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  • L'Ancien Rite ne doit jamais être méprisé ni dévalorisé (Enzo Bianchi)

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    Du blog "Messa in latino" (MIL) :

    15 novembre 2022

    Enzo Bianchi sur Vita Pastorale défend l'Ancien Rite : "il ne doit jamais être méprisé ni dévalorisé" #traditioniscustodes

    Ces dernières années, il y a eu de nombreuses attaques (bien que préjugés, injustes et gratuits) contre l'Ancien Rite sur Vita Pastorale (...); cette fois, nous avons été vraiment agréablement surpris de voir une défense explicite du Vetus Ordo publiée dans le numéro 10 (Nov. 2022). Et notre étonnement incrédule a été encore plus grand en voyant que l'auteur est Enzo Bianchi, ancien prieur de Bose, sur la communion ecclésiale et la liturgie.

    MiL n'a jamais, dans le passé, ignoré les vues et opinions doctrinales et théologiques d'Enzo Bianchi les remettant en question. Mais cette fois, il faut l'admettre, il a écrit des mots étonnamment favorables aux fidèles traditionalistes et a critiqué la guerre contre eux et les accusations portées contre eux.  A LIRE !

    Il reprend quelque peu sa pensée bienveillante, en faveur de la communion liturgique et de la paix ecclésiale, déjà exprimée en décembre 2017 également dans les pages de Vita Pastorale. L'article que nous publions aujourd'hui n'est pas totalement agréable, mais il centre le propos sur la crise actuelle de la liturgie, sur la persécution immotivée et incohérente qui est faite au détriment des traditionalistes, et il y a, en outre, quelques ouvertures sur la liturgie traditionnelle qui nous ont, agréablement, étonnés. 

    "[...] les traditionalistes constituent une minorité bien établie, non négligeable et très efficace en termes de communication et de visibilité. Dans une diaspora catholique, parmi des catholiques toujours moins nombreux, leur présence apparaît significative et capable de s'exprimer avec un militantisme persévérant. [Pratiquer l'œcuménisme avec tant de communautés chrétiennes, parfois gravement appauvries du noyau de la foi dans le Christ, et ne pas savoir dialoguer et marcher aussi avec les traditionalistes n'est certainement pas un signe d'authentique charité fraternelle, ni de conscience d'être unis par l'unum baptisma, l'unique baptême, qui fait de nous des frères et des disciples de Jésus-Christ. [...] J'ai donc envoyé mes frères moines à l'abbaye française du Barroux, une communauté florissante, pour apprendre à faire du pain, et lors de mes séjours dans ce monastère et dans d'autres monastères traditionalistes, j'ai pu vérifier que même avec eux "il est beau et doux de vivre ensemble". J'ai senti qu'ils étaient simplement des frères, et j'avoue que je me sentais mieux parmi eux que dans certains monastères qui prétendent être fidèles à Vatican II mais vivent une vie de résidence religieuse non monastique. [...] A mon avis, la situation est dramatique et je comprends que les amoureux de la tradition ne parviennent jamais à accéder au nouvel Ordo mais restent ancrés au rite ancien qui ne doit jamais être méprisé et dévalorisé."

    Merci !

    La communion ecclésiale

    La messe ne peut être un lieu de contestation et de division fraternelle.
    Et la liturgie, si elle n'est pas une célébration de l'Évangile, ne peut attirer personne.
    Publié dans : Dossier Vita Pastorale - n 10 novembre 2022
    par Enzo Bianchi

    Le pape François écrit dans sa lettre apostolique Desiderio desideravi que les tensions, malheureusement présentes autour de la célébration, ne peuvent pas être jugées comme une simple divergence de sensibilité envers une forme rituelle, mais qu'elles doivent être comprises comme des divergences ecclésiologiques. C'est pourquoi il a senti le devoir d'affirmer que "les livres liturgiques promulgués par les saints pontifes Paul VI et Jean-Paul II, en comparaison avec les décrets du Concile Vatican II, sont l'unique expression de la lex orandi du Rite romain" (TC, art. 1).
    L'expression est forte et péremptoire, mais ne nie certainement pas que le Vetus Ordo en vigueur jusqu'à la Réforme Liturgique était dans ces siècles une expression de la lex orandi du Rite Romain.

