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  • Héritiers, fils adoptifs... Quelle est la postérité littéraire de Newman ?

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    D'Hubert Darbon sur le site de La Nef :

    13 novembre 2025

    La postérité littéraire de Newman : quels héritiers, quels fils adoptifs ?

    En plus de son immense œuvre théologique, Newman peut être considéré comme un grand homme de lettres. Joyce, Claudel, Chesterton, Tolkien, Lewis… sont à leur façon ses héritiers ou admirateurs.

    « Livres à lire : avant tout Pascal (…). Beaucoup de livres de mystique (…). Bossuet (…). Dante. Tout ce que vous pourrez trouver de Newman ». Voilà le conseil adressé par Paul Claudel à son correspondant Jacques Rivière qui, engagé sur un chemin de conversion semé de cahots, lui demandait ce qui était susceptible de le soutenir. L’œil de poète et de dramaturge de Claudel, cet inclassable chrétien, ne s’y trompait pas, qui reconnaissait à travers les siècles une familiarité entre ces grands noms qui ne tenait pas à la seule foi catholique. Pascal, Bossuet et Dante furent des écrivains chrétiens, mais de même qu’on ne saurait les considérer dépouillés de la foi qui animait leurs écrits, de même il serait malvenu d’oublier le génie littéraire et poétique à travers quoi s’exprima cette foi. Dressant sa liste, Claudel rappelait non seulement l’importance apologétique de John Henry Newman, mais encore sa légitimité d’homme de lettres.

    L’influence de Newman dépassa de beaucoup la stricte sphère des ecclésiastiques et des théologiens : il fut pour bien des écrivains un pair ou un maître loué pour la richesse et la « grave beauté de son style ». Le mot est de James Joyce, qui dans Portrait de l’artiste en jeune homme, sa pseudo-autobiographie, plaçait la prose de Newman, « claustrale et veinée d’argent », au-dessus de toutes les autres : « Personne n’a jamais écrit en anglais une prose comparable à celle d’un insignifiant petit pasteur anglican devenu plus tard prince de la seule véritable Église. » Des trente-deux auteurs que, démontrant sa virtuosité et sa grande culture, il entreprit d’imiter à l’épisode 14 d’Ulysse, le seul à n’être pas parodié mais « rendu dans toute sa pureté » fut Newman.

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  • Quel est le profil du nouveau président de la conférence des évêques des Etats-Unis ?

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    D'InfoVaticana :

    Profil du nouveau président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis : Mgr Paul S. Coakley

    L'élection de l'archevêque Paul Stagg Coakley à la présidence de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) marque une continuité dans l'orientation doctrinale de l'épiscopat américain et offre, en même temps, un aperçu intéressant des sensibilités liturgiques et spirituelles du prélat qui guidera l'Église américaine pendant les prochaines années.

    Né en 1955 à Norfolk, en Virginie, et ordonné prêtre en 1983 pour le diocèse de Wichita, Paul S. Coakley a exercé son ministère au Kansas avant d'être nommé évêque de Salina en 2004. En 2010, il a été nommé archevêque d'Oklahoma City, archidiocèse qu'il dirige depuis. Fort de nombreuses années d'engagement au sein des comités de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB), d'une implication dans des initiatives caritatives internationales et d'une réputation de prudence doctrinale, Coakley s'est imposé comme l'une des voix les plus stables de l'épiscopat conservateur américain. Sa devise épiscopale, « Duc in altum » , résume parfaitement son style pastoral : sobre, axé sur le rétablissement des fondements et la prévention des ruptures inutiles.

    Mgr Coakley est connu pour ses positions fermes sur les questions centrales de la doctrine sociale de l'Église. En matière de défense du droit à la vie, il a dénoncé à plusieurs reprises l'avortement comme un mal intrinsèque, sans ambiguïté. Parallèlement, il a souligné que l'application de la peine de mort contribue à la déshumanisation de la société et a exprimé une réserve claire quant à son utilisation, sans toutefois recourir à des comparaisons hasardeuses. Concernant l'immigration, il a mis en garde contre les effets déshumanisants des politiques d'expulsion massive et a rappelé que la tradition américaine s'est construite sur le labeur de générations d'immigrants venus chercher une vie meilleure. Sa position publique maintient un juste équilibre entre la défense de principes non négociables et l'accompagnement pastoral des personnes vulnérables, sans pour autant sombrer dans une polarisation purement idéologique.

