dieu.
    «Homme de plaies et qui sait supporter les infirmités » : Les infirmités de qui ? De ceux mêmes qui Le torturent. C’est le médecin qui souffre des infirmités du phrénétique.
    Aussi quand on Le crucifiait, Il priait en disant : « Père, pardonnez-leur car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc, XXIII, 34).
    Ah ! n’oubliez point, mais aimez l’Epoux. Plus Il nous semble difforme, plus Il nous doit être cher, plus Il est aimable pour Son épouse.
    « C’est pourquoi Il S’est détourné » : Il S’est détourné pour n’être pas reconnu de ceux qui Le crucifiaient : « Sa face a été couverte d’outrages et méprisée ».

    § 4. La prophétie est si claire et ne correspond qu’à Jésus seul : comment les Juifs peuvent-ils rester incrédules ? Saint Augustin compare l’incrédulité des Juifs concernant le Christ à l’incrédulité des hérétiques concernant l’Eglise.

       « Il supporte nos infirmités, pour nous Il est livré à la douleur ; et nous L’avons contemplé en proie aux souffrances, chargé de plaies et de châtiments. Mais c’est à cause de nos péchés qu’Il a été blessé, à cause de nos iniquités qu’Il a été meurtri. Le supplice qui devait nous assurer la paix est tombé sur Lui et nous avons été guéri par Ses meurtrissures. Nous nous sommes tous égarés comme des brebis errantes, et le Seigneur L’a sacrifié pour nos crimes ».
    Est-ce ici l’Evangile ou une prophétie ? Qu’objectent les Juifs ? N’est-il pas étrange qu’ils entendent cela, qu’ils l’aient entre les mains, qu’ils le lisent, qu’ils ne puissent appliquer ces traits qu’à Celui dont la gloire se publie avec l’Evangile dans tout l’univers, et que cependant ils ne soient pas encore chrétiens et demeurent plongés dans l’aveuglement en face de prophéties aussi claires ?
    Mais pourquoi s’étonner de l’aveuglement des Juifs en ce qui concerne le Christ ? Ce qui s’applique à Lui passe et le prophète commence à parler aussi de Son Eglise. Si donc tu ne t’expliques point l’aveuglement des Juifs en face de l’Epoux ; comment t’expliquer l’aveuglement des hérétiques en face de l’Epouse ?

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  • Méditation pour le Mardi Saint

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    Du site de l'Opus Dei :

    Méditation : Mardi Saint

    Les thèmes proposés pour la méditation du jour sont : Saint Pierre apprend l'humilité ; Faire face à notre faiblesse et à nos trahisons ; Saint Pierre comprend qu'il doit s'appuyer sur Dieu.

    - Saint Pierre apprend l’humilité

    - Faire face à notre faiblesse et à nos trahisons

    - Saint Pierre comprend qu’il doit s’appuyer sur Dieu


    « TU DONNERAS ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois » (Jn 13, 38). L’Évangile de la messe d’aujourd’hui rapporte l’annonce des trois reniements de saint Pierre. Dans l’atmosphère intime du Cénacle, cet apôtre est surpris que Jésus lui annonce sa trahison. Il n’en revient pas. Il ne comprend pas que cela puisse arriver. Car il souhaite être fidèle jusqu’à la mort, il ne veut pas que son maître soit livré à ses ennemis pour être crucifié. Il avait déjà été réprimandé pour une telle confusion, mais on dirait qu’il n’accepte toujours pas l’échec apparent de la Croix. La liturgie nous rappelle que « s’approchent les jours où Jésus, notre sauveur, souffrit sa passion et ressuscita dans la gloire. Voici les jours où nous célébrons déjà sa victoire sur le mal et le mystère de notre délivrance » [1].

    À sa façon, Pierre pense être prêt à donner sa vie pour le Seigneur. De facto, il tirera l’épée au moment de l’arrestation de Jésus et fera face à un détachement de soldats armés, venus pour se saisir de son Seigneur. Il ne manque ni de courage ni d’affection pour Jésus. Cependant, la réalité va lui montrer que ces qualités ne sont pas suffisantes. Il a encore besoin de l’humilité qui naît de la connaissance de soi et, surtout, de la connaissance de Dieu. Jésus ne manque pas de le former jusqu’au dernier moment. Ces leçons sont les plus importantes de sa vie : Pierre ne sera pas le roc en raison de sa force mais de l’humilité acquise grâce à une connaissance en profondeur de Jésus. Il fallait, qu’ayant fait l’expérience que ses forces sont insuffisantes, il comprenne que Dieu seul sera son soutien.


