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Santé - Page 92

  • Frères de la Charité : d'utiles précisions

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    Paul Forget, sur sa page facebook, apporte les précisions suivantes :

    Comme des informations contradictoires et erronées circulent sur l’affaire des Frères de la Charité, je clarifie ici pour vous la situation.

    1) La congrégation des Frères de la Charité est une congrégation de religieux laïcs (non-prêtres) de droit pontifical. Elle dispose d’une province belge, la communauté des Frères de la Charité de Gand.

    2) Cette communauté a en charge des centres psychiatriques, pour environ 8000 patients, soit la plus grande partie de ces patients en Flandre.

    3) Depuis janvier 2015, l’ASBL « Provincialaat der Broeders van Liefde » a étendu la gestion des centres à des personnalités du monde académique et politique et n’est donc plus sous la seule responsabilité légale des Frères et de laïcs proches. Les Frères sont seulement 3 sur 14 administrateurs. 6 sont tout à fait indépendants de la Congrégation.

    4) Parmi ces administrateurs se trouvent Herman Van Rompuy, qu’on ne présente plus, l’ancienne sénatrice CD&V Bea Cantillon et Marcia De Wachter, directeur de la Banque Nationale de Belgique.

    5) En avril dernier, le conseil d’administration de l’ASBL a décidé d’autoriser et de soutenir l’idée de pratiquer l’euthanasie dans ses centres, y compris pour des malades psychiatriques n’étant pas en phase terminale.

    6) Dans la foulée, le Révérend Frère René Stockman, belge et supérieur général de la congrégation, a demandé au Vatican une enquête et une déclaration aux évêques de Belgique.

    7) Rapidement, l’évêque d’Anvers, Mgr Bonny déclare à un journaliste qu’il n’a pas lu l’entièreté du texte, mais qu’il suppose qu’il exprime la même pensée que les évêques de manière équilibrée.

    8) Le 22 mai, les évêques de Belgique publient une déclaration condamnant la position de l’ASBL « Provincialaat der Broeders van Liefde ».

    9) Successivement le Cardinal Parolin (secrétaire d’État du Vatican), le Cardinal Müller (ex-préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi), le Cardinal de Aviz (préfet de la congrégation pour les instituts de vie consacrée) et enfin le pape se sont saisis de l’affaire.

    10) Le Cardinal Müller demande alors au Frère Stockman de transmettre aux intéressés la condamnation du texte par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

    11) Après de nouvelles consultations, le Cardinal de Aviz mandate le Frère Stockman pour prendre les mesures nécessaires au nom du Vatican. Ces mesures peuvent aller jusqu’au désaccouplement des institutions psychiatriques de la Congrégation (et de la communauté gantoise) et à la perte de l’identité catholique pour les centres. Le conseil d’administration a jusqu’au 5 septembre pour revoir sa position.

    12) Le 10 août, la salle de presse du Saint-Siège confirme l’intervention personnelle du pape dans ce dossier.

    13) Le Saint-Siège n’a pas de pouvoir personnel sur des personnes qui ne sont ni religieux ni prêtres. Les non-religieux gardent donc au plan juridique un droit de vote dépourvu de toute contrainte, hormis au plan moral.

    14) Les religieux siégeant au conseil d'administration ont été invités à signer une lettre commune, adressée à leur supérieur général, déclarant qu’ils « appuient pleinement la vision du Magistère de l’Église catholique, qui a toujours affirmé que la vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue, dès sa conception jusqu’à sa fin naturelle ». Ceux qui refuseraient encourront des sanctions canoniques.

    15) La réponse pourrait être retardée à la deuxième semaine de septembre en raison de l'agenda du conseil d'administration.

    16) Herman van Rompuy, membre donc de ce conseil d’administration a réagi de la façon suivante à une interpellation sur Twitter du canoniste flamand Kurt Martens : « Le temps de "Roma locuta, causa finita" ("Rome a parlé, la cause est entendue") est désormais loin derrière nous. »

    17) Herman van Rompuy n’a pas commenté son tweet. Le Frère Stockman a déclaré le 14 août n’avoir aucune idée de l’intention de van Rompuy mais constater au travers de ce tweet un déclin du respect pour l’autorité du Vatican.

  • Le Vatican prend clairement position à propos du débat sur l’euthanasie dans l’organisation des Frères de la Charité en Belgique et demande au Supérieur général de prendre de nouvelles mesures

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    Communiqué de presse du Supérieur général des Frères de la Charité

    Rome, le 5 août 2017

    Le Vatican prend clairement position à propos du débat sur l’euthanasie dans l’organisation des Frères de la Charité en Belgique et demande au Supérieur général de prendre de nouvelles mesures.

    À la suite de la discussion qui a eu lieu ces derniers mois entre l’organisation des Frères de la Charité en Belgique et l’Administration générale des Frères de la Charité à travers le Supérieur général, le Fr. René Stockman, à propos de l’autorisation oui ou non de l’euthanasie à l’intérieur des établissements des soins de santé mentale des Frères de la Charité en Belgique, l’organisation belge avait pris la décision, au mois de juin de cette année, d’autoriser l’euthanasie sous certaines conditions à l’intérieur de ces établissements. Cette décision s’opposait à la vision de l’Administration générale de la Congrégation, et également au texte de vision des Évêques belges qui avaient avancé dans leur déclaration du 22 mai 2017 de ne pas pouvoir souscrire à l’application de l’euthanasie, dans ce cas auprès des patients avec un trouble psychiatrique.

