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Au rythme de l'année liturgique - Page 79

  • Semaine de la Fête-Dieu à Liège du 4 au 11 juin 2023

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    Sept animations et une messe grégorienne solennelle

    À l’église du Saint-Sacrement (Bd d’Avroy, 132)

    La Fête-Dieu, fête du Corps et du Sang du Christ, est liée à la ville de Liège depuis plus de 770 ans. C’est en effet en 1246 qu’elle fut célébrée pour la première fois à Liège, après que l’évêque Robert de Thourotte ait reconnu les visions de Julienne de Cornillon dans lesquelles celle-ci voyait une lune échancrée, rayonnante mais incomplète, qui représentait l’hostie. Cette fête solennelle en l’honneur du Saint-Sacrement fut instituée dans toute l’Eglise en 1264.

    Huit jours durant, l’Eglise de Liège renouvellera bientôt -du 4 au 11 juin 2023- sa profession de foi en la présence réelle du Corps et du Sang du Christ dans l’Eucharistie, illustrée par cette fête aujourd’hui universelle : la Fête-Dieu ou Fête du Saint-Sacrement.

    L’église du Saint-Sacrement, au Boulevard d’Avroy 132 (face à la statue équestre de Charlemagne), est l’un des lieux où cette fête du « Corpus Christi » est mise  particulièrement en lumière, comme le montre la double annonce que voici (cliquer sur les encarts pour les agrandir) :

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  • "La vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ." (7e dimanche de Pâques)

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    Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 17,1-11

    Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie.
    Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.
    Or, la vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
    Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'oeuvre que tu m'avais confiée.
    Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde.
    J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole.
    Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi,
    car je leur ai donné les paroles que tu m'avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d'auprès de toi, et ils ont cru que c'était toi qui m'avais envoyé.
    Je prie pour eux ; ce n'est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m'as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et je trouve ma gloire en eux.
    Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m'as donné en partage, pour qu'ils soient un, comme nous-mêmes.

    Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

    COMMENTAIRE DU JOUR

    Cardinal Joseph Ratzinger [Pape Benoît XVI]
    Der Gott Jesu Christi (trad. Le Dieu de Jésus Christ, Fayard 1977 p. 17)

    « J’ai fait connaître ton nom aux hommes »

    Qu'est-ce que cela veut dire, le nom de Dieu ?… Dans le livre de l'Apocalypse, l’adversaire de Dieu, la Bête, ne porte pas un nom mais un nombre : 666 (Ap 13,18). La Bête est numéro et elle transforme en numéros. Ce que cela signifie, nous le savons, nous qui avons fait l'expérience du monde des camps de concentration ; leur horreur vient justement de ce qu'ils effacent les visages… Dieu, lui, a des noms et appelle par un nom. Il est personne et cherche la personne. Il a un visage et cherche notre visage. Il a un coeur et cherche notre coeur. Pour lui, nous ne sommes pas des fonctions dans la grande machine du monde, mais ce sont justement ceux qui n'ont aucune fonction qui sont les siens. Le nom, c’est la possibilité d'être appelé, c’est la communion.

    C'est pour cette raison que le Christ est le vrai Moïse, l'achèvement de la révélation du nom. Il ne vient pas apporter, comme nom, un mot nouveau ; il fait plus : il est lui-même la face de Dieu. Il est lui-même le nom de Dieu ; il est la possibilité même qu'a Dieu d'être appelé « tu », d'être appelé comme personne, comme coeur. Son nom propre « Jésus » mène a son terme le nom mystérieux du buisson ardent (Ex 3,14) ; maintenant il apparaît clairement que Dieu n'avait pas fini de parler, qu'il n'avait que provisoirement interrompu son discours. Car le nom de Jésus contient le mot « Yahvé » dans sa forme hébraïque et lui ajoute autre chose : « Dieu sauve ». Yahvé, c’est à dire « Je suis celui qui suis » veut dire maintenant, compris à partir de Jésus : « Je suis celui qui vous sauve ». Son être est salut.

    source: http://www.levangileauquotidien.org

  • Pour la Fête de l’Ascension

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    « Viri Galilaei » de Giovanni Pierluigi Palestrina (1525-1594) pour l’Ascension du Seigneur : " Hommes de Galilée, pourquoi êtes-vous dans la stupeur en regardant le ciel ? Alleluia, : comme vous l’avez-vu monter au ciel, ainsi il reviendra, alleluia, alleluia, alleluia!" 

