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Célébrant : abbé Claude Germeau, directeur du Foyer des Jeunes à Herstal et prêtre auxiliaire à l’église du Saint Sacrement à Liège
Propre grégorien de la messe "Misericordia Domini", Kyriale "Lux et Origo" de Pâques, Motets "Laudate Dominum" à deux voix d’ Henry Du Mont (XVIIe s.) et « Isti sunt agni novelli » chanté en canon. Cantiques « au festin royal de l’agneau (ad regias agni dapes) » et « Erschalle laut,Triumphgesang). Antienne finale: « Regina Caeli, laetare, alleluia » (grégorien)
De Bosco d’Otreppe sur le site de « La Vie ». Extraits :
« La foule sur la place Saint-Pierre a le talent du silence. Devant la basilique, mais aussi sur les nombreuses places de Rome où des centaines de milliers de pèlerins (800.000 selon le Vatican) se sont rassemblés, l'évangile résonne dans un recueillement consciencieux. L'évangile, mais aussi ces quelques mots, prononcés par le pape sous les applaudissements de la foule :“Nous déclarons et définissons saints les bienheureux Jean XXIII et Jean Paul II”.
Voici trois jours que cette foule sillonne Rome, et voici maintenant de nombreuses heures qu'elle a conquis de ses sacs de couchage les frontières du Vatican pour être au plus proche de l'autel et narguer le ciel lourd, bas et menaçant qui règne sur la ville. Pourtant, pas d'ennui général, pas d'attente impatiente : ici les heures deviennent prière et rencontre. Le Vatican a beau être photogénique, il n'en est pas qu'une simple scène de spectacle.
“Deux hommes courageux”
“Ils ont été des prêtres, des évêques, des papes du XXe siècle. Ils en ont connu les tragédies, mais n’en ont pas été écrasés. En eux, Dieu était plus fort.” Consciencieux également derrière sa feuille, François non plus ne se donne pas en spectacle. Comme il aime les écrire lors des messes importantes, son homélie reste sobre, sans grande hagiographie et sans aucune improvisation ; elle laisse toute sa place aux sacrements, revient sans cesse à l'évangile, et trouve dans les personnalités de Jean Paul II et Jean XXIII le moyen de le rapporter à notre époque.
“Jean XXIII et Jean Paul II ont eu le courage de regarder les plaies de Jésus, de toucher ses mains blessées et son côté transpercé. Ils n’ont pas eu honte de la chair du Christ, ils ne se sont pas scandalisés de lui, de sa croix ; ils n’ont pas eu honte de la chair du frère, parce qu’en toute personne souffrante ils voyaient Jésus. Ils ont été deux hommes courageux, remplis de la liberté et du courage du Saint-Esprit, et ils ont rendu témoignage à l’Église et au monde de la bonté de Dieu, de sa miséricorde.” (...).
C'est dans les pas de ceux-ci que François propose alors de mettre son pontificat et le chemin synodal qui s'y dessine autour de la famille. “ (...) Jean Paul II a été le Pape de la famille. Lui-même a dit un jour qu’il aurait voulu qu’on se souvienne de lui comme du Pape de la famille. Cela me plaît de le souligner alors que nous vivons un chemin synodal sur la famille et avec les familles, un chemin que, du Ciel, certainement, il accompagne et soutient. Que ces deux nouveaux saints Pasteurs du Peuple de Dieu intercèdent pour l’Église, afin que, durant ces deux années de chemin synodal, elle soit docile au Saint-Esprit dans son service pastoral de la famille.”
