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  • Déclin de la pratique sacramentelle en Amérique Latine

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Étude : Les sacrements en déclin en Amérique latine

    21 octobre 2023

    Une nouvelle étude majeure sur l'Église catholique en Amérique latine a mis en évidence une baisse du nombre de baptêmes et d'autres sacrements.

    Le rapport de 286 pages, publié par le Conseil épiscopal d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAM), indique que le nombre de baptêmes annuels est passé de 8 197 000 en 2000 à 5 135 000 en 2020. Les confirmations et les mariages catholiques ont également diminué de façon constante au cours de la même période.

    Les tendances mises en évidence dans le document "La mission de l'Église dans les pays d'Amérique latine" sont significatives pour l'Église universelle, puisque 41 % des catholiques du monde vivent en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le nombre de catholiques baptisés dans la région est environ le double de celui de l'Europe et de l'Afrique, quatre fois celui de l'Asie et six fois celui de l'Amérique du Nord. L'Église est également dirigée pour la première fois par un pape originaire d'Amérique latine.

    Dans l'avant-propos, l'archevêque Jorge Eduardo Lozano, secrétaire général du CELAM, a déclaré : "La diminution du nombre de baptêmes et d'autres sacrements, tels que les confirmations et les mariages, soulève également des questions sur la sacramentalité dans la région. L'Église doit prendre en compte les réalités culturelles et sociales changeantes de l'Amérique latine et des Caraïbes".

    Dans la conclusion du rapport, les auteurs écrivent : "Il est possible de conjecturer que le nombre de catholiques dans la région, approximé sur la base du nombre de baptêmes administrés par an, diminuera dans un avenir proche en raison de la conjonction de deux tendances : le ralentissement de la croissance démographique et la baisse du nombre de baptêmes administrés annuellement". 

    "Si la tendance qui semble s'être installée dans les quatre régions d'Amérique latine se poursuit, surtout depuis le début du nouveau millénaire, rejoignant celle enregistrée en Europe et en Amérique du Nord depuis les années 1970, la baisse du nombre de catholiques est un scénario assez proche, et leur poids relatif par rapport à la population diminuera progressivement plus encore que leur nombre absolu."

    Les auteurs notent que, parallèlement à la diminution des sacrements administrés, on observe également un affaiblissement généralisé de l'affiliation catholique, ce qui semble "indiquer une perte de poids de l'Église catholique dans la population latino-américaine, une distanciation par rapport à l'institution". 

    "Peut-être s'agit-il d'un lien différent, moins médiatisé par le sacrement ; une conjecture qui devrait être examinée dans des études ultérieures", écrivent-ils.

    Le rapport n'est pas dépourvu de bonnes nouvelles. Il indique que le nombre de prêtres dans la région de l'Amérique centrale et du Mexique a doublé, passant de 10 957 à 22 016 en 2020.

    L'étude indique également que le nombre de séminaristes en Amérique latine a augmenté entre 1970 et 2005, mais a ensuite commencé à diminuer, pour revenir en 2020 à un niveau similaire à celui de 1990.

    L'archevêque Lozano, qui dirige l'archidiocèse argentin de San Juan de Cuyo, a déclaré que "la diminution du nombre de séminaristes pose des défis pour l'avenir en ce qui concerne le nombre de prêtres et le soin pastoral des communautés".

    Le rapport souligne également une tendance à la baisse du nombre de religieuses, observée d'abord dans la région du cône sud du CELAM, puis, entre 2005 et 2010, dans la région Amérique centrale et Mexique, la région Caraïbes et Antilles, et la région Andine.

    "La vie consacrée, tant masculine que féminine, a été un pilier important de l'Église en Amérique latine, assurant une présence missionnaire constante et un service social précieux à travers ses œuvres", a écrit Mgr Lozano, secrétaire général du CELAM depuis avril dernier.

    "Cependant, la vie religieuse féminine a diminué, ce qui soulève des questions quant à l'avenir de ces œuvres et à leur impact sur les communautés les plus vulnérables.

    Le rapport analyse les tendances par région et les évolutions au sein des 22 conférences épiscopales membres du CELAM.

    Mgr Lozano a déclaré que l'étude offrait "une vision complète et détaillée de la présence et de l'action de l'Église catholique en Amérique latine". 