    Certes, la liturgie catholique actuelle, qui a de toute façon toujours et continuellement besoin d'être réformée, car l'Eglise est semper reformanda, exprime la prière du rite romain, mais elle exprime surtout la foi de l'Eglise d'aujourd'hui, une foi dans la tradition, mais approfondie, enrichie, car la liturgie grandit avec sa célébration toujours renouvelée. Ce qui se passe pour la liturgie se passe pour la Parole de Dieu : Divina Scriptura cum legente crescit !

    D'autre part, il faut rappeler à tous que la tradition est ce qui transmet le fondement de la foi. Le danger est de s'accrocher à la tradition et non à ce qu'elle transmet. Une tradition ne vit pas si elle n'est pas renouvelée.

    C'est pourquoi le pape François, dans Desiderio desideravi, réaffirme que le mandat qu'il a reçu en tant que successeur de l'apôtre Pierre lui impose de sauvegarder et de confirmer la communion ecclésiale catholique dans une recherche incessante de l'unité. Mais il n'échappe à personne que cette unité à laquelle toute l'Eglise doit tendre, et qui ne sera pleine qu'à l'éschaton, est contredite par des portions de fidèles qui se veulent et se disent fidèles à la tradition, et enfin brisée par la réalité née du schisme de Mgr Marcel Lefebvre. Il est vrai qu'en Italie cette présence des traditionalistes est très limitée et circonscrite, et pour cette raison l'Eglise italienne n'y prête pas beaucoup d'attention, mais nous savons bien que dans d'autres pays - surtout en France, en Allemagne et aux Etats-Unis - les traditionalistes constituent une minorité bien établie, pas petite et très efficace en termes de communication et de visibilité. Dans une diaspora catholique, parmi des catholiques toujours moins nombreux, leur présence apparaît significative et capable de s'exprimer avec un militantisme persévérant.

    Il faut préciser d'emblée qu'il s'agit d'une présence bigarrée, présentant différents visages, différents styles, différentes manières d'être dans la communion ecclésiale, avec des manières très différentes de lutter pour continuer à exister : d'une critique pondérée et légère, à une contestation presque continue, à une délégitimation de l'Église catholique, du pape François et des évêques. Parfois, nous assistons à la transformation d'une critique consciencieuse et filiale en une accusation dure et convaincue de trahison de la foi, et donc en une accusation d'hérésie.

    La situation est grave, et il est temps de cesser de sourire de cette partie de l'église, voire de la railler et de la mépriser. Pratiquer l'œcuménisme avec tant de communautés chrétiennes, parfois gravement appauvries du noyau de la foi en Christ, et ne pas savoir dialoguer et marcher aussi avec les traditionalistes n'est certainement pas un signe d'authentique charité fraternelle, ni de conscience d'être unis par l'unum baptisma, l'unique baptême, qui fait de nous des frères et des disciples de Jésus-Christ.

    Pouvons-nous arriver à un discernement serein et doux de cette réalité ? Dans mon existence de moine et de chrétien catholique, toujours attentif à la vie très différente des églises, de même que j'ai toujours fréquenté des églises et des monastères de communautés chrétiennes non pas catholiques mais orthodoxes ou réformées, de même j'ai toujours fréquenté des communautés ou des monastères qui, désireux de rester fidèles à la tradition antérieure à la réforme liturgique, ont pu continuer à vivre la liturgie en la célébrant avec le Vetus Ordo. Il ne m'a certainement pas suffi de contempler, de participer et d'apprécier la beauté des rites et du chant grégorien, mais j'ai regardé de près la vie humaine et spirituelle de ces communautés, et j'ai toujours observé un amour sincère pour la liturgie, une fidélité sérieuse et profonde à la tradition monastique, vécue avec une intention évangélique, riche d'initiatives et de travail pour vivre la condition de tous les hommes, une vie commune capable d'une grande charité. J'ai donc envoyé mes frères moines à l'abbaye française du Barroux, une communauté florissante, pour apprendre à faire du pain, et lors de mes séjours dans ce monastère et dans d'autres monastères traditionalistes, j'ai pu vérifier que même avec eux "il est beau et doux de vivre ensemble". J'ai senti qu'ils étaient simplement des frères, et j'avoue que je me sentais mieux parmi eux que dans certains monastères qui prétendent être fidèles à Vatican II, mais vivent une vie de résidence religieuse non monastique.

