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  • LITURGIE : entre modernisme et traditionalisme

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    De Denis Crouan  :

    LITURGIE : entre modernisme et traditionalisme

    À la suite d’un article de Mgr de Sinety, ancien vicaire général de Paris, qui revient sur la question liturgique liée au récent pèlerinage de la Pentecôte à Chartres, M. Jean-Pierre Maugendre, président de « Renaissance catholique » et pèlerin depuis la recréation de ce pèlerinage, pose quatre questions : 

    https://renaissancecatholique.fr/blog/reponse-a-mgr-de-sinety-et-quelques-autres-a-propos-du-pelerinage-de-chartres/ 

    1. Pourquoi cet ostracisme [il s’agit ici de celui de Mgr de Sinety] contre la liturgie romaine traditionnelle ? 
    1. Pourquoi ce refus de voir la réalité qui est l’engouement d’un public de plus en plus large et jeune pour la messe traditionnelle ?
    1. Pourquoi cette impossibilité de dresser un bilan, objectif et serein, de la réforme liturgique loin des incantations et des arguments d’autorité ?
    1. Pourquoi est-il impossible de débattre de la continuité, ou de la rupture, entre la réforme liturgique bugninienne de 1969 et la constitution conciliaire sur la liturgie Sacrosanctum Concilium ?

    Avant d’aborder la question de fond, il convient de répondre à M. Maugendre qui - ce n’est lui faire insulte que de le dire - ne semble pas avoir de grande connaissance en liturgie. 

    Répondons à la première question de M. Maugendre par une autre question : qu’appelle-t-il « liturgie romaine traditionnelle » ? Ou, si l’on préfère, qu’est-ce qui peut faire qu’une liturgie romaine n’est pas « traditionnelle » ? Au cours de ses vingt siècles d’existence, la liturgie romaine a été célébrée de différentes manières sans que se pose la question de sa « traditionalité ». La liturgie romaine que M. Maugendre - et d’autres avec lui - qualifie de « traditionnelle » n’a été célébrée comme on la voit aujourd’hui que durant un temps relativement court : grosso modo, un siècle ; depuis sa redécouverte par Dom Guéranger (XIX° s) - avec les défauts qu’y trouvaient aussi bien le restaurateur de la vie bénédictine en France que le pape saint Pie X - jusqu’à Vatican II. Quant au chant grégorien qui est le « chant propre de la liturgie romaine », nous dit Vatican II, il ne fut rétabli que progressivement à partir de la fin du XIXe siècle : saint Pie V lui-même l’ignorait... 

    La deuxième question que pose M. Maugendre se rapporte à l’engouement des jeunes pour la messe « traditionnelle ». On peut dire sans risque de se tromper que M. Maugendre fait une erreur d’appréciation : l’engouement des jeunes porte sur une façon « traditionnelle » de célébrer la liturgie. En fait, ce dont les jeunes ne veulent plus, ce sont les célébrations bricolées qui faisaient les délices de leurs parents et grands-parents. Mais la liturgie restaurée à la suite de Vatican II attire tout autant les jeunes, dès lors qu’elle est célébrée de façon « traditionnelle », c’est-à-dire avec la dignité, l’application, le respect des rites, la place donnée au chant grégorien, l’orientation de la prière... Bref, avec tout ce que le clergé soixante-huitard a supprimé au nom, disait-il, de Vatican II. Partout où la liturgie dite « conciliaire » est célébrée de façon « traditionnelle », les églises attirent des jeunes et les vocations refleurissent : tous les prêtres qui font l’expérience de célébrer ainsi la liturgie - c’est-à-dire comme le demande le Concile - peuvent en témoigner. Et dans ces églises, les demandes de fidèles pour la messe « anté-conciliaire » se raréfient jusqu’à disparaître. 

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  • Le pape va subir une opération chirurgicale à risque

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    De kath.net/news :

    Le pape François est à l'hôpital pour une opération

    7 juin 2023

    Bureau de presse du Vatican : Le pape subira cet après-midi, sous anesthésie générale, une laparotomie et une opération de chirurgie plastique de la paroi abdominale avec prothèse.

