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L’avortement : un droit humain ?

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Oui mais non, enfin pas tout à fait, selon le Conseil de la Jeunesse de la Communauté Wallonie-Bruxelles.  Extrait de sa communication :

« Alors que la Ministre Simonet vient de déposer un projet de Décret pour une éducation à la vie affective et sexuelle obligatoire à l’école et que la question de l’avortement est revenue au devant de l’actualité ces derniers mois, le Conseil de la Jeunesse a pris le temps de mener une réflexion approfondie sur ce sujet.

Le Conseil publie donc ci-dessous un avis sur l’avortement, rappelant notamment la nécessité d’informer tous les jeunes - filles et garçons - sur cette question :

Le Conseil de la Jeunesse, organe de représentation et de consultation des jeunes de la Fédération Wallonie-Bruxelles, estime que la question de l’avortement est un enjeu de société essentiel qui concerne particulièrement les jeunes. En effet, au regard des derniers chiffres de la Commission d’évaluation de l’avortement de 2010, près de 20 % des avortements touchent des jeunes femmes âgées de moins de 20 ans et la majorité des avortements se pratique entre 20 et 24 ans.

Face à ce constat, le Conseil désire soutenir la loi du 4 avril 1990 et les principes qu’elle contient car elle est, à son sens, un acquis social qui ne doit absolument pas être remis en question dans ses fondements. Il est, en effet, prouvé que non seulement, une interdiction légale de l’avortement n’a pas d’influence sur le nombre d’avortements pratiqués2 mais que, de plus, les avortements clandestins constituent un risque de santé majeur pour les femmes et provoquent des inégalités sociales importantes.(…)

Dans l’intérêt psychologique et médical des jeunes femmes, le conseil tient également à ce que les conditions formelles pour pratiquer une IVG prévue par cette loi soient scrupuleusement respectées (…)

De plus, si une jeune femme dans une situation de grossesse non désirée prend la décision douloureuse d’avorter, le Conseil estime que ce choix doit être le fruit d’un réel consentement. Le Conseil rappelle donc l’importance de l’article 348 de la loi concernant les crimes et les délits contre l’ordre des familles et contre la moralité publique3 qui stipule que « celui qui, médecin ou non, par un moyen quelconque, aura à dessein fait avorter une femme qui n’y a pas consenti, sera puni de la réclusion de 5 à 10 ans ». Le Conseil considère également que l’IVG ne doit pas devenir un acte contraceptif mais qu’elle doit rester une solution exceptionnelle comme cela a été rappelé durant les travaux parlementaires précédant le vote de la loi de 1990.

Après de longs échanges et plusieurs rencontres, il est apparu clairement que la notion de droit à l’avortement suscite le débat au sein du Conseil de la Jeunesse. En effet, certains membres plaident pour que l'avortement soit reconnu comme un droit humain fondamental en se fondant sur l'article 4 de la Déclaration des Droits de l'Homme qui prévoit que "tout être humain a droit à la libre disposition de son propre corps" et sur les positions adoptées par la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui considère que les droits de la femme incluent le droit d’avoir le contrôle et de décider de manière libre et responsable de sa sexualité, de sa santé sexuelle et reproductive, sans pression, discrimination et violence5. Ces membres soulignent également, par solidarité avec les pays où l’accès à l’avortement reste difficile ou est remis en question, la pertinence du rapport du Comité des droits de l’homme de l’ONU du 3 août 2011 affirmant que les Nations devraient garantir, pour toutes les femmes et les filles, un droit d’accès à l’avortement, considérant celui-ci comme faisant partie des Droits de l’Homme.

Sans mettre en doute le bien-fondé de ces deux droits, d'autres membres considèrent que le droit au contrôle de la santé reproductive doit idéalement être assuré par la contraception et que l'avortement, parce qu'il implique une décision concernant ce qui pourrait devenir le corps d'un autre être humain, ne peut être réduit à la disposition par la femme de son propre corps. Pour ces raisons, une partie des membres du Conseil de la Jeunesse insistent sur le fait que l'avortement ne peut être considéré comme un droit de l'homme comme les autres.

Le Conseil soutient également le projet de décret de la Ministre Simonet proposant de rendre obligatoire l’inscription à l’éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle dans les missions de l’école. Il opte, en effet, pour une prévention et une sensibilisation accrues et généralisées de tous les jeunes de la Fédération Wallonie-Bruxelles concernant 1) l’éducation à la vie sexuelle et affective, 2) les différents moyens de contraception et 3) la gestion d’une grossesse non désirée. Il souhaite que tous les jeunes, filles et garçons, quelle que soit la filière d’études dans laquelle ils sont inscrits, puissent bénéficier, plusieurs fois pendant leur parcours scolaire, à tout le moins de séances d’information et d’animation adaptées sur ces sujets, et ce dès le début de leur puberté. Pour assurer une parole totalement libre des élèves, le Conseil insiste sur l’importance que ces animations soient assurées par des intervenants extérieurs aux écoles et souhaite que les actions déjà menées par de nombreuses associations puissent être valorisées, soutenues et étendues à tous les établissements scolaires. Il est, en effet, prouvé qu’une prévention efficace diminue le risque de maladie sexuellement transmissible et le recours des femmes à l’avortement.

Enfin, le Conseil considère que des motifs financiers ne devraient pas influencer le choix d’avorter. Le Conseil s’insurge quant au fait que beaucoup de femmes soient obligées d’invoquer des difficultés financières, professionnelles ou de logement pour justifier un état de détresse. Le Conseil plaide donc pour une meilleure accessibilité financière des moyens de contraception.

Si vous désirez plus d’informations sur cet avis, vous pouvez joindre Joachim Wacquez, chargé de communication, au 0498/32.37.89.

Pas de quoi vraiment fouetter un chat ? Détrompez-vous : les maîtres de la pensée unique ont été surpris que quelques jeunes -même s’il demeure une distance entre leur position et celle de l’Eglise catholique- aient au moins eu le courage de répliquer aux partisans inconditionnels de l’avortement : le texte du communiqué du Conseil de la Jeunesse porte clairement les traces de leur résistance.

Et Big Brother n’était vraiment pas content : il a ameuté ses relais médiatiques et on a pu lire aussitôt, sous la plume de Christian Laporte dans « La Libre Belgique »  un article intitulé « IVG : des jeunes sous influence ? » (extrait) :

  " Pour le président du MJS, [ndlr : mouvement des jeunes socialistes] "le Conseil de la Jeunesse ne soutient la loi belge que du bout des lèvres" . "On ne donne pas son soutien à une loi, on l’applique" , dit David Cordonnier qui va plus loin : "Le CJ insiste sur de nombreux principes de la loi, afin de réduire l’aspect universel et humain du droit à l’avortement. Nous nous étonnons que d’aucuns renient le droit à la femme de disposer de son corps. Serait-on revenu aux temps obscurs des sociétés machistes et phallocrates où l’on considérait la femme comme un seul outil de reproduction ?" Plus étonnant encore : " Des acteurs tels que la Marche pour la vie, une association rétrograde avec des accointances avec l’ultraconservateur archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Léonard, ont été invités à plaider leur cause au sein du Conseil". Sans jeter l’opprobre, le MJS se demande si le conseil reste représentatif des jeunes Wallons et Bruxellois. C’est pourquoi, il prône "une grande réflexion sur la composition et le processus électoral du Conseil de la jeunesse". 

Cet article de La  «Libre» (vraiment ?)  se garde bien d’ apporter la moindre réplique. Devant Big Brother, garde à vous ! Voir ici   IVG : des jeunes sous influence ?     

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