    L'interview que le nouvel abbé de Solesmes a donnée après l'audience avec le pape François le 5 septembre 2022 reste significative. Dom Geoffroy Kemlin est à la tête d'une congrégation de monastères dans laquelle certains célèbrent avec le Vetus Ordo préconciliaire tandis que d'autres suivent la réforme de Paul VI, en vigueur dans toute l'Eglise catholique latine. Il lui incombait donc de faire connaître au pape les réactions à Traditionis custodes en France et de lui demander comment il devait agir dans l'application du Motu proprio dans ses monastères. Le pape François lui aurait dit à ce propos que c'est à lui, l'abbé de Solesmes, de faire le discernement, et non à lui, même s'il est le pape, parce qu'il vit à deux mille kilomètres. Littéralement : "Tu es un moine, et le discernement est propre aux moines. Je ne vous dis ni oui ni non, mais je vous laisse discerner et prendre une décision". Un conseil, celui-là, que le Pape a également donné à certains évêques français, et cela nous dit que ce que le Pape veut vraiment, c'est l'unité, ce qui n'empêche pas une diversité de rite tant que la foi catholique du mystère eucharistique est honorée.

    Lors d'une audience avec le pape François en 2014, le pape m'a demandé ce que je pensais des traditionalistes, et je lui ai dit : " Votre Sainteté, s'ils acceptent le concile Vatican II, s'ils acceptent vraiment votre ministère en tant que successeur de Pierre, s'ils déclarent valides la réforme liturgique et l'eucharistie réglementée par Paul VI, laissez-les vivre... L'église doit accepter une communion plurielle, elle ne peut plus être monolithique dans ses formes.

    Je reste du même avis après toutes ces années où l'Eucharistie, de lien d'unité, est devenue une cause de division. Et pour cela il est nécessaire que non seulement ceux qui rechutent dans la nostalgie du passé - les "indietristes", comme les appelle le Pape - prennent leur responsabilité, mais aussi ceux qui n'ont pas été clairs avec les traditionalistes, ils ont été duplicites et ambigus, les poussant sans en avoir l'air sur des positions de contestation et de rupture avec l'Église.

    L'Ecclesia Dei a-t-elle toujours agi avec véracité, loyauté, transparence en tissant un dialogue avec ces parties de l'Eglise ?

    Et de quel côté se trouvaient certains cardinaux et évêques après le Concile : en adhérant à Vatican II et à la réforme qui s'en est suivie ou en la critiquant au point d'en diminuer l'autorité ?

    Nous connaissons déjà tellement de tensions et d'oppositions dans l'Eglise aujourd'hui que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre ne serait-ce que la paix eucharistique. La messe ne peut être un lieu de contestation et de division fraternelle, et pour que s'ouvre un chemin de vraie communion, il est plus que jamais nécessaire que la célébration du Novus Ordo soit pratiquée en évitant le laisser-aller, la banalité, la laideur. Actuellement, la situation fait qu'il est vraiment difficile pour de nombreux catholiques d'assister à la liturgie pour en tirer des fruits spirituels. Trop de mise en avant de la part de l'officiant, trop de verbiage, des chants mal édités et indignes, des homélies qui se nourrissent désormais presque exclusivement de sciences humaines, de psychologie, d'histoire de l'art : tout cela enchante tout le monde mais ne convertit personne.

