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  • Film « Silence » de Scorcese : questions et ambiguïtés

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    "Silence", la dernière œuvre cinématographique de Martin Scorsese, réalisateur du film blasphématoire "La dernière tentation du Christ", a été projeté en avant-première au Vatican au début du mois de décembre 2016, en présence de quelques 300 jésuites du monde entier et de quelques autres invités du pape. Le pape François, qui a eu une entrevue très cordiale avec le réalisateur et sa famille, et le supérieur des Jésuites, retenus l’un et l’autre par d’autres obligations, n’ont toutefois  pas assisté à la projection. Dans le n° 289 - février du mensuel « La Nef », Christophe Geffroy analyse le film qui sort en France le 8 février prochain :

    silence.png

    "Avec Silence, le cinéaste américain Martin Scorsese nous offre un film à la fois grandiose et terriblement ambigu sur le martyre et l’apostasie.

    Point de vue 

    Le film que Martin Scorsese a tiré du roman de Shûsaku Endô, Silence (1), paru en 1966, est à la fois grandiose, exceptionnel et en même temps oppressant et éprouvant avec un message plus qu’ambigu ! Il faut reconnaître au metteur en scène d’avoir été très fidèle au roman et d’avoir admirablement rendu l’atmosphère accablante dans laquelle vivaient les catholiques japonais persécutés au XVIIe siècle. La caméra est superbe et le jeu des acteurs parfait. L’histoire, inspirée de faits réels, est celle des deux derniers jésuites portugais à être envoyés au Japon après les grandes et féroces persécutions perpétrées dès la fin du XVIe siècle et qui prirent une ampleur encore plus cruelle lorsque le catholicisme fut officiellement interdit en 1614. Deux jeunes jésuites portugais, le Père Sebastiao Rodrigues (inspiré de la figure historique de Giuseppe Chiara et joué par l’excellent Andrew Garfield qui crevait déjà l’écran dans Tu ne tueras point de Mel Gibson) et le Père Francisco Garupe (Adam Driver) sont envoyés au Japon où tous les prêtres ont été massacrés. Leur but, outre de conforter les chrétiens japonais laissés sans pasteur, est d’enquêter pour connaître la vérité sur l’apostasie du supérieur jésuite sur place, le Père Cristovao Ferreira (Liam Neeson), qui était leur mentor et dont on dit qu’il vit désormais, sous le nom de Sawano Chuan, avec une épouse et qu’il écrirait même contre la foi catholique.

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  • Ordre de Malte : les enjeux de la crise

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    Bergoglio.jpgAprès l’intervention pontificale dans les affaires  de l’Ordre souverain de Malte, l’hebdomadaire « Famille Chrétienne » fait le point  en publiant,  sous la signature d’Aymeric Pourbaix,  un article de synthèse qui pose un diagnostic d’une clarté remarquable, sans langue de buis ni idéologie partisane :

    « EXCLUSIF MAG – Le pape François a obtenu, le 25 janvier, la démission du grand maître de l’ordre souverain de Malte, après deux mois de tensions, et demandé un profond renouvellement spirituel et moral.

    En interne, la démission du grand maître de l’ordre de Malte, le 25 janvier, a sonné comme un coup de tonnerre. « Moment difficile », lâche timidement un diplomate de l’ordre, qui provoque une certaine « perplexité », y compris chez les donateurs de cette œuvre millénaire. Sans parler des très nombreux bénévoles, qui ont suivi cette pénible affaire à travers la presse.

    De fait, en demandant au Britannique Fra’Matthew Festing, 79e grand maître depuis neuf ans, de renoncer à sa charge, le pape François a tranché pour dénouer un climat de tensions de plusieurs longues semaines. Depuis le 6 décembre en fait. Date à laquelle le grand maître exige la démission de son « numéro trois », l’Allemand Albrecht von Boeselager. Officiellement pour rupture de la « confiance » entre les deux hommes. Mais le grand chancelier Boeselager proteste contre les accusations portées contre lui, et en appelle au Vatican.