    Vatican (kath.net/pl) "A la fin de l'audience générale, le Saint-Père s'est rendu à l'hôpital universitaire A. Gemelli où il subira en début d'après-midi, sous anesthésie générale, une laparotomie et une opération de chirurgie plastique de la paroi abdominale avec prothèse". C'est ce qu'informe ce matin le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni. Il poursuit : "L'opération, qui a été coordonnée ces derniers jours par l'équipe médicale qui assiste le Saint-Père, a été rendue nécessaire en raison d'une laparocèle incarcérée, qui provoque des syndromes sous-occlusifs récurrents, douloureux et qui s'aggravent. Le séjour dans l'établissement de santé durera plusieurs jours afin de permettre une évolution postopératoire normale et une récupération fonctionnelle complète".

    De plus amples détails sur l'opération intestinale du pape prévue pour mercredi après-midi ont été communiqués mercredi par le bureau de presse du Vatican. Comme l'a indiqué le porte-parole du Vatican Matteo Bruni dans la matinée, l'homme de 86 ans doit d'abord se soumettre à une anesthésie générale à la clinique Gemelli de Rome. Une ouverture de la paroi abdominale est ensuite prévue, avec une intervention sur l'intestin et la mise en place d'une prothèse, a-t-il ajouté. L'opération aurait été décidée "au cours des derniers jours" par l'équipe médicale du pape. Elle aurait été rendue nécessaire par les symptômes récurrents, douloureux et aggravants d'une occlusion intestinale dont souffrait le patient. La cause en serait une hernie cicatricielle coincée. Après l'intervention, une hospitalisation post-opératoire de plusieurs jours est prévue. L'intervention est considérée comme risquée, surtout en raison de l'anesthésie générale prévue. Le pape lui-même avait fait état de complications après une anesthésie générale en 2021, en lien avec sa première opération de l'intestin.

    Le cardinal Parolin commente (ici) : "nous espérons qu'il reprendra bientôt l'exercice de son ministère".

    " Nous espérons qu'il reviendra bientôt à l'exercice de son ministère ". C'est le souhait pour le Pape admis à l'hôpital Gemelli, exprimé par le Card. Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, en marge de l'inauguration du nouveau Centre des pèlerins. "Nous le suivons avec notre affection", a déclaré le cardinal aux journalistes : "Nous prions et espérons que tout puisse être résolu le plus rapidement possible et qu'il puisse reprendre l'exercice de son ministère". Interrogé plus précisément sur l'état de santé du Pape et sur l'ampleur de l'intervention chirurgicale, le cardinal a répondu : "Je ne sais pas quoi dire. Vous avez lu le communiqué, qui utilise des expressions très techniques. Je n'ai pas d'éléments ni dans un sens ni dans l'autre". Quant à la possibilité que le séjour à Gemelli entraîne une sorte de "transfert de pouvoirs" pour le pape, Mgr Parolin l'a catégoriquement exclue : "Il n'y aura absolument aucun transfert de pouvoirs. Le Saint-Père restera à l'hôpital le temps nécessaire à l'opération et reprendra ensuite son activité, même depuis son lit, au service de l'Eglise. S'il y a des choses urgentes, nous les prendrons là-bas".

  • Euthanasie et « gender » : l’Église catholique s’entend mieux avec la communauté juive qu’en son propre sein

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be) :

    Sur l’euthanasie et le « gender », l’Église catholique s’entend mieux avec les Juifs qu’en son propre sein

    On n’en a presque pas parlé mais la déclaration conjointe de l’Église catholique et du Grand rabbinat d’Israël émise en mai à Jérusalem sur « ce qui est interdit, autorisé, obligatoire » avec les malades en fin de vie a confirmé que les deux traditions religieuses continuent à être solidaires dans leur souci de demeurer fermes contre l’euthanasie.