    A mon avis, la situation est dramatique, et je comprends que les amoureux de la tradition soient toujours incapables d'accéder au nouvel Ordo mais restent ancrés au rite ancien, qui ne doit jamais être méprisé ou dévalorisé. La liturgie, si elle n'est pas un mystère ordonné, si elle n'est pas belle même dans sa simplicité, si elle n'est pas une célébration de l'Évangile, ne peut attirer personne, pas même par la grâce. L'unité catholique ne peut et ne doit donc pas être une uniformité, mais une harmonie multiforme, une communion plurielle, dans laquelle chacun et tous trouvent la possibilité d'une participation vivante. Traditionis custodes et Desiderio desideravi doivent être une invitation pour tous à renouveler la foi eucharistique à travers une belle célébration de l'Eucharistie vécue comme une communion et non comme une occasion de division ecclésiale.

  • Aucun secret du Vatican n’échappe au régime chinois

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Nouvelle d’aujourd’hui : aucun secret du Vatican n’échappe au régime chinois

    La matinée de ce 15 novembre, au Vatican, lors de la conférence de presse de présentation du colloque international d’études « Euntes in mundum universum » promu par le dicastère pour l’évangélisation, Settimo Cielo a posé quelques questions concernant la Chine à Mgr Camillus Johnpillai (sur la photo), chef de service du dicastère.

    Dans ses réponses, transcrites ci-dessous depuis l’enregistrement vidéo de la conférence de presse, il y a de nouvelles informations, concernant en particulier :

    • la réunion de travail sur la Chine qui se tient chaque semaine au Vatican entre responsables du dicastère et de la Secrétairerie d’État ;
    • le contrôle obsessionnel des moindres faits et gestes du Saint-Siège de la part du régime chinois ;
    • les activités concernant la Chine tout entière effectuées depuis l’avant-poste de la diplomatie vaticane à Hong Kong.

    *

    Parmi les plus de mille diocèses qui sont confiés aux soins du dicastère pour l’évangélisation, il y a les diocèses chinois. Ces dernières décennies, le dicastère a-t-il été impliqué, et comment, dans les nomination des évêques en Chine, y compris ces toutes dernières années depuis la signature de l’accord secret ?

    Réponse : en ce qui concerne ces territoires qui font l’objet des soins de « Propagande fide », du Dicastère pour l’Évangélisation, pour ce qui est de la Chine, la manière de traiter ces questions est différente d’ailleurs. En Chine, il y a plus ou moins 125 diocèses, ou plutôt, pour le dire techniquement, préfectures apostoliques. En ce qui concerne les provisions, les nominations dans les diocèses de Chine, notre dicastère, en collaboration avec la Secrétairerie d’État, a chaque semaine une réunion sur la manière de procéder, parce que nous nous trouvons ici dans une situation politique très différente de celle d’autres pays. Et la Secrétairerie d’État est bien informée de la situation, notamment en ce qui concerne la signature de cet accord que nous avons eu avec le gouvernement chinois. Donc, chaque décision, surtout la provision, la nomination, est toujours effectuée en collaboration avec la section responsable pour la Chine au sein de la Secrétairerie d’État. Même après cet accord, les nominations se poursuivent.

    Donc vous aussi, à « Propaganda Fide », vous êtes au courant de ce qui figure dans cet accord secret…

    Réponse : (sourire) « secret » est un mot qui réclame une certaine précision. Le gouvernement chinois connaît et suit tout ce que nous faisons, même cette conférence de presse est bien suivie par eux, rien n’est secret au final. Mais dans le champ politique, ce sont les options que nous avons. Que devons-nous faire ? Nous ne pouvons pas créer une autre option qui n’existe pas. Il faut être réalistes pour traiter avec ces gouvernements, pas seulement avec la Chine mais aussi avec d’autres pays comme le Vietnam. Chaque pays a ses particularités et ses caractéristiques, donc avant de procéder à une nomination, ou de créer un nouveau diocèse, nous devons toujours demander le feu vert de la part du gouvernement. Malheureusement nos marges de manœuvre sont très étroites pour négocier tout cela. Le travail n’avance certes pas très vite, mais avec une progression disons, très, très limitée.

    En ce qui concerne les diocèses chinois, quelle cartographie utilisez-vous ? Celle du Vatican avec ses plus de 120 diocèses ou celle du gouvernement chinois, qui les a redessinés et fusionnés en réduisant leur nombre à un peu plus de 90 ?