    Au-delà de ce que révèlent ses biographies officielles, Coakley possède des aspects formateurs rarement abordés dans les médias traditionnels, mais qui permettent de mieux comprendre sa sensibilité spirituelle. Des sources proches du prélat confirment que l'archevêque fut un disciple de John Senior, le célèbre penseur qui influença plusieurs générations de catholiques américains par sa défense de la tradition, de la culture classique et de la place centrale de la vie monastique comme fondement de la civilisation chrétienne. Il passa également un court séjour à l'abbaye de Fontgombault, l'un des monastères bénédictins les plus influents du renouveau liturgique traditionnel du XXe siècle. Ces détails, généralement passés sous silence dans ses biographies publiques, expliquent son aisance et sa familiarité dans les milieux où la tradition liturgique est pratiquée sans tension idéologique.

    Concernant la liturgie traditionnelle, Mgr Coakley est décrit par ceux qui le connaissent comme très favorable à la messe traditionnelle en latin. Il n'est pas un « évêque traditionaliste » au sens médiatique du terme, mais plutôt un prélat qui ne confond pas la forme extraordinaire du rite romain avec des divisions ou des « guerres culturelles », et qui la considère comme une composante légitime de la richesse liturgique de l'Église. Il la célèbre occasionnellement et entretient des liens étroits avec les communautés qui vivent la tradition liturgique en pleine communion avec l'Église. L'année dernière, lors du célèbre pèlerinage de Clear Creek, Mgr Coakley a assisté à la messe de clôture célébrée par Mgr Athanasius Schneider, au sein du chœur. Sa présence, discrète, modeste et sans publicité, a été grandement appréciée des fidèles, qui l'ont interprétée comme un geste de proximité avec ce monde spirituel, dénué de toute intention d'instrumentalisation.

    La Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) traverse une période complexe, marquée par des tensions internes concernant les priorités pastorales, des débats sur le rôle de la tradition liturgique, des défis en matière de bioéthique, d'éducation catholique et de liberté religieuse, ainsi que des relations délicates avec Rome sur les questions doctrinales et disciplinaires. L'élection de Coakley témoigne d'un épiscopat qui aspire à la stabilité doctrinale et à la sérénité stratégique. Il n'est ni un agitateur ni un administrateur purement technocratique ; il est avant tout un pasteur aux convictions profondes, doté d'une vie spirituelle intense et de la sensibilité nécessaire pour comprendre que le renouveau de l'Église repose autant sur la mission que sur la tradition.

    Le nouveau président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) offre une combinaison rare d'orthodoxie doctrinale sans véhémence, de rigueur intellectuelle ancrée dans la tradition classique et d'une véritable affinité pour la liturgie traditionnelle et la vie monastique. Son leadership sera crucial dans les années à venir, notamment dans un pays où l'Église fonde une grande partie de son identité sur d'intenses pressions culturelles et politiques. La discrétion de Mgr Coakley ne doit pas induire en erreur : son parcours et son expérience laissent penser que, sous sa direction, l'USCCB recherchera la clarté sans confrontation et, peut-être, un regain d'intérêt pour le trésor spirituel de la tradition catholique, mis à mal par le mouvement Traditionis Custodes et une vague d'interdictions et de persécutions.

  • Le combat spirituel de l'Europe : le massacre du Bataclan, dix ans après

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    D' sur European Conservative :

    Le combat spirituel de l'Europe : le massacre du Bataclan, dix ans après

    Lorsque nous rejetons Dieu, que nous démembrayons la vérité et que nous déconstruisons notre identité, nous ne devenons pas libres — nous devenons fragiles.

    Dix ans se sont écoulés depuis la nuit du 13 novembre 2015, nuit où le cœur de Paris a été transpercé par une vague d'attentats terroristes coordonnés qui ont coûté la vie à 130 personnes. Parmi les plus sanglants, on compte le massacre du Bataclan, où 90 spectateurs ont été abattus de sang-froid. 