    Par la suite, les dicastères concernés du Vatican – à savoir la Secrétairerie d’Etat, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée – avaient demandé au Supérieur général, le Fr. René Stockman, de présenter un rapport sur la situation dans la branche belge des Frères de la Charité. Le résultat était une prise de position claire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, demandant au Supérieur général de transmettre cette prise de position à l’organisation des Frères de la Charité en Belgique et leur demandant de se conformer à cette vision qui exclut toute forme d’euthanasie.  

    Après de nouvelles consultations entre ces trois dicastères et une consultation finale avec le Pape, le Préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée, le Cardinal de Aviz, en tant que responsable du Vatican pour les congrégations de droit pontifical, a formulé dans une lettre au Supérieur général la procédure de suivi de ce dossier. Dans ce document, il félicite et encourage le Supérieur général pour sa prise de position claire à propos de l’euthanasie et il le charge et le mandate pour prendre de nouvelles mesures. Le Supérieur général mettra tout en œuvre pour conformer l’organisation à la vision de l’Église catholique et – à défaut de cela – il prendra les mesures juridiques nécessaires pour sauvegarder l’identité catholique et la position, les intérêts et les structures des Frères de la Charité et de leurs œuvres.

    En plus, il a été prié de demander aux frères qui sont membres du Conseil d’administration de l’organisation des Frères de la Charité en Belgique, de rédiger une lettre officielle dans laquelle ils déclarent au Supérieur général qu’ils suivent entièrement la vision du Magistère de l’Église catholique, affirmant depuis toujours que la vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue, à partir du moment de la conception jusqu’à sa fin naturelle.

    L’organisation des Frères de la Charité en Belgique devra recevoir de nouveau la question de modifier le texte de vision sur l’application de l’euthanasie chez les patients psychiatriques, de telle sorte que la pratique soit conforme à la vision précitée du Magistère de l’Église catholique et également conforme au charisme des Frères de la Charité. Cela signifie que ledit texte de vision doit être adapté selon les principes suivants : l’affirmation que le respect de la vie est absolue ; le refus de considérer le manque de perspective chez un patient et le fait prétendu de ne plus pouvoir être traité comme des arguments pour autoriser l’euthanasie ; ne pas accepter que la pratique de l’euthanasie soit considérée comme un acte médical et ne pas accepter que l’euthanasie – si les conditions légales sont remplies selon le droit belge – ait lieu à l’intérieur de l’établissement des Frères de la Charité.

    Les frères en question et l’organisation ont été informés de la prise de position du Vatican et ils ont été invités à répondre de façon positive à ce qui leur est demandé dans un délai d’un mois. La Région belge des Frères de la Charité, les autres membres du Conseil de la Congrégation, les Évêques belges et le Nonce apostolique ont été également informés de cette évolution.

    Fr. René Stockman

    Supérieur général

    Frères de la Charité

    rene.stockman.fc@fracarita.org

    Lire sur zenit.org : Belgique : Rome demande aux Frères de la Charité de renoncer à l'euthanasie

  • Une médecine anténatale qui marche sur la tête

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    De Tugdual Derville, Délégué général d'Alliance Vita, sur le site du Figaro (FigaroVox) :

    (Auteur de Le temps de l'Homme - Pour une révolution de l'écologie humaine(Plon, 2016) et L'aventure A bras Ouverts - Un voyage en humanité (Editions Emmanuel, 2017).

    Naître ou ne pas naître, une mortelle discrimination

    Le 26 juillet 2017, une naissance à l'hôpital de Boulogne-sur-Mer a été annoncée comme un «malheureux événement». Elle a mis en lumière l'injonction paradoxale adressée aux personnes porteuses d'un handicap: «Prenez toute votre place dans cette société où tout est fait… pour que vous n'existiez pas!»

    Étrange échec: le bébé avait réchappé à l'«interruption médicale de grossesse» (IMG). Alors que sa mère était à son huitième mois de grossesse, une IRM ayant détecté une malformation cérébrale, des médecins avaient aussitôt «prescrit l'IMG». L'intervention consiste à provoquer la mort du fœtus menacé d'un handicap. Ici, par un «fœticide au cordon», c'est-à-dire l'injection d'un produit létal in utero, pour provoquer la mort du bébé avant de déclencher l'accouchement d'un enfant «mort-né». Or, voilà donc que, contre toute attente, l'enfant est né vivant. Après une succession de tel chocs, on imagine le désarroi des parents au moment où les soignants prennent soin avec eux de cette vie fragile qu'il n'ont pas réussi à arrêter.

    L'annonce prénatale d'un handicap est toujours un évènement violent pour les parents. Alors que chacun désire légitimement un bébé en bonne santé, il devenu difficile de résister à la proposition - parfois très insistante - d'IMG. Beaucoup de Français ignorent que l'avortement peut alors légalement intervenir jusqu'au terme de la grossesse. Mobile invoqué: «qu'il existe une forte probabilité que l'enfant à naître soit atteint d'une affection d'une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic» (art. L. 2213-1). Dans les faits, de plus en plus de familles comme de soignants considèrent comme une faute médicale la naissance d'un nouveau-né porteur d'une anomalie. Les notions de gravité et d'incurabilité sont, de toutes les façons, sujettes à interprétation. L'injonction de «réussir son bébé», selon le slogan contestable d'une marque de puériculture, s'est généralisée.