    Réponse : en ce qui concerne les questions de la Chine en Chine, nous avons un chargé d’affaires qui se trouve à Hong Kong. Hong Kong est la porte de la grande Chine. Cependant, là nous n’utilisons pas l’expression « nonciature » mais celle de « Study Mission Center ». La catégorie de nonciature est politique très dangereuse à utiliser, si nous utilisions cette appellation, nous irions à l’encontre de l’esprit de l’accord. La « mission » est celle de surveiller, de suivre tous ces territoires de près. Même les habitants de la Grande Chine peuvent se rendre à Hong Kong sans difficulté, parce que politiquement Hong Kong fait partie de la Grande Chine. Donc un citoyen chinois à toute la liberté de sortir de la Grande Chine continentale et d’arriver à Hong Kong. Les personnes qui sont dans notre « centre » sont en mesure de gérer les choses de manière plus claire parce qu’elles sont plus proches, y compris géographiquement, des Églises locales. Pour eux, il y a plusieurs manières différentes pour communiquer avec chaque diocèse, avec chaque Église particulière. Ils sont donc bien informés, et nous aussi ici nous avons du personnel qui connaît très bien la situation. Et puis, nous vivons à l’époque des « médias sociaux » et c’est un avantage pour avoir beaucoup d’informations récentes, parce que même si nous sommes loin, grâce à ces réseaux de médias sociaux, nous pouvons avoir beaucoup d’informations concernant la vie des Églises particulières en Chine.

  • "Foi et raison" propose deux videos sur 'sciences et preuves de Dieu' avec Dominique Lambert

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    Sur la chaine youtube de "Foi et raison" (voir ICI) :

    Interview du professeur Dominique Lambert (UNamur), physicien et philosophe des sciences, sur les conditions du dialogue entre sciences et théologie, et plus spécifiquement, dans cette 1ère partie, sur la question des preuves de l’existence (ou de l’inexistence) de Dieu à partir des sciences de la nature.

    00:00 Intro

    00:55 Peut-on prouver l’existence de Dieu à l’aide des sciences naturelles ?

    6:50 La philosophie peut-elle proposer des arguments rationnels et convaincants ?

    14:30 Les sciences répondent à la question « comment ? » et la religion à la question « pourquoi ? » : vraiment ?

    Seconde partie de l'interview du professeur Dominique Lambert (UNamur), physicien et philosophe des sciences, sur les conditions du dialogue entre sciences et théologie.

    00:00 Intro

    00:10 George Lemaître

    07:35 Commencement et Création

    14:10 Jean Ladrière ; Dialogue entre sciences et théologie ; Blondel

    20:32 D’où vient cette tendance à faire du concordisme ?

  • Quand Pie XII entre en action

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    Du Père Michel Viot sur zenit.org :

    Pie XII entre en action

    4e partie de la série sur Pie XII (voir ICI, ICI et ICI)

    Des paroles contenues, mais des actions efficaces sous le fil d’un couperet. La mémoire de l’œuvre de Pie XII mérite d’être restaurée. 

    Sous le coup de la guerre

    Le 10 mai 1940 le pape adresse aux souverains de Belgique, de Hollande et du Luxembourg un avis très clairement « anti allemand », selon le jugement de Wladimir d’Ormesson. 

    Plus important, l’historien allemand Feldkamp a découvert dans les archives du Vatican concernant le règne de Pie XII, un document que le Jésuite Pierre Blet connaissait : En mars 1942, deux mois après la conférence de Wannsee sur la solution finale, Pie XII avait envoyé à Roosevelt, qui ne l’a pas cru, un télégramme l’avertissant du plan d’extermination des Juifs d’Europe ! Pie XII a alors crée son propre bureau sur les persécutions juives au sein de la deuxième section de la secrétairerie d’État. Cette année est d’ailleurs capitale pour lui car elle vient confirmer la justesse de sa position. 1942 est l’année des rafles et Pie XII avait laissé totale liberté aux évêques pour agir au mieux pour sauver des vies. Mais ces rafles prennent de l’ampleur. Le Pape connaît leur sinistre destination. Il avait écrit un texte de protestation, décidant de rompre son attitude habituelle devant l’horreur de ce qu’il sait maintenant de manière sûre. Il apprend alors la rafle des Pays-Bas et la protestation publique des évêques. Résultat, la rafle redouble d’ampleur. Même les Juifs convertis au catholicisme sont déportés, Edith Stein (religieuse carmélite) et sa sœur sont envoyées à la mort. Et le témoignage de la sœur Pasqualina qui se trouvait aux côtés du pape Pie XII depuis 1919, est confirmé par les documents d’archives. Le pape en larmes brûle le discours qu’il voulait prononcer, et conserve sa première attitude, ce qui ne l’empêchera pas d’agir autrement. 