    À l’époque actuelle, il en faut du courage pour soutenir que « tout ce qui est techniquement réalisable n’est pas forcément éthique ». La pression de la culture dominante pour abattre toute résistance est très forte. Et pourtant, aucune des deux parties n’a fait mine de vouloir infléchir le moins du monde ses précédentes prises de position, y compris celle qui avait été définie comme « historique » en 2019 « des trois religions abrahamiques », islam y compris, contre « l’euthanasie active et le suicide médicalement assisté ».

    Les délégations qui ont signé en mai dernier la déclaration conjointe étaient présidées, côté catholique, par le cardinal Kurt Koch et, côté juif, par le grand rabbin Rasson Arussi.

    Le principe fondamental qui impose le refus de l’euthanasie est pour les deux parties la référence à Dieu « créateur et seigneur de toute vie », créée « selon l’image divine » et donc non susceptible d’être soumise, en ce qui concerne sa valeur et sa durée, à la domination de quelque personne ou groupe humain que ce soit.

    En revanche, découle de ce même principe fondamental « l’importance des soins palliatifs et de déployer tous les efforts possibles pour soulager la douleur et les souffrances ».

    La déclaration donne également l’information qu’à Jérusalem, « les délégations ont été reçues par le directeur général de l’hôpital Shaare Zedeq, où ils ont pu constater les modalités de traitement des malades en fin de vie, en conformité avec les principes énoncés ci-dessus ».

    Mais il reste à voir à quel point tout cela est effectivement partagé, aussi bien dans le monde juif que dans l’Église catholique.

    *

    En effet, au sein de l’Église, la prise de position en faveur d’une loi pro-euthanasie débattue au parlement italien, exprimée en janvier 2022 par le théologien moraliste jésuite Carlo Casalone dans « La Civiltà Cattolica », la revue des jésuites de Rome publiée moyennant le contrôle ligne par ligne du Pape et de la secrétairerie d’État, a laissé des traces.

    Dans cet article, Casalone reconnaissait que oui, la loi en débat s’écartait du magistère de l’Église catholique sur « l’illicéité du suicide assisté », mais poursuivait en soutenant – et citant le Pape François pour étayer ses dires – que « l’évaluation d’une loi de l’État exige de considérer un ensemble complexe d’éléments en faveur du bien commun » et concluait que, pour prévenir des lois encore pires, il valait mieux approuver la loi en discussion qui, à ses yeux, « ne s’opposait pas à une recherche responsable du bien commun possible ».

    Il va sans dire que quelques semaines plus tard, le 9 février 2022, dans une audience générale du mercredi dédiée à saint Joseph, « patron de la bonne mort », le Pape François s’est exprimé publiquement avec des paroles très nettes contre le suicide assisté et les autres formes d’euthanasie, réfutant les thèses de « La Civiltà Cattolica », tout en évitant de la citer.

    Et il faut ajouter que même la revue « Il Regno », qui est le porte-parole autorisé de l’aile progressiste de l’Église italienne, s’est opposée sans concession, par la plume du juriste Luciano Eusebi, à la loi débattue au parlement italien.

    Mais tout cela n’enlève rien au fait que l’euthanasie soit malgré tout devenue, à différents niveaux de l’Église catholique, une question controversée, avec diverses prises de positions, pour ou contre, en guise de matière à débat.

    Exactement comme cela est en train de se passer, sous des formes encore plus décomplexées, sur d’autres questions de morale catholique. Par exemple, dernièrement, sur l’encyclique de Paul VI « Humanae vitae » et sa condamnation de la contraception artificielle, qui a vu s’opposer d’un côté, en défense de l’encyclique, le cardinal Luis Francisco Ladaria, Préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, et de l’autre, en faveur d’une relecture très évolutive de cette même encyclique, le président de l’Académie pontificale pour la Vie, Vincenzo Paglia, rejoint à son tour par le cardinal Matteo Zuppi, moins catégorique que lui mais tout aussi ouvert à des variations.

    *

    Bref, sur certaines questions, les positions classiques de l’Église catholique en matière de morale trouvent davantage de consensus chez les Juifs que chez nous, comme on a pu le voir dans le cas de l’euthanasie.

