Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

islamisme - Page 25

  • Quel mal ont donc fait les Chrétiens d'Orient pour qu'on leur accorde si peu de considération ?

    IMPRIMER

    De Monseigneur Gollnisch sur le Figaro Vox (lefigaro.fr):

    «Quel mal ont fait les Chrétiens d'Orient pour qu'on leur accorde si peu de considération ?»

    «Quel mal ont fait les Chrétiens d'Orient pour qu'on leur accorde si peu de considération ?»

    FIGAROVOX/TRIBUNE - La bienveillance des pays occidentaux envers les Chrétiens d'Orient, si nécessaire soit-elle, ne suffit pas à leur rendre justice, considère Mgr Gollnisch. Les Chrétiens d'Orient font partie de notre civilisation, la civilisation de la Méditerranée, et doivent être considérés comme tels, souligne l'homme d'Eglise.

    Monseigneur Gollnisch est directeur général de l'Œuvre d'Orient et Vicaire général de l'Ordinariat des catholiques orientaux en France. En 2016, il a publié Chrétiens d'Orient, résister sur notre terre (Cherche midi).

    Il est temps de redécouvrir l'unité de la civilisation méditerranéenne, notre civilisation.

    De l'Andalousie à la Turquie, de l'Algérie à la Provence, du Maroc à la Grèce et à la Croatie, les paysages se ressemblent, travaillés par les mondes grec et latin, araméen et arabe, égyptien et berbère. Les oliviers, les vignes, les palmiers, les collines qui descendent vers la mer, les pêcheurs, les chants, les temples: voici cette civilisation méditerranéenne, une et multiforme, liée à l'Afrique et à l'Arabie, à la Perse et à l'Europe centrale.

    Comment oublier ce que nous devons aux civilisations égyptienne, araméennes, et assyro-babylonienne? La Méditerranée que tant de gens du nord aiment rejoindre aux beaux jours ne saurait être une division entre deux mondes. Ce serait couper en deux notre propre civilisation, notre propre corps. Il est clair qu'une minorité musulmane se déploie en Europe, dans des pays qui n'y étaient pas habitués, ni préparés. Cela pose les problèmes que nous savons, qui ne sont pas insurmontables mais qui exigent des uns et des autres un retour sur soi-même, une conversion et une clarification qui pourront être bénéfiques à chacun.

    Au sud et à l'est de notre Méditerranée commune, il y a des chrétiens enracinés là depuis deux mille ans.

    Qu'est-ce que les chrétiens disent d'eux-mêmes? Qu'est-ce que les musulmans disent d'eux-mêmes? Et qu'est-ce que la laïcité dit d'elle-même, à un moment où plusieurs confondent la laïcité des pouvoirs publics, celle des services publics, de l'espace publique ou de l'opinion publique. Le prix de la laïcité a été remis en 2017 aux Femen qui avaient envahi la Cathédrale Notre-Dame et l'église de la Madeleine: comment aider dans ces conditions ceux des musulmans réticents à intégrer la laïcité?

    Lire la suite

  • Plus rien n'empêcherait Asia Bibi de quitter le Pakistan avec sa famille

    IMPRIMER

    D'Anita Bourdin sur zenit.org :

    Asia Bibi: « Plus rien ne l’empêche de quitter le Pakistan avec sa famille »

    Rejet de l’appel contre la mère de famille chrétienne

    « Après cette décision de la Cour Suprême, plus rien n’empêche désormais Asia Bibi de quitter le Pakistan avec sa famille. Plusieurs pays comme la France ou le Canada ont proposer de l’accueillir », souligne Vatican News en français, ce mardi 29 janvier 2019.

    Le mari et une fille d’Asia Bibi étaient venu rencontrer le pape François, avec leur avocat.

    « La Cour Suprême du Pakistan a en effet rejeté l’appel à un nouveau procès visant la mère de famille chrétienne, acquittée le 31 octobre dernier. Asia Bibi pourrait désormais quitter son pays où elle est menacée de mort par les islamistes », explique la même source.

    Vatican News précise: « La décision est logique : le magistrat qui présidait l’audience n’était autre qu’Asif Saeed Khosa, le président de la cour qui avait rédigé l’arrêt d’acquittement d’Asia Bibi fin octobre. »

    Libérée le 8 novembre 2018 de la prison de Multan, dans le centre du pays, Asia Bibi a été placée en lieu sûr, sa famille craignant des représailles, rappelle la même source.

    L’Oeuvre d’Orient aussi « se réjouit de la confirmation de l’innocence de la chrétienne Asia Bibi par la Cour suprême pakistanaise. Elle espère que Madame Asia Bibi pourra rapidement rejoindre sa famille ».

    Le communiqué ajoute deux choses. D’une part, « il conviendrait aussi de s’interroger sur l’indemnisation qui lui sera versée suite aux dix années de prison illégitimes ».

    D’autre part, « L’Œuvre d’Orient souhaite voir disparaître toute condamnation pour blasphème et toute discrimination visant les communautés religieuses minoritaires ».

