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  • L’Université de la vie d’Alliance VITA : comprendre pour agir

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    L’Université de la vie d’Alliance VITA : comprendre pour agir

    Notre Université de la vie, avant de s’étendre à de nombreuses villes de France, est née du besoin d’alerter et de former des parisiens motivés en plus grand nombre pour réussir certaines de nos actions nationales, qui se tiennent dans la capitale. Nous savons, par expérience, que, pour agir dans la tempête anthropologique qui jette à bas de multiples repères d’humanité, il est indispensable de comprendre la situation. « Qu’est-ce qui se passe ? » précède le « Que puis-je faire ? ». D’où l’idée de lancer, en janvier 2006, un cycle de formation à Paris sur les enjeux du respect de la vie, sous le label ambitieux et attractif d’Université de la vie. A l’époque ce sont les permanents de l’association qui interviennent sur des formats longs, dans une salle du centre-ville : arguments, réflexion, mise en pratique. Le succès est immédiat : de tous âges, des centaines de franciliens se pressent. Les éditions annuelles se succèdent. Il se trouve qu’à chaque mois de janvier l’actualité politico-médiatique corrobore nos alertes, offrant aux participants l’opportunité d’agir : révisions successives des lois bioéthiques, évolution continue des dispositions législatives régissant l’avortement, offensive de l’euthanasie, appuyée sur l’exploitation de faits divers etc. Spécificité d’Alliance VITA, nos arguments s’enracinent dans l’expérience : celle de nos services d’écoute et des soignants VITA, à commencer par notre président d’alors, le cancérologue Xavier Mirabel, solidement formé à l’éthique. La formule « comprendre pour agir » fait ses preuves. Des étudiants rejoignent nos équipes ; des soignants nous disent à quel point ils se sentent solidifiés ; un professeur de réanimation nous encourage même à l’issue d’une des premières sessions : « L’université de la vie a renouvelé mon regard et révisé ma pratique médicale ».

    Au fil des ans, le succès de ces sessions exclusivement franciliennes incite nos équipes locales d’autres régions à les réclamer pour leur public. La technique aidant, nous nous lançons en 2014 dans un nouveau concept, celui d’une « émission » nationale. Réalisée depuis une salle parisienne, elle sera diffusée en direct dans une centaine d’autres. Chacune bénéficiera de la capacité de mobilisation, d’organisation et d’animation d’une équipe locale. Dès la première année, 6000 personnes s’inscrivent. La soif de comprendre reste la même depuis, même si le concept s’est modernisé : interventions plus brèves, élargissement des thèmes et multiplication des intervenants. La parole est donnée à des experts mais aussi à des témoins. La culture de vie peut s’étendre en tout temps, à toute personne, particulièrement dans les situations de fragilité. Des orateurs porteurs de handicaps ou responsables d’œuvres de terrain s’expriment comme des maitres en humanité. Les séquences courtes touchent ; leur qualité n’a rien à envier aux émissions de télévisions, mais la part d’interactivité n’est pas factice.

    Très vite, notre nouvelle Université de la vie a aussi pris une dimension internationale, dans les communautés francophones de Belgique, de Suisse puis d’une dizaine d’autres pays, parfois en décalé. Elle est traduite et diffusée au Portugal. L’initiative a traversé les années Covid en s’adaptant à ses contraintes. Mais sa formule résiste à l’individualisme et au « tout numérique » : les participants qui convergent vers des salles s’y rencontrent et découvrent la réalité de terrain de notre association, tandis que des témoins locaux sont invités par les équipes pour prolonger ces soirées. Ce panachage entre écrans et rencontres directes est une clé de la fécondité. Car le but n’est pas seulement d’informer : il faut aussi et surtout « mettre en mouvement ». Et pour agir, ne pas se sentir seul !