    Dans son message de Noël 1942, le Pie XII déclarera sur Radio Vatican que « des centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute propre, parfois uniquement en raison de leur nationalité ou de leur race, sont destinées à la mort ou au dépérissement ». L’année qui suit, 1943 va lui fournir une autre occasion d’agir. En interne, Pie XII a justifié son attitude prudente car le 30 avril l’évêque de Berlin, son ami, le cardinal Konrad von Preysling lui avait demandé d’intervenir publiquement en faveur des Juifs de Berlin, et il n’avait pas donné suite. Cependant Radio Vatican fait savoir le 26 juin que « quiconque établit une distinction entre les Juifs et les autres hommes est un infidèle ». 

    Le 25 juillet les Allemands envahissent le nord de l’Italie, car Mussolini a été renversé et Hitler fait savoir à son entourage qu’il va envahir le Vatican (État neutre) et tient des propos menaçants. Les allemands arrivent jusqu’à Rome et dans la nuit du 15 octobre a lieu une rafle importante de Juifs romains. Il convient de rappeler que les SS étaient présents à Rome dès le 11 septembre 1943, et que leur commandant avait l’ordre d’arrêter tous les Juifs de Rome. Celui-ci, Herbert Kappler exigea une rançon de 50 kg d’or pour ne pas le faire. Le grand rabbin de Rome fit appel au pape, car il n’avait pas les moyens de verser toute la somme. Le pape en fournit 15 kg, en partie sur sa fortune personnelle, ce qui expliquerait la diminution importante de celle-ci à sa mort au grand étonnement de ses héritiers. Hitler envoie alors Dannecker avec des milices de la Waffen-SS pour procéder à la rafle qui aboutit à l’arrestation d’un millier de Juifs romains qu’on rassemble sous les fenêtres du pape. La provocation est évidente. C’est à cette occasion que Pie XII demande à son secrétaire d’État, le cardinal Maglione, de convoquer l’ambassadeur d’Allemagne au Vatican Ernst von Weizsäcker. Tant par l’ambassadeur, nazi notoire, que par le général Stahel qui ne l’était pas, le pape apprend de son secrétaire d’État que s’il fait une déclaration publique, le Vatican sera considéré comme ennemi du Reich et ses locaux occupés, et on lui fait savoir que les 15000 réfugiés Juifs qui se tiennent cachés au Vatican seraient tous arrêtés.

    Les archives dévoilées

    Le journaliste allemand Hesemann, qui fut un des premiers chercheurs à pouvoir consulter les archives du pontificat de Pie XII en 2020, a étudié particulièrement les documents de la secrétairerie d’État d’octobre 1943. Dès le 25 septembre le général allemand commandant en chef à Rome, Rainer Stahel, avait déclaré le collège pontifical croate Saint-Jérôme, propriété de l’État du Vatican, et interdit aux soldats allemands d’y pénétrer. Cela valait évidemment pour la cité de Vatican elle-même. Mais Pie XII était allé plus loin. Il avait demandé 550 autres attestations du même type, pour d’autres lieux. Ainsi au moins 4465 des 8000 juifs de Rome avaient pu être cachés dans 235 couvents romains. Il faut préciser que ces attestations avaient été imprimées au Vatican et présentées simplement aux autorités allemandes pour signature. Notre journaliste a pu aussi relever de très nombreuses interventions de nonces là où il y avait déportation, mais avec peu de succès. 