    En Grande-Bretagne, cette distinction de statut entre les fœtus bien-portants (protégés par la loi à l'issue du délai légal pour avorter) et les fœtus défaillants (qu'on peut éliminer pendant toute la grossesse) est contestée par un parlementaire. Lord Kevin Shinkwin, qui porte un handicap visible, a défendu le 27 janvier 2017 un texte de loi proposant de mettre fin à une telle inégalité entre des êtres humains. Remerciant sa mère de l'avoir élevé «sans discrimination» par rapport au reste de sa fratrie et le médecin qui l'a opéré à de nombreuses reprises, il a dénoncé «l'incohérence grotesque» de l'eugénisme anténatal. Pour lui, «Les personnes ayant des déficiences congénitales sont menacées d'extinction». Et il a conclu: «Si nous étions des animaux, sans-doute serions-nous éligibles au statut des espèces en danger. Mais nous ne sommes que des êtres humains porteurs de handicaps…»

    Le bébé né à Boulogne-sur-Mer a exceptionnellement résisté à cette mortelle discrimination, mais l'IMG ne l'a pas seulement «raté». Son père a rapporté un diagnostic aggravé par l'injection de poison: «On nous a indiqué que des taches étaient apparues sur la partie du cerveau qui n'était pas touchée. Selon les médecins, l'arrêt cardiaque a privé le bébé d'oxygène et cela rend notre enfant inopérable alors qu'avant, on aurait pu tenter quelque chose». Les parents ont logiquement décidé de porter plainte.

    Voilà donc ces médecins conduits à se défendre. Tout en reconnaissant que la situation est «rare et désolante», ils affirment n'avoir commis aucune erreur. Pour se dédouaner, ils signalent qu'un tel échec est déjà arrivé au CHU de Lille. Le produit mortel peut dysfonctionner. Mais parler d'un échec quand la vie l'emporte sur la mort révèle qu'un valeur négative est attribuée à certaines existences. Cette sordide affaire donne raison à Lord Shinkwin: notre médecine anténatale marche sur la tête. Surtout si on rapproche cet évènement d'une autre naissance ardemment attendue: le 4 août 2017, la France a salué la survie d'un autre bébé, né sur son sol, en même temps qu'elle s'est attristée de la mort de son jumeau, trop faible. Leurs soignants avaient tout tenté... Tous deux avaient été conçus dans le cadre d'un programme de sauvegarde d'une espèce en voie d'extinction: le panda géant.

    Retour en humanité. Pour Pierre Teilhard de Chardin, tout homme doit se prononcer sur un postulat fondamental: «Vaut-il mieux être que ne pas être?» S'il fait primer l'inexistence sur l'existence, toute discussion est pratiquement close. En légitimant la sélection anténatale de ses membres, la société admet officiellement qu'elle privilégie l'inexistence de certains. Mais de quel droit décréter qu'une vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue? De plus, une certaine médecine, en préférant éliminer très tôt les patients souffrant de certaines anomalies plutôt que de tenter de les guérir, cautionne le courant de pensée eugéniste et son dangereux fantasme du «bébé zéro défaut». Dès 1978, Francis Crick, co-découvreur de la structure de l'ADN, affirmait qu'«aucun enfant nouveau-né ne devrait être reconnu humain avant d'avoir passé un certain nombre de tests portant sur sa dotation génétique.» Il proposait déjà un verdict radical: «S'il ne réussit pas ces tests, il perd son droit à la vie.»

    Le progrès de la science devrait-il nous faire régresser en humanité? Avec la généralisation de la sélection anténatale, la société qui se réclame de la «tolérance» n'adresse pas seulement un cruel message de rejet aux personnes handicapées: une telle discrimination à l'entrée de l'existence incite chacun à mépriser sa propre vie quand survient la dépendance… Vivement la reconnaissance d'un droit de l'homme… à l'imperfection!

  • Le petit Charlie Gard a ouvert les yeux et regardé ses parents au moment de mourir...

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    De Jeanne Smits, sur son blog :

    Charlie Gard a ouvert les yeux et regardé ses parents au moment de mourir

    Mais son affaire va déboucher sur un nouvel eugénisme

    Charlie Gard a ouvert les yeux et regardé ses parents au moment de mourir : c’est la confidence déchirante faite par Chris Gard et Connie Yates dans une interview publiée par le Daily Mail de Londres. Et l’on apprend aussi que le bébé – courageux petit soldat jusqu’au bout – a mis 12 minutes à mourir depuis l’instant où sa ventilation a été stoppée. Douze longues minutes où son cœur a continué de battre, alors qu’il mourait techniquement, de suffocation. Il n’a pas bénéficié d’une mort naturelle au terme de sa vie, entouré des soins palliatifs dont il pouvait avoir besoin pour éviter de souffrir. On a décidé pour lui de l’heure de sa mort.