Non loin de François, mais néanmoins parmi les cardinaux, un autre pape prie et chante discrètement. La présence de Benoit XVI, chaleureusement applaudie, aura illustré d'un caractère inédit (c'est la première fois dans l'histoire de l'Église qu'une messe aura été célébrée en présence de deux papes, l'un émérite et l'autre en exercice), cette matinée historique que François voulait en communion avec l'ensemble des croyants de toutes générations et de toutes régions. »
Ce matin, à la seconde messe dominicale au Saint-Sacrement à Liège, c’était un peu la même tonalité : beaucoup de monde (toutes proportions gardées) en communion avec les canonisations romaines en cours, un prêche sur les vrais mérites de la sainteté et la liturgie paisible, pieuse et solennelle à la fois, les chants grégoriens alternés en choeur avec l’assemblée, l’orgue, le violoncelle, les gestes lents, la communion à genoux, les encensements : un univers sacral sansostentation, à mille lieues de l’enflure mondaine des eucharisties «festives» où des animateurs excitent l’assemblée à se célébrer elle-même. JPSC
homélie du deuxième dimanche de Pâques par l'abbé Christophe Cossement (source)
C’est toujours utile d’aller voir comment vivaient les premières communautés chrétiennes. Elles ont une fraîcheur de foi qui peut nous inspirer, et elles vivaient dans un contexte minoritaire qui ressemble au nôtre. Qu’apprenons-nous aujourd’hui des dispositions intérieures de ces chrétiens ? Que « la crainte de Dieu était dans tous les cœurs » (Ac 2,43). Les disciples avaient donc la crainte de Dieu. Ils n’en avaient pas du tout peur, car ils l’aimaient et ils savaient que Dieu les aimait. Mais ils savaient aussi que c’est l’amour d’un Dieu : par un accessoire parmi d’autres mais quelque chose qui change tout le regard que l’on peut avoir sur sa propre vie. Une vie aimée par Dieu, c’est une vie toute différente, dans la mesure où Dieu compte plus que tout le reste. C’est cela, la crainte de Dieu, cette disposition intérieure par laquelle Dieu compte et son amour change tout.
Si Dieu est Dieu, alors il n’y a pas ceux qui aiment Dieu ou ne l’aiment pas comme il y a ceux qui aiment ou pas le vin rouge ou le football. C’est autrement important de se positionner par rapport à Dieu que par rapport à n’importe quelle bonne chose de la vie. La portée du mot « Dieu » rend urgent de se questionner sérieusement par rapport à ce qu’il représente. Ce n’est pas raisonnable de dire à son sujet : je ne sais pas, on verra bien… comme si toute la face du monde ne devait pas être changée si Dieu aime les hommes ou n’existe pas.
Il n’y a pas de vie chrétienne sans la crainte du Seigneur. Sans elle il n’y a pas de joie à être disciple du Christ. Et il n’y a pas de disciple du tout, car craindre le Seigneur c’est reconnaître que ce n’est pas à moi à lui faire des reproches, que c’est plutôt lui qui m’apprend les chemins de la vie, tandis que moi je me laisse instruire.
Pourtant il y a un problème, de taille : Dieu, on ne le voit pas ! Les apôtres ont déjà buté là-dessus. C’est pour cela qu’il faut un moyen d’investigation approprié. Il s’appelle la foi. Cette foi que l’on voit naître dans le cœur des apôtres malgré l’incroyable de la nouvelle de la résurrection. La foi n’est pas un pari douteux, mais le moyen de connaître des choses que l’on ne voit pas, comme on peut vivre d’amour si l’on croit à l’amour de l’aimé. Quand je suis tenté de mettre Dieu en balance, la foi va me permettre de comprendre ce que je peux recevoir de lui et surtout d’en vivre.
La crainte de Dieu, reconnaître et accepter que Dieu compte, quelle Lumière pour la vie ! Elle permet de détecter la présence de Dieu et d’y être sensible. Celui qui ne craint pas Dieu, Dieu ne va pas débarquer dans sa vie, se mettre devant la télé et dire : et maintenant, c’est quand que tu crois en moi ? Alors, Seigneur, remplis-nous de cette crainte de toi qui rapproche le ciel de la terre !
« Il y a toujours le risque d'être déçu dans l'ancienne liturgie, lorsque l'on célèbre Pâques et que l'on médite sur l'Evangile qui nous est proposé, ce texte de saint Marc dans lequel trois femmes, Marie de Magdala dite Madeleine, Marie femme de Clopas et Salomé, venues oindre le corps du Seigneur dans un élan de fidélité viscérale, ne voient que le tombeau vide. La pierre "qui était fort grosse" a été écartée ? Elles ont eu la vision d'un ange ? Mais le Christ qu'elles venaient honorer une dernière fois ? Où se cache-t-il ? Il n'est pas là. "Il vous précède en Galilée, c'est là que vous le verrez". L'Eglise n'occulte pas le tombeau vide, ni le fait que c'est ce vide d'abord qui frappe les premiers témoins…. »
Pour Figarovox,Vincent Tremolet de Villers a interrogé Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et de Lourdes. Extraits :
(...) Pâques: pourquoi cette fête est importante pour les catholiques?