    Pour Marc Fromager, directeur de l’AED-France, « il y a lieu de se réjouir de cette victoire de la liberté religieuse, mais Asia Bibi demeure en danger sur le territoire pakistanais, activement recherchée par des islamistes qui veulent à tout prix la tuer. 187 autres chrétiens demeurent emprisonnés au Pakistan à cause de leur foi, ne les oublions pas, et que les autorités pakistanaises poursuivent leurs efforts en faveur des droits civils. »

    Lire aussi :  Paul Bhatti à Vatican News : "Un tournant pour le Pakistan" 

    et aussi :  Les dessous de la libération d'Asia Bibi

  • En 2018, 245 millions de chrétiens ont été persécutés en raison de leur foi

    IMPRIMER

    https://www.portesouvertes.fr/persecution-des-chretiens

    De Thomas Oswald sur le site aleteia.org :

    Un chrétien sur neuf est persécuté dans le monde 

    L'association protestante Portes Ouvertes publie ce 16 janvier son Index mondial 2019 de persécution des chrétiens. Il met en évidence une aggravation des atteintes à la liberté religieuse.

    Michel Varton, directeur de Portes Ouvertes France commente la sortie de l’Index mondial de persécution des chrétiens 2019 : « Les persécutions contre les chrétiens s’aggravent pour la septième année consécutive ! Si l’on devait les comparer à un lac, il se serait à la fois élargi et approfondi ». D’après cet indes, en 2018, quelque 245 millions de chrétiens auraient été « fortement persécutés » en raison de leur foi, soit un chrétien sur neuf. Globalement, l’indice de persécution établi par l’ONG augmente de 2,7% entre 2018 et 2019.

    Aggravation rapide en Afrique

    Le « lac » dépasse manifestement ses frontières habituelles notamment en Afrique, où de plus en plus de pays sont touchés par l’extension d’un islam radical et intolérant. C’est notamment le cas au Mali, au Niger et en Centrafrique. Le Nigeria, quant à lui, connaît une explosion de violence dans un contexte de conflit entre éleveurs peuls musulmans et agriculteurs chrétiens.

    3.731 chrétiens ont été tués en raison de leur foi en 2018, contre 2.000 en 2017. Encore ces nombres ne concernent-ils que les faits attestés et vérifiables, prévient l’équipe de Portes Ouvertes présentant l’Index. En effet, le nombre de chrétiens assassinés en raison de leur foi serait supérieur.

    Dans beaucoup de pays abonnés aux places de cancres de l’Index annuel, les organismes internationaux rencontrent de grandes difficultés à chiffrer les exactions. À commencer par la Corée du Nord, où résideraient entre 200.000 et 400.000 chrétiens, toujours selon Portes Ouvertes. Numéro un des pays les plus répressifs depuis 18 ans, il ne connaît pas d’ouverture sur le plan intérieur, malgré les récents échanges encourageants avec la Corée du Sud.

    Chine et Inde, leviers de la persécution religieuse

    Mais les deux pays qui « creusent le lit du lac » continue Michel Varton sont les deux plus peuplés au monde, l’Inde et la Chine. Le christianisme y est vu comme un élément étranger à l’identité nationale, qu’il convient de réprimer, voire d’éradiquer. Portes Ouvertes dit avoir cessé de présenter les visages des chrétiens indiens qui témoignent sur son site web.

    Le gouvernement indien, géré par les nationalistes hindous du parti BJP, emploie d’après elle le traçage biométrique pour retrouver les chrétiens. Les prochaines élections, en mai-juin 2019, apportent peu d’espoir de changement, puisque le parti au pouvoir est en tête des sondages. Sans compter que des chrétiens constatent avoir été gommés des listes électorales.

    Il y aurait pourtant une façon optimiste de lire cet Index alarmant, à savoir que si beaucoup de chrétiens sont persécutés en raison de leur foi, c’est parce qu’ils sont de plus en plus nombreux. Cette argumentation pourrait par exemple se fonder sur les étonnantes réussites des Églises protestantes en Iran et en Algérie où des dizaines de milliers d’anciens musulmans se tournent vers le Christ.

    Des signes d’espoir

    Pourtant, prévient Claire Lacroix, la responsable de l’information de Portes Ouvertes France, « cette vision optimiste est démentie par plusieurs exemples, comme celui de la Somalie. Ce pays, que nous classons à la troisième place de notre Index, derrière l’Afghanistan et la Corée du Nord, ne connaît aucune augmentation du nombre de chrétiens, mais ils sont encore plus persécutés qu’auparavant ! »

    Toutefois, des signes d’espoirs viennent, d’une façon inattendue, du Moyen-Orient. En Egypte et en Irak, la situation des chrétiens s’est sensiblement améliorée, selon les évaluations des équipes de Portes Ouvertes. Mais comme le conclut Claire Lacroix : « Le meilleur espoir ne réside pas dans des chiffres, mais dans des témoignages tels que celui de Samiha Tafik ». Cette Copte a été défigurée par l’explosion d’une bombe au Caire, mais elle parcourt le monde pour délivrer son message de paix : « Je ne veux pas me venger. Je prie pour les responsables de cette explosion, que Dieu leur montre le chemin. »

  • Nigéria : Plus de 2.000 personnes sont encore prisonniers de Boko Haram

    IMPRIMER

    Du site de l'Aide à l'Eglise en Détresse (Belgique) :

    Nigéria : Plus de 2.000 personnes sont encore prisonniers de Boko Haram

    La mère de Leah Sharibu, la jeune nigériane détenue par Boko Haram depuis près de dix mois, demande à la communauté internationale  de « ne pas se lasser de prier pour elle, jusqu’à ce qu’elle revienne ».