    Une seule photo de cette nuit-là m'est restée en mémoire. Prise quelques minutes avant l'attaque, elle capture la joie et l'abandon. La foule est en extase. Les bras sont levés. Les sourires fusent de toutes parts. L'atmosphère est électrique, empreinte de liberté, de plaisir et d'impatience. Le groupe de rock américain Eagles of Death Metal est sur scène, et le public, emporté par leur performance, semble incarner tout ce que la vie nocturne occidentale moderne prétend être : libérée, exubérante, insouciante. 

    Mais ce concert, en apparence ordinaire, allait bientôt devenir le théâtre de l'un des attentats terroristes les plus horribles de l'histoire européenne moderne. Quelques instants après la prise de cette photographie, trois hommes armés islamistes pénétrèrent dans la salle et ouvrirent le feu. Ce qui avait commencé comme une célébration de la vie se termina en massacre. Cette photographie est bouleversante, non seulement parce que nous connaissons désormais la suite des événements, mais aussi parce que, rétrospectivement, l'instant qu'elle immortalise semble chargé de sens, voire prophétique. 

    Danser sur le fil 

    Ce soir-là, Eagles of Death Metal venait de commencer à jouer l'une de ses chansons les plus populaires : « Kiss the Devil ». Dès les premiers accords, une grande partie du public a répondu par le célèbre geste des « cornes du diable » — l'index et l'auriculaire levés, les autres doigts repliés — un symbole popularisé dans la culture rock, autrefois provocateur, aujourd'hui largement vidé de son sens pour la plupart de ceux qui l'utilisent. 

    Les paroles qu'ils chantaient au moment des premiers coups de feu étaient : 

    Qui aimera le Diable ? 

    Qui chantera sa chanson ? 

    Qui aimera le Diable et sa chanson ? 

    J'aimerai le diable 

    Je chanterai sa chanson 

    J'aimerai le Diable et sa chanson. 

    Quelqu'un dans la foule croyait-il vraiment qu'ils invoquaient Satan au sens propre ? Certainement pas. Tout cela faisait partie du spectacle : ironique, théâtral, sans prétention. Et pourtant, quand le mal véritable a fait irruption dans la salle sous les traits d'hommes armés, prêts à massacrer, le symbolisme est devenu difficile à ignorer. 

    Pour l'esprit moderne, qui perçoit le monde en termes strictement matérialistes, de tels moments sont considérés comme de simples coïncidences. La chanson et le massacre ne sont qu'un sinistre alignement d'événements sans lien apparent. Mais pour ceux qui croient encore au sens, aux signes et aux symboles, à la dimension spirituelle de la vie, la scène invite à une réflexion plus profonde. La question demeure : lorsqu'une culture se vide du sacré et flirte avec l'obscurité, même par plaisanterie, s'expose-t-elle à plus qu'une simple vulnérabilité politique ? Révèle-t-elle un vide spirituel – une maison nettoyée de fond en comble, mais terriblement sans défense ? 

    La parabole de la maison vide 

    L'image de la foule du Bataclan évoque un passage de l'Évangile selon Luc. Jésus parle d'une personne libérée d'un esprit impur. L'esprit s'en va et erre dans des lieux déserts, en quête de repos. N'en trouvant aucun, il retourne auprès de cette personne – à « la maison » – et la trouve « balayée et rangée », mais vide. Alors, il rassemble sept autres esprits plus méchants que lui, et tous reviennent y demeurer. « Et la dernière condition de cette personne », dit Jésus, « est pire que la première. »

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  • Janvier 2026 : un consistoire pour quoi faire ?

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    De Christopher R. Altieri sur Crux :

    Le consistoire offrira à Léon XIV l'occasion de faire part de ses projets aux cardinaux.

    L'une des principales nouvelles de la semaine dernière était la tenue prochaine d'un consistoire début 2026. Prévu les 7 et 8 janvier 2026, ce rassemblement n'a pas pour but la création de nouveaux cardinaux, mais de donner aux cardinaux l'occasion de se rencontrer et de discuter ensemble.

    De telles rencontres furent rares et espacées durant le pontificat de François, un fait que de nombreux cardinaux déploraient en privé.