    Il est entendu puisque, le 22 décembre, le Saint-Siège nomme une commission pour tirer au clair les raisons de cette éviction. De son côté, l’ordre de Malte rétorque qu’il s’agit d’une « affaire interne », et diligente sa propre enquête sur les membres de cette commission pontificale. Il y a en effet « conflit d’intérêts », affirme alors le grand maître, pour certains membres de cette commission, liés entre eux par un important legs géré par un fonds d’investissement en Suisse. Depuis cette date, les observateurs assistent médusés à un échange de communiqués peu amènes entre l’ordre et le Saint-Siège, sans qu’aucune issue ne semble pouvoir être trouvée à ce conflit.

    Le 24 janvier, au terme d’un entretien tendu avec le pape, le grand maître est ainsi conduit à « présenter sa démission », selon les termes du communiqué du Saint-Siège, pour le « bien de l’ordre et de l’Église ». La tutelle d’un délégué pontifical est aussi annoncée, pour rétablir l’ordre et la confiance, et le grand chancelier Boeselager réinstallé dans ses fonctions.

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  • Le cardinal Müller critique les « interprétations confuses » d’Amoris laetitia

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    Le point de vue de Nicolas Senèze, correspondant de « La Croix » à Rome, publié dans dans le supplément « Urbi et Orbi » du journal  :

    « Proposant sa propre interprétation de l’exhortation Amoris laetitia, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi attaque, sans les nommer, les textes des évêques de Malte et de la région de Buenos Aires, pourtant soutenus par le pape François.

    Dans un entretien à la revue italienne Il Timone, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, met en garde contre les « interprétations confuses » de l’exhortation Amoris laetitia, notamment en ce qui concerne les divorcés remariés.

    > LIRE AUSSI : Amoris laetitia, une nouvelle approche des divorcés remariés

    « Amoris laetitia doit être clairement comprise à la lumière de toute la doctrine de l’Église », estime le gardien du dogme catholique selon qui les évêques ne doivent pas interpréter ce texte « en fonction de leur propre compréhension de l’enseignement du pape ».

    « Il n’est pas possible d’aller au-delà des déclarations du magistère quand il s’agit de déclarations regardant la foi divine catholique révélée », précise le cardinal Müller, qui se concentre notamment sur les difficultés d’interprétations d’Amoris laetitia par rapport aux textes Veritatis splendor et Familiaris consortio de Jean-Paul II.

    Ces textes avaient été invoqués par les quatre cardinaux frondeurs dans leurs « doutes » adressés au pape sur Amoris laetitia, et dont le cardinal Müller avait reçu une copie.

    > LIRE AUSSI : Amoris laetitia, quatre cardinaux écrivent leurs « doutes » au pape

    Selon le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, l’enseignement de Familiaris consortio sur le fait que les couples de divorcés remariés doivent vivre dans la continence pour accéder à l’eucharistie est toujours valable.

    « C’est non seulement une loi positive de Jean-Paul II, mais qui exprime un élément constitutif de la théologie morale chrétienne et de la théologie des sacrements », insiste le cardinal Müller pour qui la « confusion » autour d’Amoris laetitia « concerne également la non-acceptation de l’encyclique Veritatis splendor et de sa claire doctrine du mal intrinsèque ».

    « La tâche des évêques n’est pas de ne pas créer la confusion »

    « Pour nous, le mariage est une expression de la participation à l’unité du Christ Époux et de son épouse l’Église, explique-t-il. Ce n’est pas, comme certains l’ont dit au cours du Synode, une simple et vague analogie. Non ! Cela est la substance du sacrement, et aucune puissance dans le ciel et sur la terre, ni un ange, ni pape, ni un concile ou une loi des évêques, n’a le pouvoir de le changer. »

    Une déclaration qui va néanmoins à rebours du texte même d’Amoris laetitia dans lequel le pape François souligne que « l’analogie entre le couple mari-femme et celui Christ-Église est une analogie imparfaite ».

    > LIRE AUSSI : Amoris laetitia, un regard lucide sur le couple et la famille

    Dans son interview, le cardinal Müller rappelle également qu’« on ne peut pas dire qu’il y a des circonstances où l’adultère n’est pas un péché mortel » et met en garde contre « la casuistique qui peut facilement conduire à des malentendus ».

    « La tâche des prêtres et des évêques n’est pas de créer la confusion, mais de rendre les choses claires », précise-t-il, soulignant la nécessité de « ne pas se référer à des petits passages d’Amoris laetitia » mais de « tout lire dans son ensemble afin de rendre plus attrayant pour les gens l’Évangile du mariage et de la famille ».