La fête de Pâques est, avec Noël, la plus grande fête de l'année. Nous célébrons la Résurrection du Christ. Toute la foi chrétienne tourne autour de ces deux évènements: Dieu qui se fait homme dans le mystère de Noël ; le Christ ressuscité des morts dans le mystère de Pâques. Si Dieu s'est fait l'un de nous, c'est pour ouvrir, dans la tragédie de la mort, un chemin de résurrection pour tous les hommes. Voilà le cœur de la foi chrétienne. «Si le Christ n'est pas ressuscité, écrit Saint Paul, vide alors est notre message, vide aussi notre foi» (…).
Est-ce que l'idée d'une résurrection et d'un au-delà n'a pas disparu avec les plaisirs et les possibilités infinies que peuvent donner la consommation dans les sociétés prospères?
(…) Les possibilités de la technique peuvent entretenir l'homme dans l'illusion de sa toute-puissance. L'accroissement du confort peut l'amener à penser qu'il se suffit à lui-même. Mais lorsqu'il fait l'expérience de l'épreuve et de l'échec - et en particulier de l'échec absolu qu'est la mort - il est totalement démuni et ne sait plus faire face. Il faut qu'il apprenne alors à affronter la réalité de sa finitude, de sa fragilité et de sa dépendance. En proclamant la Résurrection, nous annonçons que dans les impasses, les déconvenues, les angoisses de l'existence, le Christ nous appelle à la vie ; qu'au moment où tout semble s'effondrer, nous avons encore un avenir. Et que cet avenir dépasse infiniment la mesure et les limites de la vie terrestre: notre avenir est en Dieu.
Est-ce normal selon vous que l'on continue dans un pays laïc à donner tant d'importance aux fêtes chrétiennes?
(…) Les fêtes religieuses nous prémunissent contre la tentation de tout réduire à des perspectives terrestres et de tout espérer de l'organisation politique. La liberté religieuse est le garant ultime des libertés individuelles: l'Etat ne pourra jamais contrôler la relation personnelle qu'un croyant entretient avec Dieu. Les fêtes religieuses doivent être maintenues pour cette raison: parce qu'en les conservant, le pouvoir politique reconnaît que ce qui touche à la foi dépasse sa compétence et que la liberté doit être laissée aux croyants de célébrer ensemble - et selon les modalités qu'ils choisissent- la foi qui les anime.
Les Evêques ont eu à Lourdes des échanges vifs sur les rapports entre l'Eglise et le monde contemporain. Comment l'Eglise doit-elle parler au monde?
(…) Le problème est de savoir si nous avons encore la culture de cette recherche longue, patiente exigeante du bien, du vrai, du juste. Un lent travail de la raison est nécessaire, là où on préfère, par économie intellectuelle, l'émotion et les slogans.
Les chrétiens sont parfois moqués comme anachroniques, ils provoquent souvent l'indifférence. Sont-ils condamnés à vivre à contre- courant et à perdre les combats temporels?
Les chrétiens n'ont pas la mission de gagner des combats. Ils veulent seulement témoigner de l'amour de Dieu pour tout homme, un amour sans condition qui les appelle à la vie. C'est cet amour, et lui seul, qui sauve le monde. Il ne s'impose pas par la force du droit ou par des jeux politiques. Il est accueilli dans le cœur des croyants comme un feu qui embrase tout leur être et qui illumine leur conscience, leurs décisions, leurs projets. L'Evangile se répand de cette manière ; sans bruit, sans violence, sans stratégie. C'est, comme vous le dites, un peu à contre-courant…
A Lourdes vous côtoyez sans cesse des malades, des handicapés. Considérez-vous que la société les aide et les protège suffisamment?
(…) La dépendance et la fragilité ne sont pas des défaites pour la personne humaine. Parce que sa dignité ne lui est pas donnée par son autosuffisance, par son pouvoir ou par sa bonne santé. Elle vient de plus haut ; elle vient de Dieu. Elle vient de ce qu'elle est aimée inconditionnellement. Et de ce qu'elle est capable d'aimer inconditionnellement. Notre société fait beaucoup pour les personnes fragiles. Mais elle gagnerait à cultiver ce regard d'absolue bienveillance. Pour ne pas être tentée d'écarter les plus faibles en succombant à une logique de coût, de rentabilité et de confort. Toute personne mérite de vivre. C'est notre appel, notre vocation. Nous sommes faits pour la vie!