    « Ce sera une excellente occasion pour beaucoup d’entre nous de faire connaissance », a déclaré le cardinal Isao Kikuchi de Tokyo à Crux, « et de partager nos préoccupations du point de vue de la périphérie et d’aider le Saint-Père à discerner ensemble la direction du Saint-Esprit. »

    Ce sera l'occasion pour le pape Léon XIV de poser des questions à ses cardinaux, et ce sera l'occasion pour eux de s'adresser à lui ainsi qu'entre eux.

    L'un des enseignements du pontificat de François est que le pape ne s'isole que lorsqu'il ne dévoile pas ses pensées à ses plus proches collaborateurs.

    Une autre leçon du pontificat de François – souvent apprise à ses dépens – est que le pape succède à Pierre et à tous ses prédécesseurs à la papauté. Ce fait, ancré dans l'histoire et fruit d'une longue et difficile construction de l'identité propre à l'Église, a constitué une force structurante essentielle au sein et pour la papauté à travers les siècles. Il a profondément influencé l'action des papes, leurs intentions et leurs convictions quant à leurs possibilités, ainsi que la manière dont ils l'ont menée.

    François l'a reconnu en théorie, mais les circonstances de son élection au siège de Pierre étaient extraordinaires et exceptionnelles, à l'image de sa personnalité et de son caractère. De l'avis général de ses plus fervents partisans comme de ses critiques les plus implacables, François accordait peu d'importance aux précédents (ni même aux protocoles établis au fil des siècles en fonction des traditions institutionnelles).

    Cela signifie que Léon XIV a une aiguille difficile à enfiler.

    Léon XIV doit prouver aux cardinaux qu'il est un homme indépendant, tout en assurant la continuité avec un prédécesseur anticonformiste et avec tous ses prédécesseurs à la charge qu'il occupe actuellement. C'est un peu comme le vieux précepte commercial : « Grand, Rapide, Bon ». Deux suffisent. Léon a besoin de trois : être lui-même, s'inscrire dans la continuité de François et s'inscrire dans la continuité de l'histoire même de la charge pétrinienne.

    Dimanche dernier – jour de la dédicace de la basilique du Latran, en réalité la cathédrale et archibasilique de Rome – Léon XIV a parlé de l'Église comme d'un « chantier » et a souligné que cette image, également utilisée par son prédécesseur, « évoque l'activité, la créativité et le dévouement, ainsi que le travail acharné et parfois des problèmes complexes à résoudre ».

    « Cela témoigne des efforts concrets et tangibles déployés par nos communautés qui grandissent chaque jour, partageant leurs charismes sous la direction de leurs pasteurs », a déclaré Léon.

    Si l'Église est un chantier, le pape n'en est pas l'architecte mais l'ingénieur en chef, et les cardinaux en sont les contremaîtres.

    Léon XIV a également souligné que la construction de la basilique du Latran « a connu son lot de moments critiques, de retards et de modifications des plans initiaux ».

    Les penchants anticonformistes de François et son goût pour un leadership déroutant – pour reprendre les mots de John L. Allen Jr., rédacteur en chef de Crux – ont souvent libéré une énergie énorme au sein de l'Église, mais en l'absence d'une direction claire, ces énergies se sont également dissipées rapidement.

    Le prochain consistoire est l'occasion pour le nouveau pontife, successeur de François, de marquer le début d'une nouvelle ère léonine, mais seulement s'il fait connaître à ses cardinaux – et leur permet de bien comprendre – quels sont ses projets.

    De manière subtile et réfléchie, Léon a déjà préparé le terrain. Il est d'un classicisme presque irréprochable quant aux attributs de sa charge et au respect du protocole pontifical. Il est remarquable de le voir retrouver une certaine régularité, voire une certaine dignité, dans ses actions, tout en tissant des liens avec les fidèles et en laissant transparaître sa personnalité avec subtilité, parfois à des moments clés.