    Chaque année, le programme se renouvelle autour d’un thème qui permet d’ouvrir des angles de réflexion inédits. Les figures de l’association organisatrice croisent leurs regards avec celles d’autres mouvements, des soignants, des universitaires. Les philosophes font prendre de la hauteur. A chaque édition s’inscrivent autant d’anciens participants que de nouveaux. Chacun reçoit un livret qui l’aide à suivre ce qui est donné et de noter ce qu’il veut en garder. Au fil du temps, l’Université de la Vie a ainsi rejoint, éclairé, consolé, et aussi mobilisé des dizaines de milliers de personnes, bien au-delà de notre ambition originelle. Bienvenue à l’édition 2025 sur le thème : « Être humain et le rester demain ». En somme, à nous d’humaniser le futur !

    Tugdual Derville
    Porte-parole d’Alliance VITA

    Pour s’inscrire à l’Université de la Vie 2025 d’Alliance VITA, 3 soirées de formation bioéthique les lundis 20 janvier, 27 janvier et 3 février : https://www.alliancevita.org/

  • Inde : des responsables religieux exhortent Modi à mettre un terme à la spirale de violence contre les chrétiens

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    D'Anto Akkara sur CNA :

    Des responsables religieux indiens exhortent Modi à mettre un terme à la spirale de violence contre les chrétiensbouton de partage de courrier électroniquebouton de partage sharethis

    Bangalore, Inde, 7 janvier 2025

    Dans un appel adressé au Premier ministre indien Narendra Modi, plus de 400 dirigeants chrétiens et civils ainsi que 30 groupes religieux ont appelé à « une action immédiate et décisive… pour freiner la montée de la violence contre les chrétiens, en particulier pendant les prières et les célébrations de Noël ».

    « Nous crions vers vous du plus profond de notre cœur alors que nous sommes attaqués dans des villages et des villes de plusieurs États le jour de Noël », ont déploré les dirigeants chrétiens de diverses confessions dans leur appel conjoint, également envoyé au président fédéral Droupadi Murmu, le 31 décembre.

    « Rien que pendant cette période de Noël, au moins 14 incidents visant des chrétiens ont été signalés, allant des menaces et perturbations aux arrestations et aux attaques directes, soulignant une tendance alarmante à la montée de l'intolérance et de l'hostilité », indique l'appel signé par des dizaines d'éminents prêtres catholiques, de dirigeants laïcs et de groupes de défense.

    De récents incidents de violence et d'hostilité ont eu lieu, notamment lorsque des groupes hindous ont crié avant les services de Noël devant une cathédrale catholique à Lucknow, et lorsque des antagonistes ont forcé le personnel à retirer les décorations de Noël dans une école préparatoire de l'État du Gujarat, dans l'ouest du pays.

    Des chanteurs de Noël ont également été arrêtés et des enseignants menacés dans l'État central du Madhya Pradesh, tandis qu'un livreur de nourriture a été dépouillé de sa robe de Père Noël dans la ville de Bangalore.

    L'appel a souligné que ces incidents se sont produits « seulement deux jours après que [Modi], dans son discours à nos prélats catholiques, a condamné ceux qui incitent à la violence et répandent la discorde, provoquant des perturbations dans la société ».

    Lors de la célébration de Noël organisée par la Conférence des évêques catholiques d'Inde (CBCI) à New Delhi, le 23 décembre, Modi a déclaré que « les enseignements du Seigneur Christ célèbrent l'amour, l'harmonie et la fraternité. Il est important que nous travaillions tous pour renforcer cet esprit ». « Cependant, cela me fait mal au cœur de voir des tentatives de propagation de la violence et de perturbation de la société. Il est essentiel que nous nous unissions pour relever de tels défis », avait déclaré Modi à l’époque.

    John Dayal, un chroniqueur catholique parmi les signataires de l'appel, a affirmé dans une interview accordée à CNA le 3 janvier que Modi avait fait preuve d'« hypocrisie » dans son discours. « Après avoir exprimé sa « douleur » face aux incidents violents, Modi n’a pas mentionné un seul incident parmi les deux cas quotidiens de violence haineuse ciblée en 2024 dans le pays. Au lieu de cela, il a cité l’attaque sanglante du marché de Noël en Allemagne comme exemple. C’est de la duplicité et c’est ce qui encourage les fondamentalistes hindous belliqueux », a déclaré Dayal.