C’est sur une place Saint-Pierre noire de monde, – on parle de quelque 150 000 personnes -, que lePapeFrançois a célébré ce dimanche matin la messe de Pâques et a ensuite délivré son message « Urbi et Orbi » :
Sur le parvis de la basilique, devant d’immenses parterres de fleurs amenées tout exprès des Pays-Bas, et devant les cardinaux, le pape a célébré cette messe de manière très solennelle, accompagné par de splendides chants en grec et en latin [ndB : bravo, la « Ritournelle » de Tamines] . Au terme de la messe, durant plus d’un quart d’heure, le Pape s’est offert un bain de foule en jeep, au cœur des allées de la Place Saint-Pierre.
C’est du balcon central de la basilique que François a prononcé ensuite la bénédiction Urbi et Orbi, à la ville de Rome et au monde, avant de nous livrer son message. Un message où plusieurs conflits ont été évoqués. Ainsi le Pape a demandé la fin du conflit en Syrie, a prié pour la paix entre Israéliens et Palestiniens, il a demandé la fin des affrontements en Centrafrique, des attentats au Nigéria, et des violences au Soudan du Sud. Il a pensé aux victimes de l’épidémie d’Ébola en Guinée Conakry, en Sierra Léone et au Libéria. Il a espéré le retour de l’entente au Venezuela. Mais le Pape a aussi demandé que l’on pense à tous ceux qui sont malades, souffrent de la faim, sont exploités ou abandonnés. Enfin, alors que tous les chrétiens fêtent cette année Pâques ensemble, le Pape a imploré la pacification en Ukraine. Et plus largement le Pontife a supplié Dieu pour que cessent toutes les guerres, tous les conflits. »
Et naturellement aussi, pour le cas où on l’aurait omise dans cette litanie, n’oublions pas une bonne nouvelle : Surrexit Christus vere, Χριστός άνέστη,άληθώς άνέστη : oui, le Christ est vraiment ressuscité, alleluia ! JPSC.
chants grégoriens, ambrosiens et mozarabes, motets classiques
19 avril 2014, samedi-saint
20h, vigile pascale et messe de la Résurrection (missel de 1970)
La Nuit de Pâques est, comme le dit saint Augustin, « la mère de toutes les saintes vigiles, en laquelle veille le monde entier. » Elle s’ouvre sur la bénédiction du feu nouveau, signe de résurrection, et du cierge pascal, qui figure au milieu de nous la présence du Christ en son corps glorieux. La flamme du cierge pascal se transmet aux cierges des fidèles, exprimant que la vie de Jésus ressuscité est donnée en partage à ceux qui sont renouvelés en lui. Inondé de cette clarté, le célébrant procède à la grande proclamation de l’Exsultet, où l’Eglise laisse déborder la joie de son cœur.
Après la Liturgie de la Lumière viennent celles de la Sagesse (Lectures) et de l’Eau (litanie des saints, bénédiction de l’eau, renouvellement des promesses de baptême, aspersion et bénédiction des fidèles) qui nous conduisent au rite de l’Eucharistie, suivi du chant des Laudes.
Chants grégoriens : litanie des saints, antienne « vidi aquam », Kyriale « Lux et Origo » et triple alleluia de Pâques avec son antienne. Psalmodie du psaume 150: laudate Dominum. Hymne « O filii et filiae ». Violoncelle et orgue.
20 avril 2014, dimanche de Pâques
10h00 : Messe du Jour (latin) selon le missel de 1962
Plain chant et orgue : propre grégorien de la messe « Resurrexi » du Jour de Pâques. Kyriale I « Lux et origo ». Credo I . Hymne « Lapis revolutus est ». Motets classiques.
11h15: Messe du Jour (français) selon le missel de 1970
Chants grégoriens: Kyriale du temps pascal. Séquence « Victimae Paschali Laudes ». Hymne O filii et filiae ». Œuvres pour violoncelle et orgue
Les mélodies grégoriennes chantent le triomphe du Christ sur la mort : l’Agneau a racheté les brebis, « Agnus redemit oves » : il nous entraîne à sa suite, affranchis, pardonnés, purifiés en Lui. Car le Christ notre Pâque a été immolé (« pascha nostrum immolatus est Christus ») pour que nous le recevions « in azymis sinceritatis et veritatis » : sous les apparences du pain azyme, symbole de pureté et de vérité hérité de la tradition juive. Hors du mystère pascal, auquel nous unit chaque messe, nous sommes perdants face au mal à la souffrance et à la mort. Seul un Dieu crucifié peut demander que, là, nous nous en remettions à Lui car il nous l’affirme : « Resurrexi et adhuc tecum sum ». Je suis ressuscité et je suis avec toi pour toujours.
