Hier au Parlement belge, la Commission de la Justice a mené un débat houleux 5 heures durant sur l'élargissement des conditions pour l'avortement. Avec un rapport de forces moyen de 10 contre 6, la proposition de loi a finalement été adoptée par la Commission, mais l'opposition a demandé une deuxième lecture : un autre débat aura donc lieu, suivi d'un autre vote. Deux semaines de répit sont imposées.
C'est principalement l'opposition (NV-A, CD&V, Vlaams Belang, et le cdH pour une partie du texte) qui a pris la parole, soulevant des questionnements importants, restés pour la plupart sans réponses :
- Quels sont les chiffres et les données sur la pratique de l'avortement depuis 2011 ?
- Où est l'évaluation des modifications opérées par la loi de 2018 ?
- Pourquoi élargir le délai à 18 semaines après la conception, alors qu'il n'y a pas eu de majorité en faveur de cet élargissement parmi les experts auditionnés en 2018 ?
- Quelles femmes vont aux Pays-Bas pour avorter, et à quel stade de leur grossesse? Pour quelles raisons dépassent-elles le délai des 12 semaines ? Pourquoi ne pas évaluer la situation, et trouver des solutions alternatives à l'avortement pour ces femmes ?
- Pourquoi supprimer l'obligation d'informer sur la contraception ?
- Pourquoi réduire le délai de réflexion à 48h ? Pourquoi pas à moins, ou plus ?
- De quel pourcentage de « risque » parle-t-on lorsqu'on dit qu'il suffira d'un « risque » que l'enfant à naître soit atteint d'une pathologie grave et incurable, pour pratiquer un avortement après les 18 semaines ?
- Quid de l'avortement sur base du sexe de l'enfant, possible avec un tel élargissement ?
- Pourquoi d'un côté supprimer dans la loi les sanctions pénales à l'égard du médecin, si d'un autre côté on renvoie aux dispositions du Code pénal relatives aux « coups et blessures ou homicide volontaires », pour le médecin qui aura pratiqué un avortement hors délai ?
- Pourquoi les députés de l'opposition n'ont-ils pas accès à l'avis juridique dont a bénéficié la majorité par rapport aux sanctions en cas d'avortement illégal ?
- Qui va porter plainte, si la femme elle-même consent à un avortement illégal ?
- Le texte prévoit que sera sévèrement punie toute personne qui tente d'empêcher « physiquement ou de toute autre manière » une femme d'accéder à l'avortement. Que faut-il entendre par « de toute autre manière » ? Qui est visé ? Que faut-il considérer comme de la « fausse information » sur l'avortement ? N'est-ce pas une atteinte à la liberté d'expression ?
Face à toutes ces questions, beaucoup de députés sont dans l'incompréhension profonde d'une réforme dont ils ne perçoivent pas le bien-fondé et dont ils dénoncent le flou juridique, voire l'inconstitutionnalité de certaines mesures.
Voici la situation politique au Parlement :
Parlement Fédéral
|
Total
|
% Total
|
% par langue
|
Pro IVG
|
% Pro IVG
|
|
|
|
|
|
|
|
Partis Francophones
|
59
|
39%
|
100%
|
52
|
88%
|
|
DéFI
|
2
|
1%
|
3%
|
2
|
100%
|
(Francophones laïques)
|
Ecolo-Groen
|
13
|
9%
|
22%
|
13
|
100%
|
(Verts)
|
MR
|
14
|
9%
|
24%
|
12
|
86%
|
(Libéraux de droite)
|
PS
|
20
|
13%
|
34%
|
20
|
100%
|
(Socialistes)
|
PVDA-PTB
|
5
|
3%
|
8%
|
5
|
100%
|
(Communistes)
|
cdH
|
5
|
3%
|
8%
|
|
0%
|
(ancien parti chrétien)
|
|
|
|
|
|
|
|
Partis Néerlandophones
|
91
|
61%
|
100%
|
36
|
40%
|
|
Ecolo-Groen
|
8
|
5%
|
9%
|
8
|
100%
|
(Verts)
|
Open Vld
|
12
|
8%
|
13%
|
12
|
100%
|
(Libéraux de droite)
|
PVDA-PTB
|
7
|
5%
|
8%
|
7
|
100%
|
(communistes)
|
sp.a
|
9
|
6%
|
10%
|
9
|
100%
|
(socialistes)
|
CD&V
|
12
|
8%
|
13%
|
|
0%
|
(parti chrétien)
|
INDEP
|
1
|
1%
|
1%
|
|
0%
|
(plutôt NVA)
|
N-VA
|
24
|
16%
|
26%
|
|
0%
|
(nationaliste libéral)
|
VB
|
18
|
12%
|
20%
|
|
0%
|
(extrême droite)
|
|
|
|
|
|
|
|
Total général
|
150
|
100%
|
|
88
|
59%
|