    Leah Sharibu

    Leah, 15 ans, a été enlevée avec 110 autres élèves par Boko Haram qui a pris d’assaut  le 19 février 2018 un pensionnat de la ville de Dapchi, dans le diocèse de Maiduguri, dans le nord-est du Nigéria. Un mois plus tard, certaines jeunes filles sont mortes en captivité et toutes les autres ont été libérées, à l’exception de Leah. Celles qui ont été libérées ont déclaré que Leah était la seule chrétienne du groupe et que les terroristes avaient cherché à la forcer à se convertir à l’Islam, mais qu’elle avait refusé.

    La mère de Leah, Rebecca, a demandé que l’on continue de prier pour Leah : « Je sais que dans le monde entier, les fidèles prient et plaident pour la libération de ma fille, mais jusqu’à présent, je n’ai pas revu ma Leah. Je voudrais supplier les chrétiens : ne vous lassez pas de prier pour elle jusqu’à ce qu’elle revienne ».

    Son refus d’abandonner sa foi dans le Christ a profondément ému son père Nathan qui a dit : « La confiance et la foi de ma fille m’ont fait réaliser que je vivais sous le même toit qu’une admirable disciple du Christ. Elle a témoigné qu’elle ne renoncerait jamais au Christ, même si elle devait être tuée des mains de Boko Haram, ce qui m’a rendu fier de sa grande foi dans le Seigneur ».

    En octobre, le groupe terroriste a publié une vidéo menaçant de garder Leah comme « esclave à vie ».

    Mgr Ignatius Kaigama, archevêque de Jos, a également ajouté sa voix à la demande de la mère de Leah lors de sa visite à Malte pour le lancement du rapport sur la liberté religieuse dans le monde, il y a quelques semaines. Le prélat a lancé un vibrant appel à prier pour toutes les personnes aux mains des terroristes : « Je vous invite tous à prier pour Leah et pour tous ceux qui sont captifs parce qu’ils ont refusé de renoncer à leur foi. Elle a choisi de rester chrétienne, même face à la perspective d’être tuée. Leah se distingue par sa détermination courageuse à préserver sa foi et son identité chrétienne. Nous devons prier pour toutes les personnes qui sont retenues, traumatisées et en grand danger entre les mains des terroristes ».

    On estime que plus de 2.000 femmes, jeunes filles et jeunes hommes sont encore prisonniers de Boko Haram. Les captifs sont obligés de se convertir à l’Islam, et les captives d’épouser des miliciens musulmans. Ceux qui refusent subissent des violences extrêmes.

    Par Grace Attu & Maria Lozano

  • Nigéria : deux prêtres ont été enlevés durant la nuit de Noël

    IMPRIMER

    De Vatican News (Adélaïde Patrignani) :

    Deux prêtres enlevés au Nigéria dans la nuit de Noël

    Le 24 décembre au soir, des hommes armés ont enlevé deux prêtres catholiques dans l’État d’Anambra, au Sud-Est du Nigéria. On est depuis sans nouvelles des victimes et de leurs ravisseurs.

    Selon l’Agence d’Informations du Nigéria (NAN), l’enlèvement s’est déroulé lundi dans la localité de Nneyi Umeri, située dans le Sud-Est du Nigéria. Les deux prêtres revenaient en voiture d’Onitsha, ville portuaire de l’État d’Anambra, où ils venaient de préparer la venue du cardinal Francis Arinze, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Des hommes armés non identifiés ont kidnappé les prêtres aux alentours de 19h30, d’après une source anonyme.

    Une voiture abandonnée le long de la route a été retrouvée peu après. Elle appartenait à l’un des deux prêtres, selon un agent de la police de l’État. Celui-ci a par ailleurs assuré que la police était mobilisée pour rechercher les victimes. Les deux prêtres officiaient à l’église catholique Sainte-Thérèse à Umueze Anam.

    Cet enlèvement vient allonger une liste déjà longue. Au Nigéria depuis 2015, les prêtres et les religieux sont toujours davantage la cible de ravisseurs, en particulier dans le sud du pays, majoritairement chrétien.

    Les enlèvements se multiplient 

    Ainsi, en 2016, l’Église nigériane est marqué par le meurtre du père John Adeyi, vicaire général du diocèse d’Otukpo, dans le sud du pays. Il avait été enlevé puis exécuté malgré le paiement de la rançon exigée par ses ravisseurs. En 2017, au moins trois prêtres et trois religieuses ont été enlevés, avant d’être libérés. Le 25 octobre dernier, cinq religieuses missionnaires de Marthe et Marie, dont on est toujours sans nouvelles, ont été kidnappées dans l’État du Delta. Dans cette même région, le 6 novembre, quatre prêtres sont victimes d’un enlèvement, puis relâchés quelques jours plus tard.

