Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • La foi étrange des nouveaux puritains : le mouvement « woke » sous la lorgnette d’un philosophe des religions

    IMPRIMER

    De Sandro Magister sur Settimo Cielo, en française sur diakonos.be :

    La foi étrange des nouveaux puritains. Le mouvement « woke » sous la lorgnette d’un philosophe des religions.

    Le pontificat de Léon XIV se distingue par une caractéristique désormais évidente. Il s’agit de la distance critique avec laquelle il se démarque du mouvement « woke » et de sa volonté destructrice – la « cancel culture » – tant envers la civilisation occidentale qu’envers la religion chrétienne, accusée d’être désespérément colonialiste, raciste et oppressive.

    Sous le pontificat de François – comme Settimo Cielo l’avait mis en lumière – cette idéologie s’était infiltrée jusqu’au sommet de l’Église catholique, au nom de la défense des « innocentes » tribus d’Amazonie ou bien des enfants indigènes « rééduqués de force » dans les écoles chrétiennes du Canada.

    Aux États-Unis, l’idéologie « woke » a récemment suscité une réaction populaire de rejet, qui s’est exprimée entre autres lors de l’élection du président Donald Trump. Mais cette idéologie continue à peser au sein de l’intelligentsia américaine et européenne, notamment à travers le langage « politiquement correct », d’autant plus qu’elle a pris la forme d’une nouvelle religion sécularisée.

    « La religion woke » est le titre d’un livre du philosophe français Jean-François Braunstein, sorti en France en 2022. Et « Il wokismo : cosmovisione sostitutiva e religione secolare » est le titre d’un essai du philosophe des religions Gabriele Palasciano, sorti dans le dernier numéro de « La Rivista del Clero Italiano », éditée par l’Université catholique de Milan.

    Pour Braunstein, « le wokisme peut s’analyser comme un phénomène religieux possédant un canon littéraire composé de nombreux textes de référence, d’un système de croyances et d’une ritualité incluant des cérémonies publiques de ‘confession’ de la culpabilité historique envers les personnes discriminées et les minorités violées ».

    Un exemple emblématique de cette ritualité est la génuflexion (voir photo) en mémoire de George Floyd, cet afro-américain assassiné par des policiers le 25 mai 2020 à Minneapolis, entendu comme un acte symbolique d’expiation du racisme occidental.

    Mais quoi qu’il en soit, le wokisme est « dépouillé de toute référence à la réalité divine », écrit Palasciano, auteur de l’essai d’où sont tirées ces citations. « Il s’agit d’un engagement exclusivement intramondain, d’une démarche socio-politique ». Ce qui n’empêche pas ses activistes de « se percevoir eux-mêmes comme appartenant à une classe élue », appelée à une mission « prophétique » et dotée « d’une confiance indéfectible en sa propre supériorité morale ». Il n’est donc pas étonnant que le wokisme se soit répandu au sein des différentes dénominations protestantes américaines.

    C’est justement à cette dimension religieuse du wokisme que Palasciano consacre la partie la plus originale de son essai. Non sans en examiner dans un premier temps les « piliers théoriques » et la « philosophie ».

    Les piliers théoriques, écrit-il, sont au nombre de trois :

    • « La théorie du genre, qui fait passer la perception que l’individu possède de lui-même avant le donné sexuel biologique et objectif » ;
    • « La théorie de la race, qui critique le ‘privilège blanc’ d’où sont issus de nombreuses formes de discrimination ethnico-raciales et religieuses ».
    • « La théorie de la culpabilité, qui exige une compensation pour les injustices historiques subies à cause de la domination exercée sur le monde par les sociétés occidentales ».

    En ce qui concerne la philosophie, Palasciano identifie le « déconstructionnisme » de Jacques Derrida comme étant la principale matrice du mouvement « woke ».

    Mais c’est à la « religion » du wokisme qu’il consacre la plus grande partie de son analyse.

    Il faut avant tout remarque qu’ « à cause de la cancel culture, le wokisme est souvent associé au puritanisme, ou mouvement religieux apparu à la fin du XVIe siècle dans le monde anglo-saxon avant de s’exporter, à partir du XVIIe siècle, sur le sol nord-américain ».

    Mais cette comparaison est en réalité « plutôt grossière » parce que le puritanisme a été l’exact opposé de la cancel culture. « Les puritains ont été de grands pionniers de l’alphabétisation universelle, ainsi que des promoteurs infatigables de l’instruction gratuite et universelle, à travers l’institution de centres éducatifs, d’écoles et d’universités, dont lesquelles Harvard et Yale », celles-là même dans lesquelles, à travers un curieux renversement de l’histoire, le mouvement « woke » a pris racine.