    "Grâce aux données et aux analyses présentées, nous sommes invités à réfléchir et à rechercher des stratégies pastorales qui permettront à l'Église de faire face aux défis futurs", a-t-il écrit. "La mission d'évangélisation de l'Église dans cette région culturellement et spirituellement diverse reste vitale, et nous devons être prêts à nous adapter et à répondre aux besoins changeants de nos fidèles".

  • Le sort des chrétiens chinois reste inquiétant

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    De la chaîne AMEN sur youtube :

    La Chine est un des pays les plus peuplés mais surtout les plus puissants du monde. Son influence sur le monde est considérable et son emprise sur le commerce international est immense. Malgré son occidentalisation, le rapport de la Chine à la religion reste particulièrement tendu. Aujourd'hui, on vous parle de la situation des chrétiens dans ce pays. 

  • "Le totalitarisme revient sous une forme paradoxale"

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    Du blog "Pour une école libre..." :

    Le Totalitarisme sans le goulag, le nouveau livre de Mathieu Bock-Côté


    Les Occidentaux ont voulu se faire croire après la chute du communisme que l’histoire du totalitarisme était derrière eux, qu’elle ne les concernait plus. Au pire redoutaient-ils l’apparition d’un totalitarisme doux, à visage humain, mais ils ne le croyaient pas vraiment, ne le prenaient pas au sérieux. Et pourtant, le totalitarisme revient. Dans l’incrédulité générale, puisqu’il revient sans goulag, car il n’en a plus besoin. Et il revient sous une forme paradoxale.

    Nos sociétés veulent croire que ce qu’elles appellent « l’extrême-droite » les menace existentiellement, comme si elle sortait des enfers pour les y ramener avec elle.

    Cette catégorie politique fantomatique, indéfinissable, manipulée et instrumentalisée, sert essentiellement à étiqueter tous ceux qui s’opposent au régime diversitaire. Mais pas seulement : toute personnalité de gauche n’adhérant pas à la doxa ambiante est désormais frappée de cette marque de l’infamie.

    La lutte contre la prétendue « extrême-droite » justifie aujourd’hui une suspension progressive des libertés, le retour de mécanismes d’ostracisme et un contrôle social croissant, prétendant éradiquer le mal du cœur de l’homme. En d’autres mots, ce n’est pas « l’extrême-droite » qui nous menace, mais la lutte contre « l’extrême-droite » qui nous conduit au totalitarisme. Je sais cette thèse contre-intuitive. Je me donne la mission ici de la démontrer.

    Mathieu Bock-Côté
    Le retour de la question totalitaire
     
    Introduction :

    Je crains la réalisation généralisée de l’utopie.

    Eugène Ionesco


    Il y a quelques années à peine, ceux qui annonçaient un retour de la tentation totalitaire au cœur du monde occidental passaient pour d’inquiétants illuminés, ou pour des soldats perdus de la guerre froide, ignorant que le communisme s’était effondré, qu’il était mort et enterré, ou ne parvenant pas à en faire leur deuil, car ayant toujours besoin d’un grand Satan à combattre. Certes, l’islamisme était un totalitarisme, mais il venait de loin, et ne surgissait pas à la manière d’une pathologie propre à notre civilisation. Dans sa forme violente, il relevait moins du combat des idées que de la lutte antiterroriste. Dans sa forme pacifique, il exigeait un redressement existentiel des sociétés occidentales, invitées à renouer avec leurs idéaux, pour tenir tête à sa dynamique conquérante. Ils furent pourtant nombreux dès les années 1990 à s’inquiéter d’une forme nouvelle d’asservissement idéologique : ils ne furent pas vraiment pris au sérieux. Les conservateurs inquiets qui croyaient reconnaître la renaissance du totalitarisme dans ce qu’on a commencé à appeler le politiquement correct étaient accusés de s’épouvanter devant des faits divers marginaux, sans ancrage dans la réalité. Ils verseraient dans des « paniques morales », cherchant désespérément dans les aléas de la vie universitaire de quoi alimenter leur vision épouvantée de la modernité. Ceux qui insistèrent un peu trop s’attirèrent une réputation de radicaux, d’extrémistes nauséabonds et sulfureux : la mouvance national-conservatrice, grande maudite des années 1990, annonçait aussi l’avènement d’un nouveau totalitarisme, dont elle serait la première victime. Enfermée dans son ghetto, extrême-droitisée, prisonnière de l’étiquette diabolisante qu’on lui collait, elle ne parvenait qu’à convaincre les siens. Le totalitarisme, pathologie politique propre à la modernité, ne nous concernerait plus. De l’URSS, il ne resterait plus que de vieux restes, babioles et colifichets pour antiquaires. On aurait jugé biscornue l’idée voulant que les sociétés occidentales poursuivent à leur manière l’histoire du communisme par d’autres moyens.