    L’année dernière, la nuit de Noël avait été endeuillée par la mort de six personnes, tuées pendant la messe dans le village nigérian de Ungwan Mailafiya, au nord du Nigéria.

    Un an plus tard, et à quelques semaines des élections générales du 16 février, les tensions ethniques et religieuses restent vives dans le pays.

  • Asia Bibi tremble pour ses filles

    IMPRIMER

    D'Adélaïde Patrignani sur Vatican News :

    Asia Bibi craint pour la sécurité de ses filles

    Acquittée le 31 octobre dernier par la Cour Suprême pakistanaise, Asia Bibi est toujours en lieu tenu secret, séparée de sa famille. Ses deux filles reçoivent régulièrement des menaces, comme le rapporte l’Aide à l’Église en Détresse.

    «Nous avons peur. Ces derniers jours ont a tiré sur le portail de la maison où nous nous trouvons. Nous recevons constamment des menaces et plus d’une fois j’ai été suivi», témoigne Joseph Nadeem, le responsable de la Fondation Renaissance Education qui prend soin de la famille d'Asia Bibi au Pakistan depuis la condamnation de cette dernière en 2010.

    La menace des islamistes

    Aujourd’hui Joseph Nadeem et sa famille vivent avec Esha et Eisham, les filles d’Asia Bibi. «À peine Asia a-t-elle été acquittée, nous avons dû fuir », explique-t-il. «Elle et son mari se trouvent dans un lieu sûr protégé par le gouvernement, mais nous ne pouvons pas être avec eux», précise-t-il à l’association Aide à l’Église en Détresse (AED). Depuis le 31 octobre, date de l'acquittement d'Asia Bibi, ils ont changé quatre fois d’habitation. «Les islamistes nous poursuivent, et à chaque fois que nous nous rendons compte que nous sommes en danger, nous nous échappons immédiatement. Nous ne pouvons même pas sortir acheter à manger. Je sors seulement de nuit et le visage couvert», confie le tuteur de la famille d’Asia Bibi.

    Asia Bibi est au courant de cette situation dangereuse pour ses proches : «Je l’ai rencontrée dès sa libération, et chaque jour nous parlons avec elle par téléphone. Elle est très inquiète pour ses filles», poursuit Joseph Nadeem.

    L'espoir d'un Noël à Rome 

    Même si le calvaire de la pakistanaise et de sa famille ne semble pas encore terminé, Asia Bibi garde une foi et une force remarquables : «C’est une femme incroyable !», fait remarquer Joseph Nadeem. «Elle a conservé une foi inébranlable et une confiance infinie dans le Seigneur. Ça peut sembler étrange, mais c’est elle qui nous soutient dans ces moments difficiles. Elle nous invite à ne pas se décourager».  

    «Nous tous, y compris Asia, nous sommes reconnaissants envers ceux qui élèvent leur voix pour dénoncer notre situation», déclare par ailleurs M. Nadeem. Il espère «pouvoir quitter bientôt le Pakistan pour vivre dans un lieu sûr» avec tous ses proches. «Et nous espérons que nos deux familles puissent passer ce Noël à Rome, avec vous», conclut-il dans son témoignage à la branche italienne de l'AED. 

    Rome, où Asia Bibi est évoquée aujourd'hui puisqu'un congrès organisé par l'Alliance Catholique s'y tient sur le thème : «Asia Bibi, plus jamais ! Le Pakistan, la loi sur le blasphème et la liberté religieuse». À l'heure actuelle, 400 personnes sont emprisonnées à cause de cette loi sur le blasphème.

  • La force de nuisance de l'Etat islamique en Syrie reste immense

    IMPRIMER

    De Vatican News :

    État Islamique en Syrie, «la force de nuisance reste immense»

    Après plusieurs revers subis en Syrie ces derniers mois, l’Organisation de l’Etat Islamique (EI) a montré ce week-end qu’elle était encore bien présente sur le terrain. Un assaut de l’EI dans la province de Deir Ezzor a fait 200 morts, dont 92 membres des Forces Démocratiques Syriennes (FDS) et 61 jihadistes.

    Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican

    «La stratégie de l’Etat islamique est très claire, ce que l’on voit aujourd’hui a été préparé». La clairvoyance de Matteo Puxton, agrégé d'Histoire et spécialiste des milices islamistes fait froid dans le dos.

    Il y a deux ans et demi, le chef de l’Organisation de l’État Islamique (EI), Abou Mohammed al-Adnani, annonçait la perte de territoire et la chute du Califat, avant de passer à une politique d'insurrection en Irak et en Syrie. Ce qui est vu comme des victoires militaires aux yeux de dirigeants politiques tels qu’Emmanuel Macron, Vladimir Poutine ou Bachar al-Assad ne représentent pas une défaite pour l’araignée État Islamique, qui tisse sa toile et reste présente sous forme d'insurrection dans des villes officiellement défaite de l’EI comme Raqqa ou Manbij, explique Matteo Puxton.

