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Sexualité - Page 50

  • La théorie du genre gagne du terrain dans les écoles

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    Ce qui vaut pour la France vaut aussi pour la Belgique. (La figure de proue de la mobilisation des lycéens belges pour le climat en est un témoignage.) :

    D'Esther Pivet sur Aleteia.org :

    Comment se poursuit l’expansion de la théorie du genre à l’école

    La coordinatrice du collectif VigiGender a mené l’enquête sur l’expansion sournoise et régulière de la "théorie du genre" à l’école. Comment réagir auprès des professeurs ? Comment aider les enfants à se construire sous la pression de ce formatage déstabilisant ?

    L’abandon de « parent 1 – parent 2 » sur les formulaires scolaires semble envisagé au profit d’une formulation plus consensuelle. Faut-il pour autant se limiter à pousser un « ouf » de soulagement devant le retrait de cette mesure absurde privant pères et mères de leur dignité ? Réveillons-nous ! Ouvrons les yeux ! Toute l’Éducation nationale et la culture sont imprégnées de la théorie du genre sous-jacente à cette mesure, selon laquelle toutes les différences entre hommes et femmes ne seraient qu’une construction sociale. Les enfants et les adolescents sont formatés au goutte-à-goutte par des messages fondés sur ce postulat. L’objectif est de leur faire penser qu’il n’y aurait aucun problème à « changer de sexe », et que l’hétérosexualité et l’homosexualité seraient équivalentes, puisque notre corps sexué n’aurait aucune influence, aucune signification, ne dirait rien de ce que nous sommes, simple source de plaisir.

    Changer de sexe

    Des séries télévisées commencent à mettre en scène des jeunes qui décident de subir une réattribution sexuelle. Internet regorge d’informations sur le sujet. Comment s’étonner que de plus en plus d’enfants qui présentent un trouble dans leur identité demandent à « changer de sexe » (Le Point, 15 septembre 2018), alors que de tels troubles disparaissent pour la plupart après la puberté ? Leur « réveil » dans dix ans sera douloureux et, pour beaucoup, le suicide un jour peut-être la seule issue1Des médecins tirent la sonnette d’alarme2, mais crient encore dans le vide, car le marché est prometteur. Chaque jour, un adolescent entre dix et quinze ans change de sexe anatomique au Royaume-Uni (The Telegraph, 8 juillet 2017).

    Le trou noir de la théorie du genre est en train de happer une génération de jeunes. Des enfants sont formatés à l’école, à l’insu des parents, et par tout ce qu’ils voient sur Internet, si facilement accessible. Beaucoup de jeunes sont désespérés, blessés dans leur identité, dans leur sexualité, après des expériences sexuelles diverses, encouragés par les discours ambiants niant toute signification au corps et illustrés par la pornographie en accès libre, qui les poussent à assouvir leurs pulsions et à consommer du sexe.

    L’alibi des stéréotypes

    Dans ce contexte, les parents et les enseignants doivent comprendre cette théorie idéologique, pour l’identifier et résister...

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  • La dualité des sexes constitue l’un des plus précieux trésors de l’humanité

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    Du site "Ecologie humaine" :

    ÉLOGE DE LA DUALITÉ

    Accueillir et respecter la complémentarité entre les sexes : c’est ce à quoi nous invite Tugdual Derville, co-initiateur du Courant pour une écologie humaine, dans cet entretien réalisé par Aurore Chaillou et Anne de Mullenheim pour la revue Projet.

    « La dualité des sexes constitue l’un des plus précieux trésors de l’humanité » 

    Que représente pour vous la notion de « genre » ?

    T. Derville – J’y vois une notion sémantique détournée en dangereux amalgame. On mélange deux choses : d’un côté des stéréotypes sexistes injustes à dénoncer et à combattre pour respecter l’égale dignité entre l’homme et la femme et favoriser leur respect mutuel ; de l’autre, l’idéologie mortifère de la neutralisation du genre. Les études de genre fourmillent de ce parti pris : le rejet de toute idée de différence ou de complémentarité homme-femme, comme si masculin et féminin étaient identiques. Or, cette dualité des sexes constitue l’un des plus précieux trésors de l’humanité.

    Nous avons tous séjourné dans le corps d’une femme. Si on ne reconnaît pas cette « maternité corporelle » comme mur porteur de l’écologie humaine, on ne pourra pas apprendre le vivre ensemble entre garçons et filles. Par ailleurs, la technicisation de la reproduction se fait au détriment des femmes : on veut autoriser le prélèvement des ovocytes pour rendre possible une grossesse tardive. Mais les fécondations in vitro ont un faible taux de succès. J’ai même entendu certaines féministes expliquer qu’elles voulaient se libérer de la grossesse, considérée comme une aliénation. C’est un déni de l’identité des femmes et cela m’étonne qu’elles ne se rebellent pas plus contre cette emprise de la technique sur leur corps.

    Quel rôle doit jouer l’éducation par rapport aux inégalités entre hommes et femmes ?

    L’éducation doit permettre l’alliance entre homme et femme pour une compréhension mutuelle et une égale dignité. Je suis stupéfait d’entendre certains discours féministes expliquer les différences corporelles par la seule construction sociale. Des militantes m’ont soutenu que les hommes étaient plus grands parce qu’ils avaient été mieux nourris que les femmes, au cours des derniers siècles. On m’a aussi dit qu’étant un homme, j’étais forcément dominant et que je ne pouvais donc pas comprendre ces questions. Dans ces arguments, je vois une forme de résurgence marxiste : on n’oppose plus les classes mais les femmes aux hommes. En réalité, hommes et femmes ont besoin d’explications pour mieux se comprendre. Cela ne nous empêche pas du tout de reconnaître qu’il y a une dimension féminine chez l’homme et masculine chez la femme.

    Finalement, faut-il voir la différence comme un atout ou un obstacle ? Doit-on asséner qu’elle est entièrement construite et défendre une équivalence absolue, ou la faire aimer comme merveilleuse ? Je crains qu’envisager la différence de façon uniquement critique ne se fasse au détriment de la paix sociale.