    L’ANNONCE de la trahison de Pierre est présentée dans l’Évangile d’aujourd’hui en même temps que celle de la trahison de Judas, ce qui nous permet d’en souligner la différence. Pierre a remis sa faiblesse entre les mains de Jésus ; il a écarté son regard de ses erreurs et de ses forces ; il a appris à mettre sa confiance dans la bonté de Dieu, dans ses plans divins et sa manière d’agir. Il ne trompait pas Jésus en disant qu’il serait fidèle jusqu’à la mort. Son problème était d’avoir mis presque exclusivement sa confiance en ses propres forces : il pensait en être capable. Judas, quant à lui, à aucun moment il n’a reconnu sa trahison devant Jésus ; il a toujours cherché à sauver les apparences. Pierre n’en avait cure, au moins lorsqu’il était avec Jésus, même s’il y a succombé lorsqu’il a été interrogé par une servante chez le grand prêtre.

    Pour prévenir son trouble, quelques mots de saint Augustin auraient pu lui être utiles : « Cherche le mérite, cherche la justice, cherche le motif ; et nous verrons si tu peux trouver autre chose que la grâce » [2]. Saint Pierre pensait que son amour pour Jésus était déjà fort, suffisant pour faire face à n’importe quelle épreuve. Il lui a été plus facile d’être fidèle face aux soldats qu’à un ennemi en apparence bien plus fragile. La servante a mis un terme à la confiance de saint Pierre en lui-même. Cette délivrance était nécessaire : c’est ainsi que Pierre a découvert le chemin de son abaissement pour être à même de suivre le Christ. Délivré de ses forces et de sa volonté, il a été capable de s’adapter aux plans de Dieu et d’être fidèle.

    En ce sens, saint Bernard nous rappelle qu’il vaut mieux prêter attention à ce que Dieu est prêt à faire pour chacun, y compris pour Pierre : « Ne réfléchis pas, toi qui es un homme, à ce que tu as souffert, mais à ce qu’il a souffert. Pense à tout ce qu’il a souffert pour toi, à quel grand prix il t’a estimé, et ainsi sa bonté te deviendra évidente par son humanité. Plus il est devenu petit dans son humanité, plus il s’est révélé grand dans sa bonté ; et plus il s’est laissé avilir par moi, plus il m’est cher maintenant » [3].


    « NOUS PENSONS trop souvent que Dieu ne s’appuie que sur notre côté bon et gagnant, alors qu’en réalité la plus grande partie de ses desseins se réalise à travers et en dépit de notre faiblesse. […] Le Malin nous pousse à regarder notre fragilité avec un jugement négatif. Au contraire, l’Esprit la met en lumière avec tendresse. La tendresse est la meilleure manière de toucher ce qui est fragile en nous. […] Avoir foi en Dieu comprend également le fait de croire qu’il peut agir à travers nos peurs, nos fragilités, notre faiblesse. Et il nous enseigne que, dans les tempêtes de la vie, nous ne devons pas craindre de laisser à Dieu le gouvernail de notre bateau. Parfois, nous voudrions tout contrôler, mais lui regarde toujours plus loin » [4]

    Savoir que Dieu souhaite que nous ayons confiance en lui et en ce qu’il y a de bon en nous nous remplit de paix, c’est aussi un don de Dieu. Saint Pierre est allé de l’avant, en cela aussi, pour être un exemple pour nous. Découvrir que nous pouvons prendre appui sur nos faiblesses et nos capacités, nombreuses ou modestes, nous remplit de sérénité, car Dieu donnera abondamment la croissance. Quel n’est pas notre désir d’apprendre à ne pas mettre notre confiance uniquement en nos aptitudes pour mener à bien la mission confiée, qui autrement nous dépasserait ! Nous sommes étonnés et tout reconnaissants devant l’amour que Dieu nous porte, au point de faire des merveilles avec notre collaboration.

    Saint Thérèse de l’Enfant Jésus évoquait la vie de saint Pierre dans les termes suivants : « Je comprends très bien que saint Pierre soit tombé. Ce pauvre saint Pierre, il s’appuyait sur lui-même au lieu de s’appuyer uniquement sur la force du bon Dieu. […] Je suis bien sûre que si saint Pierre avait dit humblement à Jésus : « Accordez-moi je vous en prie, la force de vous suivre jusqu’à la mort », il l’aurait eue aussitôt. […] Mais non, parce qu’il voulait lui montrer sa faiblesse, et que, devant gouverner toute l’Église qui est remplie de pécheurs, il lui fallait expérimenter par lui-même ce que peut l’homme sans l’aide de Dieu » [5]. Grâce à ces leçons, saint Pierre apprendra à mettre au service de la rédemption ses capacités, lesquelles, bien que prêtées, sont un don précieux, il a appris à avoir recours au Seigneur qui peut tout. « C’est pourquoi, soulignait saint Josémaria, en disant à notre Seigneur, le cœur brûlant, que nous lui serons fidèles, que nous sommes prêts à faire n’importe quel sacrifice, nous ajouterons : Jésus, avec ta grâce ; ma Mère, avec votre aide. Je suis si fragile, je fais tant d’erreurs, tant de petites erreurs, que je me vois capable, si tu m’abandonnes, d’en faire de grandes ! [6]