    Selon Palasciano, il est plus intéressant en revanche de faire un rapprochement avec les « réveils » protestants qui ont eu lieu entre le XVIIIe et le XXe siècle dans un contexte d’abord européen, puis américain, avec l’objectif de faire sortir la conscience des croyants de ce qu’ils considéraient comme une léthargie spirituelle généralisée ».

    Il y a en effet une consonance entre le mot « réveil » et l’adjectif « woke », qui en « Black English », l’anglais vernaculaire afro-américain, signifie « éveillé », « alerte », « attentif ».

    Mais là encore, il y a une grande différence entre le wokisme, qui met l’accent sur les discriminations ethniques et raciales, religieuses et sexuelles, dans une perspective exclusivement intramondaine, et « les nombreux mouvement du réveil protestant, qui affirmait la centralité du texte biblique, en tant qu’Écriture Sainte, et la figure de Jésus de Nazareth, professé comme Christ et Fils de Dieu, avec une insistance sur la rédemption du péché qu’il a accomplie ».

    Il est plus pertinent, selon Palasciano, de rapprocher le wokisme d’un « contexte que l’on peut définir, tout en étant culturellement et théologiquement lié à la tradition protestante, en utilisant les concepts de ‘post-protestantisme’ et de ‘néo-protestantisme’ ».

    De ce point de vue, « le wokisme apparaît comme une forme de religion séculière, autrement dit une sorte de christianisme culturel, détaché de tout contenu théologique et plus particulièrement de tout contenu christologique. Bien qu’éthique et religion soient interconnectés, le péché n’est plus considéré comme une transgression personnelle nécessitant l’intervention divine, c’est-à-dire l’œuvre de rédemption de Dieu à travers le Christ, mais plutôt comme un phénomène collectif lié aux injustices sociales. Dans tout cela, les préoccupations spirituelles du protestantisme semblent se déplacer vers la sphère socio-politique, configurant ou transformant la politique elle-même en une sotériologie laïque ».

    Quoi qu’il en soit, le wokisme est une cosmovision excluant le divin et plus encore le Dieu chrétien. Le théologien catholique Paul F. Knitter, spécialiste des relations entre les religions abrahamiques, attribue à la vision « woke » cette « théologie du remplacement » — aujourd’hui désavouée par la doctrine catholique — qui prétendait justement que l’Ancienne Alliance aurait été « remplacée » par la Nouvelle, dans le passage du christianisme au judaïsme. Le wokisme prétend désormais se substituer à son tour à la tradition judéo-chrétienne, qui doit être annulée en bloc.

    Quant aux croyances dont le wokisme se fait le vecteur, Palasciano en identifie au moins quatre :

    La première est de nature anthropologique et soutient que « l’homme blanc, hétérosexuel et occidental, qui est la cause et l’origine d’une culture de machisme et de patriarcat, doit être déconstruit de toute urgence ». Avec pour conséquence de « promouvoir paradoxalement de la sorte un antiracisme ‘raciste’, basé sur la conviction que l’individu blanc et occidental est intrinsèquement raciste, sans possibilité de rédemption en dehors d’une déconstruction ».

    La seconde concerne la sexualité. « La ‘fluidité de genre’ devient un idéal défiant toute détermination corporelle, tandis que le changement de genre est présenté en des termes religieux comme une ‘nouvelle naissance’, c’est-à-dire une renaissance selon une perspective sécularisée ».

    La troisième à trait à l’histoire culturelle. « Le wokisme prétend que l’histoire occidentale n’est dominée que le colonialisme, le racisme et le sexisme, autant d’aspects qui annulent toute réalisation dans les domaines artistique, culturel et scientifique. La déconstruction de l’histoire occidentale vise donc à libérer le monde de l’oppression millénaire générée et exercée par l’Occident ».

    La quatrième concerne le savoir scientifique. « La science occidentale est considérée comme l’expression à la fois de l’androcentrisme et du colonialisme. Le ‘wokisme’ propose donc une ‘décolonisation’ du savoir, c’est-à-dire une opération qui inclut la remise en question de l’objectivité et de l’universalité de la science moderne, en promouvant des épistémologies alternatives, voire locales, remettant en question le discours scientifique traditionnel. »

    En bref, conclut Palasciano, le wokisme représente non seulement « une menace pour la civilisation occidentale et le pour christianisme », mais également « une sécularisation agressive à travers la promotion d’une religion du remplacement ». Sa cible est « le Dieu personnel et transcendant des trois religions monothéistes, mais principalement de la tradition judéo-chrétienne ».