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  • Selon Frédéric Martel, le pape aurait voulu changer le discours de l'Eglise sur les homosexuels lors des synodes sur la famille

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    De Jeanne Smits sur son blog :

    Frédéric Martel : le pape François a voulu changer le discours de l'Eglise sur les homosexuels aux synodes sur la famille

    Le pape François a-t-il vraiment œuvré pour introduire une forme de reconnaissance des unions homosexuelles par le biais des deux synodes sur la famille ? C’est ce que croit savoir Frédéric Martel, qui livre à ce sujet ce qu’il présente comme des confidences de proches de François dans son livre-brûlot Sodoma sur les réseaux homosexuels dans l’Eglise.

    Si les propos rapportés sont exacts, ils constituent une véritable bombe, puisqu’ils conduisent Martel à décrire par le menu les manipulations (pour une bonne part manquées) qui ont accompagné ces synodes, puis la rédaction de l’exhortation apostolique Amoris laetitia – telles qu’elles étaient perçues, au demeurant, par les tenants de la tradition dans l’Eglise qui ne sont pas allés, pour autant, jusqu’à en rendre le pape directement et explicitement responsable.

    Commençons donc par une mise en garde : Sodoma est un livre de combat qui voit des homosexuels partout, mais qui ne désigne, dénonce et dénigre comme tels que ceux – actifs ou refoulés selon lui – qui se manifestent par leur « homophobie ». C’est même l’affirmation « rigide » de la doctrine de l’Eglise sur l’homosexualité et le péché de sodomie qui serait selon Martel le signe qui ne trompe pas d’une homosexualité dissimulée de la part de ceux qui se livrent à cette affirmation.

    Outre ce raisonnement qui tourne en rond, tout en insinuations et sous-entendus, il y a les erreurs factuelles qui émaillent le livre, et – s’il faut en croire Antoine-Marie Izoard, rédacteur en chef de Famille chrétienne – surtout, la déformation de propos recueillis, des interviewés « piégés » ou ayant fait l’objet de tentatives de « drague » au cours de l’enquête.

    Izoard, face à la question de l’homosexualité, prône la réponse de Benoît XVI : « Il est alors plus que temps d’appliquer les mesures de Benoît XVI qui recommandait qu’aucun jeune ayant des tendances homosexuelles ne puisse intégrer le séminaire. » C’est à peu près l’inverse de la conclusion suggérée par le livre de Frédéric Martel : que les prêtres « gays » puissent enfin vivre leurs amours au grand jour et qu’on en finisse avec le célibat sacerdotal, au motif que la continence serait « contre nature ».

    D’ailleurs Martel présente Benoît XVI lui-même comme un homosexuel probablement chaste qui sublime sa tendance dans l’amour des arts et des beaux vêtements, et donc « rigide » sur le plan doctrinal.

    Le pape François, lui, gay-friendly et donc selon toute probabilité pas « gay » lui-même, serait entouré de proches de la même eau tels les cardinaux Blase Cupich, Walter Kasper, Kevin Farrell, Reinhard Marx, Christoph Schönborn, Oscar Maradiaga, Lorenzo Baldisseri, qui se distinguent tous par leur approche plus libérale de la question « LGBT » (acronyme de combat qui revendique des droits pour ce que la morale traditionnelle juge gravement peccamineux).

    C’est avec prudence qu’il faut donc aborder l’ensemble de ce qui est avancé, mais sur le plan de la doctrine certaines allégations sont si graves qu’elles doivent être connues, et – plût à Dieu – démenties, sous peine de laisser la confusion s’installer encore davantage dans l’Eglise.

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  • "Sodoma" : un ouvrage systématique et militant qui veut contraindre l'Eglise à évoluer sur la question de l'homosexualité

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    Du Frère Thierry-Dominique Hembrecht o.p. sur le site du FigaroVox (le figaro.fr) :

    «Sodoma, de Frédéric Martel: distinguer les faits relatés et la démarche militante»

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Le Frère Thierry-Dominique Humbrecht propose une lecture critique de «Sodoma: enquête au coeur du Vatican» de Frédéric Martel. Selon ce théologien dominicain, le livre aux révélations choc est aussi un ouvrage systématique et militant, qui entend contraindre l'Église à évoluer sur la question de l'homosexualité. 

    Thierry-Dominique Humbrecht est un religieux dominicain, écrivain, théologien, philosophe, lauréat de l'Académie des sciences morales et politiques. Il est l'auteur de nombreux livres, dont le dernier, L'avenir des vocations, est paru en 2017 (éd. Parole et silence).

    Autre chose de parcourir les premiers comptes rendus de presse parus sur Sodoma. Enquête au cœur du Vatican, de Frédéric Martel, autre chose de lire soi-même ce livre jusqu'à la dernière page. Le choc tient plus aux analyses qu'aux faits.

    Quels que soient sa peine, son dégoût ou son éclat de rire, le lecteur, catholique ou non, est invité à discerner ce qui doit être entendu et ce qui peut être discuté.

    Des faits, des interprétations

    Au-delà du formatage du livre, entre volonté de scandale et activisme gay, il est inutile d'ergoter sur les faits révélés par l'enquête de Sodoma. Des exagérations ont déjà été signalées, surtout celles qui impliquent certaines personnes au-delà du raisonnable. Elles théâtralisent la jubilation de l'auteur à montrer ce qu'il montre, même si le théâtre est tout autant et d'abord dans la salle. Peu importe, ce n'est pas ici le problème. Accordons en bloc ce qui outrepasse notre compétence. Des situations sont décrites, des personnes impliquées, des procédés dénoncés, d'innombrables conversations rapportées. Même la moitié ou le quart suffiraient à nourrir l'événement et à faire pleurer les pierres. Inutile aussi de surenchérir sur le consternant, sinon sur l'étonnant. La question est plutôt d'élucider certains principes interprétatifs du livre de Frédéric Martel.

    Il suffit de nommer de tels prismes d'interprétation pour ramener un peu de distance.

    Le talent de l'auteur est incontestable depuis notamment Le rose et le noir. Les homosexuels en France depuis 1968 (Seuil, 1996), avec cette sorte d'acuité propre aux acteurs-observateurs du monde homosexuel depuis Proust, en passant par Michel Foucault, cette intelligence au scalpel qui ouvre toutes les plaies et diagnostique toutes les maladies mais sans les soigner. Avec aussi un style qui sait tenir en haleine. Néanmoins, cette sorte d'ivresse déshabilleuse propulsée sur 600 pages s'épuise quelque peu à partir de la seconde moitié, avec même des répétitions, tout cela finissant par trahir les ficelles de la narration et des procédés argumentatifs.