    "Viri Galilaei, quid admiramini ascipientes in caelum? Alleluia: quemadmodum vidistis eum ascendentem in caelum, ita veniet, alleluia, alleluia, alleluia!" (introït de la messe de l'Ascension, act. 1, 11)

    JPSC

  • Il vous donnera un Défenseur qui sera pour toujours avec vous

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    L'évangile du jour : 6ème dimanche de Pâques

    À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si vous m'aimez,
    Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous :
    c'est l'Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez,
    parce qu'il demeure auprès de vous, et qu'il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
    D'ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi.
    En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.
    Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c'est celui-là qui m'aime ; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. »

    Jean 14,15-21. Evangelizo.org ("Evangile au quotidien")

     

    homélie de l'abbé Christophe Cossement pour le 6e dimanche de Pâques (archive du 25 mai 2014)

    Au moment de passer de ce monde à son Père le Seigneur déclare qu’il ne veut pas nous laisser orphelins, abandonnés, mais qu’il nous enverra un défenseur, l’Esprit Saint. Savoir que Dieu qui nous avait visité par le Christ continue de nous accompagner, c’est une consolation nécessaire pour nous qui luttons dans un monde hostile, où nous devons supporter la dérision, où nous sommes en butte à la maladie, au mépris, au découragement, à nos propres doutes, à la mort. Le Seigneur sait tout cela, et il nous envoie un défenseur.

    L’Esprit Saint est un défenseur qui illumine nos vies et qui les rend profondes et belles. Il rend nos cœurs brûlants, il les réveille quand ils s’endorment dans les soucis, il les fortifie devant ceux qui sont difficile à aimer, il permet de faire des démarches audacieuses en faveur de la paix et de la réconciliation. L’Esprit Saint rend possible d’aimer Dieu qu’on ne voit pas, il établit une communion profonde entre notre cœur et celui de Dieu, une communion de volonté et de tendresse, au point que nous jubilons d’être tout en lui et qu’il soit tout en nous. L’Esprit Saint est le maître de la vie intérieure qui change toute la vie. Comme il est un défenseur désirable !

    Ce défenseur, nous apprenons que ce n’est pas facile de compter sur lui, que le monde ne peut pas le recevoir parce qu’il ne le voit ni ne le connaît. Et nous alors, comment allons-nous faire ? Nous ne sommes pas meilleurs que les autres ; ne pouvons-nous pas le recevoir non plus ? Dans l’évangile d’aujourd’hui Jésus apprend à ses apôtres qu’ils connaissent l’Esprit Saint, parce qu’il demeure près d’eux et qu’il est en eux. Comment ont-ils fait ? Simplement, ils ont côtoyé Jésus, ils ont vécu près de lui jour après jour, semaine après semaine. Nous pouvons reproduire cette fréquentation de Jésus en fréquentant l’évangile, en devenant familier de l’Écriture sainte.

    Hier avec les jeunes de la paroisse nous avons médité l’évangile d’aujourd’hui en redisant chacun à haute voix un mot, un morceau de phrase qui nous touchait. Au bout de 10 minutes nous nous sentions visités de l’intérieur, il y avait cette présence de l’Esprit en nous, qui rendait notre cœur joyeux et courageux. Lire et ruminer l’évangile, le goûter même sans tout comprendre, cela nous fait vivre dans l’Esprit. Cela fonctionne comme les anciens moulins à café. On y mettait les grains de café au-dessus, puis il fallait tourner patiemment pour que le café moulu tombe dans le tiroir au fond, et ça sentait bon. Lorsque nous repassons l’évangile lentement dans notre cœur, que nous en goûtons les mots, l’Esprit tombe dans notre cœur et y habite. Il ne faut pas faire comme avec les moulins électriques, un bzzit et c’est fini ; mais avec du temps dans la prière l’arôme se dégage. La Parole de Dieu n’a pas été dictée mot à mot par Dieu mais elle est habitée par son Esprit et par elle l’Esprit vient à notre rencontre.

  • Qui pense qu’aujourd'hui on peut trouver chez les chrétiens l’« admirable lumière » de Dieu ?

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    Tous les êtres humains se posent la question de la fin de leur vie terrestre et de ce qu’il pourrait y avoir après. Les suppositions vont bon train depuis des milliers d’années. Puis vient Jésus, qui se présente comme celui qui sait, et même celui qui maîtrise cette inconnue pour tous. Il est capable de « préparer une place » (Jn 14,3), et de prendre avec lui ceux qui s’attachent à lui. Il fait sentir cela aux apôtres dans le discours que nous venons d’entendre, et quelque temps après il va leur révéler comment cela est possible. Il est devenu le maître de la mort, par sa fidélité totale au Père tout au long de sa Passion ; il a acquis le pouvoir sur la mort et le Père peut le relever d’entre les morts, le ressusciter.