    Mais « néanmoins, le wokisme représente, à tout le moins d’un certain point de vue, un défi positif pour cette même civilisation occidentale. ». Il offre l’occasion « d’un nouvel examen des structures du pouvoir politico-religieux » et d’un « dialogue constructif sur certaines questions fondamentales relatives à l’identité, à la mémoire et aux valeurs de l’Occident ».

    « Le christianisme est lui aussi appelé à contribuer à tout cela, parce qu’il peut apporter des réponses pertinentes aux crises actuelles en se référant constamment et de manière toujours nouvelle au message de l’Évangile. »

    — — —

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l'hebdomadaire L'Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l'index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • "Dans les moments sombres, même contre toute évidence, Dieu ne nous laisse pas seuls" (Léon XIV)

    IMPRIMER

    JUBILÉ DE LA CONSOLATION

    VEILLÉE DE PRIÈRE 
    PRÉSIDÉE PAR LE PAPE LÉON XIV

    Basilique Saint-Pierre
    Lundi 15 septembre 2025

    source

    « Consolez, consolez mon peuple » (Is 40, 1). Telle est l’invitation du prophète Isaïe, qui nous interpelle aujourd’hui de manière exigeante : elle nous appelle à partager la consolation de Dieu avec tant de frères et sœurs qui vivent des situations de faiblesse, de tristesse, de douleur. Pour ceux qui sont dans les larmes, le désespoir, la maladie et le deuil, résonne clairement, fortement, l’annonce prophétique de la volonté du Seigneur de mettre fin à la souffrance et de la transformer en joie. En ce sens, je tiens à remercier encore une fois les deux personnes qui ont témoigné. Toute douleur peut être transformée par la grâce de Jésus-Christ. Merci ! Cette Parole compatissante, incarnée dans le Christ, est le bon Samaritain dont nous parle l’Évangile : c’est Lui qui apaise nos blessures, c’est Lui qui prend soin de nous. Dans les moments sombres, même contre toute évidence, Dieu ne nous laisse pas seuls ; au contraire, c’est précisément dans ces moments-là que nous sommes appelés plus que jamais à espérer en la proximité du Sauveur qui ne nous abandonne jamais.

    Nous cherchons quelqu’un pour nous consoler et souvent nous ne le trouvons pas. Parfois, la voix de ceux qui, sincèrement, veulent partager notre souffrance nous devient même insupportable. C’est vrai. Il y a des situations où les mots ne servent à rien et deviennent presque superflus. Dans ces moments, il ne reste peut-être que les larmes, si elles ne sont pas encore épuisées. Le Pape François rappelait les larmes de Marie-Madeleine, désorientée et seule, près du tombeau vide de Jésus. « Elle pleure simplement - disait-il - Voyez-vous, parfois, dans notre vie, les lunettes pour voir Jésus sont les larmes. Il y a un moment dans notre vie où seules les larmes nous préparent à voir Jésus. Et quel est le message de cette femme ? “J’ai vu le Seigneur”». [1]

    Chères sœurs et chers frères, les larmes sont un langage qui exprime les sentiments profonds d’un cœur blessé. Les larmes sont un cri muet qui implore compassion et réconfort. Mais avant tout, elles sont libération et purification des yeux, des sentiments, des pensées. Il ne faut pas avoir honte de pleurer ; c’est une façon d’exprimer notre tristesse et notre besoin d’un monde nouveau ; c’est un langage qui parle de notre humanité faible et mise à l’épreuve, mais appelée à la joie.

    Là où il y a de la souffrance, la question se pose inévitablement : pourquoi tout ce mal ? D’où vient-il ? Pourquoi cela m’est-il arrivé à moi ? Dans ses Confessions, saint Augustin écrit : « je cherchais d'où, vient le mal […] Quelle est sa racine et quel est son germe? […] D'où vient donc le mal, puisque Dieu a fait toutes ces choses bonnes, lui qui est bon? […] Telles étaient les pensées que je roulais dans un cœur misérable […] Cependant, solidement était fixée en mon cœur dans l'Église catholique, la foi de ton Christ, notre Seigneur et Sauveur; en bien des points sans doute, elle était encore vague et fluctuante » (VII, 5).