    Davantage, il arrive à l'auteur d'empiéter sur des domaines qui ne sont pas ceux de sa discipline. Il constelle son enquête de principes philosophiques ou de leçons théologiques. Là, il révèle des intentions autres que de décrire (les quatorze règles de Sodoma, établies les unes après les autres). Ces leçons se revêtent d'une autorité morale, mais bien sûr sur fond de subversion, c'est-à-dire d'inversion délibérée des critères de vérité, avec aussi une récupération de la frange la plus libérale de l'Église, le pape François en tête, pour faire avancer celle qu'il appelle de ses vœux, la cause homosexuelle dans l'Église.

    Il suffit de nommer de tels prismes d'interprétation pour ramener un peu de distance. Chacun ensuite en pense ce qu'il veut.

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  • Sommet au Vatican sur les abus sexuels: « ils ont des yeux… »

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    Du chanoine Eric de Beukelaer sur son blog :

    « Il fallait s’y attendre. Des voix se disent déçues du sommet au Vatican: «  trop de belles paroles, pas assez d’actes » . Je puis comprendre pareille réaction quand ce sont des victimes qui parlent, car leur souffrance est à vif. Mais il est clair que ce sommet n’allait pas, une fois pour toute, régler le problème des abus sexuels commis au sein de l’Eglise. Son objectif était de mettre ce crime clairement à l’ordre du jour de toutes les conférences épiscopales du monde. Et de ce point de vue-là, le résultat est atteint.

    Ensuite? Des procédures adéquates devront être mises sur pied dans toutes les conférences épiscopales et ce, sous la supervision du Vatican. Plus fondamentalement, je pense qu’une participation plus grande de fidèles laïcs, dont des femmes, dans ces procédures, permettra de sortir d’un regard trop homogène de la part d’un corps ecclésiastique exclusivement masculin et célibataire. C’est également de ce côté-là qu’il me semble qu’une réforme du Vatican (et des diocèses) portera ses fruits. A côté d’évêques et de prêtres, une plus importante proportion des autres états de vie doit avoir voix au chapitre. Ainsi, au conseil épiscopal du diocèse de Liège, dans lequel je siège, je suis impressionné par l’apport spécifique des laïcs qui en font partie, et particulièrement des femmes. Il y a là un « autre regard » qui donne de dépasser le piège de l’aveuglement sélectif par habitude ou esprit de corps.  

    C’est d’ailleurs une plus grande diversité des états de vie, qui permettra de répondre adéquatement à un livre comme« Sodoma » de Frédéric Martel. Je pense que l’auteur pèche par excès, en voyant partout ce qu’il cherche. A force de faire une enquête sur les homosexuels au Vatican, il finit par en déceler… derrière chaque placard:  les prélats homophobes seraient des homosexuels refoulés et les prélats gay-friendly, des homophiles sublimés. Un peu court. Ceci étant dit, l’auteur n’est pas un zozo et son enquête solide. Bien sûr qu’il y a des homosexuels dans l’Eglise et donc au Vatican et, sans doute, en plus forte proportion qu’ailleurs. (Et cela, n’empêche en rien de donner de saints prêtres et évêques.) Mais il y a probablement aussi, au sommet de l’Eglise, une « fermentation propre aux internats de garçons »… Je m’explique: si dans les prisons, sur des navires et parmi les moines et clercs, il y a plus de séduction intra-masculine (chaste ou non),  c’est aussi et avant tout dû… à l’absence de femmes. Je pense donc que plus de femmes, et aussi de couples chrétiens, dans toutes les instances de l’Eglise ne pourra qu’être bénéfique pour rééquilibrer sainement les rapports humains dans l’Eglise.  Enfin et, par-dessus tout, il faut encourager un regain de prière authentique, car – sans une spiritualité solide – la vie chrétienne s’affadit en jeux de pouvoir… et le célibat pour le Royaume paraît absurde et donc invivable. 

    « Ils ont des yeux et ne voient pas » (Matthieu 13, 13) Cette phrase m’habite ces derniers temps. Tant de mal se fait sur cette terre, simplement parce que l’humain, enfermé dans son narcissisme parasité par le péché, ne voit pas ce qui se déroule sous ses yeux. Demandons donc à l’Esprit de nous rendre vigilants. » 

    Ref. Sommet au Vatican sur les abus sexuels: « ils ont des yeux… »

    JPSC 

  • Pédophilie : le pape François refuse le rôle de bouc émissaire pour l’Eglise catholique

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    François topelement.jpgEn concluant le sommet du Vatican contre la pédophilie, le pape François a dénoncé un mal «universel» et fixé des perspectives de travail, sans convaincre les associations de victimes. De Jean-Marie Guénois sur le site web du « Figaro » :

    Concluant, dimanche, le sommet international qu'il avait convoqué pour statuer sur les affaires de pédophilie dans l'Église, le pape François a refusé de se laisser enfermer dans une problématique purement catholique. Ce qui a fortement déçu - et fâché - les associations de victimes. L'intervention de François devant les 190 évêques du monde entier, dont les 114 présidents des Conférences des évêques, débute par un long développement sur le phénomène de l'exploitation sexuelle des enfants dans le monde, à commencer par l'inceste.

     LIRE AUSSI - Pédophilie dans l'Église: la tolérance zéro se heurte à sept obstacles

    Le Pape assure en effet: «La première vérité qui émerge des données disponibles est que ceux qui commettent les abus, autrement dit les violences (physiques, sexuelles ou émotionnelles), sont surtout les parents, les proches, les maris d'épouses mineures, les entraîneurs et les éducateurs.» Il ne cite donc pas les prêtres sinon dans la seconde partie de son discours, mais il évoque l'exemple italien où «68,9 % des abus se passent au sein du propre foyer». Un phénomène qu'il compare aux «rites païens» où des enfants étaient «offerts en sacrifice».

    François dénonce aussi avec vigueur ce qu'il perçoit comme une cause du phénomène: «la diffusion de la pornographie». «Le fléau de la pornographie a pris des proportions terrifiantes, avec des effets délétères sur le psychisme et sur les relations entre homme et femme, ainsi qu'entre eux et les enfants.» Il demande donc que «l'on s'oppose avec la plus ferme détermination à ces abominations» pour que «le développement des petits ne soit pas troublé ou brouillé par leur accès incontrôlé à la pornographie qui laissera des traces négatives profondes dans leur esprit et dans leur âme».