    Cela est d’ailleurs confirmé par ce que déclarait le Pape Benoît XVI dans son discours avant Noël à la Curie romaine du 21 décembre 2012, le dernier de son pontificat.

    Pour mener une critique de fond aussi bien sur les attaques actuelles contre la famille que sur le « gender » en tant que « nouvelle philosophie de la sexualité », Benoît n’a rien trouvé de mieux que de citer, pour appuyer ses dires, le grand rabbin de France, Gilles Bernheim.

    Voici donc ce qu’avait déclaré, mot pour mot, le Pape Joseph Ratzinger à cette occasion :

    « Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, dans un traité soigneusement documenté et profondément touchant, a montré que l’atteinte à l’authentique forme de la famille, constituée d’un père, d’une mère et d’un enfant – une atteinte à laquelle nous nous trouvons exposés aujourd’hui – parvient à une dimension encore plus profonde. Si jusqu’ici nous avons vu comme cause de la crise de la famille un malentendu sur l’essence de la liberté humaine, il devient clair maintenant qu’ici est en jeu la vision de l’être même, de ce que signifie en réalité le fait d’être une personne humaine.

    Il cite l’affirmation devenue célèbre, de Simone de Beauvoir : ‘On ne naît pas femme, on le devient’. Dans ces paroles se trouve le fondement de ce qui aujourd’hui, sous le mot ‘gender’, est présenté comme une nouvelle philosophie de la sexualité. Le sexe, selon cette philosophie, n’est plus un donné d’origine de la nature, un donné que l’être humain doit accepter et remplir personnellement de sens, mais c’est un rôle social dont on décide de manière autonome, alors que jusqu’ici c’était à la société d’en décider. La profonde fausseté de cette théorie et de la révolution anthropologique qui y est sous-jacente, est évidente. L’être humain conteste d’avoir une nature préparée à l’avance de sa corporéité, qui caractérise son être de personne. Il nie sa nature et décide qu’elle ne lui est pas donnée comme un fait préparé à l’avance, mais que c’est lui-même qui se la crée.

    Selon le récit biblique de la création, il appartient à l’essence de la créature humaine d’avoir été créée par Dieu comme homme et comme femme. Cette dualité est essentielle pour le fait d’être une personne humaine, telle que Dieu l’a donnée. Justement, cette dualité comme donné de départ est contestée. Ce qui se lit dans le récit de la création n’est plus valable : ‘Homme et femme il les créa’ (Gn 1, 27). Non, maintenant ce qui vaut c’est que ce n’est pas lui qui les a créés homme et femme, mais c’est la société qui l’a déterminé jusqu’ici et maintenant c’est nous-mêmes qui décidons de cela. Homme et femme n’existent plus comme réalité de la création, comme nature de l’être humain. Celui-ci conteste sa propre nature. Il est désormais seulement esprit et volonté.

    La manipulation de la nature, qu’aujourd’hui nous déplorons pour ce qui concerne l’environnement, devient ici le choix fondamental de l’homme à l’égard de lui-même. L’être humain désormais existe seulement dans l’abstrait, qui ensuite, de façon autonome, choisit pour soi quelque chose comme sa nature. L’homme et la femme sont contestés dans leur exigence qui provient de la création, étant des formes complémentaires de la personne humaine. Cependant, si la dualité d’homme et de femme n’existe pas comme donné de la création, alors la famille n’existe pas non plus comme réalité établie à l’avance par la création. Mais en ce cas aussi l’enfant a perdu la place qui lui revenait jusqu’à maintenant et la dignité particulière qui lui est propre.

    Bernheim montre comment, de sujet juridique indépendant en soi, il devient maintenant nécessairement un objet, auquel on a droit et que, comme objet d’un droit, on peut se procurer. Là où la liberté du faire devient la liberté de se faire soi-même, on parvient nécessairement à nier le Créateur lui-même, et enfin par là, l’homme même – comme créature de Dieu, comme image de Dieu – est dégradé dans l’essence de son être. Dans la lutte pour la famille, l’être humain lui-même est en jeu. Et il devient évident que là où Dieu est nié, la dignité de l’être humain se dissout aussi. Celui qui défend Dieu, défend l’être humain ! »

    *

    Vie, famille et sexe ne sont pas des questions marginales dans la vie de l’Église. La désorientation qui l’a envahie doit beaucoup à la cacophonie ambiante sur ces sujets.