    Plus rien n’est comme avant pour les contemporains du Seigneur Jésus. Maintenant, il y en a un qui a vaincu la mort ! Et qui nous a promis de nous faire participer à sa victoire ! Cette nouvelle est une grande libération. Nous nous demandons tous : comment réussirons-nous notre vie ? Par nos propres forces ? Par nos prouesses et nos coups d’éclat ? Ou nous faut-il nous résigner à avoir une vie fort moyenne, sans grande espérance ? Rien de tout cela. Le Seigneur se propose de faire réussir notre vie, et déjà, dans l’amitié avec lui, il nous fait sentir le prix très précieux de notre vie à ses yeux. Il y a une joie et une paix très spéciales qui grandissent dans le cœur qui s’unit à son Créateur.

    Les premiers chrétiens ont savouré cette libération. Elle illuminait leur cœur et cela leur brûlait de partager cette découverte autour d’eux. Ainsi, note le livre des Actes, « la parole de Dieu était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement » (Ac 6,7). Saint Pierre encourage à cette attitude missionnaire : vous êtes « un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » (1P 2,9).

    Aujourd’hui, qui pense qu’on peut trouver chez les chrétiens l’« admirable lumière » de Dieu ? Dieu est bien souvent vu comme un être gênant, dont même ceux qui se targuent de spiritualité essaient de se montrer indépendants. Il n’est pas vraiment vu comme celui qui offre une admirable lumière. Quant à nous les chrétiens, sommes-nous si convaincus que nous portons un tel trésor au cœur de notre foi et de notre Église ? Pourtant, nous ne changerons pas le monde sans nous changer nous-mêmes. J’irai jusqu’à dire qu’il y a un grand besoin d’offrir nos vies au Père pour qu’il puisse révéler sa lumière à beaucoup dans notre entourage ou chez ceux que nous pouvons toucher. C’est notre vocation de baptisés : permettre à Dieu d’habiter nos vies au point qu’il peut en déborder. Depuis cette lettre de saint Pierre on appelle cela le « sacerdoce royal », le « sacerdoce saint » qui peut unir le monde et Dieu. Offrons nos vies, disons au Seigneur : permet que ma vie soit un témoignage à ta gloire !

    Nous proposons de nous encourager à cela en paroisse. L’idée de base est de devenir une paroisse vraiment missionnaire, qui vit et annonce les merveilles de Dieu. C’est l’affaire de chacune, de chacun. Et la première étape sera de devenir vraiment conscients de ce trésor que Dieu a déposé au milieu de nous dans notre foi. Qu’est-ce que la foi vous apporte à vous ? Voilà notre première question. Ensuite, nous rassemblerons toutes les réponses et vous offrirons un bouquet de cette lumière de Dieu. La deuxième question est : qu’est-ce que vous souhaiteriez apporter aux gens qui ne trouvent pas leur place parmi nous ? Et enfin : comment la paroisse peut-elle aider à cela ? Après l’été, nous pourrons vous proposer de vous investir dans un accueil nouveau de ceux qui ont un contact avec la paroisse mais n’y trouvent pas leur place à long terme : les fiancés qui demandent le mariage, les parents qui demandent le baptême de leur enfant, les familles de la catéchèse, etc. Nous aimerions tant qu’ils goûtent ces merveilles de Dieu que nous redécouvrons. Esprit Saint, illumine nos cœurs !

  • Misericordia Domini plena est terra (Introit du 4ème dimanche de Pâques)

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  • La vraie liberté qui nous est donnée (4e dimanche de Pâques)

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    Du frère Jean-Philippe Revel de la paroisse Saint-Jean de Malte à Aix-en-Provence (archive 2014) :

    homélie pour le 4e dimanche de Pâques (Jean, chap. 10, vv. 1-10)

    Dimanche, Jésus nous disait : "Je suis le Bon Pasteur" et Il définissait le bon pasteur comme celui"qui connaît ses brebis et que ses brebis connaissent", et plus encore comme celui "qui donne sa vie pour ses brebis, afin qu'elles aient la vie en abondance." Aujourd'hui, ce thème du bon pasteur est repris. Jésus parle de "ceux qui entrent par la porte et ceux qui sautent par-dessus la clôture et qui ne sont que des pillards et des brigands". Il définit le bon pasteur comme celui"qui appelle ses brebis une à une, chacune par son nom", comme celui "qui conduit les brebis et qu'elles suivent parce qu'elles connaissent la voix." 

           Mais en même temps, Jésus introduit une autre image, contradictoire ou complémentaire Il n'est pas seulement le berger, le bon berger, Il est aussi "la porte, la porte des brebis". La porte par où entre le vrai berger, la porte aussi par laquelle les brebis peuvent entrer et sortir. "Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé, il entrera et sortira et trouvera sa pâture." Et un peu avant il disait que le berger conduisait ses brebis et les emmenait dehors. 