    Dans cette affaire en effet, je n’ai pas souvenir qu’on ait parlé de son espérance de vie naturelle. Atteint d’une grave maladie génétique orpheline, un syndrome de déplétion de l’ADN mitochondrial, son état n’a cessé de se dégrader depuis le premier diagnostic posé lorsqu’il avait 3 mois. Si – contrairement à ce qu’avait affirmé le corps médical – Charlie ne souffrait pas de lésions cérébrales graves et irréversibles, l’état de ses muscles était, lui, en régression, de telle sorte qu’il n’était même plus possible de lui appliquer le traitement expérimental que désiraient pour lui ses parents.
    Ce qui semble indiquer que, ses muscles se dégradant progressivement, il serait mort naturellement dans un avenir prévisible. On a pu lire ici ou là que sa résistance –  Charlie avait près d’un an lorsqu’il a été… tué – était exceptionnelle. On n’a pas d’exemple de nouveau-né survivant aussi longtemps avec ce syndrome.

    Lire la suite sur le blog de Jeanne Smits

  • Les Frères de la Charité au pied du mur

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    Lu sur le site de LaLibre.be :

    Le Vatican menace d'exclure la branche belge des Frères de la Charité

    La branche belge de l'ordre catholique des Frères de la Charité est menacée d'exclusion par le Vatican à la suite de ses prises de position sur l'euthanasie. La Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée, institution de la curie romaine, demande ainsi au supérieur général des frères de la charité, René Stockman, de prendre les mesures nécessaires, indique le magazine catholique Tertio dans son édition à paraître mercredi. En mars dernier, la branche belge des Frères de la Charité avait approuvé un texte rendant possible l'euthanasie pour des personnes n'étant pas en phase terminale dans la quinzaine de centres psychiatriques gérés par l'ordre. Cette prise de position n'est pas conforme à la doctrine catholique, selon le Vatican. La Congrégation pour la Doctrine de la foi pointe des incompatibilités entre la note approuvée par la branche belge des Frères de la Charité et l'enseignement de l'Eglise.

    Le préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée, le cardinal Joao Braz de Aviz, va un pas plus loin et propose des mesures concrètes. Selon lui, les Frères de la Charité doivent signer une déclaration écrite confirmant qu'ils sont d'accord avec la doctrine catholique. En outre, la branche belge doit réviser son point de vue sur la situation des personnes en phase non terminale, ce qu'elle n'a pas fait. Le Vatican menace dès lors la branche belge de se voir retirer son identité catholique.

     

    René Stockman et l'ensemble de la congrégation des frères de la charité ont été mis au courant de la menace. Ils disposent d'un mois pour se mettre en conformité.

    Le Vatican avait ouvert une enquête sur la branche belge des Frères de la Charité, après qu'une plainte avait été déposée par René Stockman lui-même.

     
  • L’euthanasie est devenue une manière courante de mourir aux Pays-Bas

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  • Après la mort du petit Charlie Gard : une déclaration de l'hôpital du Bambino Gesu

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    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    Charlie Gard : développer un modèle de médecine personnalisée

    Déclaration du Bambino Gesù

    « C’est le véritable héritage du cas Charlie [Gard] : l’engagement à développer concrètement un modèle de médecine personnalisée », estiment les experts de l’hôpital Bambino Gesù du Saint-Siège. Il « valait la peine de faire tout ce que nous avons fait », affirment-ils alors que le petit britannique de 11 mois atteint d’une maladie rare mitochondriale, s’est éteint le 28 juillet 2017.

    La fin de vie a été décidée le 27 juillet par la Haute Cour de Justice britannique, suite à l’accord manqué entre les parents de l’enfant et l’Hôpital Great Ormond Street de Londres, où Charlie est hospitalisé. Le Great Ormond « nous a refusé notre ultime désir », a déclaré la mère du petit Charlie, Connie Yates, faisant allusion à la possibilité de garder le petit en vie pendant quelques jours avant sa mort, pour passer quelques jours « dans la tranquillité ». Le nourrisson a été transféré dans un centre assisté pour malades en phase terminale et est décédé en l’absence de respirateur artificiel.

    « Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour répondre à l’appel de la famille et chercher de donner une nouvelle opportunité de soins au petit Charlie », peut-on lire dans un document diffusé le 25 juillet par l’hôpital du Bambino Gesù, après la décision des parents d’abandonner leur bataille judiciaire pour la survie de l’enfant.

    L’hôpital romain a participé à une confrontation internationale entre cliniciens et chercheurs, pour étudier le bien-fondé d’un traitement expérimental et pour assurer une évaluation clinique de Charlie Gard « qui, malheureusement, au moment où nous avons pu l’effectuer, a donné un résultat non positif ».

    Lors de « l’évaluation clinique conjointe effectuée sur place par notre chercheur et médecin – le professeur Enrico Silvio Bertini, médecin-chef pour les maladies musculaires et neurodégénératives – avec le professeur de neurologie de l’Université Columbia, Michio Hirano, a émergé l’impossibilité de lancer le plan thérapeutique expérimental, à cause des conditions gravement compromises du tissu musculaire du petit Charlie ».