    Lors de leur visite au pape Léon XIV au Vatican le mois dernier, le roi Abdallah II et la reine Rania de Jordanie ont été interrogés par la reine sur son prochain voyage au Liban – une étape d'un voyage prévu du 27 novembre au 2 décembre qui le mènera d'abord en Turquie pour le 1700e anniversaire du concile de Nicée – lui demandant : « Pensez-vous qu'il soit sûr d'aller au Liban ? »

    « Eh bien, » répondit Léon XIV, un léger sourire se dessinant aux coins de ses lèvres, « nous y allons. »

    L’idée de continuité papale – j’entends par là une continuité papale à travers les siècles, et non pas seulement ou même principalement d’un pape à l’autre – a certainement été éclipsée durant le pontificat de François, mais Léon XIV a déjà commencé à la faire renaître, ou du moins à créer les conditions de sa renaissance.

    Il existe un sens très réel et palpable dans lequel le conclave qui a élu Léon n'était pas tant un référendum sur le programme de son prédécesseur – en effet, il est même difficile de parler de programme pour un homme dont la devise papale officieuse était « Hagan lio ! » (mettons le désordre) – qu'un référendum sur la nécessité d'un retour à une gouvernance stable et ordonnée.

    C’est là une des principales raisons pour lesquelles le pape Léon XIV se doit d’exposer ses propres plans, de donner ses propres dispositions, en un mot : de dire ce qu’il pense de ce qui doit être fait.

    Le pape avait déjà expliqué aux cardinaux pourquoi il avait choisi Leo comme nom de règne.

    « Il y a différentes raisons à cela », a-t-il déclaré aux cardinaux réunis dans la nouvelle salle synodale le 10 mai dernier, « mais principalement parce que le pape Léon XIII, dans son encyclique historique Rerum Novarum, a abordé la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle. »

    « De nos jours », a déclaré Léon, « l’Église offre à tous le trésor de son enseignement social en réponse à une nouvelle révolution industrielle et aux développements dans le domaine de l’intelligence artificielle qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail. »

    Les cardinaux sont ravis de cette occasion de mieux se connaître, et ils sont impatients d'en savoir plus sur les projets de Léon XIV.

    Suivez Chris Altieri sur X :  @craltieri

    *Nirmala Carvalho a contribué à la rédaction de cet article.

  • Les évêques des États-Unis vont consacrer leur pays au Sacré-Cœur de Jésus

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    Du Catholic Herald :

    Les évêques vont consacrer les États-Unis au Sacré-Cœur de Jésus

     
    Les évêques des États-Unis ont voté pour consacrer leur pays au Sacré-Cœur de Jésus dans le cadre des célébrations marquant le 250e anniversaire de la fondation de la nation.

    Lors de leur assemblée annuelle à Baltimore le 11 novembre, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) a approuvé la proposition par 215 voix contre 8, avec sept abstentions.

    Aucune explication publique n'a été fournie concernant les huit votes dissidents, bien qu'il soit allégué que ces objections découlaient de préoccupations œcuméniques.

    L'acte de consécration aura lieu en juin 2026 et se conclura à la solennité du Sacré-Cœur de Jésus, qui tombe le 12 juin de cette année-là.

    Dans un message publié sur X, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) a annoncé que les évêques accompagneraient la consécration d'une nouvelle et de ressources de prière. « Par cet acte de consécration », précisait le communiqué, « les évêques cherchent à renouveler la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et à reconnaître la royauté du Christ, en harmonisant l'ordre temporel avec l'esprit de l'Évangile. »

    L'évêque Kevin Rhoades de Fort Wayne–South Bend (Indiana), président du Comité sur la liberté religieuse de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB), a présenté la proposition. Il a expliqué que l'initiative serait soutenue par une série de podcasts et d'autres médias « mettant en lumière des catholiques qui, de diverses manières, témoignent de l'expérience du catholicisme en Amérique ».

    Il a ajouté que ces réflexions seraient accompagnées de supports pédagogiques sur la contribution de l'Église à la vie nationale, notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé et de l'histoire des immigrants catholiques, ainsi que sur un « patriotisme authentique » enraciné dans la foi.

    Les évêques encouragent également les diocèses à impliquer les fidèles en promouvant des actes de dévotion liés à cet anniversaire, tels que 250 heures d'adoration eucharistique ou 250 œuvres de miséricorde. Mgr Rhoades a déclaré que cette initiative visait à approfondir la vénération nationale pour le Sacré-Cœur, symbole d'amour divin et d'unité.