    Le Forum chrétien uni (UCF), une organisation œcuménique qui surveille les incidents antichrétiens, a rapporté en décembre que le nombre d'actes de violence survenus tout au long de l'année 2024 avait atteint 745 fin novembre. « En réalité, les chiffres sont bien plus élevés. De nombreux autres incidents qui ont pu se produire mais qui n’ont pas été signalés sur notre ligne d’assistance téléphonique ne sont pas inclus dans le nombre total », a déclaré à CNA AC Michael, le coordinateur catholique de l’UCF.

    Le gouvernement Modi a récemment envoyé un émissaire spécial au Bangladesh à propos des récentes atrocités commises contre les hindous dans ce pays, mais l’UCF a exhorté le gouvernement Modi « à envisager la mise en place d’une enquête nationale dirigée par un secrétaire du gouvernement indien pour examiner ces incidents de persécution de la minorité chrétienne en Inde. »

    Les chrétiens ont exhorté le gouvernement du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata à « émettre des directives claires aux gouvernements des États sur la protection des droits constitutionnels à la liberté religieuse, à initier un dialogue régulier avec les représentants de toutes les communautés religieuses et à protéger le droit fondamental de professer et de pratiquer librement sa foi ».

    « L’inclusion et l’harmonie sont vitales non seulement pour la structure morale de la nation, mais aussi pour sa prospérité économique et sociale », ont-ils déclaré dans l’appel.

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    Anto Akkara est un journaliste de Bangalore, en Inde. Il est correspondant régulier du National Catholic Register. Outre ses reportages internationaux, Akkara a écrit des livres et produit des documentaires relatant l'histoire des martyrs de Kandhamal. Il a reçu le prix St. Titus Brandsma pour le journalisme.

  • Rey, McElroy, Brambilla : les feux d'artifice du Pape pour inaugurer 2025

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    De Nico Spuntoni sur la NBQ :

    Rey, McElroy, Brambilla : les feux d'artifice du Pape pour 2025

    Renonciation « provoquée » pour l'évêque de Fréjus-Toulon jugé trop conservateur (et déjà encommissionné), tandis qu'à Washington François nomme un cardinal ultra-progressiste. Et il se renie avec la première religieuse à la tête d'un dicastère.

    8 janvier 2025

    L'année 2025 s'ouvre sur un nouveau départ à la retraite d'un évêque de sensibilité traditionnelle. Depuis hier, Monseigneur Dominique Rey n'est plus à la tête du diocèse de Fréjus-Toulon. François l'avait déjà « encommissionné » en novembre 2023 avec la nomination d'un coadjuteur, Mgr François Touvet. Et c'est justement Touvet qui a été désigné comme successeur de Rey, partant après 25 ans mais à seulement 72 ans. 

    Le calvaire du diocèse de Fréjus-Toulon a commencé en 2022 par une première visite de l'actuel cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque métropolitain de Marseille, et s'est poursuivi par l'arrêt des ordinations diaconales et sacerdotales ordonné par Rome. A une époque où la baisse des vocations est devenue la norme un peu partout, Fréjus-Toulon a fait figure d'exception grâce à la politique d'accueil adoptée par Monseigneur Rey à l'égard des communautés traditionnelles et charismatiques. Paradoxalement, ce sont des séminaires pleins qui ont attiré l'attention du Saint-Siège sur le sud-est de la France. En 2023, c'est au tour de la visite apostolique conduite par Monseigneur Antoine Hérouard, archevêque métropolitain de Dijon, assisté de Joël Mercier, ancien secrétaire du Dicastère pour le Clergé. Puis, à la fin de cette même année, la nomination de Mgr Touvet comme évêque coadjuteur.

    L'acte final est la démission de Mgr Rey, provoquée par Rome. L'évêque français a en effet décidé de partir, mais a rendu public le contexte de cet épilogue. Le prélat a écrit dans la déclaration annonçant sa prise de recul :
    « Immédiatement après cette nomination (de Touvet comme coadjuteur, ndlr), lors de l'audience privée du 23 décembre 2023, le Pape m'a encouragé à assumer cette collaboration dans un esprit fraternel et à ne pas démissionner. Au terme d'une première année où la suspension des ordinations a été levée pour la quasi-totalité des candidats, le nonce m'a informé que le Saint-Père me demandait de démissionner de ma charge d'évêque diocésain de Fréjus-Toulon, sans que j'aie connaissance d'éléments nouveaux autres que ceux qui avaient motivé la désignation de l'évêque coadjuteur ».

