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  • RDC : vers de nouvelles élections truquées ? Recours de l’Eglise Catholique et des églises protestantes auprès de l’Union Européenne

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    De Marie-France Cros sur le site web de la « Libre Afrique » :

    CENCO N41gnB7B_400x400.jpg« Une délégation de la Conférence épiscopale catholique congolaise (Cenco) et de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) est cette semaine à Bruxelles pour plaider auprès de l’Union européenne afin qu’elle fasse pression sur le régime Tshisekedi, et en particulier sur le chef de l’Etat, pour que soit donné à la population congolaise un accès à des élections crédibles en 2023 – une perspective qui se présente mal pour l’instant. Et cela à l’heure où les tensions montent de manière inquiétante dans le pays, notamment le tribalisme.

    La délégation comprend Mgr Marcel Utembi, archevêque de Kisangani;  le révérend Eric Senga, secrétaire général et porte-parole de l’ECC; l’abbé Donatien Nshole, secrétaire général et porte-parole de la Cenco; le père Clément Makiobo, secrétaire exécutif de la Commission Justice et Paix.

    Mauvais départ

    Cette initiative survient au lendemain de la nomination à la tête de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) , par le président Félix Tshisekedi, de Denis Kadima, considéré comme un partisan du chef de l’Etat. La délégation catholique-protestante souligne que la loi réorganisant la Ceni qui a été promulguée le 3 juillet dernier « a politisé encore davantage la composition » de cet organe, contrairement aux promesses faites au lendemain des élections frauduleuses de 2018, à l’issue desquelles Félix Tshisekedi s’est retrouvé à la Présidence au détriment du vainqueur présumé de l’élection, Martin Fayulu.

    Ajouté au « contrôle de la Cour constitutionnelle et (à) la nomination de juges proches du pouvoir à toutes les juridictions chargées de gérer le contentieux électoral, le contrôle de la Ceni » par le régime en place, « ne présage pas d’un processus électoral transparent et apaisé », souligne la délégation religieuse.

    L’UDPS participait aux marches des chrétiens

    Interrogée par La Libre Afrique.be à Bruxelles, celle-ci a appuyé la récente union de 13 partis et organisations de la société civile pour obtenir une Ceni indépendante. La présence des FCC (kabilistes) parmi eux ne trouble pas les religieux? « Lorsqu’il y a eu les marches des chrétiens (NDLR: entre 2016 et 2018, pour exiger du président Joseph Kabila les élections dues fin 2016), l’UDPS (tshisekediste) y participait », rappelle l’abbé Nshole.

    Le révérend Nsega ajoute que les laïcs catholiques et protestants ont saisi le Conseil d’Etat pour qu’il interprète la nouvelle loi sur la Ceni, en particulier son article 10 qui précise que les confessions religieuses et organisations de la société civile qui sont impliquées dans la nomination du président de la Ceni doivent avoir la personnalité juridique, un ancrage sociologique non contesté et une expertise avérée en matière électorale. Mercredi, l’ECC a rompu avec les confessions religieuses – de bien moindre importance que l’Eglise catholique et l’ECC – qui ont appuyé la désignation de Denis Kadima à la tête de la Ceni bien qu’il ne satisfasse pas aux critères requis – comme elles avaient appuyé la Ceni pro-Kabila sous Kabila, malgré des vices comparables.

    L’article 12 de la nouvelle loi sur la Ceni est également concerné, ajoute le révérend Senga, celui fixant les critères pour désigner le président de la Ceni (son indépendance, notamment) et la manière de procéder (par commission paritaire). Selon la délégation religieuse, la nomination de Denis Kadima n’a pas respecté ces deux articles, ni celui de l’Assemblée nationale au sujet des commissions paritaires.

    La délégation demande donc à l’Union européenne « d’appuyer diplomatiquement » différentes mesures nécessaires à des élections transparentes: l’obligation pour la Ceni de publier les résultats électoraux bureau de vote par bureau de vote, ce qui n’a jamais été fait pour les scrutins de 2018-2019; l’allongement à « un minimum de 2 semaines » du délai de recours, la plupart des candidats ayant un accès difficile aux juridictions compétentes; la dépolitisation de la composition et du fonctionnement de la Cour Constitutionnelle; l’interdiction pour la Ceni de court-circuiter, grâce au vote électronique, le travail des centres locaux de compilation des résultats – où les observateurs et témoins des partis peuvent surveiller les opérations; la définition des critères d’accréditation des observateurs; la suppression des cadeaux électoraux; l’interdiction de nommer des proches des partis politiques dans l’administration électorale.