    Josef Seifert, un philosophe autrichien catholique réputé qui a fondé en 2017 une « Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille », parallèle à l’Académie pontificale pour la vie pilotée par Paglia, se dit très préoccupé par cette dérive de l’Église catholique et par le silence par lequel même ceux qui devraient parler restent sans réaction. Les quatre cardinaux des fameux « dubia » auront été les derniers, dit-il, « à avoir parlé avec clarté contre de telles erreurs et contre l’obscurcissement de l’enseignement catholique ».

    Et pour que ce silence soit brisé, il a envoyé au printemps dernier une lettre-appel à tous les cardinaux. Confiant que Dieu puisse susciter en eux, ou à tout le moins en certain d’entre eux, « le don du saint courage ».

  • Faut-il s’inquiéter de la crise dans l’Église ?

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    De Javier García Herrería sur didoc.be :

    Faut-il s’inquiéter de la crise dans l’Église ?

    2 juin 2023

    C’est à vous et à moi de semer dans la joie.

    Si vous pensez que l’Eglise traverse actuellement une crise si grave qu’elle ne s’en relèvera pas, je suis désolé de vous signaler qu’il y en a eu de pires. Par exemple, à l’époque de l’arianisme, 80 % des évêques étaient hérétiques. Si malgré tout vous pensez que la situation d’aujourd’hui est trop préoccupante, ne vous alarmez pas, c’est normal. Des saints aussi grands qu’Athanase ou Augustin sont morts en voyant un horizon très noir. Il est classique de croire que tout va très mal.

    En tout cas, on peut penser que la barque de Pierre — l’Église — risque de couler dans l’avenir, même si elle a survécu jusqu’à présent. C’est peut-être pour cela que Jésus-Christ a décidé de nous rassurer et a dit dans l’Évangile : « Je te le dis, tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » (Mt 16, 18). Ces paroles constituent la meilleure assurance-vie de l’histoire.

    La papauté et la saine doctrine ont survécu à de puissants ennemis, depuis les persécutions des empereurs romains jusqu’à Napoléon lui-même. L’anecdote est célèbre : un jour, l’empereur français a dit au cardinal Consalvi : « Je vais détruire votre Église. »

    Le cardinal répondit : « Non, vous ne le pourrez pas ! »

    Alors, Napoléon répéta furieux : « Je vais détruire votre Église ! ».

    On pourrait graver dans la pierre la réponse du cardinal : « Non, vous ne le pourrez pas, car même nous, nous n’avons pas été capables de le faire ! Si des milliers de ministres infidèles et de pécheurs n’ont pas réussi à la détruire de l’intérieur, comment pensez-vous pouvoir le faire de l’extérieur ? »

    On peut souffrir l’indicible en raison des problèmes de l’Église, mais on peut aussi s’inspirer de ce que répètent si souvent les psychologues et les psychiatres : « s’il y a des choses que tu ne peux pas changer, tu peux par contre décider dans une large mesure de la manière dont elles t’affectent ». L’esprit humain peut être quelque peu autodestructeur quand il se laisse obséder par certaines questions, en particulier celles qui vous importent. La situation de l’Église peut être l’une de ces questions, et je pense donc qu’il est bon de penser que Jésus-Christ a déjà accompli le salut du genre humain il y a vingt siècles.

    Il n’est pas nécessaire de sauver l’Église, il l’a déjà fait.

    Cela signifie que la partie est gagnée (même si vous devez la jouer et mouiller votre chemise sur cette terre). Ce qui n’a pas de sens, en revanche, c’est de perdre la paix alors que vous savez que vous allez gagner la partie à coup sûr.

    Vous pourrez perdre des batailles, mais pas la guerre.