    Un processus déjà observé dans d'autres cas mais raconté seulement en privé par les évêques concernés, avec des encouragements personnels à ne pas démissionner, puis la demande de démission envoyée par le nonce. Monseigneur Rey a cependant décidé de ne pas cacher le déroulement des faits, expliquant que, « face aux incompréhensions, aux pressions et aux controverses toujours préjudiciables à l'unité de l'Eglise », il a décidé d'adopter le critère de « l'obéissance au Successeur de Pierre ». Par ailleurs, Mgr Rey avait eu l'occasion de rencontrer et de s'entretenir avec le Pape le 30 novembre dernier, en accompagnant une délégation de parlementaires français en pèlerinage à Rome. Le communiqué ne fait pas mention de cette audience au cours de laquelle, manifestement, François n'a pas dû évoquer sa décision de demander sa démission. Une décision qui lui a été rapportée par le nonce Celestino Migliore vraisemblablement quelques jours après son retour de Rome.

    Le prélat s'en va au milieu des regrets et de la gratitude des fidèles et des nombreux religieux ordonnés pendant son mandat. Et voilà que beaucoup craignent que le même sort ne soit réservé à Monseigneur Marc Aillet, évêque du diocèse de Bayonne, qui a déjà fait l'objet d'une visite "fraternelle" ces derniers mois. 

    Si les temps sont gris pour les évêques de sensibilité ecclésiale plus conservatrice, il n'en va pas de même pour ceux qui prônent le diaconat féminin et l'« inclusion radicale » du monde lgbt dans l'Église catholique. En fait, François a « promu » le cardinal Robert W. McElroy, grand promoteur de ces questions, de San Diego à Washington. Il prend la place du cardinal Wilton Daniel Gregory juste au moment où le détesté Donald Trump prend ses fonctions à la Maison Blanche. Dans l'ancien diocèse de Theodore Edgar McCarrick arrive un évêque qui avait été averti en 2016 du comportement prédateur de l'ancien cardinal abuseur. Après quelques rencontres, le psychothérapeute Richard Sipe, aujourd'hui décédé, a fait remettre à McElroy une lettre détaillant les récits d'attouchements sexuels de McCarrick, mais le nouvel archevêque de Washington a refusé de la recevoir. 

    La démission de Mgr Rey et la « promotion » de Mgr McElroy ne sont pas les seules nouvelles destinées à créer des remous dans l'Église. Le jour de l'Épiphanie, en effet, François a décidé de nommer la première femme à la tête d'un département du Saint-Siège. La psychologue Simona Brambilla est la nouvelle préfète du dicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. Une nomination scénographique qui, ce n'est pas un hasard, a ravi les médias prêts à titrer sur la énième « première fois » du Pape et même à utiliser le terme de « préfet ». Mais ce n'est pas un détail que François ait placé aux côtés de Sœur Brambilla un cardinal, le salésien Ángel Fernández Artime. Déjà « prédestiné » à diriger le dicastère laissé après quatorze ans par le cardinal João Braz de Aviz, Mgr Artime a été nommé pro-préfet. Et là, beaucoup se demandent quel est l'intérêt d'un pro-préfet en présence d'un préfet. Ou vice versa.

    Ce qui est sûr, c'est qu'avec cette nomination, François s'est contredit : le 21 juin 2015, s'adressant aux Salésiens et aux Filles de Marie Auxiliatrice à Turin, le pape avait qualifié de « fonctionnalisme » la nomination d'une femme à la tête du dicastère. Curieusement, sur le site du Saint-Siège, ce passage ne figure pas car seul le discours préparé pour l'occasion a été publié, mais que le pape n'a pas prononcé, préférant s'exprimer de manière totalement improvisée.