    Quelques axes de travail

    François assure: «Nous sommes, donc, devant un problème universel et transversal qui, malheureusement, existe presque partout.» Mais il ajoute alors: «Nous devons être clairs: l'universalité de ce fléau, alors que se confirme son ampleur dans nos sociétés, n'atténue pas sa monstruosité à l'intérieur de l'Église.» D'autant que «l'inhumanité du phénomène au niveau mondial devient encore plus grave et plus scandaleuse dans l'Église, parce qu'en contradiction avec son autorité morale et sa crédibilité éthique». Sur ce point, il voit surtout l'influence «de Satan», «la main du mal», le «mystère du mal», car «il n'y a pas d'explications satisfaisantes pour ces abus sur des enfants» sinon «un abus de pouvoir». Et de lancer solennellement: «Je voudrais vous le dire avec l'autorité du pasteur de l'Église: dans ces cas douloureux, je vois la main du mal qui n'épargne même pas l'innocence des petits.»

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  • Au sommet sur les abus sexuels, l’homosexualité est tabou mais on reste prudent sur la « tolérance zéro »

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be

    Au sommet, l’homosexualité est tabou. Mais on reste prudent sur la « tolérance zéro »

    Le 21 février, au matin de l’ouverture du sommet entre le pape François et les chefs de file de l’Eglise mondiale sur le thème des abus sur mineurs, le grand absent, c’est le mot « homosexualité ». Et ce nonobstant que la majeure partie des abus recensés jusqu’ici impliquent de jeunes, voire de très jeunes garçons pubères.

    Le mot « homosexualité » n’apparaît ni dans le discours inaugural du pape ni dans aucun des 21 « points de réflexion » qu’il a fait distribuer dans la salle ni dans le rapport introductif du cardinal Luis Antonio G. Tagle, de l’archevêque Charles J. Scicluna ni, dans l’après-midi, du cardinal Ruben Salazar Gómez.

    Au contraire, Mgr Scicluna, interpellé à ce sujet pendant la conférence de presse de mi-journée (voir photo) a déclaré que « généraliser sur une catégorie de personnes n’est jamais légitime » parce que l’homosexualité « n’est pas quelque chose qui prédispose au péché » comme ce pourrait être le cas pour la « concupiscence ».

    Le cardinal Scicluna est l’homme-clé du comité d’organisation du sommet. En plus d’être archevêque de Malte, il a été pendant plusieurs années promoteur de justice à la Congrégation pour la doctrine de la foi dont il est redevenu secrétaire adjoint avec une compétence spécifique en matière d’abus sexuels.  C’est l’homme qui exprime aujourd’hui le plus directement la volonté de François après que ce dernier ait dans les faits désavouéle cardinal Sean P. O’Malley qui était il y a encore un an le plus proche homme de confiance du pape en la matière mais qui aujourd’hui n’est plus que président « pour la forme » du conseil pontifical pour la protection des mineurs.

    Il semblerait que jusqu’à présent, l’appel des cardinaux Walter Brandmüller et Raymond L. Burke – et de nombreux autres clercs et laïcs – à affronter à visage découvert la plaie de l’homosexualité dans le clergé en tant que symptôme d’un abandon diffus de la « vérité de l’Évangile » soit resté lettre morte.

    *

    En revanche, dès les premiers échanges du sommet, s’est dégagée une volonté d’équilibrer la sévérité des procès en matière d’abus sexuels dans le sens d’un meilleur respect des droits des accusés.

    La « tolérance zéro », c’est le nom qu’on donne à la rigueur puritaine avec laquelle on voudrait frapper les auteurs d’abus. Cette rigueur est réclamée à cors et à cris par l’opinion publique laïque.  Mais elle coûte très cher en matière de violation des droits les plus élémentaires, comme Settimo Cielo l’a récemment mis en lumière dans un article :

    > “Tolérance zéro”. Le mot d’ordre d’une Église sans miséricorde

    Et en effet, dans les 21 « points de réflexion » que le pape François a remis aux participants au sommet, on lit au point 4 : « Mettre en œuvre des procédures pour le droit de la défense des accusés ».  Au point 10 : « Préparer des itinéraires pénitentiels et de restauration pour les coupables ».  Au point 11 : « Reconnaître et discerner les vrais cas des faux, les accusations de la calomnie ».  Au point 14 : « Sauvegarder le principe du droit naturel et canonique de la présomption d’innocence jusqu’à la preuve de la culpabilité de l’accusé. Pour cela, il faut éviter la publication de listes des personnes accusées, même par les diocèses, avant l’enquête préalable et la condamnation définitive ».

    Dans le rapport de Mgr Scicluna qui a retracé toutes les phases des procès pour abus sur mineurs, on retrouve également des rappels importants des droits des accusés.

    Après avoir admis que « la majorité des procédures pénales canoniques sont de type extrajudiciaire ou administratif », Scicluna fait cet avertissement :

    « L’essence d’une procédure équitable exige que l’accusé soit présenté avec tous les arguments et preuves à son encontre ; que l’accusé bénéficie pleinement du droit de présenter sa défense ; ce jugement est rendu sur la base des faits de la cause et de la loi applicable à la cause ; qu’un jugement ou une décision motivée est communiqué par écrit à l’accusé et que celui-ci dispose d’un recours contre un jugement ou une décision l’agressant. »

    Plus tard, Scicluna demande aux évêques de faire preuve de la plus grande prudence et d’équité quand il s’agit de décider quoi faire dans le cas d’un procès canonique à charge d’un de leurs prêtres se concluant non pas par une condamnation ou un acquittement mais par une plus problématique « decisio dimissoria », dans le cas où les accusations sont crédibles mais non démontrées.

    Ensuite, Mgr Scicluna encore, invite à donner la plus grande publicité aux jugements qui établissent l’innocence de l’accusé parce que « nous savons tous qu’il est très difficile de rétablir la réputation d’un prêtre qui pourrait avoir été accusé injustement ».