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  • Vers un monde sans enfants ?

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    De Judikael Hirel sur la Sélection du Jour :

    Demain, un monde sans enfants ?

    Nous dirigeons-nous vers un monde, une France sans enfants ?

    Les chiffres parlent hélas d'eux-même... D'une part, la chute de la natalité se poursuit en France, avec une baisse de 7 % du nombre de naissances au cours des sept premiers mois de 2023, par rapport à la même période en 2022. D'autre part, le nombre d'avortements a historiquement augmenté en 2022, atteignant son plus haut niveau depuis trente ans, culminant à 234 300 IVG pratiquées l'an passé. Il faut dire que la mode ne semble pas aux familles nombreuses, voire aux familles tout court. Les Unes de magazines sur le sujet se multiplient, outre-Atlantique comme en France : plus personne, ou presque, ne voudrait avoir d'enfant. Dans Le Monde, la vétérinaire Hélène Gâteau explique comment elle a préféré avoir un chien qu'un enfant. Selon elle, « une femme sans enfant est déjà mise dans une case, si en plus elle affirme préférer avoir un chien, c'est la double peine ». Le très branché magazine Society fait carrément sa une sur « faut-il être fou pour avoir des enfants ? », « Pas d'enfant, pas de problème », titre le magazine. Ceux que l'on appelle les « childfree » seraient, selon toutes les études, les adultes les plus épanouis du monde actuel ».

    Si l'on se fie à un sondage IFOP réalisé en 2022 pour le magazine Elle, 30 % des Françaises entre 18 et 49 ans se diraient concernées par cette « infécondité volontaire ». Il était sans doute important de trouver une nouvelle façon de dire « ne pas vouloir avoir d'enfants »Dans ce sondage choc, on apprend que 13 % des sondées disent ne pas vouloir d'enfant. À la même question, en 2006, elles n'étaient que 2 %… Qui répond cela ? Les plus jeunes, les parisiennes, les plus féministes, les militantes EELV et les personnes aux revenus les plus faibles. Ce choix de ne pas avoir d'enfants semble se diffuser. Et si tel n'était pas le cas, on l'y aide, entre témoignages largement médiatisés et désormais programmes scolaires dès le plus jeune âge : en Belgique, les très critiquées séances EVRAS (Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle) s'intéressent également, au-delà d'une éducation sexuelle non hétéronormée dès le plus jeune âge, aux normes de la société, à la « santé sexuelle et reproductive ». Ainsi, le thème du « désir ou du non-désir d'avoir des enfants » est proposée pour les 9-11 ans, le professeur devant parler durant ces séances de « la parentalité » et de « la pression sociale ».

    Pendant ce temps, outre-Atlantique, les projections de Morgan Stanley parlent de 45 % de femmes célibataires et sans enfant en 2030. « Notre culture nous dit qu'une femme célibataire et sans enfants est autonome et responsable de sa propre vie, explique ainsi le Washington PostEn échappant au fardeau inutile d'élever une famille et d'être l'esclave de son mari. C'est du moins ce dont notre société nous a convaincu. Malheureusement, de nombreuses femmes ont adopté le mode de vie féministe moderne et ont choisi d'avorter si elles tombent enceintes de manière inattendue et de renoncer au mariage. Mais ces tendances culturelles vont avoir un impact considérable sur l'avenir de la société américaine. » Ainsi, le nombre de femmes célibataires aux États-Unis devrait augmenter de 1,2 % chaque année entre 2018 et 2030. Il semble qu'il y aura de moins en moins de mères au cours des deux prochaines décennies aux États-Unis, celles-ci choisissant de se concentrer sur leur travail plutôt que de fonder une famille.