    > LIRE AUSSI : L’accueil des divorcés dans l’Église avance à petit pas

    « Ce n’est pas Amoris laetitia qui entraîne des interprétations confuses, mais certains de ses interprètes », conclut le cardinal.

    Sans se rallier aux quatre cardinaux frondeurs, avec lesquels il avait pris ses distances, le gardien du dogme catholique se démarque pourtant aussi des interprétations du texte soutenues par le pape lui-même et le Saint-Siège.

    > LIRE AUSSI : « Une correction fraternelle » du pape « n’est pas possible », affirme le cardinal Müller

    Sans les citer explicitement, il critique en effet fermement les interprétations données par les évêques de la région de Buenos Aires – auxquels le pape avait pourtant répondu de sa main qu’« il n’y a pas d’autre interprétation » que la leur – ou par ceux de Malte – donnée officieusement en exemple par L’Osservatore romano, le quotidien du Saint-Siège.

    > LIRE AUSSI : Le pape félicite des évêques argentins pour leur interprétation d’Amoris laetitia

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    Ref. Le cardinal Müller critique les « interprétations confuses » d’Amoris laetitia

    Le meilleur moyen d'ôter les doutes sur la position de Rome n’est pas de donner une interview dans une revue, mais de publier un texte officiel émanant de la congrégation  pour la doctrine de la foi. Sinon, on s’expose au type de commentaire exprimé par Nicolas Sénèze en exergue de son article : « Proposant sa propre interprétation de l’exhortation Amoris laetitia, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi attaque, sans les nommer, les textes des évêques de Malte et de la région de Buenos Aires, pourtant soutenus par le pape François »

    JPSC

  • Trump voudrait-il diviser les catholiques ?

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    De Marie Malzac sur le site du journal La Croix :

    Un cardinal américain affirme que Trump « veut diviser l’Église »

    « Troublé » par les décisions du nouveau président américain Donald Trump, à la fois « pro vie » et anti migrants, l’archevêque de Newyark, le cardinal Joe Tobin, voit là une « stratégie pour diviser l’Église ».

    La concomitance du soutien apporté par le nouveau président américain Donald Trump à la « grande manifestation pro-vie » qui s’est tenue à Washington vendredi 27 janvier – « une brèche d’espérance » et de « l’annonce de décisions de fermeture aux migrants n’est pas un hasard ». C’est ce que souligne le cardinal Joe Tobin, archevêque de Newyark, dans une interview accordée à l’édition italienne du Huffington Post à l’occasion de son passage à Rome pour l’installation dans sa paroisse cardinalice de Santa Maria delle Grazie a Via Trionfale.

    « Il s’agit d’une stratégie pour diviser les évêques, a-t-il relevé dans cet entretien publié quelques jours plus tard, pour diviser l’Église catholique ». L’archevêque du diocèse de New Jersey, créé cardinal par le pape François en novembre 2016, rappelle qu’à ses yeux « les grandes valeurs de la vie doivent être respectées dans leur ensemble et dans toutes ses phases : de la conception à la mort naturelle ».

    Trouble et perplexité

    Interrogé sur la situation provoquée par la décision de Donald Trump de fermer les frontières américaines aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane, le cardinal Tobin se dit « troublé ». « Je ressens une grande perplexité car cela va à l’encontre de la tradition et même de l’ethos du peuple, les États-Unis étant une nation constituée principalement de migrants », poursuit-il.

    Le principal symbole américain, la statue de la liberté, « est devenue un symbole de l’immigration », souligne encore l’archevêque de Newark, rappelant que sa grand-mère aussi, « comme neuf millions de personnes parvenues en Amérique par la mer au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle », avait été accueillie par cette image en approchant des côtes.

    La pauvreté mais aussi le « sentiment d’exclusion », celui d’être dépossédé des « décisions les plus importantes de la vie » et l’écart croissant entre riches et pauvres ont permis à Trump, selon le cardinal Tobin, de remporter l’élection présidentielle. « Il s’est appuyé sur cette insécurité », analyse-t-il, parvenant à convaincre la population que les démocrates sont un parti élitiste, loin des gens ».