           Je pense que ces harmoniques de ce thème du berger ou de la porte nous invitent à comprendre que Jésus est celui qui nous donne notre liberté. Il est la porte par laquelle on peut entrer et aussi sortir."Je suis la porte, celui qui entre par moi pourra entrer et il pourra sortir et trouver son pâturage." Dans ce va-et-vient des brebis, c'est-à-dire de nous-mêmes à travers le cœur du Christ qui est la porte d'entrée du Père, il y a l'image de cette liberté des enfants de Dieu qui nous est acquise par le Christ. 

           Sainte Catherine de Sienne disait de saint Dominique, son père, "sa religion est une religion parfumée." Je crois que la religion du Christ est une religion parfumée, c'est-à-dire que ce n'est pas une religion de contrainte. Ce que le Christ nous a apporté, ce ne sont pas directives, ce ne sont pas des obligations à remplir, ce n'est pas une religion du "devoir". Le Christ n'est pas venu pour nous rogner les ailes, pour nous contraindre à passer par un chemin obligatoire. Le Christ est venu pour nous donner la liberté, c'est-à-dire pour réveiller au plus profond de nous cette capacité d'être véritablement le maître de notre vie, de nos démarches. Non pas une fausse liberté comme celle à laquelle aspirent les hommes et qui serait la liberté de faire n'importe quoi. Ce n'est pas la liberté, cela, c'est du désordre, c'est du hasard, c'est du laisser-aller, c'est une sorte de décomposition de l'être qui s'éparpille, qui se distend. La vraie liberté c'est au contraire de pouvoir prendre en main tout son être pour en faire comme un bouquet, de pouvoir en faire quelque chose de beau, de grand, de vrai. C'est de pouvoir aller dans le chemin de la lumière, de la vie, c'est de pouvoir réaliser tout ce que Dieu a semé de grandeur, de beauté, au fond de notre être, de l'amener à sa vérité à travers des échecs, des grandeurs, des souffrances des nuits, mais pour aller à la lumière. Car le but de la vie ce n'est pas la nuit, c'est la lumière ; le but de notre vie ce n'est pas de souffrir, c'est de nous accomplir. Et si le chemin de l'accomplissement est un chemin exigeant, un chemin qui nous oblige à prendre sur nous-même, c'est pour plus de liberté, c'est pour plus de vie, c'est pour plus de lumière, c'est pour plus de joie. La religion du Christ est une religion de liberté, c'est une religion de beauté, c'est une religion de lumière, c'est une religion positive, c'est une religion parfumée. 

           Etre chrétien c'est être des témoins de la vraie liberté, des hommes et des femmes qui ne sont pas assujettis, non seulement aux contraintes extérieures de je ne sais quelle discipline, mais même nos contraintes intérieures, nos passions qui nous tiraillent dans un sens ou dans un autre, des hasards qui nous guident un peu à vau l'eau. C'est être témoin d'une liberté véritable c'est-à-dire d'une vraie grandeur intérieure qui n'est pas conquise par nos propres forces mais parce qu'elle est le fruit de l'unique force qui est cet amour du Christ qui remplit notre cœur à ras bord, cet amour du Christ qui veut nous investir de fond en comble et nous rendre, par le fait même, libres de toutes les autres contraintes, quelles qu'elles soient, même celles qui s'imposeront à nous du dehors, les contraintes des événements, de la santé, peut-être de la persécution. Rien ne peut entamer la vraie liberté de celui qui aime, s'il est véritablement rempli et investi par cet amour. 

           C'est pourquoi saint Paul pouvait nous dire : "Qui pourra nous séparer de l'amour du Christ ? Rien, ni le présent, ni l'avenir, ni les anges, ni les principautés, ni la vie, ni la mort, ni les abîmes, ni aucune créature. Rien ne peut nous arracher à l'amour de Dieu qui s'est manifesté pour nous en Jésus-Christ." Nous sommes vainqueurs par l'amour de Dieu qui nous est donné et qui nous rend libres à l'égard de tout. Laissons-nous aimer. Laissons-nous habiter par cet amour. Laissons-nous libérer par cet amour. Soyons des chrétiens debout, des chrétiens joyeux. 

           AMEN

  • Catherine de Sienne, co-patronne de l'Europe (29/4)

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    CatherinedeSienne1.pngDe BENOÎT XVI, lors de l'audience générale du mercredi 24 novembre  2010 :  

    Chers frères et sœurs,

    Je voudrais aujourd’hui vous parler d’une femme qui a eu un rôle éminent dans l’histoire de l’Eglise. Il s’agit de sainte Catherine de Sienne. Le siècle auquel elle vécut — le XIVe — fut une époque tourmentée pour la vie de l’Eglise et de tout le tissu social en Italie et en Europe. Toutefois, même dans les moments de grandes difficultés, le Seigneur ne cesse de bénir son peuple, suscitant des saints et des saintes qui secouent les esprits et les cœurs provoquant la conversion et le renouveau. Catherine est l’une de celles-ci et, aujourd’hui encore, elle nous parle et nous incite à marcher avec courage vers la sainteté pour être toujours plus pleinement disciples du Seigneur.