    Et enfin, il invite la Congrégation pour la doctrine de la foi elle-même à ne déroger qu’exceptionnellement à la prescription pour les cas d’abus éloignés dans le temps : « Le pouvoir de la CDF de déroger à la prescription de vingt ans est toujours invoqué dans un certain nombre de cas historiques, mais il est vrai que cela ne devrait pas être la norme, mais plutôt l’exception ».

    *

    Il faut remarquer que la pression de l’opinion publique laïque et des autorités civiles n’exige pas toujours de l’Église la plus grande « tolérance zéro » en matière d’abus sexuels sur mineurs au mépris du droit des accusés.

    On peut par exemple citer une décision de la Cour de justice d’Arnhem qui a accueilli le 18 avril 2018 le recours d’une fondation privée hollandaise, la Stichting Sint Jan, contre la Commission de l’Église catholique romaine de Hollande qui enquêtait sur les abus sexuels.

    La cour a estimé que dans certains cas, la Commission « n’avait pas respecté ses propres règle et, ce faisant, a violé les droits fondamentaux de l’accusé », par exemple quand « une dénonciation, qui avait pourtant déjà été déclarée non-fondée par un jugement définitif, a été rouverte et déclarée fondée » ou encore quand elle a considéré comme crédible une « déclaration isolée et incohérente d’un plaignant dépourvue de preuves suffisantes ».

    Le communiqué qui résumé ce jugement se trouve sur le site de la Stichting Sint Jan, en néerlandais, en anglais et en allemand.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Eglise et abus sexuels : pour ne pas passer à côté de la réalité

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    De Jean Bernard sur le site de La Nef (publié en décembre dernier) :

    Abus sexuels dans l’Église : oser voir ce que l’on voit !

    Le synode a abordé la question des abus sexuels dans l’Église, mais sans s’y étendre. Sur cette difficile question existent des rapports, américains notamment, peu médiatisés et tout aussi peu évoqués par les responsables ecclésiastiques qui ne les intègrent pas dans leur réflexion. Or, ces rapports mettent en évidence un certain nombre de faits qu’il est essentiel de prendre en compte si l’on veut éradiquer un terrible fléau aux conséquences si dramatiques.

    Depuis les dernières révélations concernant les abus sexuels sur mineurs commis par les membres du clergé au Chili, en Pennsylvanie et maintenant en Allemagne, la thèse officielle de l’Église est désormais claire : ces abus sont imputables au « cléricalisme », c’est-à-dire à ce sentiment de toute-puissance que le statut clérical conférerait à ses titulaires et qui les autoriserait à commettre de véritables crimes, en particulier sur les enfants. C’est en ce sens que, dans sa Lettre au peuple de Dieu du 20 août 2018, le pape François a souligné que l’origine de cette tragédie était à rechercher dans « la manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Église », autrement dit dans le cléricalisme qui, « favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup de maux que nous dénonçons aujourd’hui ». Et le pape, dans cette lettre, de conclure de manière on ne peut plus claire : « Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toutes formes de cléricalisme. » Pourtant, d’autres voix, parmi lesquelles figurent des hauts prélats (tels que le cardinal Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi), refusent de s’inscrire dans ce schéma explicatif et font entendre une thèse alternative, il est vrai un peu provocatrice : selon eux, les abus sexuels dans l’Église seraient, dans une large part, la conséquence de la surreprésentation d’homosexuels dans le clergé, et l’Église aurait fait preuve d’une tolérance aveugle en laissant accéder à la prêtrise ou à l’état religieux des hommes faisant courir, en raison de leur orientation sexuelle, un risque élevé aux mineurs et aux jeunes majeurs.

    Pour tenter d’y voir plus clair dans le débat cléricalisme versus homosexualité, il convient plus que jamais d’avoir égard à la célèbre invitation de Charles Péguy : « Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. » Or, que voit-on justement sinon que la victime type d’un abus sexuel dans l’Église n’est pas à proprement parler un enfant, ce en quoi le terme de pédophilie souvent entendu est mal choisi, mais plutôt un adolescent, qui plus est de sexe masculin. Il suffit, pour s’en convaincre, de se référer à l’étude la plus précise jamais menée jusqu’alors sur les abus sexuels dans l’Église, celle du John Jay College of Criminal Justice de New York de 2004, portant sur les années 1950-2002. Or, cette étude a mis en évidence que, en ce qui concerne l’Église catholique aux États-Unis, les victimes étaient avant tout des mineurs pubères de 11 à 17 ans (81 %) et que, parmi cette dernière catégorie, la proportion selon le sexe s’établissait à 85 % de garçons et 15 % de filles. Ces chiffres, qui ont été peu ou prou confirmés par des études plus récentes conduites en Belgique (1) et en Allemagne (2), attirent d’autant plus l’attention qu’ils sont exactement l’inverse de ce qui est observé dans la société dans son ensemble, où les victimes sont, dans leur immense majorité, de sexe féminin (3).

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  • Sommet sur les abus sexuels au Vatican : de bonnes questions

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    Du site "Pro liturgia" :

    Au cours d’une conférence publiée par le « National Catholic Register » Mgr Carlo Viganò, ancien nonce aux Etats-Unis, a déclaré : « Bien que je prie pour le succès du sommet devant aborder la question des abus sexuels dans l’Eglise, différentes questions montrent qu’il n’y a pas vraiment de volonté de s’attaquer aux véritables causes de la situation actuelle. » 

    Mgr Viganò a ensuite précisé les « différentes questions » :

    « 1) Pourquoi la réunion se concentre-t-elle uniquement sur la maltraitance des mineurs ? Ces crimes sont certes les plus terribles, mais ce qui s’est passé aux Etats-Unis et au Chili, et qui a largement provoqué le sommet à venir, a pour objet la maltraitance de jeunes adultes, y compris de séminaristes, et pas seulement des mineurs. Or, presque rien n’a été dit sur l’inconduite sexuelle chez les adultes, qui est en elle-même un grave abus d’autorité pastorale, que la relation soit ou non « consentie ».

    2) Pourquoi le mot « homosexualité » n’apparaît-il jamais dans les derniers documents officiels du Saint-Siège ? Bien que la plupart des homosexuels ne soient en aucun cas des “abuseurs”, il est un fait que la grande majorité des victimes d’abus commis par des religieux homosexuels sont des adolescents et des post-adolescents. Croire que pour condamner les abus il suffit d’affirmer qu’on a de la compassion pour les victimes relève de l’hypocrisie. Une revitalisation spirituelle du clergé est certes nécessaire, mais elle ne sera inefficace tant que la question de l’homosexualité n’est pas franchement abordée.