    Le passage des interrogations à la foi est celui auquel nous éduque la Sainte Écriture. Il y a en effet des questions qui nous replient sur nous-mêmes et nous divisent intérieurement et par rapport à la réalité. Il y a des pensées qui ne peuvent rien engendrer. Si elles nous isolent et nous désespèrent, elles humilient aussi notre intelligence. Mieux vaut, comme dans les Psaumes, que la question soit une protestation, une plainte, une invocation de cette justice et de cette paix que Dieu nous a promises. Alors, nous jetons un pont vers le ciel, même lorsqu’il semble muet. Dans l’Église, nous recherchons le ciel ouvert, qui est Jésus, le pont de Dieu vers nous. Il existe une consolation qui nous atteint alors, lorsque cette foi qui nous semble “vague et fluctuante” comme un bateau dans la tempête reste “solide et fixé”.

    Là où il y a le mal, nous devons rechercher le réconfort et la consolation qui en triomphent et ne lui laissent aucun répit. Dans l’Église, cela signifie : jamais seuls. Poser sa tête sur une épaule qui vous console, qui pleure avec vous et vous donne de la force, est un remède dont personne ne peut se priver, car c’est le signe de l’amour. Là où la douleur est profonde, l’espérance qui naît de la communion doit être encore plus forte. Et cette espérance ne déçoit pas.

    Les témoignages que nous avons entendus nous transmettent cette certitude : la souffrance ne doit pas engendrer la violence ; la violence n’est pas le dernier mot, car elle doit être vaincue par l’amour qui sait pardonner. Quelle plus grande libération pouvons-nous espérer atteindre sinon celle qui vient du pardon, qui, par grâce, peut ouvrir le cœur malgré toutes les brutalités subies ? La violence subie ne peut être effacée, mais le pardon accordé à ceux qui l’ont générée est une anticipation sur terre du Royaume de Dieu, il est le fruit de son action qui met fin au mal et établit la justice. La rédemption est miséricorde et peut rendre meilleur notre avenir, alors que nous attendons encore le retour du Seigneur. Lui seul essuiera toutes les larmes et ouvrira le livre de l’histoire, nous permettant de lire les pages que nous ne pouvons aujourd’hui ni justifier ni comprendre (cf. Ap 5).

    À vous aussi, frères et sœurs qui avez subi l'injustice et la violence de l'abus, Marie répète aujourd'hui : “Je suis ta mère”. Et le Seigneur, dans le secret de votre cœur, vous dit : “Tu es mon fils, tu es ma fille”. Personne ne peut vous enlever ce don personnel offert à chacun. Et l'Église, dont certains membres vous ont malheureusement blessés, s'agenouille aujourd'hui avec vous devant la Mère. Puissions-nous tous apprendre d'elle à protéger les plus petits et les plus fragiles avec tendresse ! Apprenons à écouter vos blessures, à marcher ensemble. Puissions-nous recevoir de Notre-Dame des Douleurs la force de reconnaître que la vie n'est pas seulement définie par le mal subi, mais par l'amour de Dieu qui ne nous abandonne jamais et qui guide toute l'Église.

    Les paroles de saint Paul nous suggèrent ensuite que, lorsque nous recevons la consolation de Dieu, nous devenons alors capables d’offrir la consolation aux autres : « Dans toutes nos détresses, il nous réconforte – écrit l’Apôtre – ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu » (2 Co 1, 4). Les secrets de notre cœur ne sont pas cachés à Dieu : nous ne devons pas l’empêcher de nous consoler en nous imaginant que nous ne pouvons compter que sur nos propres forces.

    Sœurs et frères, à la fin de cette Veillée, un petit cadeau vous sera offert : l’Agnus Dei. C’est un signe que nous pourrons emporter dans nos maisons pour nous rappeler que le mystère de Jésus, de sa mort et de sa résurrection, est la victoire du bien sur le mal. Il est l’Agneau qui donne l’Esprit Saint Consolateur, qui ne nous abandonne jamais, nous réconforte dans nos besoins et nous fortifie par sa grâce (cf. Ac 15, 31).

    Ceux que nous aimons et qui nous ont été arrachés par notre sœur la mort ne sont pas perdus et ne disparaissent pas dans le néant. Leur vie appartient au Seigneur qui, en Bon Pasteur, les embrasse et les serre contre lui, et nous les rendra un jour afin que nous puissions jouir d’un bonheur éternel et partagé.

