HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI pour le deuxième dimanche de Pâques (archive, 15 avril 2007)
Chers frères et sœurs,
selon une antique tradition, le dimanche d'aujourd'hui prend le nom de Dimanche "in Albis". En ce jour, les néophytes de la veillée pascale revêtaient une fois de plus leur habit blanc, symbole de la lumière que le Seigneur leur avait donnée dans le Baptême. Par la suite, ils devaient déposer leur habit blanc, mais devaient introduire la nouvelle luminosité qui leur avait été conférée dans leur vie quotidienne; ils devaient préserver avec soin la flamme délicate de la vérité et du bien que le Seigneur avait allumée en eux, pour apporter ainsi dans notre monde un peu de la lumière et de la bonté de Dieu.
Le Saint-Père Jean-Paul II voulut que ce dimanche soit célébré comme la Fête de la Divine Miséricorde: dans la parole "miséricorde", il trouvait résumé et à nouveau interprété pour notre époque tout le mystère de la Rédemption. Il vécut sous deux régimes dictatoriaux, et, au contact de la pauvreté, de la nécessité et de la violence, il ressentit profondément la puissance des ténèbres, qui menace le monde également à notre époque. Mais il fit également l'expérience, avec tout autant de force, de la présence de Dieu qui s'oppose à toutes ces forces à travers son pouvoir totalement différent et divin: avec le pouvoir de la miséricorde. C'est la miséricorde qui met une limite au mal. En elle s'exprime la nature toute particulière de Dieu - sa sainteté, le pouvoir de la vérité et de l'amour. Il y a deux ans, après les premières Vêpres de cette fête, Jean-Paul II achevait son existence terrestre. En mourant, il est entré dans la lumière de la Divine Miséricorde, dont il nous parle à présent de façon nouvelle, au-delà de la mort et à partir de Dieu. Ayez confiance - nous dit-il - dans la Divine Miséricorde! Devenez jour après jour des hommes et des femmes de la miséricorde de Dieu! La miséricorde est l'habit de lumière que le Seigneur nous a donné dans le Baptême. Nous ne devons pas laisser s'éteindre cette lumière; au contraire, elle doit croître en nous chaque jour et apporter ainsi au monde l'annonce joyeuse de Dieu. (...)
Dans la première lecture de ce dimanche, nous est raconté que, à l'aube de l'Eglise naissante, les personnes portaient les malades sur les places, afin que, lorsque Pierre passait, son ombre les couvrît: on attribuait à cette ombre une force de guérison. En effet, cette ombre provenait de la lumière du Christ et comportait donc quelque chose du pouvoir de la bonté divine. L'ombre de Pierre, à travers la communauté de l'Eglise catholique, a recouvert ma vie depuis le début, et j'ai appris que c'est une ombre bonne - une ombre qui guérit, car, justement, elle provient en définitive du Christ lui-même. Pierre était un homme avec toutes les faiblesses d'un être humain, mais surtout, c'était un homme plein de foi passionnée dans le Christ, plein d'amour pour Lui. A travers sa foi et son amour, la force de guérison du Christ, sa force d'unification, est arrivée aux hommes, bien que mêlée à toute la faiblesse de Pierre. Cherchons aujourd'hui également l'ombre de Pierre, pour demeurer dans la lumière du Christ!