De Massimo Introvigne sur le site Bitter Winter :
12 août
Manifestations de Hong Kong : le facteur catholique
Le passé, le présent et l’avenir de l’Église catholique de Hong Kong, et les décisions que le Vatican devra prendre, sont des facteurs importants pour l’avenir des manifestations.

Les manifestations de Hong Kong se poursuivent. Certains pensent qu’elles pourraient devenir le nouveau Tian’anmen. Les militants des droits humains spéculent sur la façon dont l’attitude des États-Unis et du président Donald Trump sera déterminante pour l’avenir des manifestations, ou pourra même alimenter ou créer une opposition au président Xi Jinping au sein même du PCC.
D’autres à Hong Kong pensent néanmoins que les choix d’un dirigeant originaire d’un pays en voie de développement, venant s’ajouter à ceux de Trump et de Xi Jinping, peuvent peser lourdement sur l’avenir de Hong Kong. Ce dirigeant est le Pape François. Les catholiques romains de Hong Kong ne représentent que 5% de la population, mais ils détiennent un pouvoir disproportionné en politique, dans la culture et dans les médias. Carrie Lam, cheffe de l’exécutif de Hong Kong, dont les positions pro-PCC ont déclenché les manifestations, est elle-même une catholique pratiquante et elle a été éduquée dans des écoles catholiques. Ce n’est un secret pour personne qu’elle demande régulièrement conseil à des évêques catholiques sur des questions politiques importantes.
Hong Kong est aussi un pont traditionnel entre le Vatican et la Chine. Selon des chercheurs experts sur les questions des relations entre le Vatican et la Chine, c’est à Hong Kong que, jusqu’à l’entrée en fonction du pape François en 2013, l’opposition la plus forte à tout accord entre le Vatican et le PCC encourageant les prêtres et les évêques catholiques à rejoindre l’Association Patriotique des Catholiques Chinois(APCC) contrôlée par le gouvernement a été organisée et dirigée avec succès, avec l’influence du cardinal anti-PCC Joseph Zen (né en 1932 et évêque de Hong Kong entre 2002 et 2009), une opposition qui s’est étendue à Rome. Selon les mêmes chercheurs, Joseph Zen avait rassemblé une formidable équipe avec un confrère salésien, Mgr Savio Ho Tai Tai-fai (né à Hong Kong en 1950), le prélat chinois le plus influent de la Curie romaine, où il était, depuis 2010, secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, c’est-à-dire le département du Vatican directement responsable de la Chine. Zen et Ho étaient très écoutés par le pape Benoît XVI, et ont effectivement torpillé toute possibilité d’accord qui rendrait possible ou obligatoire l’adhésion des prêtres et des évêques catholiques chinois à l’APCC. Ils étaient soutenus par Ettore Balestrero, alors père, plus tard archevêque, un haut responsable politique du Secrétariat d’État du Vatican, et un farouche opposant du PCC.