    « Le très grave contexte clinique que nous avons trouvé aurait fait de la tentative de thérapie expérimentale un acharnement thérapeutique. (…) Tout ceci rempli notre cœur de tristesse », soulignent les soignants : « nous avons malheureusement constaté que nous sommes peut-être arrivés tard… Dans le domaine des maladies rares et ultra-rares, chaque histoire est un cas en soi ».

    Un précédent pour l’avenir des maladies rares

    Mais ils soulignent deux résultats : « On n’a pas débranché sans avoir auparavant répondu à une demande de soins légitime de la part des parents et sans avoir auparavant vérifié jusqu’au bout les conditions de l’enfant et les opportunités concrètes offertes par la recherche au niveau international ».

    Le second résultat a été celui de la « confrontation conjointe internationale approfondie, sur le plan scientifique comme sur le plan clinique ; un fait extraordinaire, un cas emblématique pour l’avenir des maladies rares ».

    « Pour la première fois, explique la note, la communauté scientifique internationale s’est démenée pour évaluer concrètement et jusqu’au bout les possibilités de soins. La communauté clinique et scientifique internationale, qui se met en réseau et crée une synergie pour un malade et se mobilise pour une vie, en travaillant en lien étroit, représente un précédent qui donnera plus de force à tous les Charlie qui viendront. C’est le véritable héritage du cas Charlie : l’engagement à développer concrètement un modèle de médecine personnalisée ».

    « C’est pourquoi, conclut le texte, cela valait la peine de faire tout ce que nous avons fait, tirés par la force de Charlie et de ses magnifiques parents, par la force du partage indispensable dans le parcours de soins avec la famille, par la force de l’alliance entre les cliniciens, la famille et le patient ».

    Avec une traduction de Constance Roques

    Voir aussi : le_pape_François_prie_pour_le_petit_Charlie_Gard

  • Changer la donne, à hauteur d'homme

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    Pour une société de bien commun (du blog de Denis Sureau "Chrétiens dans la Cité") :

    Le Courant pour une écologie humaine a été créé par trois catholiques, Gilles Hériard Dubreuil, Tugdual Derville et Pierre-Yves Gomez pour « mettre le bien de la personne humaine au cœur des orientations et des décisions de notre société », en s'appuyant« sur une proposition anthropologique et sur une vision de l’homme et de la société incluant une pacification des relations entre l’homme et la nature ». Il publie aujourd'hui un premier livre, La Société de Bien Commun : changer la donne, à hauteur d'homme, qui réunit 21 contributions sur des thèmes très différents : le transhumanisme, l'agriculture, la gestion publique de l'eau, l'urbanisme, l'interculturel, l'enfance menacée, les initiatives locales face au vieillissement, les soins palliatifs, le patronage, le financement participatif, le capitalisme d'entreprise, le métier de DRH, le service militaire adapté, la réforme de la justice, etc. On le voit, de nombreuses initiatives allant dans ce sens ne sont pas étrangères au souci de Chrétiens dans la Cité, même si ici l'inspiration n'est pas explicitement chrétienne. Une précision : ce livre peut être téléchargé gratuitement sur le site www.ecologiehumaine.eu où il est possible de faire part de ses réflexions et réactions.

  • Le président de C-Fam, Austin Ruse, interviewé sur EWTN À propos du nouveau livre “Les âmes souffrantes des plus petits”

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    De Stefano Gennarini sur le site de C-Fam :

    Le président de C-Fam, Austin Ruse, interviewé sur EWTN À propos du nouveau livre “Les âmes souffrantes des plus petits” 

    NEW YORK, 7 juillet (C-Fam) Le comédien britannique et acteur Stephen Fry a dit une fois que s’il rencontrait Dieu, il lui demanderait  «Le cancer des os chez les enfants? Comment osez-vous! » Un nouveau livre du président de C-Fam, Austin Ruse, contredit cette façon de penser.

    Ruse est apparu sur EWTN pour parler de trois enfants humbles qui ont touché des milliers de vies et qui font l’objet de son nouveau livreLes âmes souffrantes les plus petites: les enfants dont la vie brève nous amène au Christ (Collection Tan). Audrey Stevenson est décédée de leucémie à l’âge de 7 ans. Margaret Leo est morte à 14 ans souffrant de spina bifida. Brendan Kelly est né avec le syndrome de Down et est décédé à l’âge de 15 ans suite à un deuxième combat douloureux avec une leucémie.

    Les trois «ont beaucoup souffert, sont morts jeunes et, grâce à leur souffrance joyeuse, ont amené beaucoup de monde au Christ et à l’Église», a déclaré Ruse alors qu’il racontait les épisodes émouvants de leur courte vie au cours du show EWTN de Jim et Joy Pinto la semaine dernière.

    “Ce sont des enfants de tous les jours. Ceux-ci n’étaient pas des saints de plastique “, a déclaré Ruse, et ainsi il a expliqué comment les enfants avaient une « compréhension accrue de la foi » qui leur permettait d’expérimenter la souffrance d’une manière unique et chrétienne en unissant leur propre souffrance à la souffrance rédemptrice du Christ sur la Croix.