La résurrection selon la chair, juste un symbole ? Monseigneur Léonard répond : « Il me paraît très important de souligner le réalisme de la résurrection. Ce n’est pas un réalisme naïf. Quand on parle de résurrection physique, je n’entends pas tomber non plus dans un anthropomorphisme presque grossier qui suscite des questions incongrues. Quel est le statut du corps de Jésus ressuscité ? Combien pèse-t-il ? Combien mesure-t-il ? C’est le genre de questions aussi idiotes que celle que l’on a posée sur l’eucharistie : comment Jésus, homme adulte, peut-il tenir dans l’hostie ? Ces questions indiquent bien que l’on comprend la réalité de la résurrection, comme celle de la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie, uniquement sur le mode de nos réalités terrestres. A mon sens, le corps de Jésus ressuscité est un corps réel, mais non plus au sens habituel d’un corps humain réel, en vieillissement, et s’acheminant vers la mort. Il doit présenter un certain rapport avec le corps du Christ que ses contemporains ont connu avant sa crucifixion mais, puisque Jésus ressuscité ne meurt plus, sa condition humaine réelle, incarnée, n’est plus tout à fait la même que la nôtre. Je considère le corps de Jésus comme réel, mais je ne le situe pas dans le cosmos. S’il est présent dans notre cosmos, c’est par la présence eucharistique. Le mystère a sa part dans la condition présente, mais tous nous recevons les lumières nécessaires à faire un acte de foi, à dire oui à Dieu. Ce oui à Dieu, c’est peut-être avant tout un acte de foi en la résurrection du Christ. Le christianisme sans la résurrection du Christ, sans le Christ vraiment ressuscité, ce n’est plus le christianisme, ce n’est plus qu’une idéologie parmi d’autres. Perdre cela, c’est perdre tout le contenu du message. Insinuer cette réduction dans le cœur des croyants, c’est un grand malheur et un grand méfait. C’est sortir de la foi chrétienne et pénétrer sur le terrain de l’hérésie. L’hérétique, c’est une personne qui retient de la foi chrétienne ce qui lui convient et laisse tomber le reste. Cette attitude réduit le croyant à la dimension d’un partisan. L’hérésie provient toujours d’une étroitesse d’esprit. Incapable d’accueillir toute la réalité de la Révélation, on nie le reste. On laisse tomber ce que l’on n’est pas capable d’intégrer dans sa raison trop courte, et on le transpose sur un mode acceptable ».
extrait de :Monseigneur Léonard, un évêque de plein air, éd. Omer Marchal, 1994, p.266
Dans les rues de Liège, le chemin de Croix public du Vendredi saint, présidé par le nouvel évêque, Mgr Jean-Pierre Delville, s’est déroulé cette année dans un silence priant, seulement rythmé par les tambours et de courtes antiennes (misericordias Domini, Ubi caritas etc.) reprises par les fidèles. Partie de l’église Saint-Pholien à 18h, la foule s’est massée à chaque grande station (Perron liégeois, Opéra, Vierge de Delcour) pour la lecture d’un extrait de la Passion selon saint Jean, suivie d’un Notre Père et d’un Je vous salue Marie. Les marcheurs sont arrivés pour l’Office à l’église Saint-Jacques un peu après 19h00 . Pas mal de monde aussi dans les églises (au Boulevard d’Avroy à 15 heures, près de cent personnes étaient rassemblées dans l’église du Saint-Sacrement, pour y commémorer la mort du Christ) JPSC.
chants grégoriens, ambrosiens et mozarabes, motets classiques
Le 18 avril : Vendredi-Saint
15 heures
Chemin de la Croix : méditation (abbés Cl. Germeau et A. Arimont) des quatorze stations. Chants grégoriens : hymne « Crux fidelis », antiennes « Adoramus Te » et « Salvator mundi ». Confessions possibles après l’office.