    [1]. Préface II de la Passion, lue le lundi, mardi et mercredi de la Semaine Sainte.

    [2]. Saint Augustin, Sermo, 185.

    [3]. Saint Bernard, Sermon 1 en l’Épiphanie du Seigneur, 1-2.

    [4]. Pape François, Litt. ap. Patris corde, n° 2.

    [5]. Saint Thérèse de l’Enfant Jésus, Derniers entretiens, 7 août 1897.

    [6]. Saint Josémaria, Lettres 2, n° 32b.

  • Méditation pour le Lundi Saint

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    Du site de l'Opus Dei :

    Méditation : Lundi Saint

    Les thèmes proposés pour la méditation du jour sont : Marie de Béthanie donne tout à Jésus ; nos gestes peuvent remplir le monde de cette bonne odeur ; prendre soin de Jésus dans le Tabernacle

    - Marie de Béthanie donne tout à Jésus

    - Nos gestes peuvent remplir le monde de cette bonne odeur

    - Prendre soin de Jésus dans le Tabernacle


    « SIX JOURS avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie […] On donna un repas en l’honneur de Jésus » (Jn 12, 1-2). Dans ce foyer, Jésus-Christ se trouve entouré d’amis et d’affection. Il s’est déjà rendu à de multiples reprises à Béthanie, mais c’est maintenant le moment le plus solennel : il sait qu’il se dirige vers Jérusalem où la croix l’attend. « Marthe faisait le service, Lazare était parmi les convives avec Jésus. Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux » (Jn 12, 2-3).

    Il était de notoriété publique que les autorités du peuple poursuivaient Jésus-Christ. L’amour fait pressentir à Marie le drame qui approche. Dans ces circonstances, elle souhaite faire quelque chose de spécial pour son Seigneur, lui manifester son amour ; d’où la détermination avec laquelle elle pose son geste généreux : elle prend ce qu’elle possède de plus précieux, un parfum très cher à base de nard pur et elle le déverse sur les pieds de Jésus. Elle brise le vase : elle donne tout à son Dieu. Parmi les gens présents, certains commentent, en colère, l’inutilité du geste. Nous savons que Judas l’Iscariote s’est joint à ces commentaires critiques, non pas qu’il ait pensé à une autre destination pour ces biens, mais parce qu’une telle attitude contrastait peut-être avec sa propre vie. Cependant, Marie se tait. Peu lui importent les critiques et les commentaires : il lui suffit que Jésus soit content. Voilà pourquoi Jésus prend sa défense.

    « Marie offre à Jésus ce qu'elle a de plus précieux et avec un geste de dévotion profonde. L’amour ne calcule pas, ne mesure pas, ne regarde pas la dépense, n’élève pas de barrière, mais sait donner avec joie, et recherche simplement le bien de l’autre, vainc la mesquinerie, l’avarice, les ressentiments, la fermeture que l’homme porte parfois dans son cœur » [1]. Judas a rejoint le groupe qui critiquait, en faisant des calculs là où il n’en faut pas : dans notre don à Dieu. Marie, quant à elle, avait compris que son cœur ne serait comblé que si elle donnait tout à Jésus, même si c’était bien peu de chose. « Une livre de nard a été capable de tout imprégner et de laisser une emprunte caractéristique » [2].


    CELUI qui donne tout à Dieu devient aussi un don pour autrui. En revanche, celui qui se livre à de nombreux calculs face à l’appel du Christ, finit par être calculateur aussi à l’égard des autres. Lorsque nous disons « oui » au Seigneur, nous apportons aux autres « la bonne odeur du Christ » (2 Co 2, 15) et ils peuvent se sentir aimés d’un amour de prédilection. Comme à Béthanie, nous pourrions dire que « la maison fut remplie de l’odeur du parfum » (Jn 12, 3). Nous demandons aux trois personnages de Béthanie, dont nous célébrons la mémoire le 29 juillet, de savoir remplir notre vie et la vie de nos familles du parfum de leur maison.