    Ils ont reçu ce don «surnaturel et à partir d’un très jeune âge», a déclaré Ruse, en racontant des exemples de leur vie. Alors que Brendan Kelly se rendait à un des traitements douloureux lors de son deuxième combat contre la leucémie, il disait “celui-ci est pour toi maman”, a expliqué Austin. Sa mère à l’époque luttait pour garder sa foi face à la maladie, a t-il précisé. La mère et le père de Brendan l’ont appelé «l’ennemi de Dieu» parce qu’il a apporté l’amour de Dieu à toute rencontre avec simplicité et zèle invincibles.

    “Je ne pense pas avoir choisi ces trois enfants, ils m’ont choisi”, a-t-il déclaré lorsqu’il a demandé pourquoi il a choisi d’écrire à propos de ces trois enfants spécifiquement. «J’ai trouvé les histoires convaincantes. Je connaissais leurs familles. Et ils avaient tous la même histoire. Il m’a juste semblé que ces histoires avaient besoin d’être racontées “, a-t-il déclaré en racontant la certitude écrasante qu’il avait quand il a commencé à écrire sur les enfants il y a presque cinq ans pour le site The Catholic Thing. Ruse a également déclaré qu’il estimait que ces histoires avaient un message spécifique.

    “Ils nous ont été envoyés dans ce moment et lieu précis pour une raison et nous devons comprendre cela”, a-t-il déclaré. «Ils sont nés dans un milieu plus vaste, que vous pourriez décrire comme un désert, l’environnement politique Washington DC. Ils sont nés dans des familles d’affluence et d’influence pour enseigner la valeur de toute vie humaine, même ceux qui ne sont pas considérés comme valant la peine d’être vécus “, a suggéré Austin. “Pour nous enseigner le sens de la souffrance”, a-t-il ajouté en expliquant que “nous courons pêle-mêle au 21ème siècle loin de la souffrance. Nous dépensons des milliards de dollars pour éviter de souffrir. ”

    “Nous entendons ces histoires sur des vies qui ne valent pas la peine d’être vécues. Mais vous devez penser qu’au jugement général, nous découvrirons peut-être que la courte vie de Margaret Leo, par exemple, a contribué davantage à la vision béatifique que Mark Zuckeberg, ou Andrew Carnegie, ou ces personnes très imposantes et importantes “, a déclaré Austin.

    “Une vie courte à 14 ans. Comment cela en vaut-il la peine? Comment cela vaut-il la peine de vivre que quelques heures? Bien, nous ne connaissons pas encore toute l’histoire, c’est juste une petite page dans un énorme livre “, a déclaré Austin.

  • Des médecins néerlandais protestent contre l’euthanasie de patients déments dans leur pays

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    Lu sur le site d'Ouest-France :

    Pays-Bas. Des médecins s’opposent à l’euthanasie des patients déments

    Pour la première fois depuis 2002, des médecins néerlandais se sont unis pour protester contre la loi sur l’euthanasie dans leur pays. Cette dernière autorise à mettre fin aux jours d’un patient atteint de démence, s’il a signalé sa volonté de mourir dans une déclaration remplie avant de perdre sa lucidité. Certains professionnels refusent cependant de mettre fin aux jours des malades qui n’ont plus conscience de leur situation.

    Publiée dans deux grands journaux quotidiens néerlandais, une pétition s’insurge contre la possibilité de mettre fin aux jours des patients atteints de démence aux Pays-Bas. En une semaine, l’appel lancé par un groupe réunissant 34 médecins a recueilli plus de 350 signatures, dont celles de nombreux acteurs du secteur de la santé concernés par l’euthanasie.

    Tous s’associent à la position des professionnels à l’origine du mouvement : « Donner une injection mortelle à un patient atteint de démence avancée, sur la simple base d’une déclaration anticipée ? À quelqu’un qui n’est pas en mesure de confirmer qu’il veut mourir ? Non, nous nous y refusons. Notre réticence morale à mettre fin à la vie d’un être humain sans défense est trop grande. »

    La démarche simplifiée en 2015

    Comme le rappelle La Croix, la loi encadrant la pratique de l’euthanasie aux Pays-Bas depuis 2002 permet d’abréger les « souffrances insupportables et sans perspectives d’amélioration » des patients capables d’exprimer leur choix, mais aussi des malades inconscients ayant préalablement fait connaître leur volonté. Or, la démence entre dans la catégorie des souffrances psychiques que couvre le texte de loi.

    La démarche létale devait à l’origine être obligatoirement assortie d’une demande écrite par le patient avant que ne s’installe la maladie mentale. Le patient devait aussi être encore en mesure de confirmer son choix. Mais le processus d’euthanasie des personnes démentes a été simplifié en 2015. Le gouvernement hollandais a décidé que ces patients, même devenus incapables d’exprimer leur désir, pouvaient mourir tant qu’une demande préalable avait été déposée par les intéressés quand ils étaient lucides.

    En 2015, 109 Néerlandais atteints de démence ont ainsi été euthanasiés. Une situation qui révolte les signataires de la pétition. C’est la première fois qu’une partie du monde médical se mobilise pour limiter la portée de la loi sur l’euthanasie aux Pays-Bas. Les professionnels qui ont fait entendre leur voix espèrent désormais un débat national sur le sujet.