    Née à Sienne, en 1347, au sein d’une famille très nombreuse, elle mourut dans sa ville natale en 1380. A l’âge de 16 ans, poussée par une vision de saint Dominique, elle entra dans le Tiers Ordre dominicain, dans la branche féminine dite des Mantellate. En demeurant dans sa famille, elle confirma le vœu de virginité qu’elle avait fait en privé alors qu’elle était encore adolescente, et se consacra à la prière, à la pénitence et aux œuvres de charité, surtout au bénéfice des malades.

    Lorsque la renommée de sa sainteté se diffusa, elle fut protagoniste d’une intense activité de conseil spirituel à l’égard de toutes les catégories de personnes: nobles et hommes politiques, artistes et personnes du peuple, personnes consacrées, ecclésiastiques, y compris le Pape Grégoire XI qui à cette époque, résidait à Avignon, et que Catherine exhorta de façon énergique et efficace à revenir à Rome. Elle voyagea beaucoup pour solliciter la réforme intérieure de l’Eglise et pour favoriser la paix entre les Etats: c’est pour cette raison également, que le vénérable Jean-Paul II voulut la déclarer co-patronne de l’Europe: pour que le Vieux continent n’oublie jamais les racines chrétiennes qui sont à la base de son chemin et continue de puiser à l’Evangile les valeurs fondamentales qui assurent la justice et la concorde.

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  • Saint Marc, le plus grand reporter de l'Antiquité ?

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    On le fête aujourd'hui : saint Marc, « l’évangéliste reporter »

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    source : http://rouen.catholique.fr/IMG/pdf/Saint_Marc_l_evangeliste_reporter.pdf

    Saint-Marc-l-evangeliste-reporter_article_popin.jpgAu cours de cette année liturgique, qui a débuté le 27 novembre 2011, les catholiques peuvent découvrir Marc, dont l’Évangile est lu chaque dimanche. Un Évangile de plus en plus apprécié par les fidèles d’aujourd’hui et qui incite à réfléchir sur l’identité de Jésus.

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  • Emmaüs, ou quand Jésus se fait notre compagnon de voyage..

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    Disciples_Emmaus.jpgBenoît XVI, Méditation à l’occasion du Régina Cæli du IIIème dimanche de Pâques, 6 avril 2008, Libreria Editrice Vaticana.

    L’évangile de ce dimanche – le troisième dimanche de Pâques – est le célèbre récit dit des « disciples d’Emmaüs » (cf. Lc 24, 13-35). Il parle de deux disciples du Christ qui, le jour après le sabbat, c’est-à-dire le troisième jour de sa mort, tristes et abattus, quittèrent Jérusalem en direction d’un village peu éloigné, appelé justement Emmaüs. Le long du chemin, Jésus ressuscité s’approcha d’eux, mais ils ne le reconnurent pas. Les sentant découragés, il leur expliqua, sur la base des Ecritures, que le Messie devait souffrir et mourir pour arriver à sa gloire. Entré avec eux dans la maison, il s’assit à table, bénit le pain et le rompit, et à ce moment-là, ils le reconnurent, mais lui disparut de leur vue en les laissant émerveillés devant ce pain rompu, nouveau signe de sa présence. Tous les deux retournèrent immédiatement à Jérusalem et racontèrent ce qui était arrivé aux autres disciples.

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  • Dans la nuit du doute (troisième dimanche de Pâques)

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    Lectures du jour : https://levangileauquotidien.org/FR/gospel/2020-04-26

    Du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ (archive homelies.fr) :

    La liturgie de ce troisième dimanche de Pâques nous invite à nous mettre en route, à la suite du Christ ressuscité, et à la lumière de son Esprit. La vie s’était arrêtée, pour les disciples, au pied de la croix : « Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé » - autrement dit : il n’y a plus rien à espérer, la mort a définitivement englouti sa victime. Ils fuient la Cité sainte par peur des responsables religieux, et s’apprêtent à reprendre « la vie sans but qu’ils menaient à la suite de leurs pères » (2nd lect.). 

    Les Apôtres à vrai dire n’en menaient pas plus large. Même lorsqu’ils auront enfin compris que Jésus est vivant, ressuscité, ils demeureront encore cinquante jours à l’écart, évitant de se faire remarquer, enfermés eux aussi dans la peur. Ce n’est qu’au matin de Pentecôte, après avoir été « baptisés dans l’Esprit Saint » (Ac 1, 5) et avoir reçu la « force » d’en haut (Ac 1, 8) promise par le Christ, qu’ils pourront enfin s’arracher à leur inertie et témoigner ouvertement de la Résurrection du Seigneur Jésus. 