    Pie XII renonça donc à une déclaration publique, non sans avoir essayé d’obtenir que le millier de Juifs raflés ne soient pas déportés. Stahel ne put que promettre une intervention de sa part, ce qu’il fit vraisemblablement, allant jusqu’à justifier son attitude vis à vis du pape par les difficultés qu’il aurait pu rencontrer auprès de ses soldats catholiques s’il était allé plus loin. Une chose est sûre et montre qu’après son aventure italienne ce général, qui jusque là était bien vu,  fut envoyé sur le front de l’Est et fait prisonnier par les russes ; il mourut en captivité dans un camp. Weizsäcker qui appartenait à la SS fit partie du deuxième groupe de criminels de guerre condamnés à Nuremberg à 10 ans de prison.

    La guerre achevée, en 1945 le Congrès juif mondial adresse au pape Pie XII ses remerciements « Pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyre effroyable, la voix du pape s’est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes », et pourtant le pape n’avait pas fait de grandes déclarations officielles, mais il avait agi. Le Grand Rabbin de Rome se convertit, avec son épouse au catholicisme et prit le nom de baptême d’Eugenio, expliquant dans ses mémoires « La rayonnante charité du pape, penchée sur toutes les misères engendrées par la guerre, sa bonté pour mes coreligionnaires traqués, furent pour moi l’ouragan qui balaya mes scrupules à me faire catholique. Le 26 mai 1955, un orchestre composé de musiciens juifs de 14 pays exécuta la neuvième symphonie de Beethoven au Vatican « en reconnaissance de l’œuvre humanitaire grandiose accomplie par Sa Sainteté pour sauver un grand nombre de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ». Madame Golda Meir, ministre des affaires étrangères d’Israël lui rendra un émouvant témoignage en 1958. Elle voulait qu’il fût déclaré Juste parmi les nations. Vœu que reprendra le rabbin américain David Dalin en 2001, dans un article. Il écrira en 2007 un livre qu’il faut absolument lire « Pie XII et les Juifs » qui détaille et développe ce que j’ai exposé.

    En guise de conclusion …

    … je voudrais rappeler enfin que les origines de la « légende noire » de Pie XII furent politiques et intervinrent en force à partir de 1960. Cela faisait partie de la propagande communiste que j’ai connue et vécue. Elle se manifesta dans des domaines multiples, y compris la théologie, et y a laissé des traces. D’une certaine façon le père Gumpel a achevé son travail comme postulateur de la cause puisqu’un miracle est nécessaire pour la béatification. Mais cela ne dispense pas de la prière des fidèles, bien au contraire. 

    Tout n’est pas dit sur les archives disponibles depuis 2020. On ne s’y est pas précipité en grand nombre, mais on continue à répandre des inepties et des contre-vérités sur Pie XII. Il vaudrait donc la peine qu’un successeur soit donné au père Gumpel. Le livre de Johan Icks sorti en 2021 sur Pie XII et les Juifs s’attarde sur les activités du bureau spécial créé par Pie XII, au sein de la deuxième section de la Secrétairerie d’État, pour aider les Juifs. Il a travaillé avec le père Gumpel et donne des chiffres importants de demandes d’aides qui, selon lui, devraient être revus à la hausse ! C’est pourquoi la vénérable Compagnie de Jésus complèterait utilement ses nombreuses aides apportées au cours des siècles à l’Église catholique en demandant à l’un de ses membres de continuer l’œuvre du père Gumpel en matière d’édition, pour instruire le peuple catholique et aussi pour guider l’activité spirituelle nécessaire à toute demande de béatification. 

    Ce travail ne concernerait donc pas que l’histoire, mais l’unité catholique, Pie XII n’étant pas qu’un grand diplomate et un grand pasteur, mais aussi un mystique visionnaire, qui eut le privilège de passer les frontières de deux siècles, de vivre dès ce monde une expérience d’éternité incarnant en sa personne une forme de continuité et de permanence qui donne au mot catholique tout son sens. Et contrairement à l’idée reçue, ses orientations pastorales d’après guerre, étayées par son encyclique Mediator Dei, seront le déclencheur du deuxième concile du Vatican. 

  • Gad Elmaleh : une conversion qui interpelle

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