  • Aux Pays-Bas : une loi vidée de son sens et qui n’assure plus la protection des personnes souffrant de démence ou de troubles psychiatriques

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    Du Bulletin d'Information de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Pays-Bas : érosion de la loi euthanasie et dangers pour les personnes atteintes de démence

    Entièreté de l'opinion du Dr. Chabot : ICI

    A la suite de la publication du troisième Rapport quinquennal d’évaluation de la loi Euthanasie aux Pays-Bas, dans lequel des experts se félicitent de la bonne application de la loi, le psychiatre Boudewijn Chabot dénonce quant à lui, le fait que cette loi ait été vidée de son sens et n’assure plus la protection des personnes souffrant de démence ou de troubles psychiatriques, qui sont de plus en plus nombreuses et pour lesquelles de plus en plus de médecins pratiquent l’euthanasie.

    Tout d’abord, il s’inquiète du laxisme de certains médecins et de la Commission d’évaluation de la loi quant à l’appréciation des critères de conformité. La loi en prévoit trois pour pouvoir pratiquer une euthanasie : il doit y avoir une « demande volontaire et délibérée » du patient, exprimant une « souffrance insupportable sans perspective d’amélioration » et qu’il n’y ait « aucune alternative raisonnable à l’euthanasie ».

    Or, ce dernier critère (absence d'alternative raisonnable) est mis à mal à partir du moment où le patient refuse l’alternative proposée par le thérapeute et qui pourrait soulager sa souffrance. De même pour le critère de "souffrance insupportable", pour lequel un simple refus d’alternative raisonnable annihile la perspective d’alléger la souffrance. La demande d’euthanasie ne dépend donc réellement que de son caractère « volontaire et délibéré » et donc de la seule autonomie et volonté personnelle du patient, qui peut rejeter tout accompagnement thérapeutique.

    Ensuite, cette « culture euthanasique » se développe également par le biais de la Clinique de Fin de Vie (Levenseindekliniek), constate le Dr Chabot. Lorsque le médecin traitant refuse d’accéder à la demande d’euthanasie de son patient, il se peut que la Clinique de Fin de Vie le fasse.  « En 2016, environ 40 médecins travaillant à temps partiel à la Clinique de Fin de Vie ont pratiqué 498 euthanasies. En moyenne, cela revient à 12 euthanasies par médecin, soit une par mois. Au sein de la clinique, la pratique de l’euthanasie devient un acte vertueux dont se targuent les médecins, surtout dans les cas de démence sévère et de patients psychiatriques chroniques », dixit le psychiatre qui s’interroge : « Que se passe-t-il chez un médecin pour qui l’injection létale devient une routine mensuelle ? ».

    N’ayant pas pour mission d’offrir un accompagnement thérapeutique aux patients mais bien de répondre le plus largement possible aux demandes d’euthanasies, les médecins de cette clinique ne s’inscrivent pas dans le cadre d’une relation thérapeutique avec leurs patients. Or, le traitement des maladies psychiques nécessite une relation dans la durée.

    A un degré avancé de démence, et même si le patient a rédigé des directives anticipées, comment se situer puisqu’il n’est plus en mesure au moment même, de formuler sa demande de façon « volontaire et délibérée » ?   « Peut-on euthanasier un patient dément puisqu’il n’a pas conscience de ce qui est en train de lui arriver ? Comment peut-on tuer quelqu’un qui ne comprend pas qu’il va être tué ? »

    Le Dr. Chabot développe d’autres critiques qui sont ICI

  • Quand notre société organise la traque des enfants trisomiques

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    De Sandrine De Schutter sur le site de LaLibre.be relayé par didoc.be :

    Pourquoi traquer les enfants trisomiques ?

    Une mère réagit à une nouvelle mesure du gouvernement. Celle-ci prévoit le remboursement presque intégral d’un test de dépistage de la trisomie 21, alors que plus de fonds devraient être débloqués pour le traitement de cette même maladie.

    Je veux hurler que ma petite fille blonde aux yeux bleus est un trésor ! Que chacun de ses progrès nous fait vivre un bonheur intense. Elle est trisomique, et alors ? Le budget consacré au dépistage précoce me dégoûte !

    C’est la douleur d’une mère, celle d’un enfant trisomique, que j’ai envie de hurler à la face du monde en apprenant ce matin, à la radio, que le test prénatal non invasif (ou « NIPT ») sera désormais remboursé, en totalité ou en très grande partie, à tous ceux qui y recourent.

    Le NIPT permet de dépister précocement la trisomie 21 avec un taux de certitude de 99,8 %. Actuellement, il coûte environ 290 euros. À partir du 1er juillet prochain, il devrait être presque intégralement remboursé. Pour assurer ce dépistage à grande échelle, traquer au mieux ces enfants trisomiques, quinze millions d’euros ont été débloqués. Quelque 100.000 tests par an sont annoncés : de quoi avertir (et prévenir) autant que possible de la naissance de ce que le ministre De Block appelle les mongoloïdes.

    Gestion sélective des naissances ?

    Ce test contribue à éviter à la mère une amniocentèse dangereuse, c’est vrai. Mais est-ce là l’objectif véritable d’un tel dépistage ? N’a-t-on pas plutôt fait un pas de plus dans ce qu’il est désormais convenu pudiquement d’appeler la « gestion sélective des naissances » ? La honte et le dégoût m’étreignent.

