De Sandro Magister en traduction française sur diakonos.be :
Infanticide en Amazonie. Certains le défendent, même au sein de l’Église

« L’un des leitmotive de ce synode c’est de représenter les peuples indiens comme s’ils habitaient le paradis terrestre avant le péché originel. On fait l’éloge de la pureté originelle et on exalte leur rapport harmonieux avec la nature. Nous devrions apprendre d’eux comment coexister avec l’environnement. Pourtant, aujourd’hui encore, une vingtaine de peuples amazoniens pratiquent l’infanticide. Et sur le site de la Conférence épiscopale brésilienne on trouve un article qui justifie une telle pratique. Alors je demande si pour vous les droits humains ont une valeur universelle ou bien s’ils s’appliquent aux uns et pas aux autres ».
C’est l’un des douze « invités spéciaux » au synode – à l’instar de Ban Ki-Moon, Jeffrey D. Sachs, Hans J. Schellnhuber – qui a répondu en premier, la Philippine Victoria Lucia Tauli-Corpuz, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits des personnes autochtones, qui a reconnu que « tous les indigènes, tous les autochtones ne sont pas parfaits ». Et elle a ajouté : « Certains ont des pratiques qui ne correspondent pas aux droits humains. Nous avons longuement discuté de la question. Dans la déclaration de l’ONU, on a mis en évidence que, si les États doivent respecter les droits des populations indigènes, les indigènes doivent faire en sorte que leurs traditions soient conformes au droit international en matière de droits de l’homme. Les autochtones ont dit qu’ils chercheront à changer certaines de leurs traditions. »
Après elle, c’est le cardinal péruvien Pedro Ricardo Barreto Jimenez, archevêque d’Huancaya, jésuite, vice-président du réseau ecclésial pan-amazonien et coprésident du synode qui a pris la parole, lui aussi pour reconnaître que « tout n’est pas rose chez les peuples indigènes ». En ce qui les concerne, on ne peut pas parler de « pureté originelle parce que cela reviendrait à se méprendre sur la nature humaine » et toutefois « nous devons reconnaître leur sagesse ancestrale parce qu’ils ont enrichi cette écorégion que l’Europe est en train d’utiliser ».
Mais ensuite, le cardinal a nié que certaines populations amazoniennes pratiquent l’infanticide : « Je n’en ai jamais entendu parler ». Et, en enlevant ses écouteurs, il a ajouté que « ceux qui font de pareilles affirmations doivent en apporter des preuves documentaires ». Il a cependant révélé que « chaque vie humaine est sacrée. Si quelqu’un affirme que de telles pratiques ont possibles, il méconnait le message de l’Évangile. Il faut toujours défendre la vie ». Et il a martelé : « J’ai été évangélisé par les indiens et ils continuent à m’évangéliser ». À la fin de la conférence de presse, au cours d’une conversation, le cardinal Barretto a de nouveau refusé de croire qu’un site de l’Église brésilienne avait publié un article prenant la défense de l’infanticide parmi les indiens.