    Reste la question de fond : pourquoi soudain ne plus vouloir d'enfant ? Aux yeux de certains, stress climatique oblige, les raisons écologiques (surpopulation, peur de laisser un enfer sur terre à leur progéniture), priment même désormais sur les raisons financières et familiales. Mais, à l'heure actuelle, entre inflation, charges excessives et revenus insuffisants, avoir un enfant, et plus encore une famille nombreuse, devient hélas un luxe. La faute à l'absence totale de politique pro-famille en France depuis les années Hollande, peut-être ? Si l'on donnait aux parents potentiels les moyens d'avoir autant d'enfants qu'ils en rêveraient, les résultats des sondages seraient sans aucun doute bien différents.

    Mais les raisons hédonistes de ne pas avoir d'enfants ne manquent pas non plus. Ne leur dites pas qu'ils sont individualistes, égocentriques, égoïstes... Ces non-parents par choix se disent avant tout adeptes de développement personnel, d'épanouissement de soi. Un état plus facile à réaliser, c'est certain, quand on n'a qu'à s'occuper que de soi. D'ailleurs, cette quasi détestation sociale de l'enfant se répand. Elle mène également à l'apparition de zones réservées aux adultes, ou plus prosaïquement interdites aux petits, synonymes de bruit, de décors. Hôtel, restaurants, parcs, et maintenant compagnies aériennes… Ces allergiques aux enfants auront le plaisir, au passage, de payer plus pour ne pas voir de petits. « Quand je fais la liste des pour et des contre, je vois tous les désavantages à avoir un enfant, mais pas les plus », témoigne un converti dans Society. Normal que cela échappe aux égoïstes : on appelle cela l'amour, celui que l'on donne et celui que l'on reçoit.

    Pour aller plus loin :

    13% des femmes ne veulent pas d'enfant

    >>> Lire l'article sur Alliance Vita

  • Rendre à Dieu ce qui est à Dieu (29e dimanche du T.O.)

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    Du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ (homelies.fr) :

    Pharisiens et Hérodiens font alliance pour tendre un piège au Seigneur. Les frères ennemis se coalisent pour « prendre en faute » leur adversaire commun « en le faisant parler », lui le Verbe de Dieu. Au moment du procès, interrogé par le grand prêtre, Jésus répondra : « J’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi me questionnes-tu ? Ce que j’ai dit, demande-le à ceux qui sont venus m’entendre. Eux savent ce que j’ai dit » (Jn 18, 21).

    Nous assistons sous nos yeux à la réalisation de la conspiration prophétisée au livre de la sagesse : « Traquons le juste : il nous gêne, s’oppose à nos actions, nous reproche nos manquements à la Loi et nous accuse d’être infidèles à notre éducation. Il déclare posséder la connaissance de Dieu et il se nomme enfant du Seigneur, il se vante d’avoir Dieu pour père. Voyons si ses paroles sont vraies et vérifions comment il finira » (Sg 2, 12-17).

    Le discours faux de ces renards commence paradoxalement par annoncer la vérité : « Tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu » ; la flatterie du menteur a pour but de faire glisser jusqu’au piège le malheureux qui se laisse séduire par ses propos mal intentionnés.

    La question sur laquelle débouche cette entrée en matière est particulièrement perverse : si Jésus répond positivement, il va dans le sens des Hérodiens, collaborateurs de l’occupant, et sera dès lors accusé de traître par les Pharisiens ; s’il invite à refuser de payer l’impôt, il abonde dans le sens des Pharisiens, mais se met les Hérodiens à dos, qui auront beau jeu de le dénoncer aux Romains.

    Jésus, connaissant l’intention de ses interlocuteurs, dévoile d’emblée leur hypocrisie et dénonce leur mauvais desseins. Coupant court aux flatteries mensongères, il prend ses opposants en flagrant délit de duplicité puisqu’ils portent sur eux la monnaie de l’impôt, portant l’effigie de l’Empereur et une légende qui s’adresse à lui comme à une divinité. Autant dire qu’un juif pieux n’était pas supposé la posséder ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle des changeurs se tenaient dans la cour du Temple, car l’argent romain était considéré comme idolâtrique et ne pouvait par conséquent entrer dans le Temple. La preuve est ainsi faite que les interlocuteurs de Jésus ne se posaient guère de problèmes moraux et n’attendaient rien de cet interrogatoire, si ce n’est un motif d’accusation.