    « Idéologie » anti-migrants

    Certains, dénonce l’archevêque de Newark, relaient une caricature qui prétend que les immigrés prennent les emplois des Américains. « Il s’agit d’une idéologie, dit-il. Les immigrés exercent souvent les emplois les plus humbles au sein de la société, que personne d’autre ne voudrait faire et ils le font souvent avec gratitude ».

    « En Europe aussi on vit avec cette peur généralisée, a-t-il ajouté, et j’espère que la tradition de foi, de tolérance et d’humanisme y aura également le dessus, car lorsque la peur l’emporte, les hommes sont capables de grands actes de barbarie ».

    Par le passé, le cardinal Tobin s’est souvent exprimé en faveur des migrants. Ainsi, en 2015, lorsqu’il était encore à la tête du diocèse d’Indianapolis, il s’était directement opposé au gouvernement républicain Mike Pence (désormais vice-président des États-Unis) en se disant favorable à l’accueil de réfugiés syriens par les catholiques dans l’Indiana.

     

  • Il est possible de contester les fondements de Mai 68

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    Mathieu Bock-Côté :
    Il est possible de contester les fondements de Mai 68

    Propos recueillis par Philippe Maxence le dans Culture sur le site de l'Homme Nouveau

    Auteur d’un essai percutant, Le multiculturalisme comme religion politique, Mathieu Bock-Côté décrypte avec bonheur le stade contemporain d’un progressisme à bout de souffle. Nous l’avons rencontré en décembre après qu’il ait fait un tabac à la Fête du livre de Renaissance Catholique. Québécois déterminé, souverainiste impénitent, Mathieu Bock-Côté est un sociologue hors norme : il ne récite pas une leçon, mais vit, au rythme de l’accent délicieux de nos cousins d’Amérique, chaque parole qu’il prononce. Ne le cherchez pas trop loin : il est sur la barricade pour renverser les derniers murs de Berlin de la pensée unique.

    Comme sociologue, vous êtes un observateur de ce qui se passe en France où vous êtes d’ailleurs un acteur du débat intellectuel par vos chroniques. Quel regard portez-vous sur la France actuelle ?

    Matthieu Bock-Côté : Nous assistons actuellement à une mutation de l’espace public en France.

    La révolution 68 est contestée dans ses fondements mêmes et les gardiens de cette révolution sont saisis de frayeur. Ils hurlent, ils insultent, ils crachent : on l’a vu notamment entre le premier et le deuxième tour de la primaire de la droite, où la gauche médiatique n’avait pas de mots assez durs pour François Fillon. Ce qu’on lui reprochait, manifestement, c’était de ne pas représenter l’ethos soixante-huitard, de témoigner de la permanence d’une certaine France historique qu’on croyait pourtant vaincue.

    Mais restons dans le domaine des idées : la véritable nouveauté, c’est qu’il est possible aujourd’hui de contester les fondements de la révolution 68 et non pas uniquement ses dérives. On se délivre ainsi du dispositif idéologique progressiste – j’entends par là que le progressisme n’accepte généralement d’être critiqué qu’à partir de ses propres principes. Il est permis de lui reprocher d’aller trop loin ou d’aller trop vite, mais on ne saurait lui reprocher dans la mauvaise direction. Ceux qui veulent faire autrement sont diabolisés. La droite avait accepté l’interdiction au point de consentir à évoluer dans le périmètre de respectabilité tracé par le progressisme.

    C’est peut-être ce qui éclate en ce moment. On ne se contente plus de dénoncer les effets pervers et les conséquences désastreuses de Mai 68. On remonte directement aux causes : on le critique dans ses fondements anthropologiques. Quelle conception de l’homme s’est imposée dans la dynamique des radical sixties ? On commence à comprendre que l’homme ne court pas seulement derrière l’accroissement des biens matériels ou des prestations sociales.

    On redécouvre la figure de l’homme comme héritier et les vertus de la continuité historique. C’est ce qui se trouve derrière la fameuse question identitaire, qui fait resurgir, si vous me passez l’expression, l’impensé de la modernité : le monde ne saurait être intégralement contractualisé, rationalisé, judiciarisé. Mais ne nous enthousiasmons pas trop vite : le progressisme est fragilisé mais il demeure dominant.

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