    3) Pourquoi le pape François garde-t-il des homosexuels notoires parmi ses proches collaborateurs, voire les nomme-t-il lui-même à ses côtés ? Pourquoi a-t-il refusé de répondre à des questions légitimes et sincères sur cette question ? Sa réelle volonté de réformer la Curie et de lutter contre la corruption risque de lui faire perdre toute sa crédibilité. »

    Et Mgr Viganò de conclure : « J’ai demandé au Saint-Père de reprendre les engagements qu’il avait lui-même pris lorsqu’il a pris ses fonctions de successeur de Pierre. J’ai souligné qu’il s’était donné pour mission de renforcer ses frères et de guider toutes les âmes à suivre le Christ sur le chemin de la croix. Je l’ai mis au défi - et maintenant je le prie à nouveau - de dire la vérité, de se repentir, de montrer sa volonté de suivre la mission confiée à Pierre de confirmer ses frères dans la foi (Lc 22, 32).

    Je prie pour que les évêques rassemblés à Rome se souviennent du Saint-Esprit qu’ils ont donné aux prêtres par imposition des mains et pour qu’ils s’acquittent de leur responsabilité en faisant pression pour que les questions posées ci-dessus puissent avoir des réponses claires. Je prie pour qu’ils ne rentrent pas dans leurs pays sans des réponses adéquates à ces questions ; car sans ces réponses, ils abandonneraient leurs troupeaux aux loups et infligeraient des conséquences terribles à l’ensemble de l’Eglise.

    Je garde espoir car je sais que le Seigneur n’abandonnera jamais son Eglise. »

  • "Sodoma" : une bombe ?

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    “Sodoma”, de Frédéric Martel : un livre de combat contre la tradition de l'Eglise 
    et ses défenseurs comme le cardinal Burke

    “Sodoma”, de Frédéric Martel : un livre de combat contre la tradition de l'Eglise <br>et ses défenseurs comme le cardinal Burke

    Le 21 février prochain, jour de l'ouverture du sommet sur les abus sexuels, le livre du journaliste Frédéric Martel sera disponible en librairie. Le titre est évocateur : Sodoma. Fruit selon son auteur, de quatre ans d'enquête, le brûlot mettrait à jour l'omniprésence des homosexuels au sein du Vatican. Jeanne Smits a publié sur son blog un article qui soulève beaucoup de questions autant sur les réelles motivations de Frédéric Martel, que sur la qualité de ses recherches. Nous mettons l'article à votre disposition : 

    Tout ce qui est excessif est insignifiant, disait Talleyrand. Ce sont les premiers mots qui viennent à l'esprit lorsqu'on lit les « bonnes feuilles » de Sodoma (pas besoin de vous faire un dessin), le livre à paraître du militant homosexuel Frédéric Martel. Oui, insignifiant comme les mensonges de celui qui est « père du mensonge », insignifiant comme ce qui procède par insinuation, suggestion, fabrication d'images, rumeurs, ouï-dire, insignifiant comme la grosse artillerie que l'on sort pour détourner l’attention d’un problème précis en essayant de détruire, en même temps, celui qui le pose.

    L'idée force de Sodoma tient en quelques lignes : le Vatican est le plus vaste club « gay » au monde, car 80 % de ses clercs – prélats, cardinaux, monsignore y compris – sont homosexuels, actifs ou refoulés. Et même, insinue-t-il, trois papes récents : Pie XII, Jean XXIII et Paul VI… Et comme c’est un secret maladivement gardé, c’est cette « culture du secret » qui explique le choix de « couvrir » les prêtres pédophiles au cours de ces dernières décennies – la crainte de se faire soi-même « outer ».

    Mais outre que cela apparaît comme une exagération délibérée, il s’agit avant tout d’une charge massive contre tout ce qu’il y a de traditionnel dans l’Eglise : notamment sa doctrine morale, sa liturgie de jadis, ses interdits sexuels, « l’hypocrisie » et la « double vie » des opposants conservateurs au pape François. Tout cela ne s’expliquerait que par un seul biais : l’homosexualité active ou refoulée, forcément cachée, de ses prêtres, évêques, cardinaux, papes qui font partie d’une société essentiellement homosexuelle dont les décisions ont été, au bout du compte, dictées par cette situation. On n’en finirait pas de donner des exemples de ces analyses psychologiques de comptoir qui émaillent le livre de Martel.

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  • Abus sexuels cléricaux : le point de vue de Jean-Marie Guénois interviewé par le mensuel « La Nef »

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    Tous les présidents de conférences épiscopales du monde sont convoqués à Rome, du 21 au 24 février, pour réfléchir avec le pape et les responsables de la Curie, à la prévention des abus sur les mineurs et les adultes vulnérables. Vers un enfumage ou une réaction salutaire ? Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef du Figaro, responsable des affaires religieuses, est interrogé dans La Nef à propos des scandales d’abus sexuels qui souillent l’Eglise. Extrait publié par le site web « Salon beige » :

    «Comment analysez-vous le fait que le pape n’ait pas répondu ou fait répondre aux graves accusations de Mgr Vigano comme le souhaitaient nombre d’évêques américains ?

    L’épiscopat américain, comme l’épiscopat africain, figurent parmi les épiscopats les moins en phase avec l’actuel pontificat. Cela dit, l’Église reste l’Église. La foi catholique n’est pas ici en jeu. Il s’agit d’opinions sur des orientations pastorales qui peuvent avoir de lourdes conséquences.

    L’affaire Vigano est d’un tout autre ordre. Si Mgr Vigano a ruiné sa crédibilité en demandant la démission du pape, ce n’est pas pour autant un hurluberlu. Vigano est celui qui, sous Benoît XVI, avait déjà osé dénoncer les compromissions financières au sein du Vatican. Il était en charge du gouvernorat de la cité du Vatican, il savait tout. Sa dénonciation adressée à Benoît XVI s’était retrouvée dans la presse en raison des fuites de documents de l’affaire Vatileaks. Ce n’est pas Vigano qui les avait provoquées. C’est donc un homme à la réputation de rigidité et de droiture. Par devoir de « conscience », il vient de sacrifier sa carrière et sa réputation pour dénoncer la prégnance de l’homosexualité dans certains milieux ecclésiaux et les réseaux de pouvoirs de ce genre dans l’Église. Il a été attaqué comme personne, mais personne n’a pu contester le fond de ses propos.