    L'évêque a rappelé qu'en 1925, le pape Pie XI avait institué la fête du Christ Roi et avait parlé de consacrer les familles et les nations au Sacré-Cœur comme moyen de reconnaître la royauté du Christ.

    L'évêque Rhoades a conclu que la consécration offrait l'occasion de promouvoir une dévotion renouvelée et de rappeler aux fidèles leur mission de « servir notre nation en perfectionnant l'ordre temporel dans l'esprit de l'Évangile », faisant écho à l'appel du Concile Vatican II.

  • Le cardinal Fernández : "the right man in the right place" ?

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    De Michael Haynes sur le Catholic Herald :

    La nomination du cardinal Fernández au Vatican a provoqué un scandale et des divisions inutiles.

    L'irruption théologique provoquée par le cardinal Victor Manuel Fernández début novembre était parfaitement prévisible et ne fait que souligner l'état déplorable actuel du bureau qu'il dirige.

    Il semble depuis longtemps admis à Rome qu'un ecclésiastique n'a pas nécessairement besoin de posséder des aptitudes naturelles pour la fonction qui lui est confiée au Vatican. Le cas de l'évêque déchu Gustavo Zanchetta en est un exemple flagrant. Lorsque Zanchetta a démissionné de son siège en 2017, suite aux révélations d'abus sexuels sur des séminaristes, le pape François a créé un nouveau poste pour l'évêque au Vatican, le défendant pendant les deux années suivantes.

    Ce fut également le cas du père Marko Rupnik, dont les œuvres et les mosaïques ornaient les murs des notables romains, tandis que les accusations d'abus sur des religieuses étaient minimisées par sa hiérarchie. Qu'importe les abus répétés présumés et le lien étroit entre ces abus et son art, Rupnik était l'artiste le plus demandé de la saison, et quelle saison faste il a connue !

    Depuis 2023, l'Église a connu une situation similaire avec le cardinal Fernández, préparé à diriger la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (aujourd'hui DDF) par son ami et mentor de longue date, le pape François. Le passé de Fernández avait été si polémique que la DDF avait constitué un dossier en 2009 faisant état de préoccupations concernant ses écrits, ce qui avait conduit préventivement à une enquête lorsque le cardinal Bergoglio l'avait nommé recteur de l'Université pontificale catholique d'Argentine.

    Ces derniers mois, certains ouvrages scandaleux du passé de Fernández ont refait surface, notamment ses écrits à caractère sexuel explicite sur les baisers et les orgasmes. Tellement embarrassants pour l'image publique du cardinal, nouveau préfet de la Doctrine de la Foi, ils ont été omis des informations biographiques publiées par le Vatican, dans une tentative vaine d'effacer son passé.

    Son mandat à la tête de la DDF n'a pas été plus glorieux que son précédent mandat en Argentine. Moins de six mois après sa prise de fonction, Fernández publia Fiducia Supplicans, un texte qui faillit provoquer une scission majeure et une guerre civile au sein de l'Église, comme on n'en avait pas vu depuis le Concile Vatican II. Les critiques à l'égard de ce texte furent si nombreuses et si virulentes qu'il dut subir l'humiliation de voir un proche conseiller du pape François, le cardinal Fridolin Ambongo, négocier une clause d'exemption pour l'Afrique. Cette exemption fut obtenue grâce à une rencontre en personne entre François et Fernández.

    Fernández a certainement travaillé rapidement durant son mandat judiciaire, publiant un certain nombre de documents et s'attaquant également à l'arriéré de paperasse au DDF concernant les visions présumées, avec toutefois des résultats très mitigés, comme en témoigne son document lamentable du printemps 2024 sur les phénomènes surnaturels.

    Ses premiers mois ont suscité un tel déferlement médiatique et une telle controverse qu'il est vite apparu évident que quelqu'un lui avait conseillé de cesser les interviews et de ne plus répondre aux courriels externes. Les réactions provoquées par son travail n'ont fait qu'amplifier le scepticisme alors très répandu à l'égard du pontificat de François.