    C’est en effet l’Esprit qui entraîne les Apôtres dans le sillage de leur Maître. Celui-ci leur avait « montré le chemin de la vie » (1ère lect.) ; l’Esprit le leur fait emprunter à sa suite. Quant au Christ, après avoir traversé la mort qui ne pouvait le retenir en son pouvoir, il poursuit sa course victorieuse : « Elevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu » (Ibid.) comme il l’avait annoncé. 

    C’est lui, l’Esprit de vérité (Jn 14, 17), qui permet aux disciples de comprendre à la lumière des Ecritures, qu’il « fallait que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ». 

    C’est lui le « Défenseur » (Jn 14, 16) qui leur donne de « croire en Dieu, qui a ressuscité Jésus d’entre les morts et lui a donné la gloire » (2nd lect.). 

    C’est lui qui leur « ouvre les yeux » et leur permet de regarder le Seigneur qui demeure à leurs côtés sans relâche afin qu’ils ne tombent pas » (cf. 1ère lect.). 

    C’est lui le Consolateur qui embrase leur cœur à l’écoute de la Parole, les remplit d’une sainte allégresse et leur donne de proclamer : « C’est vrai ! Le Seigneur est ressuscité ».

    En regardant autour de nous, et en relisant la manière dont nous-mêmes nous vivons notre foi, n’avons-nous pas l’impression de ne pas avoir accédé à la Pentecôte ? Ou du moins d’avoir perdu la jeunesse de l’Esprit ? 

    A moins que peu à peu, sans même nous en rendre compte, nous ayons pris sa place ? Un prédicateur disait, non sans une pointe de provocation : « Si l’Esprit Saint s’était retiré de l’Eglise primitive, 99% de son activité se serait immédiatement arrêtée. Aujourd’hui, si l’Esprit se retirait de notre Eglise, 99% de son activité continuerait comme si rien n’avait changé ! » 

    Or seul l’Esprit nous permet de « mettre notre foi et notre espérance en Dieu » (2nd lect.). Si nous nous « arrêtons, tout tristes » au bord du chemin, n’est-ce pas le signe que nous ne sommes plus sous l’onction de l’Esprit, dont la mission consiste précisément à éclairer notre route et à nous communiquer la force d’y progresser dans la joie et la confiance ? 

    A travers chacun de nos actes, chacune de nos décisions, nous sommes appelés à donner du sens à notre vie. Pour un croyant cela signifie : confirmer le sens chrétien que nous donnons à notre existence à partir de l’accueil de la Bonne Nouvelle de la Résurrection de Notre-Seigneur.

    Mais si nous perdons de vue ce mystère de grâce qui devrait éclairer toute notre vie, quel sens lui donnerons-nous ? Ce n’est pas pour rien que saint Séraphim de Sarow introduisait ses dialogues en disant : « Ma joie : Christ est ressuscité ! » Ce faisant, il mettait ses pensées sous l’onction de l’Esprit saint et orientait son regard vers « l’espérance de la gloire ». C’est pourquoi son discernement sur les situations, événements et personnes était-il sûr et digne de confiance.

    Lorsque Jésus demande aux disciples d’Emmaüs de lui expliciter les événements auxquels ils font allusion, il ne fait pas semblant d’ignorer ce qui s’est passé : sa lecture et son interprétation des faits sont tout simplement totalement différentes. Les disciples ne parlent pas de la Passion telle que Jésus l’a vécue ; ou du moins, ils en font une lecture erronée, parce qu’ils n’ont pas la clé d’interprétation qui leur permettrait de comprendre les enjeux de ce qui s’est passé. Ils se sont « arrêtés, tout tristes », ne percevant pas qu’à travers la mort de leur Maître, les Écritures trouvaient enfin leur accomplissement : la vie se frayait un chemin victorieux qui déboucherait bientôt sur le triomphe du matin de Pâque.

    Il en est ainsi pour chacun d’entre nous : si nous lisons les événements de notre vie et de ce monde à la seule lumière de notre discernement naturel, nous avons toutes les raisons de désespérer et de nous éloigner tous tristes. Si nous voulons échapper à l’absurdité et à la morosité d’une vie sans but, il nous faut éclairer notre route par la Parole de vérité, et accueillir l’Esprit de sainteté pour pouvoir avancer dans la paix et la confiance, les yeux fixés sur celui qui est définitivement « glorifié à la droite du Père » (Col 3, 1).