A l’avers et au revers d’une même réalité, le mal, que l’on fait ou que l’on souffre, fait partie de ce monde déchu. En assumant, par l’incarnation, la nature humaine hormis le péché, le Christ devait forcément rencontrer le mal. Il était prévisible qu’il souffrit sa passion. Il la doit bien entendu à la malignité des hommes et non au sacrifice exigé par un Père qu’on ne peut confondre avec une divinité païenne assoiffée de sang. Assumées dans l’amour avec le nouvel Adam, la souffrance et la mort purifient en nous le vieil homme et lui restituent l’accès à la vraie vie. JPSC
Sur le thème de la souffrance humaine, Benoît XVI, dans son encyclique « Spe Salvi », a consacré quelques pages à relire en ce Vendredi Saint :
N°36. Comme l'agir, la souffrance fait aussi partie de l'existence humaine. Elle découle, d'une part, de notre finitude et, de l'autre, de la somme de fautes qui, au cours de l'histoire, s'est accumulée et qui encore aujourd'hui grandit sans cesse. Il faut certainement faire tout ce qui est possible pour atténuer la souffrance: empêcher, dans la mesure où cela est possible, la souffrance des innocents; calmer les douleurs; aider à surmonter les souffrances psychiques. Autant de devoirs aussi bien de la justice que de l'amour qui rentrent dans les exigences fondamentales de l'existence chrétienne et de toute vie vraiment humaine. Dans la lutte contre la douleur physique, on a réussi à faire de grands progrès; la souffrance des innocents et aussi les souffrances psychiques ont plutôt augmenté au cours des dernières décennies. Oui, nous devons tout faire pour surmonter la souffrance, mais l'éliminer complètement du monde n'est pas dans nos possibilités – simplement parce que nous ne pouvons pas nous extraire de notre finitude et parce qu'aucun de nous n'est en mesure d'éliminer le pouvoir du mal, de la faute, qui – nous le voyons – est continuellement source de souffrance. Dieu seul pourrait le réaliser: seul un Dieu qui entre personnellement dans l'histoire en se faisant homme et qui y souffre. Nous savons que ce Dieu existe et donc que ce pouvoir qui « enlève le péché du monde » (Jn 1, 29) est présent dans le monde. Par la foi dans l'existence de ce pouvoir, l'espérance de la guérison du monde est apparue dans l'histoire. Mais il s'agit précisément d'espérance et non encore d'accomplissement; espérance qui nous donne le courage de nous mettre du côté du bien même là où cela semble sans espérance, tout en restant conscients que, faisant partie du déroulement de l'histoire tel qu’il apparaît extérieurement, le pouvoir de la faute demeure aussi dans l'avenir une présence terrible.
N°37. Revenons à notre thème. Nous pouvons chercher à limiter la souffrance, à lutter contre elle, mais nous ne pouvons pas l'éliminer. Justement là où les hommes, dans une tentative d'éviter toute souffrance, cherchent à se soustraire à tout ce qui pourrait signifier souffrance, là où ils veulent s'épargner la peine et la douleur de la vérité, de l'amour, du bien, ils s'enfoncent dans une existence vide, dans laquelle peut-être n'existe pratiquement plus de souffrance, mais où il y a d'autant plus l'obscure sensation du manque de sens et de la solitude. Ce n'est pas le fait d'esquiver la souffrance, de fuir devant la douleur, qui guérit l'homme, mais la capacité d'accepter les tribulations et de mûrir par elles, d'y trouver un sens par l'union au Christ, qui a souffert avec un amour infini. Dans ce contexte, je voudrais citer quelques phrases d'une lettre du martyr vietnamien Paul Le-Bao-Tinh (mort en 1857), dans lesquelles devient évidente cette transformation de la souffrance par la force de l'espérance qui provient de la foi. « Moi, Paul, lié de chaînes pour le Christ, je veux vous raconter les tribulations dans lesquelles je suis chaque jour enseveli, afin qu'embrasés de l'amour divin, vous bénissiez avec moi le Seigneur, parce que dans tous les siècles est sa miséricorde (cf.Ps135 [136], 3). Cette prison est vraiment une vive figure de l'enfer éternel. Aux liens, aux cangues et aux entraves viennent s'ajouter des colères, des vengeances, des malédictions, des conversations impures, des rixes, des actes mauvais, des serments injustes, des médisances, auxquels se joignent aussi l'ennui et la tristesse. Mais celui qui a déjà délivré les trois enfants des flammes ardentes est aussi demeuré avec moi; il m'a délivré de ces maux et il me les convertit en douceur, parce que dans tous les siècles est sa miséricorde. Par la grâce de Dieu, au milieu de ces supplices qui ont coutume d'attrister les autres, je suis rempli de gaieté et de joie, parce que je ne suis pas seul, mais le Christ est avec moi [...]