    Il n'est donc guère surprenant qu'avec son dernier document, Mater Populi Fidelis, sur Marie en tant que « Corédemptrice », Fernández n'ait fait qu'attiser la confusion et les querelles intestines, et dévaloriser davantage encore la fonction qu'il occupe. En déclarant que le terme « Corédemptrice » est « toujours inapproprié », le cardinal a balayé d'un revers de main des siècles de développement théologique et des décennies d'usage pontifical de ce terme, les reléguant au rang de simple note de bas de page.

    Il procéda d'ailleurs de manière singulière : en publiant le document lors d'une soirée de lancement plutôt que d'une conférence de presse classique, expliquant que c'était pour éviter les questions des journalistes, incapables de saisir les subtilités théologiques du texte – une citation quasi littérale. Cette stratégie se retourna contre lui, même au sein de la salle, puisqu'un spécialiste de la religion mariale se mit à crier après Fernández à propos du texte.

    Mais il convient de se demander pourquoi le cardinal a même rédigé ce texte. Le mouvement en faveur d'une déclaration formelle de Marie comme Corédemptrice reste relativement marginal au sein de l'Église, et ses plus fervents défenseurs sont des théologiens et des spécialistes mariaux respectés – loin d'être des figures marginales. En réalité, Mater Populi Fidelis n'a fait qu'élever le débat théologique à un niveau inédit. Les catholiques qui ignoraient jusqu'alors ce terme ou cette dévotion découvrent désormais des arguments en sa faveur, tandis que les mariologues qui la proposent redoublent d'efforts pour en préciser la nature.

    En bref, tout comme pour Fiducia Supplicans , il n'y avait aucune raison valable d' écrire Mater Populi Fidelis , et tout ce que cela a fait, c'est se retourner contre l'intention publique de Fernández.

    Le journaliste catholique chevronné Phil Lawler a exprimé ce sentiment lorsqu'il a écrit :

    « Parfois, quand il n'est pas nécessaire de parler, il est préférable de se taire. C'était peut-être le cas ici. La réaction à la déclaration du Vatican était parfaitement prévisible : des cris de colère de la part de ceux qui se sentent trahis et abandonnés par les déclarations du Vatican depuis 15 ans. »

    Malheureusement, il ne s'agit là que du dernier épisode d'une longue série de désastres en matière de relations publiques et de controverses théologiques qui ont entaché le Vatican depuis l'arrivée du cardinal Fernández il y a un peu plus de deux ans.

    Avant d'occuper son poste actuel, l'archevêque Fernández avait déclaré : « Sur de nombreux points, je suis bien plus progressiste que le pape », en référence au pape François. À l'heure où les églises perdent massivement des fidèles et où les vocations, notamment en Europe, continuent de décliner d'année en année, cette affirmation était pour le moins audacieuse.

    J'ai demandé à l'un de ses précédents de réagir à une telle remarque. « Les éloges des grands médias à l'égard des réformateurs progressistes ne se sont pas encore traduits par une conversion des fidèles à la foi en Jésus-Christ », a déclaré le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la DDF, peu après la nomination de Fernández. « Car c'est dans le Fils du Dieu vivant seul qu'ils peuvent placer leur espérance, pour vivre et pour mourir. »

    Scandales, controverses, imprécisions et un manque général de rigueur scientifique sont devenus monnaie courante sous la direction de Fernández à la tête du Dicastère pour la Doctrine de la Foi. Non seulement il a démontré son inaptitude à occuper cette fonction, mais il l'a même admis lui-même lorsqu'il a déclaré ne pas avoir les compétences requises pour gérer l'aspect disciplinaire du DDF.

    Les théologiens, les prélats les plus influents et même les simples journalistes désespèrent de plus en plus de l'état déplorable dans lequel Fernández a plongé la DDF, autrefois respectée, et si le pape Léon XIV souhaite rétablir un semblant de paix et d'ordre au sein de l'Église, Fernández ne doit pas être maintenu au pouvoir.

    Michael Haynes est un journaliste anglais indépendant et membre du corps de presse du Saint-Siège. Vous pouvez le suivre sur X ou sur son site web Per Mariam .