    LIRE AUSSI : Une vingtaine d'otages druzes libérés en Syrie

    Si l’EI a perdu des territoires clefs en Syrie, sa force de nuisance reste, elle, immense. La dernière bataille dans la province de Deir Ezzor dans l’est du pays, du vendredi 23 novembre au dimanche 25 le prouve. Plus de 200 personnes ont été tuées lors de cette bataille féroce. Parmi les victimes, 92 membres de Forces Démocratiques Syriennes (FDS), composées de combattants kurdes et arabes, ces derniers sont en pôle position face aux forces de l’EI et ont connu le plus de pertes. 61 jihadistes ont également perdu la vie ce week-end ainsi que 51 civils dont 19 enfants, qui seraient des membres des familles des combattants de l’EI.

    Quelle est la stratégie de l’EI en Syrie ? Les réponses de Matteo Puxton, agrégé d'Histoire et spécialiste des milices islamistes, auteur du blog Historicoblog.

    Entretien avec Matteo Puxton

  • Le calvaire oublié des chrétiens du Kosovo

    IMPRIMER

    D'Ivana Gajic sur le site de La Nef :

    Kosovo : le calvaire oublié des chrétiens

    Le Kosovo proclamait son indépendance il y a dix ans, en février 2008. Depuis, le sort des chrétiens de l’ex-province serbe n’a cessé de se déteriorer dans une totale indifférence internationale. Petit panorama de la situation sur place.

    Avoir 20 ans au Kosovo en 2018, ce n’est pas avoir l’avenir devant soi. Les perspectives sont bien sombres sur ce territoire le plus pauvre d’Europe, gangrené par la corruption, la partition ethnique, les trafics et l’islamisme radical. La gouvernance non plus n’est pas à la hauteur, plusieurs dirigeants étant liés à des crimes commis durant la guerre avec la Serbie. Dix ans après l’indépendance autoproclamée, le compte n’y est pas et le bilan est une faillite. Dans cet environnement hostile, les chrétiens du Kosovo vivent exclus et discriminés dans un univers parallèle.

    IL Y A DIX ANS LE KOSOVO PROCLAMAIT SON INDÉPENDANCE

    « Depuis aujourd’hui, le Kosovo est fier, indépendant, souverain et libre ! » déclare le 17 février 2008, Hashim Thaci, Premier ministre de l’époque et ancien chef de l’Armée de libération du Kosovo (UÇK). Dix ans plus tard, c’est un cuisant échec. Pire, le Kosovo de 2018 est tout le contraire des incantions du début, selon le sénateur suisse Dick Marty. « Le Kosovo a une économie inexistante. Il est devenu un centre de criminalité organisée, de trafic de drogue, de trafic d’armes, de trafic d’êtres humains. Il n’y a pas une véritable société civile qui soit à même de faire fonctionner une véritable institution démocratique, et il y a diverses minorités qui vivent protégées par des soldats internationaux. Pendant ces années où le Kosovo était sous protectorat international, des monastères et des églises orthodoxes ont été brûlés dans l’indifférence totale des médias internationaux. Depuis 1999, 250 000 Serbes ont dû quitter le Kosovo. »

    Les chrétiens du Kosovo, largement constitués de Serbes orthodoxes, représentent aujourd’hui moins de 7 % de la population totale du Kosovo évaluée à 1,8 million d’habitants. Une minorité discriminée sur ce territoire des Balkans composé à 90 % d’Albanais musulmans. Un renversement démographique vertigineux qui s’est produit au siècle dernier puisqu’autrefois les chrétiens y étaient majoritaires. Historiquement, rappelons-le, le Kosovo est le berceau de la nation serbe et de sa foi. C’est ici que se trouvent ses plus anciens monastères et c’est ici encore que l’on compte la plus forte densité d’édifices religieux chrétiens en Europe.

    La paupérisation des chrétiens du Kosovo s’explique par la conjugaison de plusieurs phénomènes. Le principal d’entre eux correspond au déplacement massif des communautés. Durant l’occupation ottomane, prolongée jusqu’en 1912, l’immigration intensive des musulmans originaires de l’Albanie voisine a accompagné l’exil du peuple chrétien. La politique démographique des Ottomans visait à mettre en valeur le territoire occupé en faisant basculer le rapport démographique entre musulmans et chrétiens dans un sens favorable aux premiers.

    Lire la suite

  • L'asile refusé à Asia Bibi au Royaume-Uni ?

    IMPRIMER

    Du site de Valeurs Actuelles :

    Londres aurait refusé l'asile à Asia Bibi par crainte de troubles communautaires

    Persécution. Selon l’Association chrétienne pakistanaise du Royaume-Uni, qui s'efforce d'obtenir l'asile d'Asia Bibi, le gouvernement britannique craint des émeutes en Grande-Bretagne, où vit une importante communauté pakistanaise, s’il propose l’asile à la chrétienne persécutée. 