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  • "Les césars changent, Dieu demeure"

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    Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à St Germain de l’Auxerrois (source)

    Saint-Germain de l’Auxerrois (1er) - (archive 18 octobre 2020)

    - 29e dimanche du temps ordinaire – Année A

    - Is 45,1.4-6 ; Ps 95, 1.3-5.7-10 ; 1 Th 1,1-5 ; Mt 22,15-21

    « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22,21).

    Cette parole du Christ a traversé l’histoire. Pour beaucoup d’analystes, elle a permis de séparer le temporel du spirituel, ce qui vient des hommes et ce qui vient de Dieu. Les affaires publiques et la chose privée. En réalité, l’histoire nous enseigne que ce n’est pas aussi simple.

    Des gouvernants et des rois ont voulu gérer les affaires de l’Église. Constantin au concile de Nicée, Charlemagne pour résoudre la question épineuse du filioque, l’empereur d’Allemagne Henri IV pour nommer les évêques à la place du Pape, Henri VIII d’Angleterre… A contrario, des hommes d’Église se sont piqués de gouverner les états ou de s’immiscer dans leurs affaires.

    Cette question aujourd’hui se pose particulièrement avec l’extension du salafisme. Certains sondages nous révèlent qu’une majorité de musulmans préfèrent obéir à la charia plutôt qu’aux lois de la République. Et nous alors, les chrétiens ?

    Il y a une tradition portée par saint Paul et saint Pierre dès le début du christianisme. D’un côté, ils demandent le respect de l’autorité, la participation citoyenne et l’obéissance aux lois du pays dans lequel vivent les chrétiens (Rm 13, 1 ; 1Tm 2, 1-2 ; 1P 2, 13-14).

    En même temps, la tradition catholique valorise le primat de la conscience. Saint Pierre écrit : « Il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5, 29). Ainsi les premiers chrétiens ont refusé d’adorer l’empereur de Rome comme un dieu. Ils l’ont payé de leur vie.

    Aujourd’hui encore, il est légitime de faire valoir son droit à l’objection de conscience chaque fois qu’il apparaît une injustice inacceptable. Cette objection est même un devoir. Ainsi s’exprime l’encyclique de saint Jean Paul II L’Évangile de la vie (73). Le 2e procès de Nuremberg a opposé ce principe en réponse aux médecins des camps qui invoquaient leur obéissance aux ordres pour justifier leur attitude. Il n’est pas acceptable de poser un acte contraire à sa conscience, comme pratiquer un avortement pour un médecin qui a intégré le serment d’Hippocrate dans lequel est écrit le respect de toute vie : « Je ne donnerai pas de pessaire abortif ». Alors, que penser ?

    Écoutons Jésus répondre à Pilate qui pense avoir le droit de vie et de mort sur lui : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’était donné d’en haut » (Jn 19, 11). Encore une fois il s’agit du principe de subsidiarité. Dieu permet à un homme de gouverner parce qu’il entre dans ses projets, comme Cyrus le roi de Perse dans la première lecture. Ce dernier doit exercer son rôle pour le bien de tous et doit être respecté. En revanche, s’il outrepasse sa fonction et contrevient au bien commun, ses décisions deviennent invalides. Le bien commun, différent de l’intérêt général qui peut supporter le sacrifice du plus faible, peut être recherché indépendamment d’un lien conscient à Dieu puisqu’il s’agit du bien de chacun, personnellement et ensemble. Les chrétiens, inspirés par l’amour de Dieu, y sont particulièrement sensibles. Ils peuvent et doivent s’engager dans la chose publique (res publica) au service du bien de tous. Mais il convient que jamais ils n’oublient que la source de leur action vient de Dieu qui est Amour. Si nos pièces de monnaie sont à l’effigie de l’un ou l’autre César d’aujourd’hui, nous sommes nous, et pour toujours, à l’effigie de Dieu. Les césars changent, Dieu demeure.

    +Michel Aupetit, archevêque de Paris.