    Le pape, par ailleurs, ne pouvait répondre à quelqu’un qui demandait publiquement sa démission. Enfin sur la question « homosexuelle » tout le monde sait que ce n’est pas un sujet hors de propos. Au printemps 2017, Mgr Luigi Capozzi, secrétaire du cardinal Coccopalmerio, président du Conseil pour les textes législatifs, fut arrêté par la gendarmerie Vatican dans son appartement au deuxième étage du palais de la Doctrine de la foi lors d’une partie fine homosexuelle avec de la drogue… Autre fait retentissant, la démission de Mgr Krzysztof Charamsa, en octobre 2015, veille du synode sur la famille, pour proclamer son homosexualité. Il était secrétaire adjoint de la Commission théologique internationale, basée au Vatican. L’affaire de Mgr Ricca, l’un des hommes de confiance du pape François à qui il a confié de superviser indirectement les finances du Saint-Siège est également indéniable. C’est en répondant à une question à son propos, car un scandale homosexuel le concernant était connu, dans l’avion du retour des premières JMJ de François au Brésil, que le pape a prononcé la fameuse phrase « qui suis-je pour juger ? » Il faudrait ajouter en 2018, l’affaire Barros au Chili, l’affaire du cardinal McCarrick aux États-Unis, l’affaire de Mgr Pineda au Honduras qui fut auxiliaire du cardinal Maradiaga, conseiller de François. Et celle qui vient de rebondir avec l’argentin Mgr Zanchettaqui touche très directement le pape qui l’a promu à Rome. Toutes sont des questions d’homosexualité. Il ne s’agit pas de « juger » quiconque comme dit le pape mais les accusations de Vigano ne sont pas des lubies.

    À l’occasion de l’affaire Vigano, certains ont évoqué un « complot » du catholicisme conservateur américain pour déstabiliser le pape François : qu’en pensez-vous ?

    Il n’est pas faux que des groupes conservateurs américains catholiques s’emploient dans une vision très « Far West » à déstabiliser le pape. Il n’est pas faux que Mgr Vigano y a des amis et des appuis. Il n’est pas faux qu’il a fait relire sa lettre par Marco Tossati – un des grands vaticanistes de la Stampa à l’époque de Jean-Paul II – aujourd’hui publiquement anti-François. Ce qui a nourri – après une première salve d’accusations diffamantes sur la personne de Vigano – la seconde ligne de défense pour contre-attaquer les révélations de sa lettre : on l’a alors accusé d’être aux mains de lobbies ennemis du pape François. Mais c’est oublier que Vigano n’est pas un prêtre du fond des Pouilles. Il a occupé la plus haute charge de gestion interne du Vatican, il a occupé le plus haut poste diplomatique, celui de Washington. Son objection de conscience vient donc de loin : il l’avait exprimée, sous Benoît XVI, contre les malversations financières dans la gestion des finances du Vatican profitant à des entreprises amies avec des « commissions », en liquide ; il l’a exprimé, sous François, contre le cardinal McCarrick, ancien archevêque de Washington qui a reconnu avoir couché avec ses… séminaristes, symbole donc des réseaux homosexuels dans l’Église. On dit Vigano rigide et ambitieux. On devrait aussi reconnaître son courage et sa conscience. Même si ce prélat a manqué de prudence en demandant au pape sa démission… »

    Ref. Personne n’a pu contester le fond des propos de Mgr Vigano 

    JPSC

  • Retour des JMJ : le journal parlé du pape François lors du vol de nuit entre Panama et Rome

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    De Jean-Marie Guénois sur le site web du « Figaro » :

     « Dans l'avion qui l'a conduit de Panama à Rome dans la nuit de dimanche à lundi, le pape François a donné une conférence de presse où il a confirmé sa pensée sur plusieurs points d'actualité dont celui du mariage des prêtres »

     «Personnellement je pense que le célibat est un don pour l'Église». C'est donc un «non» ferme qu'il a opposé à l'éventualité d'autoriser le mariage des prêtres dans l'Église catholique latine: «Je ne le ferai pas, que cela reste clair. Je peux sembler peut-être fermé là-dessus mais je ne me sens pas de me présenter devant Dieu avec cette décision.» Pour bien affirmer sa détermination, François a même cité cette phrase de saint Paul VI: «Je préfère donner ma vie que de changer la loi du célibat». De même, il n'est pas question de mettre en place un système de «célibat optionnel» où le séminariste pourrait choisir son mode de vie, mariage ou célibat: «Je ne suis pas d'accord» a prévenu François.

    En revanche le pape jésuite s'est dit ouvert à une certaine évolution «pour permettre quelques possibilités» qui seraient réservées «à des endroits très éloignés» - comme les «îles du Pacifique» ou «l'Amazonie», selon des «nécessités pastorales». Et François de détailler: «On pourrait ordonner un homme âgé, marié, pour qu'il puisse célébrer la messe, administrer le sacrement de réconciliation et donner l'onction des malades». Cela signifierait, a encore expliqué le Pape, que «l'évêque donnerait seulement le «munus sanctificandi» [ qui est une des trois parts du pouvoir sacerdotal ndlr ], à ce type de prêtre alors que «l'ordination sacerdotale accorde les trois munera: crescendi, celui qui commande le pasteur ; docendi, celui qui enseigne et sanctificandi, celui qui sanctifie par les sacrements.

    Mais, a encore prévenu le Pape: «Je ne dis pas qu'il faut faire comme cela car je n'ai pas encore réfléchi, je n'ai pas suffisamment prié à ce sujet et les théologiens doivent l'étudier et en discuter» mais «je crois que la question doit rester ouverte, pour les endroits où l'on rencontre ce problème pastoral du manque de prêtre».

    Il a aussi précisé «ce n'est pas ma décision» mais «cela nous a été donné dans l'histoire de l'Église. C'est donc une chose à étudier, à repenser et à prier» mais les théologiens - le Père Lobinger a écrit «un livre intéressant» à ce sujet - réfléchissent actuellement à ce principe: «l'Église fait eucharistie et que l'eucharistie fait l'Église». Autrement dit: il faut bien des prêtres pour consacrer l'eucharistie sans quoi l'Église disparaît.