    Aujourd'hui, à Béthanie, on annonce aussi la mort du Christ. Tant de vie, claire, belle, forte, en sortira pour tous ! Le Seigneur nous invite à rester avec lui. L’Évangile nous dit que « les grands prêtres décidèrent de mettre aussi à mort Lazare » (Jn 12, 10). Jésus nous demande de l’accompagner comme il l’a demandé à Lazare, car « si notre volonté n’est pas prête à mourir selon la Passion du Christ, la vie du Christ ne sera pas non plus vie en nous » [3]. Or, nous ne devons pas attendre des circonstances extraordinaires pour manifester à Jésus-Christ notre amour ; chacune de nos journées est une nouvelle occasion de le servir, de lui offrir notre vie, de la dépenser généreusement à son service, pour le suivre ainsi fidèlement tout au long de son cheminement sur cette terre.

    Ce que nous avons habituellement entre les mains, ce sont de petites choses, des choses d’enfant, que nous ferons passer, pour les faire grandir, par les mains de notre mère, Sainte Marie. « Nous nous sentons parfois enclins à des enfantillages. — Ce sont de petites merveilles aux yeux de Dieu. Tant que la routine ne s’y mêle pas, elles sont fécondes, parce que l’amour est toujours fécond » [4]. Dans quelques jours, le parfum de ces petites choses aura disparu mais le geste de notre mère subsistera. Il est resté gravé au fer rouge dans le cœur du Christ et le parfum de l’affection et de la délicatesse l’accompagnera éternellement.


    « QUELLE JOIE de voir Jésus à Béthanie, l’ami de Lazare, de Marthe et de Marie ! Il y va pour reprendre des forces quand il est fatigué. C’est là que Jésus avait sa maison. Il y a là des âmes qui l’apprécient. Il y a des âmes qui s’approchent du Tabernacle et, pour elles, c’est Béthanie. Qu’il en soit ainsi pour vous ! Béthanie est la confiance, la chaleur du foyer, l’intimité. Les amis préférés de Jésus » [5]. Nous voudrions que le tabernacle le plus proche de nous soit un endroit où Jésus se sente aussi à l’aise qu’à Béthanie. Nous rêvons qu’il soit embaumé du parfum de notre lutte, malheureusement assez souvent plus riche de bons désirs que de résultats.

    Marthe se montre très discrètement ce lundi saint. Elle prépare le dîner au cours duquel Marie déversera le parfum sur les pieds de Jésus. Elle prend soin des invités, avec une affection de sœur et de mère. La maison était remplie aussi des senteurs de ce dîner préparé avec tant d’amour ; elle a peut-être préparé ce qui plaisait spécialement à son Ami. En ces moments si proche de sa mort, toute marque d’affection apportait de la consolation à Jésus. Notre travail, notre sourire, notre charité envers les plus proches, voilà des marques de délicatesse qu’il apprécie, celles-là mêmes qui font que son joug soit un peu plus facile à porter et son fardeau plus léger.

    Comme une marque supplémentaire de l’infinie charité de Dieu, le Seigneur est resté réellement dans le tabernacle, pour être près de nous. Si l’amour et la foi ont poussé Marie à faire preuve d’une telle délicatesse envers le Seigneur, en oignant ses pieds à Béthanie, l’amour et la foi peuvent nous pousser nous aussi à avoir une plus grande dévotion en la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Marie ne pense pas faire quelque chose d’extraordinaire en dépensant ce parfum d’un si grand pris pour oindre le Seigneur ; elle agit avec la spontanéité de l’amour. Le Christ est seul à savoir que, dans quelques jours, il va laver les pieds de ses apôtres. Marie a devancé ce geste. Son intuition féminine a captivé le maître, qui apprécie toute attention délicate, aussi petite soit-elle. Peut-être la Vierge Marie a-t-elle été témoin de ce moment si intime. Quelle consolation pour elle, au milieu des événements qui approchaient, de savoir que Jésus se sentait aimé dans ce foyer.


    [1]. Benoît XVI, Homélie, 29 mars 2010.

    [2]. Pape François, Rencontre avec les prêtres à Skopje, 7 mai 2019.

    [3]. Saint Ignace d’Antioche, Epistola ad Magnesios, 5, 1.

    [4]. Saint Josémaria, Chemin, n° 859.

    [5]. Saint Josémaria, notes prises lors d’une méditation, 6 novembre 1940.