    Approchons-nous de la table où le Seigneur va rompre le pain ; alors nos yeux s’ouvriront, et nous pourrons reprendre notre route, le cœur tout brûlant du Feu de l’Esprit qui proclamera par nos lèvres : « “C’est vrai : le Seigneur est ressuscité ! ” Nous l’avons reconnu à la fraction du pain. »

    « Manifeste-toi Seigneur, redonne-nous de l’assurance, car la nuit du doute étend son ombre. Viens encore embraser nos cœurs lents à croire, en nous expliquant, dans toute l’Ecriture, ce qui te concerne. Ouvre nos yeux à la fraction du pain que nous puissions te reconnaître. Nous pourrons alors, nous aussi, nous lever et reprendre joyeusement notre route, vivant pendant notre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu, et annonçant à nos frères le salut par ton Sang précieux, toi l’Agneau sans défaut et sans tache (cf. 2nd lect.) ».

    Père Joseph-Marie

  • Saint Anselme de Cantorbery, le "Docteur magnifique" (21 avril)

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    De BENOÎT XVI, lors de l'audience générale du mercredi 23 septembre 2009 (source) :

    Saint Anselme

    Chers frères et sœurs,

    A Rome, sur la colline de l'Aventin, se trouve l'abbaye bénédictine de Saint-Anselme. En tant que siège d'un institut d'études supérieures et de l'abbé primat des Bénédictins confédérés, c'est un lieu qui unit la prière, l'étude et le gouvernement, qui sont précisément les trois activités qui caractérisent la vie du saint auquel elle est dédiée:  Anselme d'Aoste, dont nous célébrons cette année le ix centenaire de la mort. Les multiples initiatives, promues spécialement par le diocèse d'Aoste pour cette heureuse occasion, ont souligné l'intérêt que continue de susciter ce penseur médiéval. Il est connu également comme Anselme du Bec et Anselme de Canterbury en raison des villes auxquelles il est lié. Qui est ce personnage auquel trois localités, éloignées entre elles et situées dans trois nations différentes - Italie, France, Angleterre - se sentent particulièrement liées? Moine à la vie spirituelle intense, excellent éducateur de jeunes, théologien possédant une extraordinaire capacité spéculative, sage homme de gouvernement et défenseur intransigeant de la libertas Ecclesiae, de la liberté de l'Eglise, Anselme est l'une des personnalités éminentes du Moyen-âge, qui sut harmoniser toutes ces qualités grâce à une profonde expérience mystique, qui en guida toujours la pensée et l'action.

    Saint Anselme naquit en 1033 (ou au début de 1034), à Aoste, premier-né d'une famille noble. Son père était un homme rude, dédié aux plaisirs de la vie et dépensant tous ses biens; sa mère, en revanche, était une femme d'une conduite exemplaire et d'une profonde religiosité (cf. Eadmero, Vita s. Anselmi, PL 159, col. 49). Ce fut elle qui prit soin de la formation humaine et religieuse initiale de son fils, qu'elle confia ensuite aux bénédictins d'un prieuré d'Aoste. Anselme qui, enfant - comme l'écrit son biographe -, imaginait la demeure du bon Dieu entre les cimes élevées et enneigées des Alpes, rêva une nuit d'être invité dans cette demeure splendide par Dieu lui-même, qui s'entretint longuement et aimablement avec lui, et à la fin, lui offrit à manger "un morceau de pain très blanc" (ibid., col. 51). Ce rêve suscita en lui la conviction d'être appelé à accomplir une haute mission. A l'âge de quinze ans, il demanda à être admis dans l'ordre bénédictin, mais son père s'opposa de toute son autorité et ne céda pas même lorsque son fils gravement malade, se sentant proche de la mort, implora l'habit religieux comme suprême réconfort. Après la guérison et la disparition prématurée de sa mère, Anselme traversa une période de débauche morale:  il négligea ses études et, emporté par les passions terrestres, devint sourd à l'appel de Dieu. Il quitta le foyer familial et commença à errer à travers la France à la recherche de nouvelles expériences. Après trois ans, arrivé en Normandie, il se rendit à l'abbaye bénédictine du Bec, attiré par la renommée de Lanfranc de Pavie, prieur du monastère. Ce fut pour lui une rencontre providentielle et décisive pour le reste de sa vie. Sous la direction de Lanfranc, Anselme reprit en effet avec vigueur ses études, et, en peu de temps, devint non seulement l'élève préféré, mais également le confident du maître. Sa vocation monastique se raviva et, après un examen attentif, à l'âge de 27 ans, il entra dans l'Ordre monastique et fut ordonné prêtre. L'ascèse et l'étude lui ouvrirent de nouveaux horizons, lui faisant retrouver, à un degré bien plus élevé, la proximité avec Dieu qu'il avait eue enfant.