    Saint-Siège et politique

    Que répond la Cenco aux tshisekedistes qui lui reprochent aujourd’hui de se mêler de politique – et sont allés jusqu’à attaquer des biens et des résidences de l’Eglise, au grand scandale de la population?

    « La politique, l’économie et le social peuvent constituer des champs d’évangélisation », répond Mgr Utembi. « Notre Eglise a un enseignement social qui nous invite à donner un éclairage doctrinal sur le social. Le pape Benoît XVI avait d’ailleurs souligné que l’Eglise ne peut pas se taire quand le peuple souffre; simplement, l’Eglise ne peut appuyer un parti politique en particulier. Le Saint-Siège suit de près ce qui se passe au Congo ».

    Que pensez-vous de cet article? »

    Ref. RDCongo: élections: la Cenco et l’ECC plaident auprès de l’Union européenne

    Depuis les élections législatives de mai 1960 organisées par le régime colonial belge à la veille de la déclaration de l’indépendance, le Congo n’a plus connu aucune élection régulière. Rompre le cercle vicieux 63 ans plus tard supposerait un recours politique plus convaincant que celui de l’Union européenne….

  •   « Ne nous laissons pas voler notre mort ! »

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    A l’approche de la Commémoration des défunts qui suit la Fête de tous les Saints, Emilie Pourbaix a recueilli ces propos publiés sur le site web de « France catholique » :

    pretre_et_malade-0db97.jpg« Pour l’abbé Philippe de Maistre, curé de Saint-André-de-l’Europe, à Paris, auteur de Mourir vivant (éd. du Laurier), l’enjeu est fondamentalement spirituel :

    De quel constat êtes-vous parti dans votre livre ?

    Abbé Philippe de Maistre : Dans l’accompagnement des personnes en fin de vie, nous faisons aujourd’hui une confusion, car nous sommes inspirés par le «  care  », très à la mode : nous offrons un accompagnement un peu maternant, par une très grande attention à la douleur physique – domaine dans lequel de grands progrès ont été faits – et la douleur psychologique. Mais nous oublions souvent la dimension spirituelle de la personne. Pourtant, une vision globale, fondée sur une anthropologie chrétienne, nous en rappelle les trois dimensions : corps, âme (psychologique) et esprit, ce dernier étant la dimension spirituelle de la personne, c’est-à-dire ses aspirations les plus profondes. Mais celles-ci sont bien souvent niées, par une absorption de toute la dimension spirituelle dans la dimension psychologique et affective. Ainsi, paradoxalement, le besoin qu’éprouve la personne d’exprimer ce qu’elle porte de plus profond, au moment le plus important de sa vie, va être considéré comme non essentiel.

    Pourquoi dites-vous que la mort est un «  engagement  » ?

    La pire chose dans la vie, c’est de ne pas s’engager. Cela implique d’accepter que notre vie soit faite de deuils. Aucun surcroît de vie sur terre ne se fait sans une forme de deuil : il faut toujours mourir à quelque chose pour vivre – quitter l’enfance pour entrer dans l’âge adulte, le célibat pour se marier, renoncer à la fécondité biologique pour donner toute sa vie à Dieu, etc. Cette difficulté à s’engager dans notre vie est très présente aujourd’hui.

    Et elle se retrouve dans la difficulté à affronter la fin de vie, à accepter qu’il y ait un passage à faire : quitter cette vie pour aller vers l’autre Vie. Or, refuser de regarder sa mort en face conduit à ne pas s’engager dans sa vie. Thérèse de Lisieux dit : «  Non, je ne meurs pas, j’entre dans la vie.  » Déjà avant le péché originel, nous étions faits pour passer dans une autre dimension, mais ce passage n’était pas douloureux, à la manière de la dormition de la Vierge Marie. Cependant, même dans la douleur, notre mort est un passage vers la Vie, il faut la vivre pleinement vivant et éveillés spirituellement.

    « Vous pensez qu’on « vole la mort » ?