    La scène évangélique de la tempête sur le lac de Génésareth se répète sans cesse. Les disciples angoissés réveillent Jésus-Christ, persuadés qu’ils vont périr. Le plus étonnant est la réponse de Jésus après avoir calmé la tempête : « Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas la foi ? » (Mc 4, 40). Quelle réponse ! J’aimerais bien avoir une photo montrant les visages perplexes des apôtres. Il n’est pas étonnant qu’ils n’aient pas oublié cette réponse et qu’ils l’aient immortalisée dans l’Évangile.

    Certains pourraient penser que si nous ne nous préoccupons pas de la situation de l’Église, nous courons le risque de sombrer dans la passivité, de sorte que, même si l’Église ne succombe pas, les maux qui l’affligent augmenteront et beaucoup d’âmes seront perdues. Il ne s’agit évidemment pas de cela. Il faut s’occuper — pas se préoccuper — de résoudre les problèmes de l’Église, avant tout par la prière et, dans la mesure du possible, par les œuvres.

    Je pense que le ton désespéré de beaucoup d’analyses de la situation de l’Église n’apporte rien et qu’il n’est pas très chrétien. La joie devrait être le patrimoine des croyants et nous en manquons souvent.

    Il y a beaucoup de choses très, très positives dans l’Église : depuis le travail social qu’elle accomplit jusqu’au grand nombre de vocations qui surgissent dans certaines de ses institutions. De plus, il n’y a jamais eu autant de laïcs, aussi bien formés, qui prient et reçoivent librement les sacrements avec autant d’assiduité. Et ils ne le font pas dans un contexte culturel chrétien, mais dans un contexte défavorable.

    Evidemment, si ce que l’on cherche, ce sont des signes évidents d’une future régénération complète de l’Église, je suis désolé de signaler que ce style commode et triomphaliste n’est pas typique de Dieu, même si les apôtres eux-mêmes ont trop souvent cru qu’ils verraient le triomphe humain du Christ.

    Pensez à la manière dont l’Esprit Saint a géré la crise postconciliaire. Si vous pensez que la limitation actuelle de la messe traditionnelle est très inquiétante, imaginez ce que cela a dû signifier pour les personnes pieuses de passer de l’ancien rite à celui que nous célébrons aujourd’hui. Les changements de cette réforme liturgique ont dû sembler à beaucoup comme un saut dans un abîme !

    Cependant, le temps a prouvé qu’il est possible de vivre pleinement la messe, même dans un autre rite. Même si de nombreuses nuances de la célébration — qu’il est bon de garder à l’esprit — se sont estompées, les chrétiens ont continué à se nourrir du fruit de l’Eucharistie (j’espère que vous comprenez ce que je veux dire : je pense que l’ancien rite est formidable et je ne prétends pas porter un jugement sur les mesures qui le limitent aujourd’hui).

    De plus, les opinions théologiques erratiques, sur le plan moral et pastoral, amplifiées par de nombreux médias, ont généré à juste titre un sentiment de défaitisme chez de nombreux croyants.

    Mais qu’a fait l’Esprit Saint pour faire avancer l’Église ? Il a appelé au siège de Pierre un certain Karol Wojtyla, que personne ne connaissait et qui ne figurait dans aucun pronostic.

    Et qu’est-ce que Dieu va faire maintenant pour améliorer la situation de l’Église ? Je n’en sais rien, mais j’imagine qu’essayer de le savoir doit faire rire les anges et les saints du ciel.

    Heureusement, nous n’avons pour rôle de deviner l’avenir. Il nous revient, à vous et à moi, de semer dans la joie, et non de chercher quelle partie de la récolte portera le plus de fruits. Après tout, si un humble tailleur a accompagné spirituellement Karol Wojtyla pour faire grandir sa vie intérieure et l’amener finalement au séminaire, alors n’importe quel chrétien peut être la cause dont Dieu se sert pour redresser l’Église.