    Chers amis, tout comme il existe une souffrance personnelle, il existe aujourd’hui une souffrance collective de populations entières qui, écrasées par le poids de la violence, de la faim et de la guerre, qui implorent la paix. C’est un cri immense qui nous engage à prier et à agir pour que cesse toute violence et que ceux qui souffrent puissent retrouver la sérénité ; et qui engage avant tout Dieu, dont le cœur frémit de compassion, à venir dans son Royaume. La véritable consolation que nous devons être capables de transmettre est de montrer que la paix est possible et qu’elle germe en chacun de nous si nous ne l’étouffons pas. Que les responsables des nations écoutent tout particulièrement le cri de tant d’enfants innocents, afin de leur garantir un avenir qui les protège et les console.

    Au milieu de tant d’arrogance, nous sommes certains que Dieu ne manquera pas de susciter des cœurs et des mains qui apportent aide et consolation, des artisans de paix capables de réconforter ceux qui sont dans la souffrance et la tristesse. Et ensemble, comme Jésus nous l’a enseigné, nous invoquerons avec plus de sincérité : “Que ton règne vienne !”.

    ____________________________________________

    [1] François,  Méditation matinale dans la chapelle de la Maison Sainte Marthe (2 avril 2013).

  • « Mais c'était aussi un provocateur »; à propos d'un argument récurrent concernant le meurtre de Charlie Kirk

    IMPRIMER

    Du Dr Johannes Hartl sur kath.net/news :

    « Mais c'était aussi un provocateur ». À propos d'un argument récurrent concernant le meurtre de Charlie Kirk

    16 septembre 2025

    « Nous constatons que des opinions qui étaient jusqu'à présent considérées comme « conservatrices » normales sont aujourd'hui présentées comme illégitimes... Je ne partage pas tout ce que Kirk a dit, ni la manière dont il l'a dit. Mais... » Commentaire de Johannes Hartl

    « Mais c'était aussi un agitateur ». À propos d'un argument récurrent concernant le meurtre de Charlie Kirk. 

    Mais il était aussi, selon ce que l'on peut lire :
    - d'extrême droite
    - homophobe
    - raciste
    - nationaliste
    - favorable aux armes
    - un incendiaire...
    Celui qui prend les armes ne doit donc pas s'étonner de périr par les armes, peut-on lire.

    Que penser de cette rhétorique ?

    Nous rencontrons ici au moins deux astuces rhétoriques et logiques :
    (1) l'inversion victime-bourreau
    (2) le faux équilibre

    L'inversion victime-bourreau est connue dans d'autres exemples extrêmes :
    - « le père a battu l'enfant, mais l'enfant était aussi très insolent »
    - « il a été victime d'un attentat à la bombe, mais il avait insulté le prophète »
    - « Elle a été violée, mais sa jupe était vraiment très courte. »

    >> L'injustice est relativisée par le contexte. La victime est présentée comme un complice secret.

    De plus, cela crée un faux équilibre. Dans le cas de Kirk : comme il a exprimé l'opinion XYZ, son meurtre est en quelque sorte plus compréhensible. (Personne ne le dit explicitement, mais c'est ce qui est suggéré.)

    Point important : cela suggère qu'exprimer une opinion est également un acte de violence. Or, ce n'est pas vrai. Défendre une opinion de manière argumentée est exactement le contraire de la violence, même si cette opinion est partiale, erronée, mal informée, etc. Car seul le dialogue sur les opinions peut nous sauver de la violence.

    « La haine n'est pas une opinion », dit-on alors, et l'argument devient un peu plus subtil. « Les propos misanthropes, d'extrême droite, homophobes, négationnistes du changement climatique, transphobes et racistes n'ont pas leur place dans une société libre. »

    Examinons cela de plus près. Le racisme, l'homophobie, etc. sont des choses graves. Cependant, le champ d'application de ces termes s'est récemment élargi de manière considérable. Un commentateur a qualifié Charlie Kirk d'« agitateur fascisant ».

    Question : que représentaient exactement les fascistes, par exemple en Allemagne pendant le Troisième Reich ?
    Réponse : des campagnes d'extermination contre d'autres États qui ont fait des millions de victimes, l'assassinat industriel de groupes ethniques entiers, la persécution politique cruelle des dissidents.
    OK : et Charlie Kirk était en quelque sorte similaire ?
    Sérieusement ?