. Comment puis-je vivre, voyant chaque jour les tyrans et leurs satellites infidèles blasphémer ton saint nom, toi, Seigneur, qui es assis au milieu des Chérubins (cf. Ps 79 [80], 2) et des Séraphins ? Vois ta croix foulée aux pieds des mécréants. Où est ta gloire? À cette vue, enflammé de ton amour, j'aime mieux mourir et que mes membres soient coupés en morceaux en témoignage de mon amour pour toi, Seigneur. Montre ta puissance, délivre-moi et aide-moi, afin que, dans ma faiblesse, ta force se fasse sentir et soit glorifiée devant le monde [...]. En entendant ces choses, vous rendrez, remplis de joie, d'immortelles actions de grâces à Dieu, auteur de tous les dons, et vous le bénirez avec moi, parce que dans tous les siècles est sa miséricorde [...]. Je vous écris ces choses pour que nous unissions votre foi et la mienne: au milieu de ces tempêtes, je jette une ancre qui va jusqu'au trône de Dieu; c'est l'espérance qui vit toujours en mon cœur ».[28] C'est une lettre de l'enfer. S'y manifeste toute l'horreur d'un camp de concentration, dans lequel, aux tourments de la part des tyrans, s'ajoute le déchaînement du mal dans les victimes elles-mêmes qui, de cette façon, deviennent ensuite des instruments de la cruauté des bourreaux. C'est une lettre de l'enfer, mais en elle se réalise la parole du psaume: « Je gravis les cieux: tu es là; je descends chez les morts: te voici... J'avais dit: “Les ténèbres m'écrasent...”, “...même les ténèbres pour toi ne sont pas ténèbres, et la nuit comme le jour est lumière” » (138 [139], 8-12, voir aussi Ps 22 [23], 4). Le Christ est descendu en « enfer » et ainsi il est proche de celui qui y est jeté, transformant pour lui les ténèbres en lumière. La souffrance, les tourments restent terribles et quasi insupportables. Cependant l'étoile de l'espérance s'est levée – l'ancre du cœur arrive au trône de Dieu. Le mal n'est pas déchaîné dans l'homme, mais la lumière vainc: la souffrance – sans cesser d'être souffrance – devient malgré tout chant de louange.
N°38. La mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n'est pas capable de contribuer, par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement est une société cruelle et inhumaine. Cependant, la société ne peut accepter les souffrants et les soutenir dans leur souffrance, si chacun n'est pas lui-même capable de cela et, d'autre part, chacun ne peut accepter la souffrance de l'autre si lui-même personnellement ne réussit pas à trouver un sens à la souffrance, un chemin de purification et de maturation, un chemin d'espérance. Accepter l'autre qui souffre signifie, en effet, assumer en quelque manière sa souffrance, de façon qu'elle devienne aussi la mienne. Mais parce que maintenant elle est devenue souffrance partagée, dans laquelle il y a la présence d'un autre, cette souffrance est pénétrée par la lumière de l'amour. La parole latinecon-solatio, consolation, l'exprime de manière très belle, suggérant un être-avec dans la solitude, qui alors n'est plus solitude. Ou encore la capacité d'accepter la souffrance par amour du bien, de la vérité et de la justice est constitutive de la mesure de l'humanité, parce que si, en définitive, mon bien-être, mon intégrité sont plus importants que la vérité et la justice, alors la domination du plus fort l'emporte; alors règnent la violence et le mensonge. La vérité et la justice doivent être au-dessus de mon confort et de mon intégrité physique, autrement ma vie elle-même devient mensonge. Et enfin, le « oui » à l'amour est aussi source de souffrance, parce que l'amour exige toujours de sortir de mon moi, où je me laisse émonder et blesser. L'amour ne peut nullement exister sans ce renoncement qui m'est aussi douloureux à moi-même, autrement il devient pur égoïsme et, de ce fait, il s'annule lui-même comme tel.