    Il ne sert à rien de jouer aux devinettes. Les voies de Dieu sont impénétrables. Jésus-Christ le disait déjà à Nicodème qui lui demandait comment un homme pouvait naître de nouveau alors qu’il était vieux (une question assez logique, d’ailleurs) : « Le vent souffle où il veut : on entend sa voix, mais on ne sait ni d’où il vient, ni où il va. Il en est de même pour quiconque est né de l’Esprit. » (Jn 3, 8)

    Eh bien, vous et moi sentons le vent des choses positives dans l’Église, mais nous ne savons pas exactement comment Dieu guide l’histoire en réorientant les actions humaines. Alors, veillez à prier et à aider l’Église (en commençant par vos parents et connaissances, par votre paroisse) mais ne vous évertuez pas à faire des évaluations sombres de la situation : elles ne sont sûrement pas aussi vraies que vous le pensez et ne servent pas à résoudre quoi que ce soit.

    Javier García Herrería a été pendant 18 ans professeur de philosophie dans l’enseignement secondaire et se dédie depuis peu au journalisme. Source : https://www.exaudi.org/es/por-que-no-deben-preocuparte-las-crisis-de-la-iglesia/. Ce texte a été traduit de l’espagnol par Stéphane Seminckx.

  • Quel est le problème avec la messe de Paul VI  ?

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    Du blogue d'Emmanuel Di Rossetti :

    Quel est le problème avec la messe de Paul VI  ?

    Il y a maintenant plus de cinquante ans, l’Église catholique se dotait d’une nouvelle messe qui rompait d’une manière encore jamais vue avec la tradition de l’Ėglise. Les réformateurs n’avaient cependant pas prévu que la messe traditionnelle leur perdure. Ils étaient même persuadés du contraire. Et ils utilisèrent tous les moyens en leur possession pour arriver à leurs fins : la suppression de la messe romaine traditionnelle. Pourtant, force est de constater que cette messe continue d’attirer de nombreux fidèles, et parmi eux, des jeunes gens qui s’engagent, comme priants, comme séminaristes, à célébrer et à faire vivre cette forme du rite romain. Ces derniers sont souvent accusés d’être des fauteurs de trouble, des nostalgiques, des identitaires, et surtout, crime de lèse-majesté, d’être contre le Concile Vatican II, que l’on ne sépare plus de son propre esprit ; cet esprit du concile dont on se repaît sans jamais vraiment le qualifier, comme pour à peu près toutes les choses importantes. Dans l’Église comme ailleurs, les progressistes agissent en essentialisant leurs contradicteurs afin de les discréditer. La liturgie est le sommet et la source de la vie de l’Église comme le rappelle le dernier concile, et la liturgie est tradition. Pour dénouer la crise de la liturgie qu’elle porte en son sein, l’Église devra retisser les fils de la tradition abimée et blessée, même et surtout, si l’époque la presse de n’en rien faire.

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  • La principale cause du déclin de l’humanité est dans l’effondrement de la natalité

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    La Terre en voie de dépeuplement accéléré

    S’il est vrai qu’« il n’est de richesse que d’hommes » (Jean Bodin,1529-1596), la principale cause du déclin de l’humanité est dans l’effondrement de la natalité. Vous avez dit « effondrement » ? C’est le mot qu’emploie le démographe Gilles Pison, professeur émérite au Muséum national d’histoire naturelle et conseiller de la direction de l’Institut National d’Étude Démographique (INED), dans l’entretien qu’il a accordé à Atlantico (en lien ci-dessous). Certes, explique-t-il, la population mondiale continue d’augmenter, mais cette croissance diminue d’année en année. Le ralentissement est tel que ce n’est pas la surpopulation qui menace l’avenir de l’humanité mais la dépopulation. Elle constitue « une nouvelle révolution démographique que personne n’attendait si tôt »