  • Pierre Manent menacé de poursuites en justice

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    De Gérard Leclerc sur France Catholique :

    Pierre Manent, le mauvais procès

    Parce qu'il met en garde contre les difficultés liées à l'islam, le philosophe est menacé de poursuites en justice. La « police de la pensée » veut faire taire la contradiction.
    Pierre Manent est l’objet de deux demandes de poursuite judiciaire au motif que, par ses propos à la chaîne de télévision du Figaro, il aurait provoqué « à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ». Puisqu’il est question de violence, celle de certains réseaux sociaux semble dépasser toute mesure, lorsque le philosophe est accusé de procéder à « une incitation claire à commettre un crime contre l’humanité »… Quand on connaît Pierre Manent, ses écrits, ses convictions, et la façon dont il les exprime, on s’interroge, face à cet acharnement poussé jusqu’à la calomnie, sur la surchauffe d’un certain climat idéologique.

    Les impasses de la laïcité

    Il convient de revenir, bien sûr, à ce qui a provoqué tant de vindicte et qui se rapporte à l’expansion démographique de l’islam en Europe. Pour le philosophe, qui n’a cessé de réfléchir aux fondements des liens sociaux, il y a un réel danger : « Nous allons au-devant de drames qu’aucune version de la laïcité ne permettra de maîtriser. » Voilà qui mériterait au moins une discussion de la part de ceux qui sont en désaccord. Mais plutôt que de se prêter à une controverse argumentée, on préfère répliquer par les procédés de ce qu’Orwell appelait « la police de la pensée ». Pierre Manent ne s’en prend nullement à la personne des musulmans qui vivent dans notre pays. Il ne réclame pas leur expulsion. Il a expliqué dans un essai important, Situation de la France (DDB, 2015), qu’il y avait lieu de procéder avec ces compatriotes à ce qu’on peut appeler des « accommodements raisonnables ». Déjà, il est vrai, il mettait en doute que la « laïcité » soit en mesure de comprendre le véritable défi que constitue l’islam à l’intérieur d’une cité dont le passé, les mœurs lui sont si étrangers. C’est pourquoi il recommandait, à propos d’un phénomène religieux sui generis, l’expertise de l’Église catholique – pour peu que celle-ci soit suffisamment avertie des aléas d’un dialogue interreligieux rendu difficile par la différence, voire l’opposition, des sources et des traditions dogmatiques.

    Défi civilisationnel

    En insistant, dans son intervention au Figaro TV, sur l’importance du nombre de migrants musulmans, Pierre Manent met l’accent sur un problème civilisationnel que ses contradicteurs se refusent obstinément à envisager. Comme si un régime de laïcité pouvait à lui seul résoudre des obstacles considérables. C’est d’abord oublier qu’un tel régime s’enracine dans une histoire qui a mis aux prises un régime anticlérical et l’Église catholique. L’accord qui en est résulté est complètement étranger à un islam qui ne peut s’y reconnaître qu’au prix de révisions radicales de sa nature originelle.

    Par ailleurs, Pierre Manent n’est nullement isolé dans son appréciation de ce défi civilisationnel. Elle est de plus en plus partagée dans l’ensemble de l’Europe, avec des révisions radicales à l’égard de la politique migratoire. Les pays d’Europe du Nord, telle la Suède qui avait été le plus loin dans l’accueil d’une population étrangère, ont désormais complètement revu leurs positions. Ce n’est nullement que ces pays seraient devenus intolérants ou racistes. C’est que la difficulté d’une intégration leur est apparue plus que problématique.

    Interdit de penser…

    Au-delà de l’offensive actuelle à l’égard d’une personne, on est bien obligé de s’interroger sur un climat général qui rend difficile l’expression d’une pensée libre. Lorsqu’on veut faire condamner par les tribunaux un homme de pensée comme notre philosophe, c’est comme si on jetait un interdit sur cette pensée. En l’espèce celle d’un catholique qui sait s’exprimer dans les termes les plus rationnels, mais qui est aussi en mesure de faire rayonner le génie du christianisme dans une époque qui le méconnaît. On ne saurait trop recommander son magnifique Pascal et la proposition chrétienne (Grasset, 2022).