    Nous, parents d’un enfant trisomique, aurions tellement aimé recevoir du ministre de la Santé le même soutien : en remboursant la logopédie, les services d’aide précoce ou l’inclusion scolaire, par exemple. Mais avec un quotient intellectuel en dessous de 86 points (s’agissant de notre enfant), on ne veut pas investir : c’est grave.

    Je veux crier haut et fort que ma petite fille blonde aux yeux bleus est un trésor ! Que chacun de ses progrès est une vraie victoire qui nous fait vivre un bonheur intense : bien plus beau, bien plus vrai, bien plus profond, que tous les bonheurs éphémères inlassablement proposés par la société de consommation. Elle est trisomique, et alors ?

    Chaque jour, elle nous fait grandir

    À force de stimulations et de persévérance, notre fille suit une scolarité normale avec de l’aide, engrange les amitiés, apprend à lire et à écrire, nage, roule à vélo,… à son rythme. Investir en elle, c’est l’aider à progresser et à devenir autonome. Elle est profondément heureuse avec sa trisomie : c’est une autre réalité qu’il est bon de souligner, encore et encore. Pour cela, il lui suffit de se sentir aimée.

    Bien sûr, la vie n’est pas toujours facile. Ni la sienne, ni la nôtre. Mais quelle vie est facile ? Notre vie a du sens car elle est utile à un autre être, plus faible peut-être, mais qui a tant à nous apporter. Combien de personnes dépressives ne retrouvent-elles pas du sens à leur existence en s’engageant au service des autres ?

    À 9 ans, elle est rayonnante, pleine d’empathie et de joie. Elle rend ses frères et sœurs plus attentifs aux autres, nous fait tous grandir dans le don de nous-même, nous enseigne la patience et le courage. La vérité est que notre fille trisomique, jour après jour, continue à nous faire grandir en humanité.

    Pourquoi cette traque ?

    Alors je veux crier une nouvelle fois ma tristesse face à une société qui semble avoir définitivement démissionné face à la fragilité. Pourquoi traque-t-on ainsi les enfants trisomiques ? Parce qu’un avortement coûterait moins cher à la collectivité qu’en assurer la prise en charge adéquate ? La vie de ma fille vaudrait-elle moins que celle d’un autre ? Dois-je comprendre que la différence rend indigne de vivre ?

    Combien de temps faudra-t-il encore avant que je ne me voie reprocher un manque de conscience citoyenne en faisant le choix personnel de garder un enfant dont le handicap coûtera cher au reste de la population ? Combien de temps s’écoulera-t-il avant qu’on ne me considère comme l’égoïste n’ayant pas voulu tirer les leçons pourtant si simples d’un NIPT positif ? N’aurais-je pas manqué de solidarité avec le portefeuille de mon voisin ?

    Non, définitivement, une campagne de dépistage précoce de la trisomie 21, remboursement à la clé, n’est ni un progrès ni une avancée. Vers où allons-nous ? Faut-il être parfait pour rester en vie ? Allons-nous aussi supprimer les enfants atteints de mucoviscidose ? Ou ceux qui, plus tard, développeront un cancer ? Où nous arrêterons-nous ? Quelle société sommes-nous en train de construire ? Peut-être celle du mensonge, où une pratique eugéniste nous est vendue comme un simple test destiné à aider les parents à se préparer au mieux à la naissance de leur enfant. Mais de quoi parle-t-on ?

    Le manque d’accompagnement

    Une fois le syndrome de Down détecté, quelle information et quel accompagnement sont apportés aux parents ? Presque aucun. A-t-on vraiment le droit de décider de la vie ou de la mort d’un enfant dont personne ne nous dit le bonheur qu’il vivra et qu’il nous procurera au-delà de sa différence ? On a peur de ce qu’on ne connaît pas. Pourtant, nombreux sont les parents qui, après avoir découvert à la naissance la trisomie de leur enfant, après avoir encaissé ce qui fut assurément un choc, se sont relevés et n’imaginent désormais plus la vie sans cet enfant.

    Ce n’est pas du handicap que l’enfant trisomique et sa famille souffrent le plus. C’est d’être pointés du doigt. Alors, qu’il me soit permis de faire ici une confidence : mon mari et moi-même n’avons pas choisi de poursuivre une grossesse déjà bien entamée, mais d’adopter notre fille trisomique. Oui, d’adopter. Nous avons fait un choix, en pleine conscience. Un choix de vie qui est pour nous un vrai chemin de bonheur.

    C’est ce bonheur que je veux aussi hurler à qui veut l’entendre, plus encore que la colère qui m’habite face à cette traque honteuse qu’on appelle dépistage. C’est la joie qu’apporte notre enfant trisomique que je veux clamer à la société tout entière. Jusqu’à m’en époumoner.

    Cet article a été publié dans La Libre Belgique du 19-6-17 sous le titre « Ce n’est pas du handicap que l’enfant trisomique et sa famille souffrent le plus. C’est d’être pointés du doigt. » Sandrine De Schutter se présente comme maman.

    Source : http://www.lalibre.be/debats/opinions/ce-n-est-pas-du-handicap-que-l-enfant-trisomique-et-sa-famille-souffrent-le-plus-c-est-d-etre-pointes-du-doigt-opinion-59469955cd709410f324f151