    Le gouvernement de Theresa May aurait choisi de ne pas proposer l'asile à Asia Bibi. La crainte de troubles sécuritaires et communautaires est la raison invoquée assure l’Association chrétienne pakistanaise du Royaume-Uni au Huffington Post UK, car une importante communauté musulmane pakistanaise est installée au Royaume-Uni. « Le gouvernement britannique craint que le déménagement d’Asia Bibi au Royaume-Uni cause des problèmes de sécurité et des troubles au sein de certaines sections de la communauté, et constitue une menace pour les ambassades britanniques à l’étranger qui pourraient être la cible de terroristes islamistes », a indiqué au site d’information Wilson Chowdhry, le président de l’Association chrétienne pakistanaise britannique, précisant également que deux pays avaient fait des offres d’asile.

    La France prête à l’accueillir selon Le Drian

    Asia Bibi, une ouvrière agricole chrétienne, mère de quatre enfants, a été libérée de prison au Pakistan mercredi 7 novembre après avoir été acquittée pour blasphème. Elle avait passé huit ans dans le couloir de la mort après une dispute avec un groupe de femmes musulmanes en juin 2009 qui lui avaient demandé de ne pas boire de l'eau dans le même verre qu'elles parce qu'elle était chrétienne. La Cour suprême du Pakistan a annulé sa condamnation pour avoir « insulté le prophète Mohammed » la semaine dernière, mais son acquittement a déclenché de violentes émeutes menées par des islamistes. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a indiqué vendredi 9 novembre que la France était prête à l'accueillir et qu'elle oeuvrait à son exfiltration.

  • Asia Bibi n'est pas tirée d'affaire; l'espoir de sa libération broyé par la haine

    IMPRIMER

    Comment ne pas voir dans les évènements du Pakistan où la foule crie "pendez-la, pendez-la !" un rappel tragique de ces évènements fondateurs de notre foi où le Juste fut condamné à mort par la foule aveuglée de haine qui vociférait "crucifiez-le, crucifiez-le !". Ainsi, Asia Bibi nous apparaît comme une authentique figure christique qui révèle en même temps le mystère du mal et l'impuissance de ceux qui s'y opposent sans vraiment oser le dénoncer.

    De RFI - Les Voix du Monde :

    Pakistan: la libération d'Asia Bibi remise en question, son avocat fuit le pays

    Le sort de la chrétienne Asia Bibi, en prison depuis 2009 pour blasphème et symbole national de la lutte contre l'intolérance religieuse, reste incertain malgré son acquittement par la Cour suprême. Un accord conclu vendredi entre le gouvernement et les islamistes compromet sa libération. Son avocat, craignant pour sa vie, a quitté le pays ce samedi.

    Alors que la libération d'Asia Bibi semblait imminente, voilà qu'un accord controversé conclu dans la nuit de vendredi à samedi entre le gouvernement et les islamistes vient tout remettre en cause.Les manifestants islamistes radicaux qui bloquaient le pays depuis trois jours ont obtenu que le gouvernement s'engage à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire et à ne pas bloquer une requête en révision du jugement d'acquittement déposée jeudi dernier à Lahore par un religieux.Non seulement le gouvernement ne s’oppose pas au dépôt d’une requête en révision du jugement, mais en plus, contrairement à ce qui avait d’abord été assuré, la chrétienne ne pourra plus partir si elle le souhaite. Une procédure d’interdiction de quitter le territoire va ainsi être lancée. Et tant pis pour la crédibilité du Premier ministre Imran Khan, qui avait prononcé un discours de fermeté à l'égard des islamistes mercredi soir.

    Cela signifie qu'Asia Bibi, actuellement incarcérée à Multan, dans le centre du pays, devra soit rester en prison soit dans un autre endroit sûr, en attendant que la requête soit examinée, a estimé son avocat, Saif-ul-Malook, interrogé samedi par l'AFP.

    Son avocat quitte le pays

    Maître Saif-ul-Malook a décidé de quitter le pays craignant pour sa vie. « J'ai besoin de rester en vie, car je dois poursuivre la bataille judiciaire pour Asia Bibi », a-t-il expliqué. S'il s'attendait à la réaction violente des extrémistes, il déplore la réaction du gouvernement. « Ce qui est douloureux, c'est la réponse du gouvernement. Ils ne peuvent même pas (faire) appliquer un jugement de la plus haute cour du pays », a-t-il déclaré.Pendant trois jours, les extrémistes ont bloqué les grands axes routiers et contraint les commerces et les écoles à fermer dans les grandes villes du pays.« Le gouvernement n'aurait jamais dû passer un tel accord », a déploré ce samedi Ashiq Masih, le mari d'Asia Bibi, interrogé par la radio allemande Deutsche Welle. « Il est mauvais de créer un précédent consistant à faire pression sur la justice », a-t-il souligné. « La situation actuelle est très dangereuse pour nous. Nous n'avons aucune protection et nous nous cachons, changeant fréquemment de lieu », a-t-il ajouté. Ashiq Masih a demandé au gouvernement de renforcer « la sécurité » de son épouse « en prison ».