    Aujourd’hui, on considère qu’avoir une «  belle mort  », c’est de ne pas se voir mourir. Voilà pourquoi on propose aux gens de les endormir dans une mort douce – la sédation profonde –, pour qu’ils ne se voient pas mourir. Certains veulent même anticiper : c’est le débat de l’euthanasie. Mais, avec cette volonté d’adoucir les choses, on prive la personne de cet acte métaphysique qu’est la confrontation avec la mort, et auquel personne ne peut échapper. Bernanos disait : «  Ne me volez pas ma mort !  » En effet, elle est le sommet de notre existence, ce qui engage le plus profondément tout notre être. Dans les litanies, autrefois, on disait que la chose la plus redoutable était une mort dans l’inconscience, c’est-à-dire de ne pas pouvoir se préparer à la mort et de mourir dans son sommeil. Aujourd’hui, c’est l’inverse : on se réjouit quand quelqu’un ne s’est pas vu mourir. Pourtant, la mort est le sommet vers lequel tend toute notre vie… »

    Ref.   « Ne nous laissons pas voler notre mort ! »

  • Les six cultes reconnus seront bientôt soumis à de nouvelles modalités de financement de leurs activités cultuelles dans la capitale

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    D' sur cathobel.be :

    Financement des cultes: l’Eglise de Bruxelles va devoir « dépasser l’esprit de clocher »

    Les six cultes reconnus seront bientôt soumis à de nouvelles modalités de financement de leurs activités cultuelles dans la capitale. La Région bruxelloise deviendra leur interlocuteur principal pour combler, en partie, les déficits. Un article à découvrir cette semaine dans le journal Dimanche.

    Les fabriques d’église de la capitale, accompagnées par le service temporel de l’Eglise de Bruxelles, pourraient s’attendre à une année 2022 chargée en changements. La Région de Bruxelles-Capitale a entamé ces dernières semaines les discussions autour du projet de réforme du . Déjà passé en deuxième lecture en commission parlementaire, le texte est en bonne voie d’être adopté pour une entrée en vigueur en 2023.

    Par ces nouvelles dispositions, l’autorité régionale remettra en cause l’équilibre financier entre les cultes et leurs interlocuteurs locaux tel qu’il existe depuis le code Napoléon. Dès la mise en œuvre de cette réforme, la Région deviendra l’autorité compétente pour intervenir financièrement dans les déficits des églises, mosquées, synagogues et temples, à la place des communes. Signalons surtout que le comblement des déficits ne sera pas automatique, ni dans les mêmes proportions que l’intervention actuelle. « Pour un déficit ordinaire -ce qui concerne une petite moitié des fabriques d’églises actuelles-, explique Thierry Claessens, il sera couvert à 30% par la Région. Pour l’extraordinaire, ça se discutera dossier par dossier. » Les organes chargés des finances pour chaque lieu de culte seront donc amenés à rechercher près de 70% des financements. Avec une petite subtilité que nous détaille l’adjoint de Mgr Kockerols chargé du temporel: « si deux établissements s’associent et mettent leurs efforts en commun, sans fusionner, cela représentera moins de travail pour la Région. Son intervention financière pourra couvrir 40% du déficit, dans ce cas ». Rappelons que les déficits des fabriques d’église, tels qu’on les dénomme dans l’Eglise catholique, ne sont pas nécessairement liés à une bonne ou mauvaise gestion financière du moment, mais aux choix antérieurs qui ont pu être menés: restauration de l’église avant de trop gros dégâts, revenus liés au foncier ou à l’installation d’antenne GSM…

    Lorsque les lieux de culte seront confrontés à une baisse du financement public, il pourrait être judicieux de « dépasser l’esprit de clocher ». « Ça m’embêterait de fermer une église parce que sa voisine n’a pas voulu s’associer sur les questions financières », confie Thierry Claessens.

  • Le pape bénit deux cloches pour les enfants à naître

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    D'Isabella Haberstock de Carvalho sur Aleteia.org :

    Le pape François bénit deux cloches pour les enfants « non-nés »

    27/10/21

    Le pape François a béni, mercredi 27 octobre, deux cloches symbolisant les "voix des enfants non-nés". Le souverain pontife en a fait l'annonce lors de l'audience générale.

    Lors de l’audience générale du 27 octobre 2021, le pape François a raconté avoir béni, quelques instants plus tôt, deux grands cloches qui symbolisent les « voix des non-nés ». L’initiative était organisée par la fondation polonaise « Oui à la vie ». Les deux cloches sont destinées à l’Ukraine et à l’Équateur. 

    Le son de "l'Évangile de la vie"

    Le pontife souhaite que ces cloches soient « un signe d’engagement pour la défense de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle ». Il a également espéré « que leur son annonce au monde “l’Évangile de la vie” » et « réveille les consciences et la mémoire des enfants à naître ». 