    Lorsqu'en 1063, Lanfranc devint abbé de Caen, Anselme, après seulement trois ans de vie monastique, fut nommé prieur du monastère du Bec et maître de l'école claustrale, révélant des dons de brillant éducateur. Il n'aimait pas les méthodes autoritaires; il comparait les jeunes à de petites plantes qui se développent mieux si elles ne sont pas enfermées dans des serres et il leur accordait une "saine" liberté. Il était très exigeant avec lui-même et avec les autres dans l'observance monastique, mais plutôt que d'imposer la discipline il s'efforçait de la faire suivre par la persuasion. A la mort de l'abbé Herluin, fondateur de l'abbaye du Bec, Anselme fut élu à l'unanimité à sa succession:  c'était en février 1079. Entretemps, de nombreux moines avaient été appelés à Canterbury pour apporter aux frères d'outre-Manche le renouveau en cours sur le continent. Leur œuvre fut bien acceptée, au point que Lanfranc de Pavie, abbé de Caen, devint le nouvel archevêque de Canterbury et il demanda à Anselme de passer un certain temps avec lui pour instruire les moines et l'aider dans la situation difficile où se trouvait sa communauté ecclésiale après l'invasion des Normands. Le séjour d'Anselme se révéla très fructueux; il gagna la sympathie et l'estime générale, si bien qu'à la mort de Lanfranc, il fut choisi pour lui succéder sur le siège archiépiscopal de Canterbury. Il reçut la consécration épiscopale solennelle en décembre 1093.

    Anselme s'engagea immédiatement dans une lutte énergique pour la liberté de l'Eglise, soutenant avec courage l'indépendance du pouvoir spirituel par rapport au pouvoir temporel. Il défendit l'Eglise des ingérences indues des autorités politiques, en particulier des rois Guillaume le Rouge et Henri I, trouvant encouragement et appui chez le Pontife Romain, auquel Anselme démontra toujours une adhésion courageuse et cordiale. Cette fidélité lui coûta également, en 1103, l'amertume de l'exil de son siège de Canterbury. Et c'est seulement en 1106, lorsque le roi Henri I renonça à la prétention de conférer les investitures ecclésiastiques, ainsi qu'au prélèvement des taxes et à la confiscation des biens de l'Eglise, qu'Anselme put revenir en Angleterre, accueilli dans la joie par le clergé et par le peuple. Ainsi s'était heureusement conclue la longue lutte qu'il avait menée avec les armes de la persévérance, de la fierté et de la bonté. Ce saint archevêque qui suscitait une telle admiration autour de lui, où qu'il se rende, consacra les dernières années de sa vie en particulier à la formation morale du clergé et à la recherche intellectuelle sur des sujets théologiques. Il mourut le 21 avril 1109, accompagné par les paroles de l'Evangile proclamé lors de la Messe de ce jour:  "Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves; et moi je dispose pour vous du Royaume comme mon Père en a disposé pour moi:  vous mangerez à ma table en mon Royaume" (Lc 22, 28-30). Le songe de ce mystérieux banquet, qu'il avait fait enfant tout au début de son chemin spirituel, trouvait ainsi sa réalisation. Jésus, qui l'avait invité à s'asseoir à sa table, accueillit saint Anselme, à sa mort, dans le royaume éternel du Père.

    "Dieu, je t'en prie, je veux te connaître, je veux t'aimer et pouvoir profiter de toi. Et si, en cette vie, je ne suis pas pleinement capable de cela, que je puisse au moins progresser chaque jour jusqu'à parvenir à la plénitude" (Proslogion, chap. 14). Cette prière permet de comprendre l'âme mystique de ce grand saint de l'époque médiévale, fondateur de la théologie scolastique, à qui la tradition chrétienne a donné le titre de "Docteur Magnifique", car il cultiva un intense désir d'approfondir les Mystères divins, tout en étant cependant pleinement conscient que le chemin de recherche de Dieu n'est jamais terminé, tout au moins sur cette terre. La clarté et la rigueur logique de sa pensée ont toujours eu comme fin d'"élever l'esprit à la contemplation de Dieu" (ibid., Proemium). Il affirme clairement que celui qui entend faire de la théologie ne peut pas compter seulement sur son intelligence, mais qu'il doit cultiver dans le même temps une profonde expérience de foi. L'activité du théologien, selon saint Anselme, se développe ainsi en trois stades:  la foi, don gratuit de Dieu qu'il faut accueillir avec humilité; l'expérience, qui consiste à incarner la parole de Dieu dans sa propre existence quotidienne; et ensuite la véritable connaissance, qui n'est jamais le fruit de raisonnements aseptisés, mais bien d'une intuition contemplative. A ce propos, restent plus que jamais utiles également aujourd'hui, pour une saine recherche théologique et pour quiconque désire approfondir la vérité de la foi, ses paroles célèbres:  "Je ne tente pas, Seigneur, de pénétrer ta profondeur, car je ne peux pas, même de loin, comparer avec elle mon intellect; mais je désire comprendre, au moins jusqu'à un certain point, ta vérité, que mon cœur croit et aime. Je ne cherche pas, en effet, à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre" (ibid., 1).