    Pour lui, la Cour suprême pakistanaise s'est montrée « très courageuse » mercredi dernier en acquittant Asia Bibi, une mère de famille illettrée d'une cinquantaine d'années, dont le cauchemar avait commencé en 2009 alors qu'elle travaillait aux champs. Invoquant des raisons religieuses, deux femmes musulmanes avaient refusé de partager un verre d'eau avec elle et une querelle avait éclaté. Quelques jours plus tard, ces femmes avaient relaté l'affaire à un imam local qui avait accusé la chrétienne d'avoir « insulté » le prophète de l'islam, ce que celle-ci a toujours nié. Elle a été emprisonnée, condamnée à mort, avant d'être acquittée le 31 octobre par la Cour suprême.

  • La mobilisation des islamistes pakistanais contre la libération d'Asia Bibi

    IMPRIMER

    Une mobilisation haineuse dont on aurait bien du mal à trouver l'équivalent dans le christianisme :

    De Julien Bouissou sur le site du journal le Monde :

    Au Pakistan, des islamistes se mobilisent contre l’acquittement de la chrétienne Asia Bibi

    L’employée agricole avait été condamnée à mort pour blasphème. Des manifestants bloquent les rues dans plusieurs villes et un parti radical a appelé à tuer les juges qui l’ont acquittée

    Par Julien Bouissou (New Delhi, correspondant en Asie du Sud)

    La chrétienne Asia Bibi attend toujours la liberté. Deux jours après son acquittement par la Cour suprême pakistanaise, mercredi 31 octobre, cette mère de cinq enfants, incarcérée depuis sa condamnation à mort en 2010 pour blasphème, était gardée dans un endroit tenu secret alors que des manifestants islamistes réclamaient sa pendaison.

    Pour le troisième jour d’affilée, ils bloquaient, vendredi, les principales artères de plusieurs grandes villes du pays, et ont été autorisés à pénétrer dans la « zone rouge » de la capitale Islamabad, quartier qui réunit les principales institutions de l’Etat pakistanais. La sécurité a été renforcée aux abords des lieux de culte chrétiens, des écoles ont été fermées et les réseaux de téléphonie mobile ont été suspendus dans les grandes villes.

    Depuis le durcissement du code pénal condamnant le blasphème, en 1986, sous la dictature du général Zia-ul-Haq, grand artisan de l’islamisation du Pakistan, les accusations se sont multipliées dans le pays, au risque de servirde prétexte pour régler des conflits personnels. Dans le cas d’Asia Bibi, c’est une dispute qui a mal tourné : en 2009, cette employée agricole avait bu un verre d’eau provenant d’un puits réservé en principe aux musulmans, et été dénoncée par des voisines avec lesquelles sa famille était en froid. On l’accusa d’avoir insulté le Prophète. Les juges l’ont finalement acquittée mercredi au « bénéfice du doute ».

    Appel à la mutinerie

    « L’acquittement d’Asia n’est pas seulement un déni de justice, mais aussi une manière de satisfaire les demandes des opposants à la loi sur le blasphème, et des avocats de la liberté d’expression (haineuse) débridée », a posté sur les réseaux sociaux Khadim Hussain Rizvi, chef du parti radical Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP) à l’origine des manifestations. Son parti a appelé à une mutinerie des officiers de l’armée et à l’assassinat des juges responsables du verdict. « Nous tolérons des remarques contre nous, mais des actions peuvent être prises conformément à la loi et à la Constitution », a rétorqué vendredi l’armée pakistanaise, qui a menacé d’« entrer en action ». Cette dernière a toutefois indiqué qu’elle n’interviendrait qu’en suivant les instructions du gouvernement.

    Or le premier ministre pakistanais, Imran Khan, qui est aussi chargé du ministère de l’intérieur, vient d’entamer un voyage de quatre jours en Chine pour négocier une aide financière de plusieurs milliards d’euros. Mercredi soir, il avait adopté un ton ferme à l’égard des manifestants, prévenant que l’Etat ne « tolérerait pas le sabotage » et « prendrait ses responsabilités » si nécessaire, tout en rappelant que la Constitution était conforme avec les enseignements du Coran. Mais depuis, le gouvernement dit vouloir privilégier les négociations.

    « Le pays ignore qui est chargé de régler la crise, si c’est le gouvernement ou l’armée, observe Khurram Husain, éditorialiste au quotidien pakistanais DawnLa situation est très instable : du côté des manifestants, il n’y a ni front uni ni leadership clairement identifié, il est difficile de connaître leurs revendications. »Une requête en révision du jugement de la Cour suprême a été déposée mercredi à un tribunal de Lahore, ainsi qu’une demande d’interdire à Asia Bibi de quitter le territoire. Interrogé par Dawn, le frère d’Asia Bibi a expliqué qu’elle n’aurait « pas d’autre option que de partir à l’étranger » pour sa sécurité.

    « N’importe qui peut me tuer »

    Les minorités religieuses, qui ne dépassent pas les 3 % de la population du Pakistan, sont surreprésentées parmi les cibles des plaintes déposées pour blasphème. « Le verdict montre que les pauvres, les minorités et la fraction la plus modeste de la société peuvent obtenir justice dans ce pays en dépit de ses défauts », s’est félicité l’avocat d’Asia Bibi, Saif-ul-Mulook, lui-même désormais en danger : « Je suis une cible très facile, a-t-il reconnu, n’importe qui peut me tuer. » Le gouverneur de la province du Pendjab, Salman Taseer, qui avait défendu Asia Bibi et demandé une révision de la loi sur le blasphème, a été assassiné en 2011 par son garde du corps.