    Le pape François avait déjà participé à une initiative similaire organisée par cette fondation l’année précédente. Le 23 septembre 2020, il avait ainsi béni une cloche qui était destinée à la Pologne et qui avait ensuite fait un pèlerinage à travers le pays, pendant lequel les gens pouvaient la sonner comme l’avait fait le pontife. 

    Selon Aci Stampa, le président de la Fondation, Bogdan Romaniuk, aurait reçu des requêtes de l’Ukraine et de l’Équateur pour réaliser des cloches pour leur pays. Les archevêques métropolites de la ville de Lviv en Ukraine et Guayaquil en Équateur, Mgr Mieczysław Mokrzycki et Mgr Luis Cabrera Herrera, où les cloches seront envoyées, auraient demandé au pape François de bénir les objets avant le pèlerinage. 

    Mgr Mokrzycki a expliqué à Aci Stampa que la cloche sera emmenée « dans divers lieux et paroisses d’Ukraine » et qu’elle « facilitera la mise en œuvre d’une bonne campagne éducative » sur la vie humaine. Les cloches sont fabriquées dans l’ancienne fonderie polonaise de Jan Felczyński, établie en 1808 dans la ville de Przemyśl et qui a produit des cloches pour des paroisses du monde entier.

  • La CEDH prend ses responsabilités en renforçant les obligations d’intégrité, d’indépendance et d’impartialité des juges

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    En février 2020, l'ECLJ publiait un rapport qui fit le tour du monde sur Les ONG et les juges de la CEDH révélant qu’au moins 22 des 100 derniers juges de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) sont d’anciens collaborateurs de sept fondations et ONG, et qu’ils ont jugé à de très nombreuses reprises des affaires soutenues par leurs propres organisation, en situation flagrante de conflits d’intérêts. Parmi ces organisations, l’Open Society de George Soros se distingue par le fait que douze de ses collaborateurs sont devenus juges à Strasbourg, et qu’elle finance les six autres ONG mises en cause, parfois très largement. La présence massive de juges issus d’un même réseau témoigne de l’emprise de grandes fondations et ONG privées sur le système européen de protection des droits de l’homme et met en cause son impartialité. Ce rapport souleva une série de questions en matière de procédure et d’éthique judiciaires, qui furent soumises à l’attention des instances du Conseil de l’Europe.
     
    La CEDH, bien que « en colère » (d’après Le Monde), décida de ne pas y répondre publiquement, à la différence de nombreux responsables politiques et de plusieurs ministres - notamment bulgare et russe - qui s’inquiétèrent publiquement de la situation. Même le Comité des Ministres, c’est-à-dire l’instance suprême du Conseil de l’Europe regroupant les 47 ambassadeurs et dont dépend la Cour européenne, fut contraint d’admettre publiquement la véracité du rapport, indiquant vouloir réévaluer « d’ici fin 2024, à la lumière de l’expérience acquise, l’efficacité du système actuel de sélection et d’élection des juges de la Cour » (le 8 avril 2021). Peu après, le 20 avril 2021, l’Open Society échoua pour la première fois à faire élire l’un de ses salariés candidats à la fonction de juge à Strasbourg. Le barrage, suscité par le rapport de l’ECLJ, fut trop fort.
     
    Le 26 juillet dernier, le Comité des Ministres s’est une nouvelle fois exprimé publiquement, en réponse à deux questions parlementaires pointant du doigt le dysfonctionnement de la procédure de récusation des juges ainsi que l’impossibilité de demander une révision des décisions de la Cour. Cette réponse, comme la précédente, fit montre de toute l’attention que les ambassadeurs portent à ces questions, tout en précisant qu’il appartient seulement à la Cour de résoudre ces problèmes. Ici encore, le Comité des Ministres indique une porte de sortie en révélant le fait que la Cour a entrepris de réexaminer son Règlement « y compris l’article 28 » qui traite précisément de la question des conflits d’intérêts. Enfin !

    L’insuffisance de cet article 28 du Règlement de la Cour fut précisément dénoncé dans le rapport de l’ECLJ car il ne fait pas obligation aux juges de déclarer leurs situations de conflits d’intérêts, et ne prévoit pas de procédure formelle de récusation. Sa révision est nécessaire, et l’on peut se réjouir qu’elle soit entreprise, même si elle se réalise de façon confidentielle et n’aboutira pas, probablement, avant plusieurs mois.