N°39. Souffrir avec l'autre, pour les autres; souffrir par amour de la vérité et de la justice; souffrir à cause de l'amour et pour devenir une personne qui aime vraiment – ce sont des éléments fondamentaux d'humanité; leur abandon détruirait l'homme lui-même. Mais encore une fois surgit la question: en sommes-nous capables? L'autre est-il suffisamment important pour que je devienne pour lui une personne qui souffre? La vérité est-elle pour moi si importante pour payer la souffrance? La promesse de l'amour est-elle si grande pour justifier le don de moi-même? À la foi chrétienne, dans l'histoire de l'humanité, revient justement ce mérite d'avoir suscité dans l'homme d'une manière nouvelle et à une profondeur nouvelle la capacité de souffrir de la sorte, qui est décisive pour son humanité. La foi chrétienne nous a montré que vérité, justice, amour ne sont pas simplement des idéaux, mais des réalités de très grande densité. Elle nous a montré en effet que Dieu – la Vérité et l'Amour en personne – a voulu souffrir pour nous et avec nous. Bernard de Clairvaux a forgé l'expression merveilleuse: Impassibilis est Deus, sed non incompassibilis,[29] Dieu ne peut pas souffrir, mais il peut compatir. L'homme a pour Dieu une valeur si grande que Lui-même s'est fait homme pour pouvoir compatir avec l'homme de manière très réelle, dans la chair et le sang, comme cela nous est montré dans le récit de la Passion de Jésus. De là, dans toute souffrance humaine est entré quelqu'un qui partage la souffrance et la patience; de là se répand dans toute souffrance lacon-solatio; la consolation de l'amour qui vient de Dieu et ainsi surgit l'étoile de l'espérance. Certainement, dans nos multiples souffrances et épreuves nous avons toujours besoin aussi de nos petites ou de nos grandes espérances – d'une visite bienveillante, de la guérison des blessures internes et externes, de la solution positive d'une crise, et ainsi de suite. Dans les petites épreuves, ces formes d'espérance peuvent aussi être suffisantes. Mais dans les épreuves vraiment lourdes, où je dois faire mienne la décision définitive de placer la vérité avant le bien-être, la carrière, la possession, la certitude de la véritable, de la grande espérance, dont nous avons parlé, devient nécessaire. Pour cela nous avons aussi besoin de témoins, de martyrs, qui se sont totalement donnés, pour qu'ils puissent nous le montrer – jour après jour. Nous en avons besoin pour préférer, même dans les petits choix de la vie quotidienne, le bien à la commodité – sachant que c'est justement ainsi que nous vivons vraiment notre vie. Disons-le encore une fois: la capacité de souffrir par amour de la vérité est la mesure de l'humanité; cependant, cette capacité de souffrir dépend du genre et de la mesure de l'espérance que nous portons en nous et sur laquelle nous construisons. Les saints ont pu parcourir le grand chemin de l'être-homme à la façon dont le Christ l'a parcouru avant nous, parce qu'ils étaient remplis de la grande espérance.
N°40. Je voudrais encore ajouter une petite annotation qui n'est pas du tout insignifiante pour les événements de chaque jour. La pensée de pouvoir « offrir » les petites peines du quotidien, qui nous touchent toujours de nouveau comme des piqûres plus ou moins désagréables, leur attribuant ainsi un sens, était une forme de dévotion, peut-être moins pratiquée aujourd'hui, mais encore très répandue il n'y a pas si longtemps. Dans cette dévotion, il y avait certainement des choses exagérées et peut-être aussi malsaines, mais il faut se demander si quelque chose d'essentiel qui pourrait être une aide n'y était pas contenu de quelque manière. Que veut dire « offrir » ? Ces personnes étaient convaincues de pouvoir insérer dans la grande compassion du Christ leurs petites peines, qui entraient ainsi d'une certaine façon dans le trésor de compassion dont le genre humain a besoin. De cette manière aussi les petits ennuis du quotidien pourraient acquérir un sens et contribuer à l'économie du bien, de l'amour entre les hommes. Peut-être devrions-nous nous demander vraiment si une telle chose ne pourrait pas redevenir une perspective judicieuse pour nous aussi. »
Benoît XVI, Encyclique « Spe Salvi », 30 novembre 2007