    Il y a deux siècles, explique Gilles Pison, les femmes mettaient au monde, en moyenne sur l’ensemble de la planète, cinq à six enfants dont près des deux tiers mourraient en bas âge. Toujours en moyenne, deux devenaient adultes et engendraient. Il en résultait un certain équilibre permettant une très lente augmentation de la population mondiale, jusqu’à un milliard d’humains vers 1800. Puis, sous l’effet de l'amélioration rapide de l’hygiène et de l’alimentation, le monde est entré en « transition démographique ». La mortalité se mettant à baisser, notamment chez les nouveaux nés, les limitations volontaires des naissances ont commencé à se pratiquer à grande échelle, d’abord en Europe et en Amérique du Nord, puis sur les autres continents, dans la mesure où ils bénéficiaient à leur tour des progrès économiques et sanitaires. Ceux-ci ont néanmoins permis une puissante poussée démographique jusqu’à nos jours : d’après les Nations Unies, le seuil de huit milliards d’habitants a été franchi en novembre 2022. On enregistre actuellement deux fois plus de naissances que de décès et la croissance démographique mondiale qui en résulte devrait se poursuivre pendant quelques décennies.

    Mais déjà, les démographes voient poindre la fin de cette puissante croissance. Tel un gros navire poursuivant sur sa lancée mais en ralentissant progressivement, la population mondiale devrait culminer à dix milliards d’habitants sur Terre à la fin du siècle. Puis, elle entamera son déclin. Le nombre annuel de naissances qui tourne actuellement autour de 130 à 140 millions à l’échelle mondiale, devrait tomber à 110 millions à la fin du siècle.

    Déjà, la décélération est spectaculaire : de 2% par an dans les années soixante, le taux d’accroissement de la population mondiale n’est plus aujourd’hui que de 0,9% par an. En cause, principalement : la baisse de la fécondité. Si la moyenne mondiale est encore de 2,3 enfants par femme, soit au-dessus du seuil de renouvellement des générations (2,1), il était de 5 il y a soixante ans. Mais on est déjà passé largement en dessous du seuil de renouvellement des générations dans la plupart des pays développés, notamment en Europe (1,5 enfant par femme en moyenne, 1,8 en France), aux États-Unis (1,6) et dans les pays de l’Est de l’Asie (1,3 enfant par femme au Japon, 1,2 en Chine, 1,0 à Singapour, 0,7 en Corée du Sud – le pays où la fécondité est la plus faible au monde). Le déséquilibre ainsi créé avec des régions où la fécondité est encore de 2,5 enfants ou plus par femme (« notamment en Afrique, dans une partie du Moyen-Orient, et dans une bande en Asie allant du Kazakhstan au Pakistan en passant par l’Afghanistan ») et ceux qui sont tombés dans « l’hiver démographique » est naturellement un facteur puissant de déplacement de population. En attendant, peut-être, que la mondialisation uniformise un modèle unique de famille... mais qui signerait l’extinction de l’humanité s’il s’établissait en dessous du seuil de renouvellement des générations.

    Cependant les pays économiquement en pointe mais démographiquement en berne ne subissent pas seulement les effets de la dénatalité. Le vieillissement de leur population est l’autre versant de la transition démographique. D’une part, un nombre de naissance par femme s’éloignant de plus en plus du seuil de renouvellement, de l’autre, un allongement de l’espérance de vie... La bataille sur l’âge du départ à la retraite en France est une conséquence bien actuelle de ce mouvement en ciseaux. Au terme de cet entretien, Atlantico demande à Gilles Pison, comment prévenir la pénurie de main-d’œuvre qui résulte de cette « transition démographique ». Réponse : « Lorsqu’il y a un manque de main-d’œuvre dans un pays, comme en Allemagne ou au Japon, plusieurs réponses sont possibles. L’immigration en est une, le recours à l’automatisation et à l’IA (Intelligence artificielle, robotisation), une autre. » Mais ces deux « solutions » économiques ne posent-elles pas, chacune à sa façon, un problème majeur de civilisation ?

    Pour aller plus loin :

    L'effondrement de la natalité confronte le monde à une nouvelle révolution démographique que personne n’attendait si tôt

    >>> Lire l'interview sur : Atlantico

  • "Temps de l'âme et temps du monde : l'expérience du temps et les vicissitudes de l'Histoire chez saint Augustin" (Philo à Bruxelles, 13 juin)

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