    Enfin, autre fruit important, et non des moindres, du rapport : la CEDH a publié le 2 septembre une nouvelle version de sa « résolution d’éthique judiciaire » adoptée le 21 juin 2021. Il s’agit d’un texte interne qui précise le Règlement de la Cour et les obligations déontologiques des juges. Le texte précédent datait de 2008 ; en le comparant au texte nouveau, il apparaît que la révision est profonde et répond partiellement aux mises en causes de la Cour par le rapport de l’ECLJ.

    Le nouveau texte « serre la vis » : il renforce les obligations d’intégrité, d’indépendance et d’impartialité des juges. En écho au rapport de l’ECLJ, la résolution oblige à présent les juges à être indépendants de toute institution, y compris de toute « organisation » et « de toute entité privée », en référence aux ONG et autres fondations telles que l’Open Society. Le texte ajoute que les juges « doivent être libres de toute influence injustifiée, qu’elle soit interne ou externe, directe ou indirecte. Ils s’abstiennent de toute activité, de tout commentaire et de toute association, refusent toute instruction et évitent toute situation pouvant être interprétés comme nuisant à l’exercice de leurs fonctions judiciaires ou comme étant de nature à nuire à la confiance que le public se doit d’avoir en leur indépendance. » Le texte précédent était beaucoup plus succinct.

    Sur l’impartialité, le nouveau texte ajoute l’interdiction explicite de « participer à aucune affaire qui pourrait présenter un intérêt personnel pour eux », renforçant ainsi la prévention des conflits d’intérêts. Les juges doivent en outre s’abstenir « de toute activité, de tout commentaire et de toute association pouvant être interprétés comme étant de nature à nuire à la confiance que le public se doit d’avoir en leur impartialité ».

    La nouvelle résolution d’éthique judiciaire de la Cour fait aussi obligation nouvelle aux juges d’être assidus à leur fonction de juge, de limiter leurs activités extérieures, et de façon plus significative encore, de mettre un frein à leur langue en s’abstenant de « s’exprimer, sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit, d’une manière qui nuirait à l’autorité ou à la réputation de la Cour, ou qui serait de nature à susciter des doutes raisonnables quant à leur indépendance ou leur impartialité. » Il s’agit là pour la Cour de limiter les critiques portées à son encontre par les juges eux-mêmes ; cette nouvelle interdiction fait suite à la publication du livre de l’ancien juge slovène Boštjan Zupančič dans lequel il révèle des aspects problématiques du fonctionnement interne de la CEDH, après y avoir siégé pendant 18 ans (Sur la cour européenne des droits de l'homme, Rétrospective d'un initié (1998-2016), L’Harmattan, 2018)

    Une autre interdiction nouvelle porte sur l’acceptation de « toute décoration ou distinction pendant l’exercice de leurs fonctions de juge de la Cour ». Cette mesure fait suite au scandale provoqué par la façon dont l’actuel Président de la CEDH se « fit balader » au cours d’un voyage officiel en Turquie en septembre 2020, acceptant de recevoir un doctorat honoris causa de l’université publique, tout en omettant de rencontrer les opposants et les victimes du régime.

    Ainsi, le scandale du rapport sur les « Juges -Soros » porte des fruits, parce qu’il est justifié. Il fallait secouer la Cour, quitte à prendre des coups en retour, pour parvenir à une amélioration de ses procédures internes. Le scandale était nécessaire face à l’inertie de l’institution et à la profondeur de l’influence de ces quelques ONG et fondations privées.

    Il reste toutefois encore beaucoup à faire, car la Cour européenne ne s’impose toujours pas le respect de toutes les règles qu’elle prescrit elle-même aux juridictions nationales en matière de transparence et de droit à un procès équitable. Plusieurs recommandations précises formulées par l’ECLJ et soutenues par d’éminents juristes sont encore en attente d’une réponse. Nous veillerons à ce qu’elles soient à l’ordre du jour. Comme le reconnait la Cour elle-même dans sa jurisprudence : on « doit pouvoir attirer l’attention du public sur d’éventuels dysfonctionnements judiciaires, l’autorité judiciaire pouvant tirer un bénéfice d’une critique constructive. » ( Morice c. France)

    Enfin, au-delà des questions de procédure, j’espère que ce rapport – et le plus récent sur Le financement des experts du Conseil des droits de l’homme – contribuera à faire prendre conscience du phénomène croissant d’emprise de quelques fondations privées et ONG sur les instances internationales qui définissent la politique mondiale en matière de droits de l’homme et de démocratie.
     
    (Tribune parue dans Valeurs Actuelles le 26 octobre 2021.)