    Nous constatons plutôt que des opinions qui, il y a quelques années encore, étaient considérées comme tout à fait « conservatrices », sont aujourd'hui présentées comme illégitimes.
    - « Le mariage est l'union d'un homme et d'une femme » : homophobe
    - « Un pays doit avant tout se préoccuper de ses propres intérêts » : nationaliste
    - « Il n'existe que deux sexes biologiques » : transphobe
    - « L'avortement est mal » : misogynie

    Kirk a tenu des propos très controversés. Je ne partage pas du tout (!) tout ce qu'il a dit, ni la manière (!) dont il l'a dit.

    Mais ce qu'il a dit peut être dit. Par exemple, même si l'on n'est pas d'accord :
    - « L'avortement devrait être illégal. »
    - « Les lois américaines sur les armes devraient être libérales. »
    - « Le changement climatique n'est pas uniquement causé par l'homme. »
    (Ou que la Terre est plate et que 2 + 2 = 7)

    Il est TOTALEMENT NORMAL de qualifier ces phrases de stupides, trompeuses, fausses, idiotes ou autre.
    Mais on ne devrait pas tirer sur quelqu'un pour les avoir exprimées.

    Même les déclarations trompeuses et fausses peuvent être exprimées publiquement dans une société libre ! (Car il n'y a souvent pas de consensus sur ce qui constitue une opinion fausse : vive le débat !)

    Des termes tels que « diviseur », « agitateur » ou « misanthrope » nous viennent aussi relativement facilement à l'esprit. Mais que signifient exactement ces termes ? Ne sont-ils pas aussi des étiquettes pour désigner quelqu'un dont nous n'aimons tout simplement pas l'opinion ?

    S'il existe des « agitateurs et diviseurs de droite », en existe-t-il également de gauche ? Greta Thunberg est-elle une agitateuse et une diviseuse ? Thilo Jung ? Heide Reichinnek ? Toutes ces personnes expriment à leur manière des opinions extrêmes. Je pense qu'elles en ont le droit. Sont-elles pour autant « misanthropes » ?

    Lorsqu'une personne est étiquetée comme semeuse de discorde et agitatrice, la suggestion est parfaite : d'une certaine manière, il est compréhensible qu'elle soit victime de violence. Et voilà : une légitimation subtile de la violence politique. Au nom du bien, car il s'agit de lutter contre les méchants.

    Tu remarques quelque chose ? Au final, on en revient à une vision très simple des choses : « Bien sûr que je suis pour la liberté d'expression. Mais seulement quand il s'agit de ma propre opinion. Car les autres sont mauvais. » Et nous revoilà au début de ce fil de discussion.

    Le Dr Johannes Hartl est fondateur de la maison de prière d'Augsbourg, auteur de plusieurs livres, conférencier et professeur à l'Institut de théologie spirituelle et de sciences religieuses de l'Université philosophique et théologique de Heiligenkreuz. Il a quatre enfants avec son épouse.

  • Corneille et Cyprien (16 septembre)

    IMPRIMER

    IMAG0053.jpgAprès la mort du pape Fabien (20 janvier 250) qui fut une des premières victimes de la persécution de Dèce, la vacance du siège apostolique se prolongea pendant quinze mois au bout desquels, en mars 251, le clergé et les fidèles de Rome (environ trente mille personnes) purent enfin se réunir pour élire pape le prêtre romain Corneille, fils de Castinus. Saint Cyprien écrivit à un autre évêque, à propos du pape Corneille : Il a passé par toutes les fonctions de l’Eglise, il a bien servi le Seigneur dans les divers emplois qui lui ont été confiés, en sorte qu’il n’est monté au faîte sublime du sacerdoce qu’en gravissant tous les degrés ecclésiastiques. Malheureusement, une partie de la communauté romaine refusa l’élection de Corneille au profit du savant Novatien, prêtre ordonné par le pape Fabien, qui refusait énergiquement de réconcilier les lapsi[1] que Corneille absolvait pouvu qu’ils reconnussent leur faute et fissent pénitence ; ce schisme s’étendit à toute l’Italie, à la Gaule et à l’Afrique où Cyprien de Carthage soutenait vigoureusement Corneille. A l’automne 251, Corneille réunit un synode où siégèrent soixante évêques, qui excommunia Novatien[2], mesure qui, grâce à Fabius d’Antioche et à Denys d’Alexandrie, fut adoptée en Orient. Ces évènement n’empéchèrent pas le pape Corneille d’organiser le clergé de Rome et les institutions caritatives.

    Lire la suite