    Ce n'est pas la première fois que François évoque ses positions à ce sujet mais cette mise au point est importante puisqu'il a convoqué pour octobre 2019 un synode sur l'Amazonie où cette mesure pourrait être adoptée. « Certains évêques ne comprennent pas encore bien et ne savent pas quoi faire »

    *

     « L'autre sujet sensible que François a abordé fut celui de la réunion des conférences épiscopales qu'il a convoquées à Rome, à la fin du mois de février pour coordonner, sur un plan mondial, la lutte dans l'Église contre la minorité de prêtres pédophiles. «Il ne faut pas surestimer l'attente» quant aux résultats de cette réunion, a-t-il encore prévenu car «le problème des abus continuera» et pas «seulement dans l'Église» mais aussi «dans les familles» où «la honte» fait que tout reste «couvert». Il a aussi espéré que «la prise de conscience dans l'Église» puisse contribuer «à la prise de conscience dans la société».

    Pour ce qui du sommet au Vatican: «Ce sera une sorte de catéchèse» pour les présidents de conférences épiscopales parce que «certains évêques ne comprennent pas encore bien et ne savent pas quoi faire». La réunion se déroulera donc en trois directions: «la prise de conscience du drame» avec des témoignages notamment, l'étude de «la procédure» pour que les évêques sachent exactement «quoi faire» et enfin l'établissement de «programmes plus généraux» pour toute la chaîne hiérarchique, de l'évêque au président de conférence épiscopale. Le pape a conclu: «On priera» et il y aura des «liturgies pénitentielles pour demander pardon pour toute l'Église».

    *

    François a aussi évoqué la question de l'impact de l'avortement sur les femmes: «Le message de la miséricorde est pour tous, y compris pour la personne humaine qui est en gestation» et pour les femmes qui ont «fait cette chute. Il y a la miséricorde pour elles». Mais, a-t-il précisé, «la miséricorde est difficile car le problème n'est pas de donner le pardon: le problème est d'accompagner une femme qui a pris conscience d'avoir avorté. Ce sont des drames terribles». Et François d'évoquer la souffrance des femmes qui ont avorté: “Quand une femme pense à ce qu'elle a fait... je dis ici la vérité... Il faut être là au confessionnal [pour le réaliser ndlr]. Tout ce qu'on peut y faire, c'est de donner la consolation et de ne rien dire». D'où sa décision pastorale: «C'est pour cela que j'ai ouvert la possibilité d'absoudre l'avortement par miséricorde.» Et d'ajouter ce conseil: «Je conseille souvent, quand elles pleurent: ‘Ton enfant est au ciel: parle-lui, chante-lui les berceuses que tu n'as pas pu lui chanter'». Ainsi, «faut-il trouver une voie de réconciliation de la mère pour son enfant. Avec Dieu, c'est déjà fait. Dieu pardonne. Dieu pardonne toujours. Mais, la miséricorde est aussi pour elle et il faut travailler à cela. Le drame de l'avortement pour bien le comprendre, il faut être au confessionnal. C'est terrible”.

    *

    Le Pape a aussi été interrogé sur les cours d'éducation sexuelle qui font débat au Panama: «Il faut donner une éducation sexuelle. Le sexe est un don de Dieu. (...) c'est le don de Dieu pour aimer. Mais il faut donner une éducation sexuelle objective, comme les choses sont, sans colonisations idéologiques. Le sexe comme don de Dieu doit être éduqué, sans rigidité. Éduquer revient à faire sortir le meilleur de la personne, l'accompagner sur le chemin.”

    *

    Interrogé enfin sur la crise du Venezuela, le pape s'est montré très prudent: «Je soutiens tout le peuple vénézuélien” a-t-il lancé. “Un peuple qui est en train de souffrir, que ce soit d'un côté ou de l'autre, tout le peuple souffre.” Quant à l'action, il a rappelé que ce n'était pas son rôle: “Si je commençais à dire, ‘faites ceci' ou ‘faites cela', je me placerais dans un rôle qui ne me revient pas. Ce serait une imprudence pastorale de ma part. Je ferais du mal.” D'où son appel renouvelé à une “solution juste et pacifique” car “le sang n'est pas la solution”, laissant toutefois entendre la disponibilité de l'Église si le pays avait “besoin d'aide” pour travailler à un “accord commun”.

    *

    Interrogé, pour conclure, sur la fermeture d'un centre d'accueil de migrants en Italie où des enfants étaient scolarisés, le Pape a redit sa position sur ce sujet, mais en insistant sur sa “complexité” et la nécessité d'avoir de la “mémoire” car dans certains pays “comme les États-Unis, tous sont des immigrés”. Il a donc redit les principes: «recevoir le cœur ouvert, accueillir, accompagner, et faire croître pour intégrer», mais il a «aussi» noté, avec la même force, que «les gouvernements doivent faire preuve de prudence parce que la prudence est la vertu de ceux qui gouvernent». Ils se trouvent face à une «équation difficile» comme l'a montré l'exemple de “la Suède” qui a dû restreindre les flux d'entrée de migrants: «C'est la prudence du gouvernement» et «il faut penser avec réalisme». Le pape François a enfin pointé une autre face du problème, qu'il avait peu abordé jusque-là: «résoudre le problème de l'immigration revient aussi à aider le pays d'où ils proviennent, chassés par la faim ou par la guerre. Investir là où il y a la faim, l'Europe est capable de le faire». C'est donc «un problème complexe dont nous devons parler, sans a priori, en tenant compte de tous ces éléments”.

    Ref. Le Pape dit non au mariage des prêtres

    Ce titre de l’article du Figaro prête à confusion. Une chose est d’ordonner prêtres des hommes mariés, une autre de permettre aux prêtres de se marier. La seconde hypothèse n’a jamais été envisagée, et pour la première le pape dit devoir encore mûrir l'idée de confier à des hommes mariés un sacerdoce de seconde zone en quelque sorte:  « limité » à trois actes sacramentels: célébrer l’eucharistie, confesser et oindre les malades dans les lieux où l’on manque actuellement de prêtres au sens « plénier » du ministère sacerdotal. Une proposition plutôt bizarre formulée par un autre jésuite.  JPSC