  • Comment les jeunes Européens redécouvrent la tradition et se réapproprient le christianisme

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    De Solène Tadié sur le NCR :

    Réveil catholique : comment les jeunes Européens se réapproprient la foi et la tradition

    Les remarques suivantes ont été prononcées le 2 avril lors d'un panel à la conférence de l'Institut du Danube à Budapest, où la correspondante d'EWTN Europe, Solène Tadié, a été invitée à offrir un aperçu sur le terrain de la manière dont les jeunes Européens redécouvrent la tradition et se réapproprient le christianisme.

    Bonjour et merci beaucoup à l'Institut du Danube pour sa gentille invitation. 

    Les différents aspects de la crise culturelle et démographique actuelle ont déjà été brillamment explorés par les intervenants précédents. J'aimerais donc alimenter la discussion sous un angle différent : celui de mon expérience de terrain en tant que journaliste couvrant l'Europe pour EWTN. Mon regard catholique sur le monde d'aujourd'hui me permet d'observer à la fois les profonds défis auxquels nous sommes confrontés et les signes surprenants de renouveau qui émergent déjà.

    L'échec de la transmission intrafamiliale

    Jonathan Price vient de souligner que le populisme – comme toute autre doctrine politique – ne peut remplacer la pietà , ni se substituer à la transcendance, pour favoriser la réémergence d'une civilisation véritablement féconde. Ce que j'ai observé dans mes reportages, c'est que la beauté intrinsèque des principes d'une religion – sa richesse intellectuelle, sa profondeur et son pouvoir de conviction – ne suffit pas, à elle seule, à assurer sa survie ni à déterminer sa réussite sociale.

    D'un point de vue sociétal, la religion est avant tout une culture héritée. La culture familiale est la matrice essentielle de la transmission de la foi. Et c'est précisément dans ce domaine que les chrétiens, et notamment les catholiques, connaissent actuellement les moins bons résultats en Europe.

    Je ferai référence à la France à plusieurs reprises au cours de cette brève présentation, car elle offre un cas d'étude particulièrement pertinent pour comprendre les enjeux et les facteurs à prendre en compte dans l'élaboration de stratégies à long terme. La France est emblématique de l'effondrement de la famille, de la déchristianisation et de la propagation rapide de l'islam.

    Une étude récente de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a en effet montré que le taux de transmission générationnelle pour l'islam est de 91%, de 84% pour les juifs et de seulement 67% pour les catholiques.

    Cette même dynamique s'observe dans toute l'Europe occidentale, à quelques exceptions près comme le Portugal, qui bénéficie encore d'une transmission intrafamiliale assez forte. Mais même l'Italie, qui a toujours excellé dans ce domaine et avait plutôt bien résisté à la déchristianisation jusqu'à la dernière décennie, a connu un bouleversement spectaculaire suite à la COVID-19 , avec une baisse de la pratique religieuse de 25 % entre 2020 et 2022 seulement. Cela a révélé la fragilité des fondements religieux du pays.

    En revanche, parmi les familles catholiques les plus pratiquantes – notamment celles dites « catholiques traditionnelles » – les taux de transmission sont nettement plus élevés . Cela suggère que la survie du christianisme en Europe dépendra probablement des familles qui nourrissent, cultivent et protègent délibérément leur foi.

    L'effet paradoxal d'une logique de survie

    D’un côté, nous sommes confrontés à des données alarmantes : les personnes non religieuses et les musulmans pourraient bientôt représenter la majorité en Europe, un continent dont les fondements mêmes sont indissociables du christianisme.

    D'un autre côté, ce défi sans précédent semble réveiller une sorte de réflexe existentiel chez de nombreux Européens. Une « logique de survie » est déclenchée par la prise de conscience croissante de devenir une minorité culturelle et spirituelle sur la terre de ses ancêtres. Et cela suscite un renouveau de foi plutôt inattendu.

    Nous observons des signes de réveil religieux précisément dans des lieux autrefois considérés comme des bastions du progressisme laïc. La Suède , la Norvège et la France – pays qui ont longtemps mené la marche vers la déchristianisation – connaissent aujourd'hui un regain d'intérêt pour le christianisme, et en particulier pour le catholicisme traditionnel. Bien qu'il s'agisse d'une tendance très récente et que les chiffres complets soient encore rares, ce changement est indéniable pour ceux qui ont une expérience directe du terrain.

    En Norvège, ce phénomène n’est pas totalement nouveau : les données d’une agence statistique gouvernementale ont révélé que le nombre de catholiques inscrits est passé de 95 000 en 2015 à plus de 160 000 en 2019. Et cette augmentation n’est pas seulement attribuable à l’immigration – souvent polonaise ou lituanienne – mais inclut un nombre notable de jeunes locaux en quête d’un sens plus profond à leur vie.

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