    En novembre 2017, Islamabad avait été paralysé pendant près de trois semaines par des manifestants pour des motifs similaires. Leur colère avait été déclenchée par un changement de formulation du serment que prononcent tous les candidats à des élections, et où la phrase « je jure solennellement » avait été remplacée par « je crois », pour affirmer que Mahomet est le dernier prophète de l’islam. Un fléchissement à peine perceptible, mais qui équivalait, selon les manifestants, à un blasphème. Le ministre de la justice pakistanais, Zahid Hamid, avait dû présenter sa démission.

    A cette époque, Imran Khan s’était bien gardé de critiquer les manifestations. Il faisait alors campagne pour les élections législatives de juillet 2018 qui allaient le porter au pouvoir, et avait promis de défendre la loi du blasphème pour s’assurer du soutien de la droite religieuse.

  • L'épreuve endurée par Asia Bibi améliorera-t-elle le sort des chrétiens pakistanais ?

    IMPRIMER

    De Marc fromager sur le site du Figaro Vox :

    Au-delà d'Asia Bibi, tous les chrétiens d'Orient se sentent menacés

    Au-delà d'Asia Bibi, tous les chrétiens d'Orient se sentent menacés

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Asia Bibi a été libérée. Cette chrétienne avait été condamnée à mort au Pakistan pour blasphème. Tout en se réjouissant de cette décision, Marc Fromager espère que l'épreuve endurée par la jeune femme améliorera le sort des chrétiens pakistanais.


    Marc Fromager est directeur de l'AED (Aide à l'Église en Détresse), qui soutient les chrétiens en danger partout dans le monde.


    Comment ne pas se réjouir de la libération d'Asia Bibi, pour laquelle nous étions mobilisés depuis le départ, depuis neuf ans. L'AED (Aide à l'Eglise en Détresse) avait d'abord lancé une pétition en 2009 avec plus de 11 000 signatures, apportées au Quai d'Orsay. Une large mobilisation avait sans doute sauvé Asia Bibi dans un premier temps mais avait ensuite compliqué sa libération. Entre-temps, elle était devenue une icône, voire une victime expiatoire.

    C'est la raison pour laquelle nous avons plus tard cessé de la médiatiser, sur les conseils de l'Église au Pakistan qui souhaitait la faire oublier. Nous n'avons pas cessé de la soutenir pour autant, notamment à travers la Commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale pakistanaise qui prenait en charge des frais d'avocat et de soutien financier de la famille.

    Pour revenir à sa libération, nous ne pouvons que nous en réjouir. J'étais moi-même il y a deux semaines à Londres avec le mari et une des filles d'Asia Bibi. Ils avaient l'air assez confiants mais évidemment, il fallait attendre que la décision finale soit rendue publique.

    A ce stade, il est important de saluer le courage des juges pakistanais. On sait que le gouvernement pakistanais souhaitait la libération d'Asia Bibi depuis assez longtemps, pour des raisons d'image internationale, mais la menace de désordre majeur a fait traîner ce cas toutes ces années.

    Il faut dire que de nombreuses personnes ont été assassinées ces dernières années pour avoir publiquement pris position contre la loi anti-blasphème. Je pense notamment à Salman Taseer, gouverneur musulman du Punjab qui a été assassiné en 2011 par son garde du corps pour avoir défendu Asia Bibi. Nous ne les oublions pas en ce jour de sa libération.

    On peut imaginer qu'au-delà de la Cour Suprême, le gouvernement pakistanais a donné son feu vert pour l'acquittement et nous l'en félicitons. Il va maintenant falloir faire face, alors que des émeutes ont déjà éclaté dans le pays. Les groupes islamistes mettent à exécution les menaces proférées en amont du jugement. Ils souhaitent, là comme ailleurs, imposer leur loi.

    Au cours des prochains jours, nous serons particulièrement attentifs au sort des communautés chrétiennes, des cibles faciles pour les représailles des groupes extrémistes musulmans.

    Au-delà de la libération d'Asia Bibi, on ne peut que déplorer le sort des minorités religieuses au Pakistan, en particulier les chrétiens, qui représentent à peu près 3% de la population, souvent marginalisés, discriminés, au plus bas de l'échelle sociale, et qui font régulièrement l'objet d'attentats, surtout au moment des grandes fêtes chrétiennes.

    Pour conclure, nous pouvons espérer que cet acquittement fera jurisprudence et que, dorénavant, la justice pakistanaise surveillera de plus près toute éventuelle accusation de blasphème. À terme, nous espérons que très rapidement, la loi anti-blasphème soit supprimée. Il n'est pas question d'encourager le blasphème mais de supprimer une loi inepte qui est le plus souvent instrumentalisée pour simplement régler des problèmes de voisinage.

    Si les chrétiens au Pakistan pouvaient dorénavant être un peu plus respectés, la dramatique épreuve d'Asia Bibi n'aura pas été vaine.